jeudi 28 avril 2016

Jérémie à l'heure...

Nous avons finalement quitté Jérémie et Juliette vers, enfin non à 5 heures pile ce matin, comme il était indiqué sur le billet de bus de la compagnie Grand'Anse Tour ( vraiment ils sont sérieux ). Un peu moins d'une semaine dans la Grand´Ànse, c'est un peu court tant il y a de choses à faire. Mais surtout l'Auberge'Inn de Juliette est un lieu particulier qui peut servir de base de départ et qui finalement aussi était le but du voyage. On y mange vraiment bien, en fait on y fait un séjour gastronomique!!! L'accueil y est chaleureux, Juliette est à l'écoute, le sourire dans les yeux, la décoration est soignée.
On peut alors s'installer sous la galerie dans la dodine blanche et lire tranquillement le rapport de Patricia Balandier et Christophe Charlery sur le patrimoine architectural de la ville qui n'aura alors plus de secret pour vous. Il a été édité en seulement 60 exemplaires, c'est une chance de pouvoir le feuilleter. Il mériterait de l'être davantage et à défaut, il ne reste qu'à descendre en ville voir in situ.
On pourra également aller à la messe du dimanche matin à la nouvelle cathédrale (pas encore terminée et probablement pas de sitôt car apparemment ce n'est pas dans les projets du nouvel évêque) et écouter la grâce et la motivation de la chorale du Lycée de jeunes filles de la ville (avec un rang de garçons au fond qui fait écho) pour le concours des chorales de la ville. Un moment assez déroutant probablement pour ceux qui ne croient pas en dieu et qui auraient de surcroît tendance à être anti-clérical. Tout est possible. Mais cette jeunesse-là est bien une richesse.

Photo 1: Sur la route de Mafranc (photo de Vincent).
Ce qui est possible aussi c'est de prendre une moto-taxi et de se faire porter à Mafranc en remontant la verte vallée de la rivière Gran'Anse pour aller voir les passerelles lancées (par la coopération britannique...) de part et d'autre de la rivière, ou les restes du fort de Mafranc.
Voilà ça m'a parut bien court tout ça et en même temps être en Haïti, et en particulier à Jérémie , tellement ... précieux.
Photo 2 : C'est ouvert...
 Ainsi, on peut repenser au petit garçon dans le bus qui a demandé à Vincent, alors qu'il remontait s'assoir, après la pause, pendant laquelle il a visité le marché attenant plein de mangues :
- Vous êtes Jésus Christ?
- Heu non...

Photo 3 : Une des passerelles après Mafranc (photo de Vincent).
Enfin pour conclure, en Haïti, on mange bien. Et puis l'envie aussi d'y revenir... On pourra alors répondre au policier des frontières de l'aéroport de New York, quand il regarde la liste des pays que vous avez visité avant d'entrer sur leur sol, lorsqu'il vous demande sur un ton mi-moqueur mi-incrédule :
- Et vous passez vos vacances en Haïti?
- (Avec un grand sourire) Oui!!!

Photo 4 : Depuis l'ancien fort de Mafranc.


mercredi 27 avril 2016

Un lundi aux Abricots

Depuis Jérémie, il faut deux heures de taxi moto (1500 gourdes A/R) pour se rendre aux Abricots, petite localité à l'ouest, par une piste qui s'est quelque peu détériorée ces derniers temps. On s'y rend en général pour des raisons précises, soit pour rendre visite à l'admirable Mica, soit pour profiter de la jolie plage qui vient baigner le village.

Photo 1 : Avant le lundi, il y a le dimanche soir.
"La petite plaine des Abricots commence au rivage, et va en s'élargissant jusqu'au point où la rivière de son nom, que l'on passe à l'entrée occidentale de cette plaine, reçoit au dessus du chemin la rivière des Balisiers (...). L'anse des Abricots est l'embarcadère du canton, sur son côté Est est un petit bourg où l'on compte 17 maisons. Des canons le protègent.
Feu M.de Spechbach fit commencer en 1774, à cet embarcadère une jettée à trois rangs de pilotis, chargée de traverses et de madriers; ce travail a été achevé en 1775. La jettée a environ cent pieds de long, et porte une grue à son extrémité. Cette entreprise utile n'aura pas une longue durée, car les vers ont attaqué les pilotis."

Moreau de Saint Méry, Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l'isle de Saint-Domingue (Tome III), Publications de la Société française d'histoire d'outre-mer, Paris, 2004. (1ère édition 1796)
 On peut y loger ( un seul petit sorte de gîte à qui un peu de concurrence ne ferait pas de mal), y manger dans le très bon petit restaurant qui prend vraiment soin de ses clients ( repas de qualité, bon et copieux, service impeccable, réelle ponctualité, produits de la mer en fonction  des arrivées, prix tout à fait raisonnables...), aller y visiter le marché coloré du lundi matin. En se promenant dans les rues, en croisant la jeunesse locale, on ne manquera pas, comme souvent, de vous interpeller, toujours amicalement:
- Hey, américains?
- Non mon cher, français.
Et puis voilà, tous les produits proposés viennent bien de quelque part et effectivement le village des Abricots est au débouché de plusieurs vallées et on se dit qu'une visite à l'intérieur s'impose. Ayou qui habite non loin du gîte se proposera probablement et fera un bon guide. Il nous propose d'aller voir les sauts Balisiers. Moreau de Saint Mery, au 18ème siècle, en fait déjà mention. Deux heures de marche sont nécessaires pour s'y rendre à travers un paysage champêtre vraiment charmant, même si ici aussi le déboisement commence à être notable. Le long de la piste on rencontrera alors de nombreuses petites cases colorées, des stands pour recharge de téléphone portable (aujourd'hui le téléphone portable est une réalité même dans les coins reculés), les ruines d'une ancienne habitation coloniale, des cochons qu'on imaginera facilement en griot (bio)...
Photo 2 : "La plaine des Abricots peut avoir, dans sa plus grande longueur, Nord et Sud, une lieue d'enfoncement, et environ un quart de lieue dans sa plus grande largeur. On y trouve la sucrerie Spechbach, à la laquelle la rivière des Balisiers procure un moulin à eau. C'est sur cette habitation qu'on voit les plus beaux cacaoyers de la Colonie, qu passent aussi pour les premiers qu'on y ait replantés après la destruction de cet arbre en 1736. Ils ont jusqu'à 25 et 30 pieds de hauteur".

 Moreau de Saint Méry, Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l'isle de Saint-Domingue (Tome III), Publications de la Société française d'histoire d'outre-mer, Paris, 2004. 
Bien sûr, le sac de charbon de bois appuyé contre le tronc, à droite sur la photo, ne date pas de la période coloniale...

Vous pénétrez de plus en plus profond, la végétation se densifie sans avoir pour autant l'aspect de la forêt amazonienne... Vraiment c'est beau. On traversera la douce rivière plusieurs fois. Et puis après une dernière petite montée le fameux saut est atteint ( le guide vous demandera probablement une participation de 100/150 gourdes pour payer les propriétaires). L'endroit est rafraîchissant et l'impression d'être loin de tout assez forte.. Il est temps de rentrer et sur le chemin du retour, notre horaire correspondant au retour du marché et à la sortie des écoles, l'ambiance est joyeuse et colorée. Il apparaît évident que ces vallées mériteraient d'être davantage visitées.
Photo 3 : Une gagère non loin du but de la visite.

Photo 4 : Un affluent de la rivière des Balisiers (en allant vers la photo 5...)

Photo 5 : "La rivière des Balisiers prend sa source parmi les rochers, à environ une lieue au-dessus du point où elle se rend dans celle des Abricots, et qui est à environ trois petits quarts de lieue de la mer. Elle avance par cascades. La première est un saut de 15 pieds d'élévation, au-dessous duquel est un bassin, qui donne lieu lui-même à un autre saut ou cascade et à un autre bassin, ce qui a lieu successivement une quinzaine de fois avec plus ou moins de hauteur jusqu'à ce que la rivière coule avec une pente ordinaire." 
Moreau de Saint Méry, Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l'isle de Saint-Domingue (Tome III), Publications de la Société française d'histoire d'outre-mer, Paris, 2004. 




Alors j'aurais pu me garder tout ça... Et puis finalement, que quelques touristes supplémentaires puissent venir par ici peut contribuer à améliorer la situation de certains. Le très joli cadre champêtre ne doit pas faire illusion. A la campagne les gens souffrent, et comme j'ai déjà pu le dire, ici ce n'est pas le paradis pour tous. Mica nous a rappelé que le secteur sortait de quatorze mois de sécheresse. On n'est pas dans l'abondance et la quantité de marchandise que propose les vendeuses du marché est là pour l'attester (malgré l'animation et les belles couleurs).
Mais que la région est belle. (photos au retour)

samedi 23 avril 2016

Ceux qui connaissaient la route pour Jérémie...

Ceux qui connaissent Jérémie ne pourront qu'être surpris des changements s'ils entreprennent  le voyage par voie terrestre. 

Photo 1 : La nef et le coeur de la cathédrale Saint Louis de Jérémie. (Pour de l'extérieur clickez...)


Photo 2 : Vue de l'extérieur (photo prise en 2010)
 On achète le billet (À/R 1500 gourdes) à l'agence Grand Anse tour, sur le Champs de Mars, et on embarque dans un petit bus climatisé qui en sept heures (ça dépend de la conduite du chauffeur et si celui-ci choisit de se tirer la bourre avec un collègue en chemin) vous amène à destination. Avant Camp Perrin, puis surtout juste après la surprise est de taille. La route est large, goudronnée sur une bonne partie du parcours. La fameuse "rampe" ressemble désormais presque à n'importe quelle route secondaire française. Un pont est désormais jeté sur la rivière glacée, là où parfois il fallait attendre, longtemps, que le niveau d'eau du passage à guet baisse. Les travaux pour le reste sont en cours mais on récupère le goudron bien avant Roseaux et ce jusqu'à la fin. Ça me paraît absolument incroyable.
Photo 3 : Le fameux pont sur la rivière glacée.
 Bien sur la contrepartie de cela est le déboisement accéléré des versants.
Photo 4 : Dans les rues de Jérémie, les autorités ont déjà pris conscience du danger. Mais l'économie du pays dépend trop du charbon de bois encore pour son énergie quotidienne (70%?)
 On se prendrait presque à regretter la route d'avant, celle ouù les paysans faisaient sécher leurs grains de café sur le bord de la chaussée. Alors qui dit toujours que rien ne change en Haïti ?
On arrive ainsi beaucoup moins fatigué à Jérémie et on peut arpenter celle-ci tranquillement. Car le rythme de vie est bien plus paisible. Ainsi passant à pied tranquillement devant un Barber shop
-  He you? ( de manière amicale)
- Moi?
- Oui vous. Venez. (...) Vous n'êtes pas jamaïcain ?
- Moi??? Non pourquoi? Je suis français.
- On dirait un jamaïcain.
- Ah bon! Et pourquoi? Les cheveux? Je n'ai pas de dread... 
- Non.
- Je ne sais pas alors. ( Je reste dubitatif/ lui aussi). Mais pourquoi pas...
Photo 5 : Sur la place des 3 Dumas, au centre de Jérémie.
Ainsi, aussi, nous allons chez Juliette à l'Auberge Inn, où on se sent toujours aussi bien. Finalement, le passé reste le passé et on revient voir les amis. Là aussi il y a la wifi et cela me paraît aussi incroyable et en même temps logique.

Et une fin d'après midi, sous la galerie de Juliette, pendant la pluie tropicale, à lire dans une dodine...

jeudi 21 avril 2016

Un touriste à Port au Prince (de retour...)

De retour à Port au Prince, 5 ans après. J'ai juste envie d'écrire quelque chose de positif sur le pays, sans tomber dans l'angélisme primaire ou au contraire de critiquer à tout va, ce qui serait facile. Alors j'adopterai la posture d'un simple touriste, qui connaît certes déjà le pays et qui s'y rendra comme on se rend à un rendez-vous amoureux ...
Photo 1 : Un voyage en Haïti doit nous rappeler à la modestie. Photo prise par Caroline, depuis le bus, Croix des Bouquets (banlieue de Port au Prince).
 Voilà, on est venu en bus depuis Santo Domingo, avec Carib tour ( confortable et 80 dollars À/R plus les frais de passage de frontière 30) nous avons rejoint le si merveilleux hôtel Oloffson où nous avions réservé et payé par internet. Arrivé vers 17h, le temps de se doucher,  nous avons laissé ce havre de paix pour plonger dans la fournaise du bas de la ville, c'est à dire que nous sommes allés à pied vers la place centrale du Champs de Mars, là où il y avait l'ancien palais présidentiel. Celle-ci est toujours animée le soir et le camp de tentes a été remplacé. Aujourd'hui, certes tout n'a pas été reconstruit, mais des sortes de petits bungalows-restaurants permettent à la foule de s'y retrouver pour boire une Prestige ou manger un bon morceau de poulet. La misère n'est pas effacée pour autant, il y a toujours des enfants malheureusement qui vous demanderont un petit kob pour manger. Vous apercevrez aussi les habitats précaires qui partent à l'assaut du morne. Mais bon, je suis un simple touriste qui n'entend pas ( car il ne peut pas ...) changer le monde.

Ce matin, rebelote pour le Champ de Mars. À la Banque, tout d'abord, pour changer des euros/dollars,
- Bonjour, vous êtes français ?
- Bonjour. Heu oui.
- J'ai cru que vous étiez suédois. Vous ressemblez à un suédois.
- Heu... Merci. ( Vraiment je ne savais pas quoi répondre!)
Puis à l'agence de bus pour prendre le billet de bus de demain pour Jérémie et visite du musée du Panthéon haïtien, autrement dit le musée d'histoire. Ce dernier retrace l'histoire du pays depuis la période précolombienne et possède un des encres d'un des navires de C.Colomb ( et là je ne sais plus lequel...). Il y avait aussi une file ininterrompue ( et silencieuse et ordonnée) d'élèves de primaire et secondaire avec leurs uniformes bariolés qui attendait leur tour pour la visite ou qui la faisait.

Photo 2 : A l'intérieur du musée. Dehors les files d'élèves sont longues à attendre.
 Partout, dans la rue ou ailleurs, les gens sont gentils. Certaines parties ont été réaménagées et même si le palais présidentiel n'est toujours pas reconstruit, j'ai eu la nette impression que les choses avaient un peu avancé. Voilà, soyons honnêtes et ne reprochons pas à un pays qui souffre les milles maux ( depuis bien avant le tremblement) de ne pas aller assez vite.
Photo 3 : Sur la place du champs du Mars, le bâtiment moderne qui dépasse est le ministère de l'Intérieur et des collectivités territoriales. Devant la cour d'appel, réhabilitée.
 L'ambassade de France n'est toujours pas reconstruite et les américains ont mis des années pour aménager leur mémorial du 11 septembre à New York (pas tout à fait fini, mais franchement réussi à mon goût). Alors tout à l'heure, j'irai probablement faire un tour au marché de fer. La ville mériterait plus de temps, c'est tout mais elle n'était pas la priorité...  J'écris tout ça depuis mon téléphone car il y a la wifi à l'hôtel. Tout ça paraît presque normal... Ce soir, il y aura le concert de RAM (le son du lien est moyen surtout au début) à l'hôtel et rien que pour ça, on peut venir à Port au Prince.

Le marché de fer a bien été refait et avec sa peinture toute brillante, il est bien clinquant. Les échoppes des vendeurs de souvenirs remplissent l'aile nord. L'aile sud concerne la nourriture et objets de tous les jours, même si mes tableaux haïtiens je les regarde tous les jours dans mon appartement... Il y a une profusion de produits et la seule question qu'on peut se poser est de savoir où sont les touristes. En tout cas, ils sont attendus.
Photo 4: L'arrivée au marché de fer. On voit bien qu'il ne reste plus beaucoup de bâtiments debouts autour.
Photo 5 : Il est rutilant.
 Il est vrai que cette partie du bas de la ville, même si ses rues ont repris de la vie et apparaissent comme un grand marché, est bien sinistrée. Voir les ruines de la cathédrale fait vraiment mal au cœur et on ne s'y attardera pas. Il est cependant très facile de s'y rendre en prenant un taxi moto qui vous accompagnera. Il pourra même vous amener à la librairie La Pléiade (photo 4 ci-dessous), reconstruite plus haut, et bien vivante. Voilà, bien sur les stigmates sont toujours présents mais la vie n'a pas disparue. Loin de là.

Photo 6 : Avant de quitter le pays, c'est un passage obligatoire.
Petite dédicace pour le livre de Valérie Marin La Meslée Chérir Port au Prince

Photo 7: Vue depuis la route de Canapé vert sur le quartier de Jalousie.

samedi 16 avril 2016

Même à Barcelone (encore)...

En remontant de la Barceloneta, dans le bas du barri gotic... (Passeig del Born, 4)

(Rajout du 20/06/18) Mais cela a apparement fermé à cet endroit, et désormais il faut aller à Girona 7. Pour plus d'informations, on peut lire cet article de Cristina Jolonch du 28/01/2017 paru dans La Vanguardia, sous le titre El Pirineo ya se puede saborear en Barcelona. (en espagnol).


Les Pyrénées dans la bouche...