jeudi 29 septembre 2011

Turon de Néouvielle 3025m (Hautes-Pyrénées)

En somme une belle et plutôt facile ballade d'automne avec ce soleil qui perdure tard dans la saison. Voilà comment résumer cette sortie au Turon de Néouvielle avec un sommet facile d'accès même s'il nécessite environ quatre heures de montée, pauses comprises, depuis le camp Rollot près des cabanes de Camou vers 1560 m d'altitude, au dessus de la station de Barèges dans les Hautes Pyrénees. Avec Guillaume, nous avons dormis là, sous les étoiles, au milieu des vaches, ce qui ne l'a pas empêché de dormir d'un sommeil de bienheureux... Le cheminement se prolonge sur la piste qui monte au refuge gardée de la Glère (2140m), d'où la longueur.
Photo 1 : En redescendant, une lacquette, à deux pas du lac Det Mail.


A partir de là, nous entrons dans un site lacustre magnifique, probablement un des plus beaux de la partie française des Pyrénées, qui n'est pas sans rappeler les Encantats dans les Pyrénées espagnoles catalanes. Du lac de la Glère, directement sous le refuge, à 2103 m, c'est une succession d'étangs, qui, indépendamment du choix de l'itinéraire, devrait ravir les plus exigeants.
Photo 2 : En redescendant, vue sur le refuge et le lac de la Glère.


Nous décidons de monter par la vallée qui aboutit au glacier de Maniportet (enfin ce qu'il en reste), successivement le long des lacs de Mounicot, de la Mourèle, puis des lacs verts au dessus d'un cirque qui nécessite un peu plus d'attention dans son franchissement. Nous avons débouché alors à l'étage supérieur, celui des lacs de Maniportet, et de son lac bleu qui porte bien son nom. Mais j'ai l'impression qu'ils pourraient tous s'appeler lac bleu ou lac vert, ou turquoise...Bref... Nous sommes déjà à plus de 2600 mètres et il reste moins d'une heure pour remonter la moraine latérale du glacier, dans son substrat fait de rochers et de graviers, qui de loin semble peu stable et qui finalement l'est...
Photo 3 : Ambiance de haute montagne. Vue sur le glacier de Maniportet. A gauche, le pic de Néouvielle (3091m) et dans le col, à l'arrière plan, la pointe du pic de Ramougn (3011m). On évitera donc de venir dans ces parages en tongs et par temps incertain.


Ce n'est pas la première fois que je viens par ici, mais sur les conseils de mon ami Maurice, chaque fois, je suis passé par cet itinéraire à la montée pour bénéficier de l'ombre le matin sous le pic de Néouvielle et des crêtes d'Espade, des névés dès le lac bleu, à 2651 m (Photo 4 ci-dessous, depuis la moraine latérale) en début de saison.


Et puis, simplement, en montant, nous avons en permanence les grands sommets de ce massif face à nous. L'ensemble est un brin sauvage car le sentier est simplement cairné et le fait d'être à l'ombre un peu plus longtemps offre un souffle supplémentaire de fraîcheur. Quelle aventure...
Depuis la moraine, le glacier se laisse davantage dévisagé, sous le pic des trois conseillers (3039m) et la rimaye révèle une épaisseur un peu plus importante que soupçonnée d'en bas. Mais le glacier est bien en sursis, suspendu sans réel écoulement. Cela ferait un peu mal au coeur. Venir en fin de saison permet cette mise au point. Un dernier petit effort et nous sommes sur le socle sommital, à deux pas du double cairn marquant le large sommet. Nous ne nous sommes guère employés mais ce n'est pas grave, il y aura quand même une récompense avec le panorama très large et la première loge pour la face nord du pic Long, surplombant sauvagement le lac Tourrat, cachant à peine les glaciers de la face nord du mont Perdu et tout le massif de Gavarnie. Les principaux sommets des Posets au Vignemale, et le pic du midi de Bigorre au nord, sont au rendez-vous.
Photo 5 : Un bout de panorama depuis le sommet. Séquence émotion, c'était notre premier 7000 tibétain.

Longue pause, petite sieste au sommet et nous repartons tranquillement en direction du nord-est pour rejoindre le col de Coume Estrète, à 2757 mètres, au dessus de la coume du même nom, que nous aurions aimé voir recouverte de neige, et moins de rochers, car ce fut un peu pénible, dans le sens désagréable... Enfin, il faut bien qu'il y est quelques moments de ce genre car de suite après nous rejoignons la zone lacustre et notamment le lac Det Mail que j'ai trouvé personnellement charmant. La zone de son déversoir se caractérise par un petit chapelet d'îlots, formant des petits canaux, au milieu d'une eau presque turquoise en cette saison. Ces bouts de terre sont couverts de végétation et entre les roches polies blanches, les pelouses jaunies et les feuilles rougissantes de myrtilliers (je vous rassure ce n'est pas à cause de notre passage), l'ensemble est réellement harmonieux et paisible. Il ne manquerait plus que de s'assoir sur une petite butte dominant l'ensemble pour s'en imprégner mais la place est prise par un couple d'âge mûr, les bienheureux. Alors nous laisseons l'endroit sans regrets.
Nous nous consolerons sur la terrasse du refuge avec un cola savoyard (avec du génépi) et un morceau de fromage des Pyrénées délicieusement agrémenté, par la gardienne, d'un peu d'aneth et d'un cerneau de noix. Le refuge ferme ses portes ce dimanche (ouvert néanmoins les fins de semaine d'octobre), il fallait se dépêcher. Nous, nous rentrerons tranquillement à la voiture à travers quelques bouleaux déjà jaunis. Que ce fut bien aujourd'hui.
Photo 6 : Sur les sentiers qui permettent de couper les lacets de la piste.

jeudi 22 septembre 2011

Grand Tapou 3150m (Hautes-Pyrénées)

- Bon, tu vois le pic tout rond là au-dessus des pâturages et du sentier qui file à droite?
- oui, oui.
- Eh bien, c'est le pic Rond.
-Ah bon.
-Et celui-là super pointu en suivant?
-...
-C'est le pic Pointu.
-...
-Ensuite on monte dans les éboulis à travers le versant pour atteindre sur la crête ce pic central.
- C'est le pic Central!
- Et bien voilà!!! On filera juste un peu à droite sur la crête et on sera au sommet du jour le Grand Tapou. Tout ça normalement, sans poser les mains!

Le dialogue ne s'est pas tout à fait passé ainsi, bien sûr car je ne voudrais pas toujours me donner le beau rôle... Par contre l'itinéraire dans ses grands traits oui! On monte à plus de 3000 mètres mais l'épreuve du jour n'était pas très compliquée (là aussi ça n'engage que moi!)

Départ à l'aube. Mais en cette fin septembre, c'est à peine après 7 heures alors pour ceux qui vont au boulot c'est pareil. On a simplement bivouaqué, avec Guillaume, sous un noisetier un peu plus bas sur la piste par une douce nuit pour être d'attaque au barrage d'Ossoue (30 minutes de piste depuis Gavarnie) à 1834 mètres, point de départ.

Photo 1 : Peu après le départ, vue sur le massif du Vignemale, dont on voit une petite partie du glacier d'Ossoue.


Le balisage nous porte rapidement en direction de la cabane de Lourdes (1947 mètres) au milieu des beaux pâturages. Lorsque celle-ci est visible, on peut prendre la première sente pour aller en direction du fameux Pic Rond (2345 m). Là on peut avoir le choix. L'itinéraire cairné (et c'est cairné jusqu'en haut) nous ferait passer à droite (donc au nord) du pic mais rien ne vous interdit de passer par le sud pour simplement voir le fond de la vallée du Pla d'Aube et et récupérer le sentier plus loin. C'est ce qu'on fera. La montée se poursuit, contournant le Pic Pointu (2535 m) pour atteindre la zone lacustre des lacs de Montferrat (Photo 2, ci-dessous).


Peu après la zone de pâturage laissera sa place à la haute montagne sur le versant d'en face. L'ambiance devient plus minérale même s'il n'y aura pas tant d'éboulis que cela. Peu être qu'ici tout de même une certaine habitude de la montagne est nécessaire. Le chemin est toujours aussi bien cairné et ça change un peu des balisages colorés qui nous prennent parfois pour des... je ne sais pas. Peu importe le niveau de difficulté, c'est appréciable que la montagne ne soit pas toujours un parc d'attraction.

Photo 3 : Dans le premier vallon au-dessus des lacs. Le sommet est caché à droite. A gauche, c'est le Petit Pic de Tapou (2923m). Un montagnard en tenue de névé.


Un premier vallon est gravi puis on bifurque à droite vers un second qui mène au col entre les deux pics convoités. Comme souvent, je viens de m'enflammer et le col est atteint en quelques secondes (...). De là, à gauche, le Pic Central (3130 m mais est-ce vraiment un sommet?) et à droite, on atteint le Grand Tapou (3150m).
La très belle récompense au sommet est le panorama original sur le massif du Vignemale où nous sommes: on ne voit que très peu du glacier d'Ossoue mais la vue qui englobe une grande partie des sommets de ce massif est précise, notamment sur les dalles blanches du versant sud. C'est du calcaire finement cristallisé en dalle donc et qui daterait de l'époque où sont apparus les premiers ligneux. J'étais pas né à l'époque (ère primaire, 407 millions d'années.). Il y a des gens au sommet de la Pique Longue du Vignemale. Vue surplombante également sur les restes du glacier du Montferrat.
Photo 4 : Vue depuis le sommet du Pic central sur ceux du massif de Vignemale. Derrière, les dalles blanches, dépassent la Pique Longue (3298m) et le Pic du Clot de la Hount (3289m). Tous les autres dépassent les 3200m, dont le Montferrat à droite. Le Grand Tapou que l'on ne voit pas, est encore un peu à droite.


Du pic d'Annie aux Posets, en passant par des vues imprenables sur les Pics d'Enfer, Marboré/Mont Perdu, vallée d'Ossoue, toutes ces sierras espagnoles et les sommets bigourdans au nord, le panorama est vaste et magnifique. Peu original comme commentaire mais on fait ce qu'on peut!!! Là on est tranquille.

Photo 5 : En redescendant. Vue sur le massif de Gavarnie/Mont Perdu au fond : de droite à gauche, les grands sommets des Gabietous, Taillon,... Au second plan, le premier lac du Montferrat, sous le fameux pic Pointu (il fait moins le malin depuis ici!!!)



La descente peut se faire très rapidement en moins de deux heures (peut être quatre minimum pour la montée) et on comprend bien pourquoi c'est un itinéraire de ski de randonnée. On s'y voit presque.
Cerise sur le gâteau, les éleveurs en bas de vallée descendent leurs 150 brebis vers le camion rouge où elles embarquent (celles-ci) vers Saint-Etienne de Baïgorry au pays basque. De les voir grimper sur la plate forme équipée de mini-ascenseurs nous ébahit. On évitera juste de descendre pieds nus de la voiture pour aller observer le spectacle de plus près.

jeudi 8 septembre 2011

Pic de l'Etang Fourcat (2859m), Port de Rat (Ariège)

Départ tardif vers les onze heures des Orris du Carla (au bout de l'étang de Soulcem, dans le Vicdessos, en Haute Ariège) à 1650 mètres, en se disant que le retour serait lui aussi tardif et donc avec un peu plus de chance qu'il soit solitaire pour bénéficier des lumières du soir aussi. Car c'était un peu le but et naïvement un peu aussi la raison du choix de l'itinéraire. Naïvement en cette très belle journée de septembre, car il y a foule sur le parking et comme l'itinéraire par les crêtes est encore plus accessible par le côté andorran (la station de ski d'Arcalis) on peut y trouver du monde. Finalement, on fera une boucle avec une partie des crêtes qui nécessite un peu d'expérience.

Mais la haute vallée de Soulcem offre de multiplies possibilités d'itinéraires et celui qui était le mien au préalable, un tour aux étangs de Caraussans, débute par un fond de vallée assez raide même si l'on trouve le balisage, au niveau des orris du Labinas, le long de la piste interdite à la circulation qui monte en direction du port de Rat. Bien sûr, je ne l'ai pas trouvé (en fait au retour) car comme les brebis au moment de la transhumance, j'étais tellement pressé de monter que la patience m'a abandonné pour un beau versant empli de gispet piquant et une belle cheminée qui débouche sur les orris de Carausans, vers 2250 mètres et rejoint le sentier balisé en jaune. Peu importe, car un isard m'observe et on m'a tellement recommandé les étangs que l'on ne pense plus qu'à eux!

Photo 1: Au fond le pic de Medecourbe sur la frontière andorrane. Au premier plan, parmi les étangs des Clots.

Peu après les orris, le sentier tourne à gauche et passe devant la cabane pastorale, au milieu de la vallée, occupée à juste titre par les bergers du versant, et donc logiquement inutilisable l'été. Ils s'occupent aussi du versant du port de Rat et de celui du Malcaras (voir la cabane sur la sortie de Mai 2011) et alternent les jours de veille. A partir des orris, on pénètre dans la région des étangs de Clots: il s'agit d'une succession de petits étangs, entre 2400 et 2600 mètres, peu profonds, agréablement disséminés sous le versant sud du pic de l'Etang Fourcat, qui lui même semble être à une portée de pas (une grosse demi-heure depuis le dernier lac). L'ensemble est réellement harmonieux même si ce détour me dévit de l'objectif initial, le lac de Caraussans, que l'on verra plus tard.

Photo 2: Depuis le port de Caraussans, vue sur le pic de l'Etang Fourcat au fond, et l'étang de Caraussans. Derrière le photographe, on trouve à quelques dizaines de mètres, l'arrivée d'un télésiège de la station.


Longue pause au sommet du dit pic, à 2859 mètres, d'où la vue sur le massif du Montcalm, au dessus de l'étang de Soulcem, (Photo 3 ci-dessous) est parfaite, avec les glaciers de la Maladetta qui scintillent juste derrière à gauche. Le panorama est large car il se prolonge à l'est vers le Pic Carlit et au sud la Coma Pedrosa en Andorre. Enfin, on domine l'étang Fourcat, (vous l'aurez peut être deviné!!! Effectivement il a bien la forme d'une fourche) et les étangs de Tristaina en Andorre, et bien sûr l'itinéraire de la montée qui permet d'embrasser tous les lacs.


A partir de là, le cheminement par des sentes plus ou moins vagues (mais plutôt plus que moins), plus ou moins balisées, suit de très près la crête (parfois on y est), vers le sud, par le versant ouest principalement.

Photo 4: Pour célébrer le passage d'un personnage célèbre (pas pour les français...) au port de Caraussans.


On passe successivement par la pointe de Peyreguils (2701m), le port (2615m) et le pic de Caraussans (2709m) d'où la vue sur le lac du même nom est nette, et enfin le pic de Cabayrou (ou Cabagnau), à 2733 mètres. L'approche de ce dernier peut paraître un peu plus compliquée mais le terrain n'est jamais vraiment engagée sauf s'il est humide. A ce moment là, c'est un peu à vous de chercher l'itinéraire car il a tendance à s'effacer mais c'est pas plus mal! On n'a pas toujours besoin d'avoir du balisage tous les cinquante centimètres. La suite après le dernier pic est sur un versant à gispet, entrecoupé parfois de déchirure dans le sol. On contourne le cap de la Coste Grande et à flanc, on arrive tranquillement au port de Rat à 2549 mètres, pour attaquer désormais la descente, bien armé, couvert de la quinzième couche de crème solaire, qui ne pénètre désormais plus et qui est donc de la croûte solaire. Peut-être a-t-il fallut deux heures pour venir du pic de l'Etang Fourcat?

Pour descendre,vers l'ouest, on emprunte le GR qui passe non loin du refuge pastoral, près d'un petit lac, à l'eau transparente, coté 2313 mètres, sous le col. Pour le rejoindre, il faut quitter le GR, là où une marque en forme de croix "ferme" le passage du sentier naissant. La cabane est vide et je n'aurai donc pas l'hospitalité qui m'avait été offerte la dernière fois par une soirée grise et bien humide.

La descente se poursuit donc en coupant les lacets de la piste, admirant les jeux d'ombre car la raideur et la hauteur du versant d'en face ne permettent pas au soleil de faire à sa guise. Les chevaux paissent tranquillement dans le fond de la vallée, à travers les pelouses qui s'enroulent autour des méandres du ruisseau de Soulcem. Cette zone assez plane est parsemée de multiples orris de tailles variables et bien conservés.

Photo 5: Pour les incultes comme moi.


On est seul mais pas seul..., profitant de l'accueil des pelouses grasses pour une dernière pause, avant que l'humidité ne tombe, terminant cette belle boucle de six-sept heures de marche. L'idéal aurait été de dormir là.

Photo 6: Là! Vous voyez?

On en resterait là...