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samedi 26 mars 2022

"Freda" au festival Cinélatino 2022 de Toulouse

 Dans le cadre de la 34ème édition du festival de cinéma les Rencontres du Cinéma latino-américain de Toulouse (version 2022), on pourra aller voir le très beau film haïtien Freda de la réalisatrice Gessica Généus. Les séances ont toutes lieu au cinéma Le Cratère à Saint-Michel, lundi le 28/03 à 14h30, jeudi le 31/03 à 20h30 et encore dimanche 03/04 à 16h40.


Je cite ici le synopsis du programme officiel du festival : "Freda habite avec sa mère et sa soeur dans un quartier populaire de Port au Prince. Ensemble, elles survivent grâce à une petite boutique de rue. Face à la précarité et à la montée de la violence en Haïti, chacune se demande s'il faut partir ou rester. Freda veut croire en l'avenir de son pays. Un point de vue féminin inédit sur la société haïtienne patriarcale dans ce premier long métrage en sélection officielle de Cannes 2021."

Voici la bande annonce sur le lien suivant. (capture d'écran ci-dessus)

... et la présentation du film dans le quotidien Le Figaro dont je reprends les premières lignes de l'article du 12/10/2021 : "Sélectionné dans la section Un certain regard cette année au festival de Cannes, puis ovationné au Festival du film francophone d'Angoulême fin août, le puissant drame haïtien Freda, réalisé par la jeune Gessica Généus, fait forte impression partout où il passe. Ce premier film possède la grâce des fictions tournées dans l'urgence. " (...) 

ici du grand quotidien haïtien Le Nouvelliste...

Pour le journal Le Monde, ce sera  "Freda, de la réalisatrice haïtienne Gessica Généus, dont le film vibrant et à fleur de peau - sur deux soeurs en particulier (et les femmes en général) qui tentent de trouver leur place à Port-au-Prince où règne l'insécurité - nous a émus". (17/07/2021) 

Sur le lien ci-dessous, un interview très intéressant de la réalisatrice, figure forte et image positive d'un pays qu'on laisse souvent dans des stéréotypes un peu trop négatifs...

https://www.youtube.com/watch?v=joPzJZRNEMA

https://www.youtube.com/watch?v=GtQjSrUuEtY


Sommaire du blog

Haïti à Toulouse

mardi 6 mars 2018

Yanick Lahens à Ombres Blanches, à Toulouse, le mercredi 14 mars 2018

C'est agréable de s'habituer à revoir l'écrivaine haïtienne Yanick Lahens régulièrement à Toulouse. Elle vient donc présenter son dernier livre Douce Déroute à la librairie Ombres Blanches le mercredi 14 Mars 2018, à 18h.



Le thème est plus urbain puisque l'histoire se déroule à Port au Prince. Il est écrit en quatrième de couverture A Port au Prince, la violence n'est jamais totale. Elle trouve son pendant dans une "douceur suraiguë"... Il me semble que cela résume bien l'ouvrage. Lorsqu'on connaît un peu la ville, évidemment ça nous parle. Et évidemment que Port au Prince et en général Haïti, ne sont pas que violence.

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jeudi 28 avril 2016

Jérémie à l'heure...

Nous avons finalement quitté Jérémie et Juliette vers, enfin non à 5 heures pile ce matin, comme il était indiqué sur le billet de bus de la compagnie Grand'Anse Tour ( vraiment ils sont sérieux ). Un peu moins d'une semaine dans la Grand´Ànse, c'est un peu court tant il y a de choses à faire. Mais surtout l'Auberge'Inn de Juliette est un lieu particulier qui peut servir de base de départ et qui finalement aussi était le but du voyage. On y mange vraiment bien, en fait on y fait un séjour gastronomique!!! L'accueil y est chaleureux, Juliette est à l'écoute, le sourire dans les yeux, la décoration est soignée.
On peut alors s'installer sous la galerie dans la dodine blanche et lire tranquillement le rapport de Patricia Balandier et Christophe Charlery sur le patrimoine architectural de la ville qui n'aura alors plus de secret pour vous. Il a été édité en seulement 60 exemplaires, c'est une chance de pouvoir le feuilleter. Il mériterait de l'être davantage et à défaut, il ne reste qu'à descendre en ville voir in situ.
On pourra également aller à la messe du dimanche matin à la nouvelle cathédrale (pas encore terminée et probablement pas de sitôt car apparemment ce n'est pas dans les projets du nouvel évêque) et écouter la grâce et la motivation de la chorale du Lycée de jeunes filles de la ville (avec un rang de garçons au fond qui fait écho) pour le concours des chorales de la ville. Un moment assez déroutant probablement pour ceux qui ne croient pas en dieu et qui auraient de surcroît tendance à être anti-clérical. Tout est possible. Mais cette jeunesse-là est bien une richesse.

Photo 1: Sur la route de Mafranc (photo de Vincent).
Ce qui est possible aussi c'est de prendre une moto-taxi et de se faire porter à Mafranc en remontant la verte vallée de la rivière Gran'Anse pour aller voir les passerelles lancées (par la coopération britannique...) de part et d'autre de la rivière, ou les restes du fort de Mafranc.
Voilà ça m'a parut bien court tout ça et en même temps être en Haïti, et en particulier à Jérémie , tellement ... précieux.
Photo 2 : C'est ouvert...
 Ainsi, on peut repenser au petit garçon dans le bus qui a demandé à Vincent, alors qu'il remontait s'assoir, après la pause, pendant laquelle il a visité le marché attenant plein de mangues :
- Vous êtes Jésus Christ?
- Heu non...

Photo 3 : Une des passerelles après Mafranc (photo de Vincent).
Enfin pour conclure, en Haïti, on mange bien. Et puis l'envie aussi d'y revenir... On pourra alors répondre au policier des frontières de l'aéroport de New York, quand il regarde la liste des pays que vous avez visité avant d'entrer sur leur sol, lorsqu'il vous demande sur un ton mi-moqueur mi-incrédule :
- Et vous passez vos vacances en Haïti?
- (Avec un grand sourire) Oui!!!

Photo 4 : Depuis l'ancien fort de Mafranc.


mercredi 27 avril 2016

Un lundi aux Abricots

Depuis Jérémie, il faut deux heures de taxi moto (1500 gourdes A/R) pour se rendre aux Abricots, petite localité à l'ouest, par une piste qui s'est quelque peu détériorée ces derniers temps. On s'y rend en général pour des raisons précises, soit pour rendre visite à l'admirable Mica, soit pour profiter de la jolie plage qui vient baigner le village.

Photo 1 : Avant le lundi, il y a le dimanche soir.
"La petite plaine des Abricots commence au rivage, et va en s'élargissant jusqu'au point où la rivière de son nom, que l'on passe à l'entrée occidentale de cette plaine, reçoit au dessus du chemin la rivière des Balisiers (...). L'anse des Abricots est l'embarcadère du canton, sur son côté Est est un petit bourg où l'on compte 17 maisons. Des canons le protègent.
Feu M.de Spechbach fit commencer en 1774, à cet embarcadère une jettée à trois rangs de pilotis, chargée de traverses et de madriers; ce travail a été achevé en 1775. La jettée a environ cent pieds de long, et porte une grue à son extrémité. Cette entreprise utile n'aura pas une longue durée, car les vers ont attaqué les pilotis."

Moreau de Saint Méry, Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l'isle de Saint-Domingue (Tome III), Publications de la Société française d'histoire d'outre-mer, Paris, 2004. (1ère édition 1796)
 On peut y loger ( un seul petit sorte de gîte à qui un peu de concurrence ne ferait pas de mal), y manger dans le très bon petit restaurant qui prend vraiment soin de ses clients ( repas de qualité, bon et copieux, service impeccable, réelle ponctualité, produits de la mer en fonction  des arrivées, prix tout à fait raisonnables...), aller y visiter le marché coloré du lundi matin. En se promenant dans les rues, en croisant la jeunesse locale, on ne manquera pas, comme souvent, de vous interpeller, toujours amicalement:
- Hey, américains?
- Non mon cher, français.
Et puis voilà, tous les produits proposés viennent bien de quelque part et effectivement le village des Abricots est au débouché de plusieurs vallées et on se dit qu'une visite à l'intérieur s'impose. Ayou qui habite non loin du gîte se proposera probablement et fera un bon guide. Il nous propose d'aller voir les sauts Balisiers. Moreau de Saint Mery, au 18ème siècle, en fait déjà mention. Deux heures de marche sont nécessaires pour s'y rendre à travers un paysage champêtre vraiment charmant, même si ici aussi le déboisement commence à être notable. Le long de la piste on rencontrera alors de nombreuses petites cases colorées, des stands pour recharge de téléphone portable (aujourd'hui le téléphone portable est une réalité même dans les coins reculés), les ruines d'une ancienne habitation coloniale, des cochons qu'on imaginera facilement en griot (bio)...
Photo 2 : "La plaine des Abricots peut avoir, dans sa plus grande longueur, Nord et Sud, une lieue d'enfoncement, et environ un quart de lieue dans sa plus grande largeur. On y trouve la sucrerie Spechbach, à la laquelle la rivière des Balisiers procure un moulin à eau. C'est sur cette habitation qu'on voit les plus beaux cacaoyers de la Colonie, qu passent aussi pour les premiers qu'on y ait replantés après la destruction de cet arbre en 1736. Ils ont jusqu'à 25 et 30 pieds de hauteur".

 Moreau de Saint Méry, Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l'isle de Saint-Domingue (Tome III), Publications de la Société française d'histoire d'outre-mer, Paris, 2004. 
Bien sûr, le sac de charbon de bois appuyé contre le tronc, à droite sur la photo, ne date pas de la période coloniale...

Vous pénétrez de plus en plus profond, la végétation se densifie sans avoir pour autant l'aspect de la forêt amazonienne... Vraiment c'est beau. On traversera la douce rivière plusieurs fois. Et puis après une dernière petite montée le fameux saut est atteint ( le guide vous demandera probablement une participation de 100/150 gourdes pour payer les propriétaires). L'endroit est rafraîchissant et l'impression d'être loin de tout assez forte.. Il est temps de rentrer et sur le chemin du retour, notre horaire correspondant au retour du marché et à la sortie des écoles, l'ambiance est joyeuse et colorée. Il apparaît évident que ces vallées mériteraient d'être davantage visitées.
Photo 3 : Une gagère non loin du but de la visite.

Photo 4 : Un affluent de la rivière des Balisiers (en allant vers la photo 5...)

Photo 5 : "La rivière des Balisiers prend sa source parmi les rochers, à environ une lieue au-dessus du point où elle se rend dans celle des Abricots, et qui est à environ trois petits quarts de lieue de la mer. Elle avance par cascades. La première est un saut de 15 pieds d'élévation, au-dessous duquel est un bassin, qui donne lieu lui-même à un autre saut ou cascade et à un autre bassin, ce qui a lieu successivement une quinzaine de fois avec plus ou moins de hauteur jusqu'à ce que la rivière coule avec une pente ordinaire." 
Moreau de Saint Méry, Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l'isle de Saint-Domingue (Tome III), Publications de la Société française d'histoire d'outre-mer, Paris, 2004. 




Alors j'aurais pu me garder tout ça... Et puis finalement, que quelques touristes supplémentaires puissent venir par ici peut contribuer à améliorer la situation de certains. Le très joli cadre champêtre ne doit pas faire illusion. A la campagne les gens souffrent, et comme j'ai déjà pu le dire, ici ce n'est pas le paradis pour tous. Mica nous a rappelé que le secteur sortait de quatorze mois de sécheresse. On n'est pas dans l'abondance et la quantité de marchandise que propose les vendeuses du marché est là pour l'attester (malgré l'animation et les belles couleurs).
Mais que la région est belle. (photos au retour)

samedi 23 avril 2016

Ceux qui connaissaient la route pour Jérémie...

Ceux qui connaissent Jérémie ne pourront qu'être surpris des changements s'ils entreprennent  le voyage par voie terrestre. 

Photo 1 : La nef et le coeur de la cathédrale Saint Louis de Jérémie. (Pour de l'extérieur clickez...)


Photo 2 : Vue de l'extérieur (photo prise en 2010)
 On achète le billet (À/R 1500 gourdes) à l'agence Grand Anse tour, sur le Champs de Mars, et on embarque dans un petit bus climatisé qui en sept heures (ça dépend de la conduite du chauffeur et si celui-ci choisit de se tirer la bourre avec un collègue en chemin) vous amène à destination. Avant Camp Perrin, puis surtout juste après la surprise est de taille. La route est large, goudronnée sur une bonne partie du parcours. La fameuse "rampe" ressemble désormais presque à n'importe quelle route secondaire française. Un pont est désormais jeté sur la rivière glacée, là où parfois il fallait attendre, longtemps, que le niveau d'eau du passage à guet baisse. Les travaux pour le reste sont en cours mais on récupère le goudron bien avant Roseaux et ce jusqu'à la fin. Ça me paraît absolument incroyable.
Photo 3 : Le fameux pont sur la rivière glacée.
 Bien sur la contrepartie de cela est le déboisement accéléré des versants.
Photo 4 : Dans les rues de Jérémie, les autorités ont déjà pris conscience du danger. Mais l'économie du pays dépend trop du charbon de bois encore pour son énergie quotidienne (70%?)
 On se prendrait presque à regretter la route d'avant, celle ouù les paysans faisaient sécher leurs grains de café sur le bord de la chaussée. Alors qui dit toujours que rien ne change en Haïti ?
On arrive ainsi beaucoup moins fatigué à Jérémie et on peut arpenter celle-ci tranquillement. Car le rythme de vie est bien plus paisible. Ainsi passant à pied tranquillement devant un Barber shop
-  He you? ( de manière amicale)
- Moi?
- Oui vous. Venez. (...) Vous n'êtes pas jamaïcain ?
- Moi??? Non pourquoi? Je suis français.
- On dirait un jamaïcain.
- Ah bon! Et pourquoi? Les cheveux? Je n'ai pas de dread... 
- Non.
- Je ne sais pas alors. ( Je reste dubitatif/ lui aussi). Mais pourquoi pas...
Photo 5 : Sur la place des 3 Dumas, au centre de Jérémie.
Ainsi, aussi, nous allons chez Juliette à l'Auberge Inn, où on se sent toujours aussi bien. Finalement, le passé reste le passé et on revient voir les amis. Là aussi il y a la wifi et cela me paraît aussi incroyable et en même temps logique.

Et une fin d'après midi, sous la galerie de Juliette, pendant la pluie tropicale, à lire dans une dodine...

jeudi 21 avril 2016

Un touriste à Port au Prince (de retour...)

De retour à Port au Prince, 5 ans après. J'ai juste envie d'écrire quelque chose de positif sur le pays, sans tomber dans l'angélisme primaire ou au contraire de critiquer à tout va, ce qui serait facile. Alors j'adopterai la posture d'un simple touriste, qui connaît certes déjà le pays et qui s'y rendra comme on se rend à un rendez-vous amoureux ...
Photo 1 : Un voyage en Haïti doit nous rappeler à la modestie. Photo prise par Caroline, depuis le bus, Croix des Bouquets (banlieue de Port au Prince).
 Voilà, on est venu en bus depuis Santo Domingo, avec Carib tour ( confortable et 80 dollars À/R plus les frais de passage de frontière 30) nous avons rejoint le si merveilleux hôtel Oloffson où nous avions réservé et payé par internet. Arrivé vers 17h, le temps de se doucher,  nous avons laissé ce havre de paix pour plonger dans la fournaise du bas de la ville, c'est à dire que nous sommes allés à pied vers la place centrale du Champs de Mars, là où il y avait l'ancien palais présidentiel. Celle-ci est toujours animée le soir et le camp de tentes a été remplacé. Aujourd'hui, certes tout n'a pas été reconstruit, mais des sortes de petits bungalows-restaurants permettent à la foule de s'y retrouver pour boire une Prestige ou manger un bon morceau de poulet. La misère n'est pas effacée pour autant, il y a toujours des enfants malheureusement qui vous demanderont un petit kob pour manger. Vous apercevrez aussi les habitats précaires qui partent à l'assaut du morne. Mais bon, je suis un simple touriste qui n'entend pas ( car il ne peut pas ...) changer le monde.

Ce matin, rebelote pour le Champ de Mars. À la Banque, tout d'abord, pour changer des euros/dollars,
- Bonjour, vous êtes français ?
- Bonjour. Heu oui.
- J'ai cru que vous étiez suédois. Vous ressemblez à un suédois.
- Heu... Merci. ( Vraiment je ne savais pas quoi répondre!)
Puis à l'agence de bus pour prendre le billet de bus de demain pour Jérémie et visite du musée du Panthéon haïtien, autrement dit le musée d'histoire. Ce dernier retrace l'histoire du pays depuis la période précolombienne et possède un des encres d'un des navires de C.Colomb ( et là je ne sais plus lequel...). Il y avait aussi une file ininterrompue ( et silencieuse et ordonnée) d'élèves de primaire et secondaire avec leurs uniformes bariolés qui attendait leur tour pour la visite ou qui la faisait.

Photo 2 : A l'intérieur du musée. Dehors les files d'élèves sont longues à attendre.
 Partout, dans la rue ou ailleurs, les gens sont gentils. Certaines parties ont été réaménagées et même si le palais présidentiel n'est toujours pas reconstruit, j'ai eu la nette impression que les choses avaient un peu avancé. Voilà, soyons honnêtes et ne reprochons pas à un pays qui souffre les milles maux ( depuis bien avant le tremblement) de ne pas aller assez vite.
Photo 3 : Sur la place du champs du Mars, le bâtiment moderne qui dépasse est le ministère de l'Intérieur et des collectivités territoriales. Devant la cour d'appel, réhabilitée.
 L'ambassade de France n'est toujours pas reconstruite et les américains ont mis des années pour aménager leur mémorial du 11 septembre à New York (pas tout à fait fini, mais franchement réussi à mon goût). Alors tout à l'heure, j'irai probablement faire un tour au marché de fer. La ville mériterait plus de temps, c'est tout mais elle n'était pas la priorité...  J'écris tout ça depuis mon téléphone car il y a la wifi à l'hôtel. Tout ça paraît presque normal... Ce soir, il y aura le concert de RAM (le son du lien est moyen surtout au début) à l'hôtel et rien que pour ça, on peut venir à Port au Prince.

Le marché de fer a bien été refait et avec sa peinture toute brillante, il est bien clinquant. Les échoppes des vendeurs de souvenirs remplissent l'aile nord. L'aile sud concerne la nourriture et objets de tous les jours, même si mes tableaux haïtiens je les regarde tous les jours dans mon appartement... Il y a une profusion de produits et la seule question qu'on peut se poser est de savoir où sont les touristes. En tout cas, ils sont attendus.
Photo 4: L'arrivée au marché de fer. On voit bien qu'il ne reste plus beaucoup de bâtiments debouts autour.
Photo 5 : Il est rutilant.
 Il est vrai que cette partie du bas de la ville, même si ses rues ont repris de la vie et apparaissent comme un grand marché, est bien sinistrée. Voir les ruines de la cathédrale fait vraiment mal au cœur et on ne s'y attardera pas. Il est cependant très facile de s'y rendre en prenant un taxi moto qui vous accompagnera. Il pourra même vous amener à la librairie La Pléiade (photo 4 ci-dessous), reconstruite plus haut, et bien vivante. Voilà, bien sur les stigmates sont toujours présents mais la vie n'a pas disparue. Loin de là.

Photo 6 : Avant de quitter le pays, c'est un passage obligatoire.
Petite dédicace pour le livre de Valérie Marin La Meslée Chérir Port au Prince

Photo 7: Vue depuis la route de Canapé vert sur le quartier de Jalousie.

mercredi 10 septembre 2014

Yanick Lahens, littérature haïtienne, à Toulouse. (26 mars 2015)

Nouveau petit préambule  : Yanick Lahens devrait à nouveau être là le jeudi 26 mars à la médiathèque José Cabanis, à partir de 16h30, auréolée de son prix Fémina.

Pour les amateurs de littérature haïtienne, ou les amoureux d'Haïti, la librairie Ombres Blanches reçoit l'écrivaine haïtienne Yanick Lahens le jeudi 18 septembre 2014, à 18 heures, dans ses locaux pour la présentation de son dernier livre Bain de lune, aux éditions Sabine Wespieser. Les occasions de pouvoir rencontrer des écrivains de ce pays de la Caraïbe ne sont pas fréquentes alors qu'ici, il soit dans un premier temps, le moment d'apprécier la librairie Ombres Blanches, qui plus qu'une librairie, est un lieu culturel de premier ordre dans notre ville rose.

Yanick Lahens vit aujourd'hui en Haïti, après avoir fait des études de littérature à Paris. Lauréate du prix RFO 2009 pour La Couleur de l'aube, elle occupe aujourd'hui une place particulière dans la littérature en décrivant la réalité caribéenne.

Photo 1 : Couverture.
Quelques unes de ses publications :
- L'exil, Entre l'ancrage et la fuite, l'écrivain haïtien. (essais) 1990
- Tante Résia et les dieux. 1994
- La petite corruption. (nouvelles) 1999
- Dans la maison du père. (roman) 2004
- La couleur de l'aube. (roman) 2008
- Failles. (récit) 2010
- Guillaume et Nathalie. (roman) 2013
- Bain de lune. (roman) 2014

A titre personnel, c'est le recueil de nouvelles La Petite corruption  qui m'a le plus touché et qui m'a accompagné dans la découverte de ce pays. Un pays où la vie n'est pas facile bien sûr et où les petits arrangements avec le quotidien sont nombreux, mais que l'auteur décrit en toute pudeur. Ce livre avait été aussi l'occasion de vérifier l'intérêt des haïtiens pour la littérature et la culture en général, lors de sa venue à l'Alliance française de Jérémie, en Haïti, il y a quelques années de cela, à une époque où l'auteure n'avait pas la renommée actuelle. Un soir d'octobre 2000 donc, environ deux cents personnes, bien plus que ce qui avait été espéré, étaient venues la rencontrer et son ouvrage avait été en tête des ventes localement, à ce que m'avait raconté une amie libraire. Alors oui, une fois de plus, il est bon de rappeler qu'en Haïti, il n'y a pas que des catastrophes naturelles. Il y a aussi un vrai amour pour la littérature et des gens (souvent bien jeunes) qui se déplacent le soir, après le travail ou les études, pour écouter des gens de lettres.

 P.S.: J'aurais peut-être pu écrire ce billet un peu plus tôt, la date de la venue de Y.Lahens étant connue depuis quelques temps déjà!

P.S.2 (ajout): Ce soir après la rencontre, je peux dire que Y.Lahens a gardé le souffle de La petite Corruption en gagnant en épaisseur. Y.Lahens disait au cours de la rencontre que lorsqu'on parlait d'Haïti, c'était toujours pour annoncer de mauvaises nouvelles.
- Non, il n'y a pas que des mauvaises nouvelles en Haïti. Il y a aussi La petite corruption!

jeudi 7 juin 2012

Casa Natachou, restaurant haïtien à Toulouse.

D'abord, vous écouterez un peu de musique kompa avec T-Vice notamment... Histoire de se mettre dans l'ambiance, en regardant les toiles affichées au mur et qui rappellent pour ceux qui connaissent le pays l'ambiance locale. Pour ceux qui sont allés en République dominicaine, vous vous direz peut-être :
- Tiens, le tableau que j'ai acheté ressemble étrangement aux tableaux haïtiens!
- Et oui! Peut-être qu'ils viennent de là-bas en fait...!!!

Photo 1 : Avec une jolie enseigne en plus!!!
Le restaurant est ouvert depuis le mois de décembre 2011 à Toulouse, au 32 rue des Polinaires, à deux pas du marché des Carmes et du fameux bar du Matin, au centre ville. C'est le premier restaurant haïtien ouvert dans la ville rose. Et il faut reconnaître qu'il était temps. Voici le numéro de téléphone d'ailleurs pour réserver 0562880426 (voir commentaires, en bas). Natachou nous permet de manger les spécialités de son pays, et notamment le griot de porc avec ses bananes pesées, son riz djon-djon, les pickles. On peut prendre aussi du poulet gingembre ou un assortiment de tout. L'ensemble peut être arrosé de rhum, arrangé à tous les parfums. Où peut aller notre préférence ? Le rhum gingembre, celui à la vanille, aux pruneaux, mangue... Bon à force de vouloir les départager de manière objective, on ne sait plus trop vraiment. En attendant la bière Prestige.
- Dis-donc, qu'est-ce que tu en penses ?
- Le gingembre, c'est pas mal !

En tout cas, l'accueil a été à la hauteur, les plats hyper-copieux et, comme en Haïti, on ne jette pas la nourriture (mais ça devrait être partout pareil), il a été possible, sur proposition de la patronne, de  ramener chez soi ce qu'il restait. Vraiment copieux et bon. Franchement un très bon rapport qualité prix, en plus de l'accueil chaleureux qui nous a été réservé.

Merci Natachou.

P.S. : Vous pouvez commander à emporter. Prévoyez du liquide car les cartes ne sont pas acceptées. Ce qui n'est pas le cas des enfants qui sont les bienvenus ! Enfin, si vous voulez voir l'intérieur du restaurant, regardez Jade.




mardi 24 août 2010

Il faut bien rentrer... (Haïti)

Ce sera donc le dernier billet concernant ce voyage qui s'est avéré bien plus facile que sur le papier. Je ne mettrai les photos qu'à mon retour, en France, car je vais à l'aéroport à 13 heures. Il me reste que peu de temps pour profiter de Santo Domingo. Je dois reconnaître que tenir un blog prend du temps et de l'énergie mais c'était là aussi une belle expérience. Je suis un peu fatigué et les derniers moments seront vécus en égoïste.

J'ai quitté Jérémie, ce dimanche, à 5 heures du matin, en me disant que le temps passé ici avait été trop court. Je regrette de ne pas avoir pu voir Rolphe et Geneviève de Corail, mais c'est sûr, ce sera pour la prochaine fois, et pas dans 7 ans ! Parce qu'évidemment, aussi, la Grand'anse offre d'autres possibilités. On peut se rendre à Dame-Marie ou Anse d'Hainault, face à la Jamaïque.
Au départ, plusieurs possibilités pour joindre Port au Prince se présentaient mais le choix de la moto-taxi jusqu'aux Cayes puis le bus jusqu'à la capitale a été dicté par la nécessité et aussi par l'envie. J'aurais pu prendre l'avion (Compagnie Tortugair, 115$ aller simple) mais les vols de samedi et dimanche étaient complets. Alors je me suis rabattu sur le bus (500 gourdes) mais là, les horaires ne me convenaient pas : départ vers 16 heures pour une arrivée vers 3 heures du matin à Port au Prince. Je préfère arriver tout de même pas trop tard pour profiter d'une dernière soirée à Jérémie et d'une autre, avec Marie à Port au Prince. Le voyage peut s'avérer difficile, car long, (voir pages sur Carrefour) mais il me semble que lorsqu'on est jeune et en forme, il se fait, pour le moins! C'est aussi une bonne manière de connaître les Haïtiens. D'autant plus qu'on peut prendre une place dans la cabine du chauffeur. C'est plus cher mais plus confortable. Enfin, si quelqu'un vous trouve une rou lib, comme ils disent ici, c'est à dire une place dans une voiture qui fait le voyage.

Photo 1: Les bus Dieu qui décide vous porteront à la capitale.




J'ai donc pris la dernière option possible, que Geneviève et Jean-Bart m'avaient conseillée. J'avais, en plus envie, de revoir le paysage des mornes au petit matin, au pied du massif de Macaya, sur une route quasi-déserte, à la fraîche et ainsi avoir la possibilité d'attraper un bus qui me faisait arriver à destination, pour le début de l'après-midi. Le choix du pilote est important. Sur place, n´hésitez pas à demander. Pour 1250 gourdes, on vous porte aux Cayes, plus 200 gourdes de bus. Faites juste attention à vos bagages qui vont sur le toit. Je n'ai pas pu attraper le bus climatisé car nous sommes arrivés un peu trop tard aux Cayes. Sur le chemin, on s'est arrêté régulièrement. Le pilote a pas mal de connaissances (au sens féminin du terme) et peu avant Camp Perrin, une courte, mais intense, averse nous a obligés à nous mettre à l'abri. Je dois reconnaître que mes adducteurs ont un peu souffert sur le moment. Et pour plaisanter avec mon pilote, au moment de lui demander en urgence de stopper.
-Arrêtez, arrêtez...
-...
-Ouf, j'ai une petite douleur.
-Où ca ?
-Bon, c'est là (en m'étirant, une fois sur mes deux jambes).
-C'est les "graines"? (traduction "littérale" du créole, mais toute la conversation se fait en créole. Enfin, en ce qui me concerne, je mélange du français et un créole rudimentaire).
-Et vous savez que c'est une importante chose !

Reconnaissons, que dans un premier temps en suivant, il a fait preuve d'une réelle prévenance.

De retour, à Port au Prince, Marie m'attend. Le temps d'une petite pause, on se raconte nos péripéties. La semaine de cours qu'elle a donnée avec l'agence universitaire de la francophonie, s'est très bien passée. Les étudiants ravis, elle aussi. Elle reviendra dans peu de temps. Elle vient de publier sa thèse: Des îles en partage (aux Presses universitaires d'Haïti et Presses universitaires du Mirail), qui traite aussi du cas de Timor et de Saint-Martin. Je l'achète en rentrant car les exemplaires pour Haïti, ne sont pas encore arrivés. On repart à Pétionville pour acheter des peintures dans la rue. Là aussi, je n'ai pas eu (ou pris) le temps d'aller visiter les nombreuses galeries et, en ce jour de saint repos dominical, elles sont fermées pour la plupart. Marie fait un carton plein et nous enchaînons avec une soirée au Quartier latin, un resto-bar, place Boyer, qui s'adresse à une clientèle qui peut payer des tarifs de pays développés. Gros décalage d'autant plus, que de l'autre côté de la clôture se trouve un camp de tentes.
On pourrait dire beaucoup de choses sur l'aide humanitaire, qui submerge le pays, et pas forcément que des positives. Les prix, de location d'appartement ou maisons se sont envolés. L'arrivée de grosses ONG, au budget "illimité" met à mal le travail entrepris par des ONG plus modestes, qui travaillent sur le long terme. Surtout, on peut se demander comment le secteur médical national va sortir de cette crise (voir l'article "En Haïti, quand le remède peut tuer le médecin" dans Le Monde, du 23 Juillet 2010, d'Alain Deloche, chirurgien, Président de la Chaîne de l'espoir). C'était une partie du secteur privé, qui, à une certaine échelle, marchait dans le pays. J'espère que cela ne subira pas le même sort que la culture du riz, par exemple, dans les années 80-90. On peut s'interroger sur le rôle des politiques locaux mais aussi internationaux. Si tout le monde se précipite ici, c'est que les intérêts, au delà de l'urgence et de la solidarité indéniables, dépassent probablement le pays.
Les trois prestiges me font tourner la tête, pour Marie c'est le rhum, Barbancourt bien sûr (probablement un des meilleurs). Elle appelle un moto-taxi par téléphone (en arrivant le mieux est de s'acheter un portable, pour pas cher, et de se constituer un petit annuaire de gens sur qui on peut compter ) et on rentre. Je suis cuit.

On se sépare le lendemain matin (mais on se reverra ! merci Manu) et je file à la station de bus, non sans me rappeler les lambis (crustacés) de Jean-Bart et jeter des coups d'oeil furtifs (hum, le furtif peut être parfois plus long) sur les femmes d'ici. Elles sont si gracieuses !

Il faut bien partir. Je refais l'itinéraire de l'aller, en sens inverse (forcément...) et me voilà débarquant à Santo Domingo. J'attends quelques minutes Dolores, de la pension, au colmado du coin, avec une presidente et une dulce de leche... un petit tour nocturne en ville, très bref, et m'endors avec de la bachata en berceuse, tel... qui a fait un beau voyage.

Photo 2: Avouez! Vous vous demandiez bien ce que je pouvais faire tout seul, sans rien dire à personne, dans les rues de Santo Domingo.




Photo 3: J'ai trouvé la caverne d'Ali-Baba, remplie de dulce de leche. Certaines connaissent ma petite faiblesse.


samedi 21 août 2010

Jérémie, le retour (Haïti).

Effectivement, Jérémie, le retour, car je repasse pour une dernière soirée dans la ville et que demain, c'est le chemin du retour. Déjà...

J'ai laissé, avec regrets, Anaïs et Juliette à la fête des Abricots où j'ai passé une ultime nuit. Il y avait beaucoup d'animation sur la plage, sur la place de l'église hier soir pour une nuit de festivités, riche. Je n'ai malheureusement pas pu assister au concert de jazz, ni aux raras. Je ne sais si c'est le décalage horaire, la chaleur de la journée (qui me fait lever tôt) ou le régime alimentaire. Sûrement les trois, mais je sombre assez tôt le soir. A moins que ce ne soit le mélange de rhum-eau de coco. C'est ça, j'ai pas supporté le mélange. La courte durée du séjour a également des conséquences sur la capacité d'absorption, étonnement croissante, de mon estomac : je mange tout ce que j'aime. Et comme je suis entouré de gourmands, le griot de porc ne fait pas un pli. Encore à midi, on a fait un festin.

Photo 1: Il parait qu'Hemingway venait dans le secteur avant d'écrire son célèbre roman. Ce genre de prises n'est pas rare par ici. Mais je préfère le cochon, ici aux Abricots.



C'est toute une stratégie pour choisir son cochon : du pas de la porte de la maison, de bon matin, on observe les porcidés, en forme athlétique, tenus en laisse par leur propriétaire, passant d'un pas allègre, de gauche à droite, furetant dans le sol, cherchant ici une pelure d'avocat, là un reste de fruit. Oui, les cochons sont bios ici. Voyez que mon bilan carbone s'améliore. On les dirige donc vers un endroit plus reculé de la plage, sous la végétation. En même temps, les commerçants installent leur petite tonnelle le long de la plage. J'en profite quand même pour aller me baigner. Puis, une fois séché, je suis prêt pour la deuxième phase : le retour des cochons bios en pièces détachées. D'abord, une moitié du corps, puis la tête, puis le reste. La viande est donc fraîche. Enfin, quand les gargotes sont prêtes et que l'odeur nous vient aux narines (on a un peu résisté tout de même!), on se déplace pour aller choisir les pièces, coupées menues, tout en restant également attentif à la fraîcheur des bananes pesées (on coupe une banane verte en morceaux que l'on fait frire une première fois, qu'on écrase en second, avant une nouvelle friture). On les choisit quand la 2eme friture se fait devant nous.
Les Abricots est un village de pêcheur, on aurait pu prendre autre chose, de toute façon. Mais le cochon a un goût que je ne retrouve pas ailleurs, dans l'esprit, seulement en Corse.

Alors je viens de rentrer à Jérémie, encore en moto-taxi avant de repartir demain, à 5 heures du matin, à nouveau en moto-taxi (youhou) pour la ville des Cayes où je prendrai un nouveau service de bus climatisé, pour Port au Prince.

Je vais donc faire un dernier petit tour dans la ville pour constater à nouveau que certaines choses ont changé. Le pays n'est pas devenu un pays développé en dix ans mais il y a des transformations et le touriste peut venir par ici sans problèmes.

L'auberge de Juliette, l'Auberge'inn (Rue Bordes), est accueillante avec sa belle tonnelle fleurie devant et ses chambres à la décoration soignée.

Photo 2: La végétation a bien poussé depuis.



Le service est impeccable et c'est un délice de déguster chaque jour, au petit déjeuner, une confiture différente, abricots (attention c'est un fruit différent de chez nous et personnellement, en confiture, si la comparaison est pertinente, je préfère ceux d'ici!), goyave, papaye, chadèque, carambole... Je n'oublie pas le mamba maison (pâte d'arachides).

Photo 3: Un des principaux défis du séjour: rester suffisamment longtemps pour goûter à tout.



Juliette et ses employées s'occupent de tout et là aussi, c'est bio. Surtout c'est bon. Pour voir Juliette en action, allez sur youtube.

Quand on est bien installé, on peut aller faire un tour en ville. Pour cela, il faut choisir le bon moment, plutôt en fin d'après-midi ou à la tombée de la nuit quand les rues s'animent. Faites attention aux taxi-motos car le trafic s'est intensifié. Et éventuellement choisir un bon guide qui saura vous ouvrir quelques portes. J'ai Jean-Bart, mon ami.

On commence par le port et son quai (ici "wharf"), où le bateau de Port au Prince arrive le dimanche et repart chargé de charbon de bois et de bananes vertes, notamment, le mardi après-midi. Mais si on reste sur le pont pour le voyage, mieux vaut venir s'installer la veille.

Photo 4: Non, non, on n'est pas au Québec!



Depuis, le quai, quelques changements, pas forcement positifs, sont visibles dans l'aspect architectural de la ville. Sur la rue Stenio Vincent, qui longe le littoral, les grandes et belles maisons des familles de commerçants mulâtres (métis) qui tenaient la ville, sont dans un état de délabrement inquiétant. Ces bâtisses de bois, de briques et de ferronnerie sont souvent remplacées par du parpaing classique, peint de couleurs parfois criardes.

Photo 5: Exemple de changement dans la rue Stenio Vincent. C'est un des buts de promenade de la ville. Les matériaux venaient souvent directement de Paris ou de La Nouvelle-Orléans.



C'est vraiment dommage que ce patrimoine important de la Caraïbe parte comme cela. Pour résumer, le déclin a débuté avec la dictature Duvalier qui dans les 60's a envoyé ses sbires décimer physiquement une partie de ces familles (les autres ont émigré), en représailles (...) d'une certaine jeunesse contestataire. J'y reviendrai plus tard, avec davantage de détails. Mais la ville ne semble pas s'en être remise. Il y a là, c'est certain, un beau travail de recherche historique à faire.

Le centre du pouvoir de la ville semble, par conséquent, se déplacer doucement vers la place Dumas, au pied de la cathédrale Saint-Louis (dont le clocher a été fissuré par le tremblement de terre du 12 janvier), autour de laquelle se sont installées les boutiques des compagnies de téléphonie mobile, près de la mairie. La place a été aménagée et, pour l'instant, elle n'est pas détériorée. Quand les flamboyants fleurissent...

Photo 6: Jean-Bart me guide sur la place. A droite, le monument érigé en l'honneur des 3 Dumas, dont les origines familiales trouvent leur source dans l'union du "maitre et de l'esclave", sur un domaine colonial, à la sortie de la ville. L'Histoire de France n'est jamais très loin ici.




Photo 7: A la sortie de la ville, en direction de Port au Prince, la rivière de Grand'anse qui donne son nom à la région.



Photo 8: Sur la route des abricots et de l'aéroport, à la sortie de la ville, la plage d'Anse d'azur. Elle est presque devenue la plage des tuniques bleues.



Voila, je vais aller prendre une photo de la cathédrale car je viens de m'apercevoir que je n'en avais même pas une, malgré sa belle couleur bordeaux. Je remonte à l'auberge, passant devant le nouveau bâtiment qui regroupe les différents services des ministères, interpellé, de manière amicale, comme bien souvent
- He, blanc...
Là, je dois courir un peu, comme ca m'arrive, régulièrement, quand je suis content:
-He, monsieur, pourquoi vous courrez ? (en créole bien sûr)
-et pourquoi pas?
-(en écartant les bras) haïtien!
Les choses ne sont pas si simples.

vendredi 20 août 2010

Les Abricots, le paradis pour qui...

Imaginez à 32 kilomètres à l'ouest de Jérémie, après une heure de temps en 4x4, ce mardi 17, une belle anse, de près d'un kilomètre, avec un petit village de pêcheurs, posé pratiquement sur la plage, c'est Les Abricots. Bien sûr, la route pour y parvenir n'est pas encore parfaite mais au moins jusqu'à Trou-Bonbon, elle file. Ensuite, c'est vrai que c'est un peu plus compliqué. Il faut parfois s'arrêter pour rétrograder en première, et l'ultime partie, qui descend vers le village est un peu chaotique. Mais le temps de parcours a été réduit de moitié en quelques années. C'est de toute façon un plaisir de regarder le paysage parsemé de petites cases entourées de leur jardin. Ici, les jardins potagers sont constitués aussi d'arbres ! manguier, cocotier, bananier, arbre véritable...

Photo 1: Monsieur fait son potager, l'arbre véritable.


La récompense est au bout et la petite maison, sur la plage, sous les cocotiers et les amandiers, que Juliette a transformée en annexe de son auberge de Jérémie, est très accueillante avec ses volets rouges.

Photo 2: Vous aurez compris que je suis dans l'eau... et que dormirai cette nuit, là, en face!



Premier objectif, un bain et les 8 mètres qui me séparent de l'écume. On rentre évidemment sans difficultés (enfin, il y aura toujours des frileux pour se plaindre!) tant l'eau est chaude. Il y a peu de vagues, l'ensemble est calme en cette fin de journée. Des garçons du village nous abordent pour jouer et parler. Alors, bien sûr, je joue... à la balle avec eux, dans l'eau. On passe un moment et je leur propose, pour terminer, d'être mes guides pour une balade dans la campagne ou les mornes alentours. Ce sera pour le lendemain ou plus tard.
Le village semble l'objet d'une énergie croissante qui s'explique par la proximité, dimanche, le 22, de la fête du saint patron local.

Photo 3: Devant l'église des Abricots. Il fait déjà chaud, en cette fin de matinée et il faut bien que je trouve des raisons de me plaindre.


La veille y est journée de fête, la plus attendue et importante de l'année. Juliette nous fait rencontrer le maire qui est un ami à elle, Jean Claude Fignolé, à qui on doit une très grande partie des progrès réalisés dans le village et sur la route ces derniers temps. C'est quelqu'un de doux, gentil et attentionné. On prend le temps de discuter sous les amandiers : on évitera les cocotiers et surtout les noix qui peuvent s'en détacher !!! Forcément, la tête est la partie du corps à laquelle je tiens probablement le plus !

J'écoute le "magistrat", comme les Abricotins l'appellent, qui est aussi un écrivain internationalement connu (Les possédés de la pleine lune ou Aube tranquille pour les romans dont l'action se déroule aux Abricots.), notamment quand il raconte certains de ses souvenirs d'école. Son prof leurs demandait de traduire des poèmes en latin pour la semaine suivante, puis du latin, de traduire à nouveau en grec, pour la fois suivante. Il ne se gênait d'ailleurs pas pour discuter dans la langue d'Hérodote, avec son collègue devant les élèves. Pour la semaine, il a réussi à faire venir Amélia, la directrice du Centre culturel brésilien de Pétionville, pour une programmation de cinéma brésilien (naturellement). J'ai pu découvrir L'Orphée noir, de Camus, en compagnie des petits Abricotins, attentifs.
Mais il ne faudrait pas croire que tout est facile ici. La commune a subi elle aussi les conséquences du tremblement de terre en accueillant de nombreux réfugiés, triplant ainsi sa population, sur un territoire qui a déjà du mal à nourrir ses habitants. Pour cela voir l'association Solidarité internationale, et son blog . Thalassa sur France 3 avait fait également un beau reportage. Alors le paradis ici c'est peut être pas pour tout le monde.
Enfin, je suis heureux d'avoir revu Mica, qui habite aussi aux Abricots, depuis plus de 35 ans, dont l'action, au paradis des indiens, est également très importante, pour ne pas dire plus.
Toujours pleine d'énergie et de créativité, elle me montre les dernières nappes, et notamment, celles dans les tons bleus, que Patrick, son mari, aimait. J'en profite pour en acheter ainsi que des porte-clés qui sont fabriqués ici et qui sont le produit d'un travail soigné. Les ateliers font vivre de nombreuses familles.

Photo 4: Une des nappes de Mika.


Il faut bien quitter cet endroit mais hier en partant, j'ai dit à Juliette, qui y reste encore un peu, que je reviendrai ce soir pour une dernière soirée. Je ferai l'aller-retour en moto-taxi, encore...

Je ne serais pas complet si je ne parlais pas de la visite avec mes trois petits guides de la campagne en amont de la plage, remontant la vallée, au milieu des champs de canne à sucre et des petites cases que j'ai évoquées plus haut.

Photo 5: Sur le chemin, dans la campagne.



Photo 6: Un exemple de cases. Certaines sont plus colorées.


Ils m'ont emmené voir les restes d'une sucrerie de l'époque coloniale (début 18eme siècle). L'ensemble (ce qu'il en reste, pas grand chose) est envahi par la végétation. Ici, les restes de la colonisation ont toujours évoqué pour moi les restes antiques de nos contrées. Quelque chose de loin, mais de très conséquent dans nos identités.

Photo 7: Les trois petits guides devant les restes de la sucrerie. Je ne me rappelle pas de leurs prénoms, malheureusement et honteusement, mais celui de gauche portait un chasuble de Digicel car le téléphone portable passe jusqu'ici (finalement pas là!) et il se balade avec un portable que quiconque peut utiliser en payant... Au fond, l'éclairage public, alimenté par panneaux solaires.


Cette commune est un lieu propice pour faire d'innombrables photos, même si je n'ai pas toujours osé prendre ce que j'aurais aimé, notamment ces cases colorées parce que leurs galeries sont un lieu de vie et d'ouverture sur l'extérieur. Il y avait donc très souvent quelqu'un, posté. Peut être ai-je manqué d'un peu de panache ! Je n'en publierai pas plus, là.

mardi 17 août 2010

Jérémie, enfin (Haïti)

Enfin ! Pourrais-je dire. Certains auront probablement compris que c'était le but du voyage.
Ici, essayer de trouver un fil directeur pour la rédaction sera peut-être plus facile car cela faisait plusieurs années que je n'étais pas revenu dans la ville. En conséquence, on re-cherche, un peu-beaucoup..., ce qu'on y a vécu et en même temps, de manière plus désordonnée, on constate ce qui a pu changer. Déjà, une idée qui s'impose, forcément, c'est que beaucoup de choses sont bien éloignées. Tant mieux peut être. De la même manière, je suis satisfait de pouvoir venir en touriste, simplement en touriste. Je ne suis plus que ça ici, c'est parfait.

Dimanche soir, Juliette, nous a conduits aussitôt en arrivant, à la fête de Numéro 2, quartier sur la route de l'aéroport, vers l'ouest. Le temps est menaçant, il fait désormais nuit, mais la route est impeccable (pour ici) car elle aussi a été refaite.

La ville semble paisible, on est loin de Port au Prince. Et pourtant, la MINUSTAH (mission de l'ONU) a installé, en périphérie, un camp de plusieurs centaines de casques bleus, en créant deux "fortins" imprenables, avec des chars à l'intérieur (m'a t-on dit), complètement fermés sur l'extérieur, surveillés par les miradors (voir photo 1, ci-dessous).



Les tuniques bleues, Argentins, Uruguayens, Brésiliens, et autres, peuvent même y dépenser leurs milliers de dollars de traitement dans le restaurant à l'intérieur. Pas besoin de se mêler à la population. C'est trop dangereux... Ils sont ici en mission de pacification. Mais pacifier quoi ?

Alors on passe devant, on laisse et on fend la foule, jeune et nombreuse, de la fête, ou de nombreux kiosques, proposant de la nourriture (griot de porc...), au bord de la route, incitent à s'arrêter. Il y a les portes d'entrée des salles de bals ou les couples se font, dans la pénombre, corps à corps, sur des airs de kompa. On s'arrête dans un restaurant-bar tout près de l'église, elle même accompagnée d'un beau flamboyant. Malheureusement, l'orage éclate et la pluie, s'abattant et rafraîchissant l'atmosphère, disperse tout le monde. Je suis vite entouré de jeunes avides de discuter avec un blanc (au sens local, c'est un étranger : donc un Sénégalais est un blanc, même s'il existe des Sénégalais dits "blancs"), qui n'est pas un envoyé ni de dieu, ni de l'état-monde ou d'une quelconque association de bonne conscience : ça commence bien.
On rentre après avoir acheté un peu de griot et...
...je vous raconterai la suite et décrirai un peu Jérémie, jeudi prochain... car on part aux Abricots, dans 30 minutes et il faut que j'achète du vin blanc au Dépanneur (photo 2, ci-dessous), à deux pas du cybercafé.




Ce n'est plus la petite épicerie d'autrefois, bazar indescriptible et intime, mais un supermarché, avec ses caissières, et un bon choix de produit, même si les Twix y sont toujours aussi mous..

A plus tard

A Petit Goave, sur les traces de Da (Haïti).

Cet exercice d'écriture est nouveau pour moi et je dois reconnaître qu'en voyage, s'astreindre à écrire régulièrement est le plus difficile. Vous aurez donc la suite en différé. Aujourd'hui, je parlerai du voyage de dimanche (15 aout). Juliette est venu me chercher pour aller à Jérémie.

Si samedi, avec Marie, nous n'avons pas pu aboutir à Petit Goave, cela n'a été que partie remise. Juliette et son amie, Anaïs, qui l'accompagne, ont été d'accord à l'idée d'aller à la recherche de la maison de Da, la grand-mère de l'écrivain Dany Laferrière, dont il parle si chaleureusement dans ses romans Le charme des après-midi sans fin ou L'odeur du café et où il a passé une grande partie de son enfance. C'est sur notre itinéraire du jour. Après une heure de route, nous entrons donc dans la ville en quête de la rue Lamarre, et du numéro 88 que nous trouvons assez rapidement grâce aux relations de Juliette et un petit coup de fil opportun.
La maison est devant, enfin, nous descendons et pouvons observer le lieu. Anaïs, qui connait Dany, me rappelle un des épisodes des livres en regardant les briques du sol sous la galerie qui donne sur la rue : Dany, enfant, s'amusait avec les fourmis sur les joints entre les briques.

Photo 1: Anaïs et Juliette, devant la maison de Da.



Je repense aux ambiances du livre, notamment les fins de journée quand la chaleur retombe et que parallèlement la vie dans les rues, reprend, d'où le titre du livre peut-être. Le mieux est quand même de lire les deux livres (ce qui se fait très facilement, et on peut le faire chaque année au printemps...) plutôt que mes commentaires...

Tout va bien, on peut repartir, sur la route nationale, qui a aussi souffert du tremblement de terre. Nous empruntons une déviation construite peu avant, car le lac qu'elle longeait, a débordé. Le paysage est verdoyant, avec des rizières, des savanes, des cocotiers, manguiers, bananiers... et les petites cases colorées au milieu. On respire après la grande ville.
La route passe alors sur la côte sud de la mâchoire du crocodile (regardez bien la carte du pays!), longe non loin d'Aquin le genre de littoral qui fait se déplacer dans cette region : eau translucide, cocotiers.... Nous passons devant Cavaillon, enjambons des rivières dans lesquelles les gens se baignent, se lavent, nettoient avant la deuxième étape, la ville de Les Cayes (pour ceux que la toponymie intéresse l'équivalent en anglais serait keys, en espagnol cayos, c'est à dire des petites îles dépassant à peine le niveau de la mer, ou des haut-fonds souvent sur du calcaire corallien me semble-t-il...).

Le voyage est un réel plaisir. Je redécouvre Juliette en très agréable bavarde. Cela faisait sept ans que l'on ne s'était pas vu.

La dernière étape du voyage commence, celle qui lorsque j'étais ici, constituait la partie la plus contraignante. La piste y ressemblait parfois à un lit d'oued asséché et il fallait 4 heures pour rejoindre Jérémie, à 80 kilomètres de là, à travers le haut massif de Macaya. Aujourd'hui, une entreprise brésilienne a en charge les travaux de réhabilitation et on peut, plus tranquillement, observer le paysage sans être stressé pour la voiture.

Photo 2: Après Camp Perrin, la route s'annonce bien!



A l'époque, je n'avais pas remarqué les fougères arborescentes dans les premiers lacets, après Camp Perrin. Juliette a ses habitudes et elle s'arrête pour acheter une cargaison de carambols (bonne orthographe ?) pour en faire des confitures.

Photo 3: C'est pas compliqué, Juliette prendra tout!




Plus loin, c'est Anaïs qui a rendez-vous avec un dame qui lui remet des noix de coco prêtes à être consommées. Je bois et me désaltère.

On avance donc bien plus vite. La route est désormais plus fréquentée qu'avant et les bus en tout genre se croisent, ainsi que de motos-taxis. On note également des émetteurs relais pour la téléphonie mobile.

Photo 4 : C'est le genre de véhicules qui, avant les travaux, ne pouvait pas prendre la route. Sur le chemin avant Beaumont.



Tout est nouveau. C'est un progrès. J'espère seulement que les nombreux sacs de charbon de bois que l'on voit sur le bord de la chaussée ne sont pas un signe prémonitoire de la déforestation qui pourrait venir, comme ailleurs dans le pays auparavant. Ce serait désastreux car Jérémie est au coeur d'une région, la Grand'anse, dont la végétation apparaît encore luxuriante. C'est aussi son charme.

On passe Beaumont, au coeur d'une région caféière, puis Kafou Chal, pour arriver à Roseaux près de l'embouchure de la rivière du même nom, après une longue descente. Je ne reconnais plus la route et fantasme désormais de la faire en vélo... On voit maintenant Jérémie tout au bout sur la côte. Pour y parvenir, nous longerons l'interminable plage de galets, traverserons plusieurs rivières, dont la dernière a donné son nom à la région. Autrefois, quelques crocodiliens faisaient qu'on évitait de s'y baigner à certains endroits.

Photo 5: On vient d'arriver. Une petite Prestige nous fera du bien!