vendredi 31 décembre 2021

Ski de printemps en décembre à la Tossa Rodona (2601m) et la Porteille de la Coume d'En Garcie (2534m) depuis le col du Puymorens dans les Pyrénées-Orientales.

 L'endroit est connu de beaucoup et pour cause. En partant du parking du col du Puymorens (1915m), il n'y a qu'à remonter la vallée de la Coume d'En Garcie et de son torrent l'Exergue qui se jette dans l'Ariège juste en amont de l'Hospitalet près l'Andorre. En deux heures, plus ou moins, à ski, vous serez au sommet, contemplant le vaste panorama sur les hautes montagnes de la haute vallée de l'Ariège, la station de ski de Porté-Puymorens, le port d'Envalira et même au loin au nord, quelques monts du Massif Central, difficiles à identifier ceci-dit, et la plaine de l'Ariège. Les pic Pédrous et de la Coume d'Or sont en face majestueux, mais pour ce dernier, dans un enneigement insuffisant ce jour pour y accéder à ski... Il est vrai que les perpétuelles pluies de ce début de semaine ont bien fait fondre le manteau neigeux, mais avec les gelées nocturnes depuis et le beau temps, la neige s'est transformée et on se croirait en un beau mois d'avril. 

Photo 1 : Depuis la porteille de la Coume d'En Garcie. À droite, le pic de Trespunts (2624m), au fond, à gauche, le domaine skiable de la station de ski de Porté-Puymorens et la route qui monte au col du Puymorens.

Photo 2 : Depuis le sommet de la Tossa Rodona. Vue sur le pic Pédrous (2842m) et le pic de la Coume d'Or (2824m) à droite.

Photo 3 : L'étang de la Coume d'Or, depuis la porteille de Cortal Rosso

Ce site pourrait presque fonctionner comme une station verte tant la pratique de pleine nature est aisée et agréable. Vous n'y serez donc pas seuls, et de nombreux randonneurs à raquettes vous côtoieront... Pour eux, c'est quand même plus long... Il faudrait simplement qu'un investisseur reprennent les murs des vieux hôtels du col (mais je crois qu'un projet est en cours) pour en faire une infrastructure d'accueil. Le parking est plein et montre la connaissance de ce lieu et sa fréquentation (espagnols comme français) pour les pratiques de plein air avec un enneigement souvent garanti. De la porteille de la Coume d'En Garcie, le sommet de la Tossa est ensuite tout près à moins de 10 minutes, à gauche en montant. Vous pouvez également choisir d'ajouter, en un petit quart d'heure, une prolongation vers l'étang de la Coume d'or, juste en contrebas de la porteille de Courtal Rousso au sud ouest. En tout cas, mais cela n'engage que moi, c'est une vallée idéale pour l'apprentissage du ski de randonnée, car par temps clair, pas besoin de balises GPS ou de GR... Le seul élément qui a été pénible, fut d'entendre, de temps en temps, la sono de la station de Porté jusqu'à assez haut dans la montagne. Pour tout dire, cela me semble vulgaire et même d'un autre temps. On n'en a pas besoin pour amener des gens dans ces espaces...

Photo 4 : À l'approche d'une arrivée tardive (oui la veille, en raquette... mais définitivement je préfère le ski...) vers le col du Puymorens. Vue vers l'est et le massif de la Soulane d'Andorre avec le pic de la Cabanette. 

En fait la descente est surtout intéressante dans la partie supérieure de la vallée car la première partie reste assez peu pentue, jusqu'à un peu avant le parking final de la piste qui monte rive droite au pied du petit lac dont je ne connais toujours pas le nom car je ne sais même pas s'il y en a un (pas sur la carte IGN en tout cas). Mais on y trouvera tout de même du plaisir à descendre à travers les sapins. À titre personnel, j'ai préféré (comme beaucoup) passer par la rive gauche car elle reste en cette saison longtemps à l'ombre ce qui garantit quelque peu du risque des avalanches, ce qui n'est pas le cas de l'autre côté où une belle coulée, avec toute l'épaisseur du manteau neigeux, en plaque, s'est détachée depuis le pic Mercader, dévalant tout le versant et s'arrêtant à quelques mètres de la piste.

Ce site du col du Puymorens est un site historique de la pratique du ski dans les Pyrénées catalanes et ariégeoises. D'une part, il est cerné par les deux gares de l'Hospitalet près l'Andorre et Porté-Puymorens de part et d'autre du tunnel ferroviaire et les premiers skieurs avant la Seconde Guerre mondiale pouvaient venir à ski depuis les gares, la première route ayant franchit le col en 1914. D'autre part, vous apercevrez en montant par le côté ariégeois les vestiges d'un des premiers téléskis de la station qui date de l'après-guerre et dont la station de départ toute rouillée, est bien visible non loin de la route. Enfin, un petit téléski, artisanal, j'oserai dire, est toujours présent à droite sur la montée toujours par le côté ariégeois, peu avant le col en contrebas. C'est ici personnellement, que sont localisés mes premiers émois alpins mais surtout je suis loin d'être le seul dans ce cas-là. Pour cela, il est très intéressant de regarder/lire le DVD/livre Filmer les Pyrénées : une montagne au fil des saisons, à partir de films amateurs et documentaires d'archives privées, s'organisant autour des activités humaines (le tourisme et les sports d'hiver notamment).

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samedi 20 novembre 2021

Dans les Pyrénées-Atlantiques, le pic d'Orhy (2017m), premier grand sommet en venant de l'ouest.

 On pourra toujours ironiser sur la modeste altitude du pic d'Orhy avec ses 2017 mètres, il reste que c'est pour plusieurs raisons le premier grand sommet pyrénéen en venant de l'ouest, et pas seulement parce que c'est le premier à dépasser les 2000 mètres. Le panorama est très ouvert car il domine largement toutes les autres montagnes autour qui lui rendent facilement 400 mètres surtout à l'ouest. Cela en fait un sommet élancé qui domine son environnement et que je trouve pour ma part majestueux. Il en découle donc ce vaste panorama évoqué sur toutes les Pyrénées atlantiques, la Navarre, la côte du golfe de Gascogne (pas en ce jour du 18 novembre car la mer de nuage occupait le piémont) et même sur la sierra de Moncayo au loin... Les montagnes qui dominent la vallée d'Aspe à l'est, le très beau pic d'Anie, les aiguilles d'Ansabère, le pic des 3 rois s'alignent sur l'horizon, encadrés par les premiers 3000 de la chaîne...

Photo 1 : Vue sur le pic d'Orhy de bon matin, depuis la crête et la cabane de Millagaté...

Photo 2 : En regardant à droite par rapport à la photo 1 (donc là la photo est en descendant donc au retour et donc le gel avait un peu fondu...) le pic de Bizkarzé

Le nom de ce massif calcaire proviendrait du basque orre qui veut dire genévrier, mais cela reste encore obscur car peut-être peut-on y voir orri pour feuille (voir nom des montagnes basques). Le paysage constitué essentiellement de pâturages au milieu desquels on trouve disséminés des cayolars et palombières (en plus ou moins grande forme) souvent reliés entre eux par des pistes laisse peu de place à la forêt même si la fameuse forêt d'Iraty est juste là, à côté, à cheval sur la frontière avec ses 17300 hectares. Certains vous diront d'ailleurs que c'est la plus vaste hêtraie d'Europe.

On aura choisi d'en faire l'ascension par la voie qui vient des chalets d'Iraty, c'est à dire du nord ouest, en laissant la voiture à peine un peu plus haut au col Mehatzé à 1383 mètres d'altitude. À partir de là, il suffit de suivre l'itinéraire de la Haute Route Pyrénéenne qui rejoint les crêtes de Millagaté, puis de Zazpigagn (nom composé de zazpi "sept" et de gain "hauteur", soit les sept sommets) et plus en hauteur d'Alupigna. La seule difficulté sur la partie finale de la crête de Zazpigagn (interdite par grand vent ou terrain gelé) sera facilement contournée en descendant par un sentier clair sur le versant français... En ce jour, il aura fallut mettre les crampons dès le début de la crête de Zazpigagn vers 1500 mètres pour un itinéraire d'environ 16 kilomètres.

Nous étions seuls en ce jour à l'exception d'un isard isolé qui sous le sommet dans le beau versant ouest nous a longuement précédé sur l'itinéraire d'ascension. 

Photo 3 : Photo un peu ratée mais au moins je ne dis pas que des bêtises... 

C'est qu'après toutes ces émotions, il s'en est fallut de peu que l'on tombe dans un deuxième guet-apens lors du premier arrêt à Lecumberry juste après Mendive en descendant (Mendibe, en basque en bas de la montagne...). D'abord en ouvrant la porte de l'épicerie, c'est une véritable caverne d'Ali Baba qui s'offre à vous, de la ventrêche, la piperade à l'axoa, toute la gastronomie basque est représentée. On peut alors passer dans la salle du bar. Les jambons et les piments y séchaient au plafond tandis qu'un verre de Patxaran, comme celui, qui brillait entre les mains du client basque qui nous l'a offert (car il parlait basque... enfin pas tout le temps) a failli m'emporter. Et le deuxième fut tentant...

Photo 4 : Dans les nuages, derrière l'Orhy Chipia (1883m), le port de Larrau (1573m) et à droite la route qui y monte...

Photo 5 : La route du port de Larrau dans son versant espagnol et navarrais. Toujours depuis le sommet...

Photo 6: Sur le chemin à l'aller en se retournant..., au dessus du cayolar de la Soule.

Photo 7 : À l'aller, avant les crêtes de Millagaté...En se retournant, c'était pas gagné pour le beau temps...

Pour aller plus loin dans la toponymie des montagnes basques, on peut s'amuser à consulter 

Michel Morvan, Les noms de montagnes du Pays Basque, Lapurdum (En ligne), 4, 1999, (167-190) mis en ligne le 01 Avril 2010, URL ; http://journals.openedition.org/lapurdum/1551

Merci X...

Photo 8 : En redescendant, jambon, fromage, piments et patxaran...


dimanche 14 novembre 2021

Ballade automnale entre amis au Plomb du Cantal (1855m), et aux vacheries de Grandval.

 Le beau temps n'était pas à priori, hier, au rendez-vous et puis finalement le vent, la pluie (froide), le brouillard (et la charcuterie de Mur de Barrez) ont rendu cette journée spéciale sur les crêtes du Plomb du Cantal (1855m) et dans les vallées glaciaires qui en descendent... On peut monter en cette saison assez loin en véhicule, tout près de la chapelle du Cantal, un peu en dessous Puy Gros (1594m). Il ne reste que des ruines du soubassement et du dallage de cette chapelle fondée en 1687 et qui servait à l'office des bergers pendant la saison estivale jusqu'à la Révolution française. Aujourd'hui encore, elle est desservie par le curé de Vic sur Cère qui y célèbre une messe début juillet. Il suffit ensuite de suivre la crête par le GR400, de passer les quelques névés précoces de ce début de saison pour aller voir les tables d'orientation du sommet mais de ne rien toucher, en ce jour, du vaste panorama... ce n'est pas si grave. On est dans une des régions les plus arrosées de France...

Photo 1 : Les vacheries de Grandval (photo de G.) au pied du puy de Grandval (1648m) dans les nuages. Derrière ce versant à gauche, au delà du col de la Tombe du Père (1586m), se trouve la station de ski de Prat de Bouc

Car on se décidera alors, en partie pour être à l'abri du vent, à descendre à la boussole vers les vacheries de Grandval dans la vallée du ruisseau de Livemade pour ensuite rejoindre le point de départ par le col de la chèvre (1618m) en passant à flanc à la lisière de la forêt vers 1350 mètres, en fait le bois de Grandval et en contournant le puy de la Cède qu'on devine au dessus... Il faudra enjamber quelques clôtures, saluer encore quelques vaches présentes. On repassera finalement sur la ligne de crête, pour se faire rincer une ultime fois, passant au dessus des sources du Siniq... On pensera alors que la vie humaine de ces montagnes est ancienne mais que la vie est belle...

Photo 2 : Toujours...

Photo 3 : Encore...

Photo 4 : Finalement... (Photo de G.)

Photo 5 : Plus près... (Photo de G.)

Merci les gars! (et H.)

Et puis si on n'en a pas marre on ira voir à Malbo, à peine un peu plus bas dans la vallée, si la femme du barbu veut bien nous servir quelque chose de bon et de chaud... On verra bien alors qu'il se passe des choses aussi dans les endroits dits "reculés"...

Enfin pour avoir une version ensoleillée de cet itinéraire de crête jusqu'au sommet, vous pouvez toujours aussi lire la bande dessinée d'Etienne Davodeau Le droit du sol, journal d'un vertige. Ou alors le formidable livre-album du fin connaisseur de ces contrées Pierre Soissons (et de ses collaborateurs) Burons, Cantal, Cézallier et Aubrac aux éditions Quelque part sur terre.

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mardi 2 novembre 2021

Le pic de Bagnels (2638m) et sa vue imprenable sur les étangs Blaou et de Soulanet.

 Le pic de Bagnels (ou pic del port de Siguer) avec ses 2636 mètres n'est pas le plus prestigieux des sommets sur la frontière entre l'Ariège et l'Andorre mais son intérêt est réel car depuis son sommet la vue est vraiment imprenable et concomitante sur les magnifiques étangs Blaou (de 16,5 hectares à 2345m) à l'ouest et de Soulanet (de 6 hectares à 2345m aussi) à l'est. Son ascension par le sud est relativement aisée en remontant la vallée du Rialb andorran car le parking est situé à 1800 mètres d'altitude. Celui-ci marque aussi le départ vers le parc national du Vall de Sorteny Cela évitera la longue et peut-être fastidieuse remontée de la vallée de Peyregrand depuis le village ariégeois de Siguer (parking à 900 mètres d'altitude), même si cet itinéraire pourra ravir tout son monde avec la visite en chemin de l'étang de Peyregrand à 1898 mètres d'altitude. Enfin, cette fois-ci, je voulais dominer l'étang Blaou pour avoir une vue plus générale, ce qui nous est offert dès l'arrivée au port de Siguer (2393m). Il suffit de descendre ensuite pendant un petit quart d'heure pour arriver sur ses rives. Depuis le parking de Rialb, au dessus du petit village andorran d'El Serrat, l'étang est annoncé à 2h15... À voir sa position, coincé sous le pic de Thoumasset et les autres crêtes, on comprend les raisons de son dégel tardif. Le port de Siguer constitue une voie de passage ancienne empruntée par les contrebandiers ou les réfugiés pendant la Seconde Guerre mondiale.

Photo 1: Depuis peu après le port de Siguer, vue sur l'étang blaou...

Photo 2 : En redescendant tranquillement du sommet du pic de Bagnels, vue sur l'étang de Soulanet.

Une fois au col, il suffira de suivre le sentier cairné qui suit la crête vers l'est passant sous le pic avant de remonter par le doux versant oriental herbeux. Pour le retour, on choisira de poursuivre l'itinéraire sur la crête et de redescendre par le port de Bagnels (ou Soulanet) et de basculer à nouveau dans la vallée de Rialb repassant devant le refuge de Rialb à 1990 mètres. L'arrivée n'est plus alors très loin. Ce que j'ai trouvé de magnifique, au delà du cadre des principaux sommets du nord de l'Andorre, et de la Haute Ariège, c'est sur la dernière partie de la crête depuis le pic, la vue permanente sur l'étang de Soulanet qui se trouve dans la partie supérieure d'une vallée (celle du Quioulès) qui s'ouvre tellement que l'on ne peut parler de cirque glaciaire mais une impression de grands espaces fait place... D'autant plus que dans cette direction (vers l'est, on voit assez loin vers la plaine de l'Aude, et même au nord vers Toulouse...). La seule difficulté en ce jour, a été de faire attention à ne pas glisser sur le sol gelé et le gispet glissant... Il avait bien gelé cette nuit... Sur le versant sud andorran, on surplombe le petit étang bleu, lui posé vers 2375m.

Photo 3 : Depuis le sommet, vue sur les deux étangs... Au centre le pic de Thoumasset (2741m), à gauche, le pic du Port (2903m). Tout au fond, à gauche, les plus sommets de l'Andorre (Coma Pedrosa...)

Après le refuge de Rialb, alors qu'on amorce sur la droite la montée vers le port de Siguer, se trouve une jolie cabane de berger qui semble avoir été réhabilitée depuis peu. Avec un peu de chance, on croisera également deux isards tout autant surpris que vous et qui détaleront dans deux directions opposées sans que vous ayez eu le temps de dégainer.

Photo 4 : Le refuge de Rialb comme c'est indiqué... Il fait partie d'un réseau très développé de cabanes ouvertes aux visiteurs qui permet de visiter toute l'Andorre. En arrière-plan, le port (vieux) de Siguer et le notre est sur la droite, caché.

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lundi 1 novembre 2021

Les pics de Font Nègre (2877m) par la haute vallée de l'Ariège.

 Les pics de Font Nègre (2877m) dominent depuis le sud-est  le bourg andorran du Pas de la Casa mais restent entièrement dans le département des Pyrénées-Orientales. En amont du village de L'Hospitalet près l'Andorre, juste après la bouche d'entrée du tunnel du Puymorens, ce n'est plus l'Ariège, même si l'Ariège, la rivière, prend sa source juste au-dessus du Pas de La Casa.

Photo 1 : Depuis le pic de les Valletes (2814m), vue sur la crête qui mènent aux pics de Font Nègre (le plus haut à 2877 mètres). Les clôtures sont sur la ligne de crête et marquent jusqu'au premier de ces pics la limite entre les communes de Porta (à gauche) et Porté-Puymorens (à droite). 

Photo 2 : Le fameux étang de l'Orri de la Vinyola. L'orri est sur la gauche en contrebas. Le ruisseau se perd dans les éboulis avant de ressurgir en aval .. Au fond à droite, le pic de Font Freda (2738m)

On accède assez facilement finalement (j'ai mis moins de 5 heures A/R) à ces sommets en partant du col du Puymorens (1915m) et en remontant les pistes de ski de la station de Porté-Puymorens, jusqu'au télésiège de la mine, dont on traversera le fil entre les pylones 8 et 9 à la recherche d'un sentier cairné. Celui-ci nous mènera directement, le long de la moraine latérale des anciens glaciers, en remontant la vallée parsemée d'éboulis, au si joli et paisible petit étang de l'orry de Vinyola, directement sous le pic de la Mine du Puymorens (2683m). Pour être honnête, c'est d'abord cet étang que je voulais aller visiter pour avoir surplombé ses eaux claires depuis ce fameux pic. De là, il suffit de poursuivre la remontée de la vallée pour dépasser le seul acte de bravoure de la journée, la remontée un peu raide du cirque glaciaire, pour déboucher sur la ligne de crête vers 2720 mètres d'altitude. Cette ligne de crête ressemblerait presque à un parcours de santé tant les dénivelés sont faibles, la visibilité maximale, les sentiers bien tracés. En filant à gauche (vers l'est), on ira d'abord gravir le pic de les Valletes (2814m) et on reviendra au petit col pour parcourir la crête dans l'autre direction vers le plus haut des pics de Font Nègre, bien dégagé des autres, avec en ce jour, une petite pellicule de neige persistante, héritage des jours précédents. Pour le chemin du retour, juste avant de revenir sur le col qui permet de redescendre, on choisira peut-être de rester sur la ligne de crête et on bifurquera en direction du pic de la Mine, depuis le dernier petit sommet. Le sentier est alors cairné et nous permettra d'arriver directement au-dessus de l'étang rencontré à l'aller. Soit vous décidez de poursuivre vers le pic de la Mine du Puymorens, soit de descendre sur l'étang par un versant pas trop raide et empli de gispet (festuca eskia). J'ai pris cette dernière option pour profiter une dernière fois des rives apaisantes de l'étang, avant de revenir par le même chemin.

Photo 3 : Depuis le plus haut des pics de Font Negra, vue sur le Pas de la Casa, 800 mètres en dessous. L'étang de Font Negra transfrontalier (depuis peu) à gauche marque les sources de l'Ariège. Au dessus de l'urbanisation du Pas de la Casa, les lacets qui montent à l'assaut du Port d'Envalira (plus haute route des Pyrénées à 2407m)

Il s'agit là d'un itinéraire assez peu fréquenté me semble-t-il, même si l'on sera surpris de rencontrer sur la ligne de crête une clôture pour le bétail, qui suit les limites communales entre les communes de Porta (au sud) et celle de Porté-Puymorens. Donnant plein sud, le versant semble un pâturage assez fréquenté vue la quantité de déjections séchées rencontrées, et la présence d'une cabane récente, que j'ignorais, et qui se trouve en contrebas vers 2450 mètres d'altitude. Cette ligne de crête, qui oscille entre 2750 et 2877 mètres d'altitude, tout en balcon, donne à voir un vaste panorama qui court du Canigou, bien visible à l'est, toutes les montagnes cerdanes avec le puig Pédros juste en face, et même au-delà en direction de Barcelone, une grande partie de l'Andorre et plus loin même vers probablement la Maladeta, et les Encantats, sans oublier une bonne partie de la Haute-Ariège et une vue plongeante sur le Pas de la Casa, assez étonnante. Enfin, et j'étais venu aussi pour cela, une vue sur les petites étangs (pas très nombreux) qui parsèment les planchers des cirques glaciaires du versant haute Ariège, au milieu des éboulis parfois. Enfin, et c'est là la récompense souvent d'un peu d'audace, j'ai pu longuement observer à partir de l'étang de l'orry de Vinyola une harde d'une vingtaine d'isards qui faisait le tour, au dessus de moi, du cirque glaciaire que j'étais en train de remonter, en ayant même un individu isolé qui s'est laissé observer longuement à moins d'une centaine de mètres de moi, avec son beau pelage d'hiver, marron sombre.

Photo 4: Bon, on a vu mieux comme prise de vue mais on fait avec ce qu'on a... Mais vous n'avez qu'à y aller... En tout cas, ils étaient là, tout proche...

Les couleurs de l'automne étaient bien présente en ce dimanche avec des tons jaunes, marrons, et une lumière rase typique de cette période de l'année. C'était chaleureux en attendant les prochaines baisses de température et la neige annoncée pour la fin de la semaine. Ça sentait l'hiver et c'était bien heureux de profiter encore de la montagne...

Photo 5 : En redescendant par les pistes de la station de ski et à l'approche du col du Puymorens, vue sur une partie de la Soulane d'Andorre...

Voilà, on pourrait se dire pourquoi raconter tout cela dans un blog et ne pas laisser au contraire l'endroit tranquille... On n'est pas à une contradiction près... En plus, mes photos n'auront pas été d'une qualité extraordinaire...

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dimanche 10 octobre 2021

Pic de Barlonguère (2802m), balcon sur la Maladeta et les montagnes du Couserans.

 Comme pour les autres grands sommets du Couserans ariégeois, l'ascension du frontalier pic de Barlonguère (ou Tuc de Mil) à 2802m au-dessus de Castillon, est longue avec un dénivelé important qui vaut bien d'autres sommets plus élevés de la chaîne. En partant du parking de la maison du Mont Valier dans la vallée du Riberot, à 940 mètres d'altitude, 4 bonnes heures d'ascension seront nécessaires. Car si la première moitié du parcours se fait sur chemin balisé et tracé, la seconde, bien que cairnée, se fait en grande partie hors sentier au milieu du gispet, des rhododendrons et des myrtilliers sur le majestueux versant nord. Celle-ci débute un peu avant la cabane de Barlonguère, lorsque le sentier passe au dessus d'un petit goulet et remonte la montagne de Barlonguère, vaste pâturage. On reprendra le sentier à l'approche du bien encaissé étang du Tuc de Mil. La fin du parcours sous le sommet, bien que sans difficulté devra être traversée avec attention en cas de chute de neige récente, comme ce fut le cas pour nous.

Photo 1 (de Thierry): Au centre le pic de Barlonguère. Vue depuis en aval de la cabane de Peyralade (1690m)

Photo 2 : Vue depuis la crête sommitale sur l'étang du Tuc de Mil. Nous sommes arrivés à l'étang par la droite.

Mais le panorama depuis le sommet sur la Maladeta et le pic d'Aneto, point culminant des Pyrénées est remarquable, d'autant plus que se laisse observée une bonne partie des grands massifs pyrénéens, du Montcalm au Vignemale, en passant par le Mont Perdu, Posets, pic Long et pic du Midi... et le majestueux Mont Valier tout proche... On profitera aussi de la vue plongeante sur le sanctuaire de Montgarri et les douces montagnes d'es bandolers dans la haute vallée de la Noguera Pallaresa. 

Photo 3: Au centre, au fond, au-dessus de tous, le Mont Valier. À droite, en arrière plan, le pic de Saint Barthélémy et encore à droite, le Tarbesou.

Photo 4 : Au fond, enneigé tout le massif de la Maladeta. À droite, les Posets et le Perdiguère.

Il ne faudra pas se laisser impressionner par le nombre de voitures au parking car la plupart des randonneurs se rendent au Mont Valier, au refuge des Estagnous ou aux étangs Long et Rond et désertent la vallée de Barlonguère où du coup, vous serez tranquilles... On pourra peut-être même en perdre son chemin, ou son téléphone... mais tout rentrera dans l'ordre!

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samedi 2 octobre 2021

Le Pic des Bareytes (2860 m) entre Vicdessos et Andorre.

     Tout au fond de la vallée de Vicdessos, en Ariège, après le barrage de Soulcem, le pic des Bareytes est plutôt facile d'accès. Il domine le port (col en occitan) d'Arinsal (2734m), antique voie de passage à la frontière entre l'Ariège et l'Andorre, et les six petits étangs du versant andorran. Ces derniers s'échelonnent comme des perles à peu de distance les uns des autres entre 2620 et 2670 mètres. Et lorsqu'on arrive au port, la vue sur ces lacs est un véritable enchantement... En 15 minutes, vers la droite, on peut alors gravir le sommet principal puis filer à l'antécime, plus basse de 10 mètres. On s'aperçoit alors au cours de la montée que les fameux étangs ne sont pas quatre mais six...

Photo 1 : Alors voilà, lorsqu'on arrive au col. En arrière-plan, les stations de ski d'Arinsal et de Pal.
Photo 2: Les mêmes étangs vus depuis sous l'antécime.

    Pour arriver au port, en partant du parking au bout de la retenue de Soulcem (mise en service en 1984) vers 1650 mètres d'altitude, près des orrys de Carla, il suffit de remonter la piste (construite à la suite du projet de route et de tunnel transfrontalier, arrêté, et transformé en piste pastorale à accès règlementé), de suivre ensuite le chemin balisé qui part vers le port de Rat (en direction de la station de ski d'Arcalis). On  le laissera au moment de la première bifurcation à gauche vers 2300 mètres. On suivra alors le sentier cairné (et plus ou moins balisé en jaune) qui passe devant le petit refuge de berger et le petit étang adjacent en remontant la vallée plein sud. Ensuite, tout en s'élevant, le sentier pénètre dans les premiers éboulis qui ressemblent davantage à des pierriers. Et s'il se relève un peu à l'approche du port (ou col), cela reste sans difficulté. Le panorama reste très intéressant sur les hautes montagnes d'Andorre (vue imprenable sur la Coma Pedrosa et la Roca Entrevesada) la vallée du Vicdessos (et le massif du Montcalm). Le versant andorran plonge rapidement après vers la vallée d'Arinsal et le refuge del Pla del Estany.

J'avais depuis longtemps envie de venir visiter cette montagne, depuis que lors de ma traversée des Pyrénées il y a dix ans, après une après-midi humide, j'avais dormi au refuge sus mentionné, passant la soirée à discuter avec la bergère qui avait ces quartiers d'été en partie là et me gelant toute la nuit avec mon duvet pourri... Le matin, elle avait remonté le versant jusqu'au port pour aller chercher ses brebis qui m'avait-elle dit, avaient surement filé sur le versant andorran pour chercher le soleil. Et puis, pendant mon tour des montagnes d'Andorre, j'étais passé tout près venant d'Arcalis. La zone ne semble pas trop fréquentée même si le parking était archi plein. Là, j'ai un peu parlé de moi, certains trouveront ça un peu pénible peut-être...

Photo 3 : Le fameux petit refuge est sur la gauche de la photo. Au fond le massif du Montcalm. On aura donc remonté la vallée ci devant...

Photo 4 : Vue rapprochée du refuge. À gauche, la partie berger et à droite la partie visiteur qui nous est réservée. On évitera donc d'aller emm... les utilisateurs en ouvrant la porte pour voir comment c'est à l'intérieur...

    Le terme Arinsal, du nom du village andorran, sur le versant sud serait d'origine pré-romane bascoïde, issu du terme arans signifiant érable ou plante épineuse. À défaut de trouver des érables sur les pâturages d'altitude, cet itinéraire est intéressant pour les nombreux orrys que l'on croise. Ce sont des abris saisonniers construits en pierre et ceux d'altitude, ceux d'En haut, vers 2200 mètres d'altitude, sont souvent plus sommaires car moins utilisés que les premiers, ceux du Carla, que vous croiseraient après le départ du parking. On pourra terminer sa journée à Auzat au Bar des 3000 en repensant à la randonneuse andorrane que vous avez croisé qui vous a raconté que partant du parking de la station d'Arcalis, elle était allée gravir le pic de la Rouge (un peu à gauche sur la photo ci-dessous). Chapeau!

Photo 5: Depuis le sommet, vue plein nord. Au fond, la retenue de Soulcem et à gauche le massif du Montcalm et au fond, qui dépasse en blanc, les pic de Bassies...


Photo 6: Depuis le sommet... à gauche, l'antécime. Au fond, à droite, vers le pic de Médécourbe, et son fameux tripoint (point de rencontre des frontière de 3 États: France, Espagne, Andorre).



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lundi 13 septembre 2021

Le Tuc de Molières (3010m), balcon sur la Maladeta.

     Le Tuc de Molières (ou Mulleres) à 3010m, situé au bout d'une vallée qui débouche sur la bouche sud du tunnel de Vielha, et l'hospice (espitau) de Vielha vers 1630 mètres d'altitude, est un magnifique belvédère pour admirer le massif de la Maladeta. Son ascension constitue un long cheminement avec plus de quatres heures de montée. Juste au dessus du verrou glaciaire de Pleta Neva, elle permettra d'admirer quatre lacs (les estanhots de Molières puis les estanys de Molières), et dont le premier (2370m), dominé par le refuge de Molières, m'a semble t-il paru particulièrement beau avec son eau transparente qui contrastait avec le versant granitique de roche blanchissante, qui tombait de manière abrupte sur sa rive droite, et entouré de pelouses sur sa rive gauche. Le dernier des lacs dont l'itinéraire d'ascension s'est écarté en direction du col de Molières (quelle originalité en terme de toponymie...) constitue aussi la source de la Noguera Ribargozana, dans la haute vallée de Barrabès... Cette dernière partie est le passage le plus pénible car le terrain est cassant, traversant des éboulis, avec une pente raide qui aboutit au col (2935m). Il est évident que monter par là fin juin tandis que la couverture neigeuse est encore présente, avec des piolets et des crampons, paraitra plus facile. 

Photo 1: Le premier étang des estanhots de Molières


Photo 2 : Le sommet du Tuc de Molières. À droite, à la limite du hors cadre, le col de Molières... 

Photo 3: Le col de Molières. Le versant à droite était notre voie d'accès et donc venait de la bouche sud du tunnel de Vielha. À droite, on redescend vers Benasque.

        Juste avant d'arriver au col, un court passage d'escalade ne nécessitant pas de corde vous imposera néanmoins beaucoup d'attention. Il ne s'agirait pas de se louper...  D'ailleurs, la pente se relève tant qu'on se demande bien ce qu'on va voir de l'autre côté, si on dépassera juste la tête pour constater que l'autre côté, c'est aussi raide... Et bien non, finalement, une pente beaucoup plus douce démarre...  Il s'agit ensuite simplement de suivre la crête jusqu'au large sommet d'où le panorama, on l'a déjà dit, est remarquable. En ce jour, avec la mer de nuage sur le versant français, les pic du Gar, le Cagire, les montagnes d'Oueil et du Luchonais en général étaient nettement individualisés... Derrière, pendant la montée, le massif de Bessiberri...


Photo 4 : En redescendant, vue sur 3 des étangs de Molières. 

        Même si la descente m'a paru longue, j'ai apprécié de croiser, à l'aller comme au retour, le troupeau de 2000 brebis, avec sa cohorte de chèvres (certaines imposantes...) car comme on dit "là où la chèvre passe, la brebis suit...". En tout cas, le berger allongé dans l'herbe, le matin au réveil semble t-il avec le troupeau qui dormait en face, à l'aller et le soir au retour, était bien là avec ses deux chiens de berger et son patou, placide... On partira aussi un peu plus tôt, et ainsi voir d'abord depuis le fond de la vallée le sommet s'embraser. De toute façon, dans le bois, peu après le départ, on ne manquera pas la jolie cascade, le long de cet itinéraire plutôt bien balisé, même si la toponymie manque tout de même d'originalité... Pour ceux qui s'y connaissent, on pourra observer des tourbières dont certaines abritent quelques espèces communes aux territoires atlantiques mais qui sont rares sur le versant espagnol des Pyrénées. On trouvera notamment la lande de bruyère des marais qui pousse dans les zones les moins imprégnées d'eau de la tourbière et elle peut être admirée lorsque la bruyère des marais fleurit (c'est à dire pas maintenant...). Elle ne se trouve que dans la partie occidentale des Pyrénées, dans des endroits très pluvieux et ici dans la vallée de Molières.

 Enfin, en regardant vers le ciel, on admirera soit d'un côté des immenses rapaces qui nichent sur les parois rive gauche peu avant la pleta neva, ou de l'autre côté, la magnifique moraine frontale, de forme quasi parfaite, au dessous du Coret de la Tallade, et qui jusqu'à il n'y a pas si longtemps devait encore accueillir un petit glacier. Il est clair, que depuis le sommet, on pourra penser que ceux de la Maladeta ont sacrément diminué...

Photo  5 : Le massif de la Maladeta dans les nuages... À gauche, le pic Margalida (3241m)... puis les nuages et enfin le pic de la Maladeta (3308m). On peut imaginer le pic d'Aneto au milieu ...  Vue depuis le col de Molières... (Si mes souvenirs de samedi 11 septembre sont bons...)

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jeudi 2 septembre 2021

Le Rudoka (2661m), au pays des Gorani, point culminant du Kosovo. Vraiment ?

 À y regarder de plus près, on ne sait plus vraiment si la Rudoka est réellement le point culminant du Kosovo car sur certaines cartes la partie ultime de la crête qui mène au sommet apparait du côté macédonien, comme une antécime plus haute. Tout le reste de l’ascension se fait en territoire kosovar depuis le parking de la station de ski de Brod au dessus de la petite ville de Dragash, à 17 km de Prizren. L’ensemble est entièrement balisé et par temps clair et stable, l'itinéraire ne comporte aucune difficulté technique. 

Photo 1 : Le lac dont je ne connais pas le nom, sous le sommet. En face, la ligne de crête à 2200 mètres d'altitude que j'ai emprunté pour le retour, de gauche à droite. C'est sur ces versants, que l'on retrouvait le cueilleurs de myrtilles. Au bout à droite, le sommet de la station de ski de Brod.

Photo 2: La signalétique financée par l'Union européenne. Celle-ci se trouve sous le télésiège lorsqu'on récupère le sentier venu d'en aval du départ de la station.

Photo 3 : L'itinéraire est bien balisé. Au fond, le lac de Brezne, presque asséché en ce 23 août, doit être bien plus beau à la fin du printemps.

Photo 4 : Le sommet de Rudoka, en territoire du Kosovo? Les montagnes en arrière plan et la plaine à droite sont en Macédoine du nord.

Photo 5 : Le chemin est donc bien balisé jusqu'au sommet. Avant de rejoindre la crête, l'itinéraire vient de la gauche et ne passe pas par le lac ci-dessus.

Photo 6 : L'itinéraire de gauche en rouge est le chemin du retour...(et l'aller à droite). Voilà, il y a de quoi faire à ski l'hiver également. Le Rudoka est en bas à droite (sud-est hum hum...). On aura vite fait d'oublier le gros bâtiment au pied des télésièges

L’ambiance est pastorale sur toute la longueur avec ses prairies d’altitude, ses troupeaux de brebis (principalement) et de vaches, ses bergers qui ne manqueront de vous saluer, les gros (vraiment gros) et beaux chiens de protection des troupeaux (chien de berger yougoslave de Charplanina) qui vont avec, des cueilleurs de myrtilles. D'ailleurs après que l'énorme premier chien de protection m'ait traversé le sentier placidement, j'ai tout de même pris mes distances... Et si les randonneurs-touristes n’étaient pas légion en ce jour (j'ai eu l'impression d'être seul), vous ne serez donc pas les seuls là-haut. D’ailleurs, sur les plateaux d’altitude qui ouvrent le paysage, après avoir remonté la vallée, étroite, vous trouverez des pistes dans l’herbe, par où montent des véhicules tout-terrain depuis la vallée voisine, et bien sûr comme corollaire quelques déchets. C’est bien dommage. D'autres itinéraires dans le Monts Sar sont balisés et peuvent former un parcours itinérant.

En fait l’ensemble de ce massif des monts Sar est plutôt doux, même si la la partie sud semble plus abrupte. En cela, ce n'est plus à proprement parler les Alpes dinariques. Après avoir passé le premier lac, de Brezne, bien asséché, le sentier monte sur une sorte de petit plateau qui est occupé par des zones humides qui marquent les vestiges d’un lac comblé. L’ensemble bien vert, en contraste avec le reste de la végétation qui a quand même bien jauni, comme une vallée suspendue entre deux sommets qui referment la vallée au niveau du déversoir et dont l'écoulement se fait vers la Macédoine du Nord, était assez spectaculaire, beau et presque mystérieux. À partir de là, on peut suivre les traces d'une piste dans l'herbe qui vous fera remonter vers la ligne de crête, en avançant un peu en travers, de manière douce en passant au dessus du petit lac (voir photo 1) dont je ne connais pas le nom mais qui vous servira de repère pour la descente. Mais l'ensemble reste balisé. Le départ se fait donc de la station de ski. Le départ officiel se faisant juste en aval et les pancartes sont bien visibles. Mais l'itinéraire est rattrapable en passant sous le télésiège qui monte des touristes à la station supérieure.

Photo 7: Vue depuis le haut de la station de ski sur le versant occidental et le village de Restelice (quasiment 4000 habitants). Une route passe par ce village pour rejoindre la Macédoine du Nord, mais elle n'est pas terminée et finit au poste frontière par une piste. Au fond, l'Albanie...

Cette région des Sar Planina est peuplée d'une majorité d'albanais, mais les Gorans (de Gora montagne en slave, donc en gros les montagnards...), minorité slave du sud, musulmane depuis les Ottomans, constituent une minorité importante, antécédente, qui donne son identité à cette région du sud du Kosovo qui s'immisce entre la Macédoine du Nord et l'Albanie toutes proches, au dessus de la plaine de Plizren. Ils sont néanmoins en voie d'assimilation par utilisation de l'albanais au détriment du nasinski (langue à priori entre le bulgare et le serbe). C'est une région qui m'intriguait depuis quelques temps et que sa visite m'a rendu agréable. J'ai trouvé les gens serviables et gentils. Et j'espère que la confiture de myrtille, certes à priori industrielle, mais en imaginant que les fruits ont été ramassés forcément de manière artisanale, fera des petits cadeaux agréables... Je logeais à l'hôtel Meka à Dragash. Impeccable... Je reviendrai au Kosovo.

Pour aller plus loin, vous pouvez lire le très intéressant Voyage au pays des Gorani, de J-A. Dérens et L.Deslin, chez Cartouche (Paris, 2010). Mais à l'heure de quitter cette petite région, on reprendra, en guise de conclusion, ce qui est écrit à la dernière page dans le livre sus-mentionné : "Il est difficile de quitter la Gora réelle, justement, sans avoir un peu le coeur serré, sans craindre qu'un jour trop proche, les troupeaux aient disparu de la montagne, que les villages délaissés ne cessent de résonner au moins l'été, du son des zurle et des tupani des mariages."




mercredi 1 septembre 2021

Le Bobotov Kuk, au Monténégro, dans le massif du Durmitor (2523 m).

 La montée paraîtra peut être longue et difficile (même si ce n'est que 1100 mètres de dénivellation) car l’ensemble se déroule dans un paysage karstique, et que les dolines, lapiaz et autres polje se succèdent. Mais le vaste panorama récompensera ceux qui ont réussit l’ascension car la dernière partie sous le sommet pourra paraître à certains délicate (quelques passages aménagés...). Le Bobotov Kuk avec ses 2523 m, est le point culminant du massif du Durmitor au Monténégro même s'il n'est pas le point culminant du pays (c'est le Maja e Roshit à la frontière albanaise). Il domine un vaste ensemble constitué de plus de 48 sommets de plus de 2000 mètres, qui se dégage des plateaux et gorges alentours. Pour ces raisons qui en font un site remarquable, il est inscrit depuis 1980 sur la liste du patrimoine mondial de l'humanité. Les éléments géologiques dominants sont des formations calcaires très épaisses, souvent sauvagement tordues datant du Trias moyen et supérieur, du Jurassique supérieur et du Crétacé supérieur, bien que des roches plus récentes soient également présentes. Le Flysch appelé durmitorien, l'expression utilisée pour qualifier la formation tectonique de strates inclinées à 90° du massif, constitue une particularité... 

Photo 1 : Le Durmitor Camp, vers 1800 m ... En milieu d'après-midi, c'est une pause bien méritée. Derrière, et au dessus, les enclos pour les brebis...


Photo 2: Depuis le sommet de Bobotov Kuk, vue vers le sud....

Photo 3 : Directement sous le sommet du Bobotov Kuk, le passage délicat aménagé. Vue sur le lac Velicko Skrčko au nord-ouest.

L'ascension classique se fait depuis la plutôt jolie station d'altitude de Zabljak à 1450 m d'altitude. Une autre voie par le sud permet de gagner quasiment 500 mètres d'altitude depuis la route du Durmitor ring mais j'avais envie de partir directement de la station et de voir dès le départ le très beau lac glaciaire de Crno (noir) (Jezero... veut dire lac en serbo-croate). L'idéal serait de faire la traversée. L'endroit est fréquentée donc il ne faut pas s'attendre à être seul. Mais une fois dépassé le portail d'entrée du parc et les abords du lac, par des chemins balisés comme il se doit, la fréquentation sera moindre et l'on sera happé par la majesté des paysages. Si j'ai bien compris, l'entrée était payante 3 euros... Je ne sais pas s'il n'y avait pas un autre endroit d'accès libre... Ça fait quand même grincer des dents... enfin j'ai payé...

Photo 4 : Le fameux lac noir d'une profondeur de 45 mètres dans sa partie du fond. Fondé en 1952 avec une superficie plus petite, le parc national de « Durmitor », qui est la propriété de l’État, a une longue histoire de conservation officielle remontant à 1907, lorsque le lac Noir, aujourd’hui situé dans le bien, se vit attribuer le statut de protection. En fait, il est constitué de deux lacs séparés par un petit passage qui peut s'assécher pendant l'été. Les deux masses d'eau ont deux systèmes différents.

Jusqu'au Durmitor Camp, vers 1800 mètres d'altitude, l'itinéraire se déroule dans la forêt de pin noir, sapins et hêtres, puis ensuite il se dégage complètement laissant place aux pâturages d'altitude et aux formations karstiques plus visibles... Le relief devient plus majestueux et la montée plus contraignante. Visiblement il sera peut-être difficile de voir des animaux sauvages car les lendemains des guerres de Yougoslavie ont laissé de nombreuses armes en circulation qui ont été utilisées pour la chasse aux trophées. La population de chamois a été ainsi divisée par quatre. Comme dans le reste de l'Europe (le périmètre du parc des Écrins dans les Alpes notamment), on peut imaginer que la Seconde Guerre mondiale a aussi décimé les populations des grands mammifères pour des raisons purement alimentaires cette fois-ci... 

Photo 5 : Le sommet du Bobotov Kuk au centre. Sa première ascension officielle date de 1883. On y accède par le large col (Velika Previja à 2350m) à gauche et ensuite on passe derrière pour gravir le sommet. Depuis Zabljak, on pourra vous annoncer 5 heures de montée.

Photo 6 : Toujours au Durmitor Camp, mais au retour. J'ai pu acheter une boisson fraiche qui m'a sauvé la vie... Je n'avais plus d'eau...

Photo 7 : Depuis le col sous le sommet... c'est bon, on peut rentrer...

    Ce que j'ai aimé aussi c'est finalement la station de villégiature (avec une station de ski aussi) de Zabljak, qui bien que soumise à une indéniable pression immobilière, et à une fréquentation importante, garde un certain charme, d'autant plus si vous vous trouvez une pension familiale pas trop chère au calme juste derrière l'avenue principale. Elle reste la plus haute concentration humaine des Balkans. Elle représentait une halte connue des caravanes et son nom date de 1870, quand furent construits la première école, église, maison du capitaine. Elle commence à devenir une destination touristique importante avant la Seconde Guerre mondiale, avec de nombreux italiens notamment. L'ensemble est constitué encore de peu d'immeubles, et de beaucoup de maisons individuelle avec leur jardin, ce qui lui donne, à mon goût un indéniable charme. Ce plaisir a été renforcé par une soirée au restaurant Dvoriste, avec un patron atypique et une bonne cuisine traditionnelle simple au milieu d'un cadre et d'une décoration absolument charmants. En plus de bien manger, j'étais content d'y écouter Paolo Conte, de la musique cubaine, flamenca... 

Photo 8 : À l'intérieur du restaurant, en fin de soirée. Au mur, en face, une photo ancienne de la ville (quasi 2000 habitants aujourd'hui)

Photo 9 : L'itinéraire...

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