vendredi 26 août 2016

Le Cylindre du Marboré 3328m (Aragon), quand tous les chemins ne mènent pas au Mont Perdu (mais celui-ci quand même...)

Non tous les chemins ne mènent pas au Mont Perdu, mais quand même...  Avant de songer à y dormir, au sommet, avec Manu, on pensait aller visiter le Cylindre et puis finalement on aura fait l'inverse. Après le pas de l'isard, en venant de la Brèche de Roland, du refuge des Sarradets, et du col des Tentes, il ne faut pas trop se tromper entre tous les itinéraires qui mènent vers l'est et notamment le refuge de Goriz. Il s'agit en effet de choisir le bon étage de gradins dans ce versant sud du massif calcaire, le plus haut d'Europe, qui ressemble à une succession d'amphithéâtres. Évidemment, mon choix ne fut pas le bon et nous sommes restés sur un gradin vers 2700/2800 mètres d'altitude, par un chemin cairné (au milieu des edelweiss), et obligés finalement de poursuivre, sous les falaises infranchissables, jusqu'à la voie normale du versant sud du Mont Perdu que nous avons prises jusqu'au lac Glacé du Mont Perdu (2980m). De là, on remonte le couloir, qui se relève fortement dans sa partie finale, et qui mène presque directement au sommet. Quelques personnes au lac pour passer la nuit et nous, et P. rencontré sur la partie finale pour bivouaquer au sommet (3 espagnols nous rejoindront).

Photo 1 : Depuis le sommet du Mont Perdu, en fin de journée, vue sur le Cylindre du Marboré, le lac Glacé du Mont Perdu, et la voie pour le sommet entre les deux. La hourquette à gauche.
 Le panorama est époustouflant, et je peux tranquillement l'étudier en prenant ma petite Pietra... Le sac était lourd (en plus des réserves d'eau car j'avais peur d'en manquer dans ce massif calcaire). On peut observer ainsi l'itinéraire du lendemain vers le Cylindre, voir les deux canyons (Anisclo et Ordesa), la vallée de Pineta au nord, le lac Glacé et le refuge de Tuquerouye, et puis tous ces sommets dans toutes les nuances de couleurs dans lesquelles vient se porter, une fois l'heure fatidique arrivée, l'ombre géante du Mont Perdu. La nuit fut belle et presque douce, sans pollution lumineuse, et la lune tellement lumineuse et éclairante, que, me réveillant en pleine nuit, j'ai cru dormir sous un lampadaire (mais avec la voie lactée derrière)...

Photo 2 : L'ombre du mont Perdu qui se projette au couchant vers l'est et la vallée de Pineta. A fond, à droite su sommet de l'ombre, le massif des Posets.

Alors bien sûr, même si, le chemin est long pour venir jusqu'ici (qu'on est vraiment pas les seuls...), et que la partie finale du couloir se relève un peu, que nous sommes dans un milieu de haute montagne, et que donc il faut se le gagner, relativisons un peu... Rondo et Laurens, les deux premiers vainqueurs officiels du sommet, le 6 août 1802, suivis le 10 du fameux Ramond de Carbonnières, furent menés là haut par les mêmes guides, bergers qui probablement connaissaient déjà l'itinéraire pour y être probablement montés auparavant, comme pour beaucoup d'autres sommets pyrénéens. Même si à l'époque, les glaciers, sur le versant sud, étaient beaucoup plus fringants qu'aujourd'hui.

Photo 3 : Le lac Glacé du Marboré au pied du refuge de Tuquerouye, dans sa brèche.
 Pour le chemin du retour, décidés, avec P. aussi qui fera un bout de chemin avec nous, nous redescendrons rapidement le couloir pour remonter en face quasiment le même au dessus du lac, celui qui monte à la hourquette supérieure (3184m). Car tout le reste du sommet du Cylindre est constitué de falaises infranchissables pour un homme normal!!! Là, se rencontre la première difficulté (et non des moindres) pour poursuivre jusqu'au sommet : on a le choix entre 2 couloirs qu'il faut franchir. Celui de droite est plus difficile (avec un point d'ancrage pour rappel) que celui de gauche (un cairn au pied), côté II. Nous emprunterons donc ce dernier sachant que la roche peut être lisse mais il est plus abordable. Alors je m'y engage, je monte 3 mètres, puis je redescends, pour voir si ... je peux redescendre. Et ainsi de suite, je reconduits l'opération jusqu'à passer les difficultés. Donc bien sûr, chacun prend ses responsabilités dans ce cas, car ceci n'est pas un guide. Et la corde pourra sembler bien utile. Une fois sur la crête, plutôt large, il reste une dernière difficulté, un petit escarpement, à franchir avant d'accéder au large plateau sommital. Elle ne sera pas à négliger car les prises n'y sont pas nombreuses, et j'ai trouvé qu'on y était assez engagé... J'y étais super concentré, ça va de soi. Mais la récompense est au bout.
Avant de rentrer enfin sur la brèche, on peut rendre visite au pic du Marboré (3248m) et aux pics de la Cascade (3161/3106/3095m) qui ne sont pas difficiles en soi. Mais il faudra être vigilant sur le choix de l'itinéraire avec les pics des Cascades en empruntant le bon gradin, en évitant celui qui reste directement sous l'Épaule, mais rejoint, un peu plus bas, la ligne de crête sur le cirque de Gavarnie.

Spéciale dédicace à Manu et Xipo, sans qui je ne serais peut-être pas monté au Cylindre ce jour-là.
(Autres photos plus tard)

mercredi 17 août 2016

Ballade romantique au Schneeberg (1051m) dans les Fichtelgebirge, Allemagne (nord-Bavière).

Photo 1 : A gauche, surmonté d'une tour de télécommunication géante (héritage de la Guerre froide car nous sommes à une quinzaine de kilomètres de la frontière de l'ex-Tchécoslovaquie et une  cinquantaine de l'ex-RDA), le point culminant des Fichtelgebirge le Schneeberg 1051m d'altitude. le deuxième sommet à droite est le Rudolfstein (866m).
Ici dans le nord de la Bavière le massif des Fichtelgebirge, modeste par les 1051m de son point culminant, avec ses formes arrondies, ses formations rocheuses particulières et ses grandes forêts d'épineux ou feuillus (Fichte en allemand signifiant épicéa) offre tous les ingrédients pour une ballade romantique. Alors en partant du petit village de Meierhof,  en pénétrant de suite dans la forêt (et ses nombreux myrtilliers du sous-bois), on commencera par le Rudolfstein (Stein c'est pierre) et ses formations granitiques si particulières, d'où on émergera au dessus de la canopée et à l'horizon plein est, dépasseront dans un premier temps les 3 formations rocheuses des 3 Bruder (3 frères) puis au fond le Schneeberg (schnee c'est la neige et berg la montagne) qui domine le tout. On pourra alors repenser au très beau tableau de Gaspar David Friedrich, Le voyageur au dessus de la mer de nuage et se prendre pour le héros solitaire (surtout lorsqu'on ne croise personne... comme en ce matin du 10 août et que la météo persévérera globalement dans la grisaille )

Photo 2 : Depuis le sommet du Rudolfstein où une passerelle et des escaliers permettent de monter

Photo 3 : Les formations rocheuses granitiques du sommet du Rudolfstein, issue de l'érosion naturelle du sol. Ces roches étaient donc dans le sol. Mais la structure géologique du massif reste complexe et peut être un paradis pour les géologues. Ce massif marque la limite de partage des eaux entre la mer du nord et la mer noire.
 Bien sûr on pourra toujours relativiser l'aspect naturel de la ballade car celle-ci s'inscrit dans un paysage assez humanisé (on y a cependant observé les traces d'un loup solitaire, et ce n'était pas moi!) dans le sens où la forêt ici présente est exploitée et gérée et qu'au pied de la montagne les villages s'égrènent dans un paysage agricole et champêtre, avec quelques charmants villages issus souvent de l'activité minière ancienne comme Weißenstadt qui aimerait bien se transformer en Bad -Weißenstadt (Bad c'est bain...) et les lacs autour. Et puis donc au sommet du Schneeberg, cette station d'écoute... Mais l'ensemble est intéressant et joli : ça m'a plu franchement (les fontaines en bois aussi). Et puis aller visiter des amis dans un pays étranger (ou simplement visiter ce pays) sans aller se dégourdir les jambes dans la montagne me parait peu concevable.
L'ensemble doit pouvoir se faire en une grosse demi-journée puisque le point de départ est assez haut en altitude, environ 650mètres.
Photo 4 : A vous de trouver la trace de l'itinéraire...