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vendredi 4 août 2023

Notre Dame de Lourdes et les Pyrénées à Casablanca au Maroc et retour au Djebel Toubkal

        Un peu des Pyrénées perdu au cœur de la grande ville de Casablanca, c'est presque l'impression que l'on a lorsqu'on visite l'église Notre Dame de Lourdes sur le boulevard Zerkoutini, au milieu des embouteillages et des grands immeubles, signes de l'urbanisation accélérée de la grande métropole. Pendant la Première Guerre mondiale, alors que de nombreux soldats issus de la colonie étaient au front, qu'il était impossible pour les familles de se rendre à Lourdes parce que les sous-marins allemands torpillaient les bateaux, une réplique en béton, assez étonnante, de la fameuse grotte de Lourdes a été construite dans une zone qui était encore la campagne à l'époque, à l'écart. Ensuite une crypte a été ajoutée avant le fameux édifice construit à partir de 1952, en pleine période de décolonisation. Aujourd'hui, le lieu de culte est fréquenté essentiellement par des immigrés d'Afrique subsaharienne ce qui lui permet de rester vivant. 

Photo 1 : Dans la fameuse grotte... (Photo Catherine)

Photo 2: Entrée... (le 12 juillet 2023)

        On peut alors envisager d'aller à nouveau vers le Djebel Toubkal ou Adrar n'dern, montagne des montagnes. Depuis la dernière fois, l'accès au sommet est devenu plus contraignant puisqu'il faut obligatoirement désormais l'accompagnement d'un guide (payant), pour des raisons de sécurité, suite aux assassinats de deux touristes randonneuses en 2018 dont les corps avaient été retrouvés près d'Imlil, point de départ de l'ascension du Djeblel Toubkal, sorte de Chamonix local. Il faut également passer le poste de contrôle de la gendarmerie marocaine au plus tard à 16h30. Attention car celui-ci est situé après le village d'Armed (ou Aroumd) bien au-dessus d'Imlil (environ 1800 mètres d'altitude). Aujourd'hui une route goudronnée permet de s'y rendre ce qui n'était pas le cas en 2017. Je ne sais pas si l'obligation de prendre un guide a eu des conséquences sur la fréquentation, mais l'affluence le samedi dans le sens de la montée m'a paru importante, tout comme le développement des petits points de pause sur le chemin où l'on peut se reposer, boire et manger un bout, avant l'arrivée au refuge à 3200 mètres d'altitude, annoncé à quelques 5 heures de marche. Nous avions choisi celui du CAF car l'accueil m'y a paru toujours efficace, et cette fois-ci ce fut encore le cas. Le refuge des mouflons, juste en dessous et beaucoup plus grand, est aussi envisageable. Il y avait de nombreux camps de tentes également. Autrement dit ne vous attendez pas à être seul là-haut.

        Néanmoins l'ascension reste encore un plaisir et, ayant franchi le poste de gendarmerie à la limite de l'horaire accepté, nous avons pu faire ce parcours de manière presque solitaire. Pour l'ascension finale (3 heures du refuge), le départ matinal a permis également d'éviter une trop grande concentration de la fréquentation. Seul le début du sentier après le refuge est un peu raide et constituera la principale difficulté à mon goût, même si les effets de l'altitude peuvent avoir des conséquences chez certains. 

 

Photo 3: Le sommet et les autres montagnes de plus de 4000 mètres à droite (au sud ouest en fait). Il y aurait environ dix sommets dans l'ensemble de la chaîne de l'Atlas supérieurs à cette altitude dont la grande majorité dans cette vallée. Au Ve siècle, l'historien géographe grec Herodote d'Halicarnasse fait déjà mention  des limites connues de la géographie avec "une montagne si haute que son sommet demeure invisible, les gens là-bas disent qu'elle est la colonne du ciel". Il lui conféra ainsi le nom du géant mythologique Atlas, l'un des Titans que Zeus avait contraint à supporter la voûte du ciel en guise de punition et qui fut ensuite changé en pierre quand Persée lui offrit la tête de Gorgone.

         Voilà, pour résumer, parce que c'était la troisième fois que je montais là-haut, au-delà de partager l'ascension avec des personnes que j'apprécie beaucoup, et c'était le point essentiel, ce que j'ai aimé c'est finalement la dernière partie de la descente de retour après Sidi Chamarouch et la vue en fin de journée sur les vastes versants sur lesquels une presque forêt clairsemée de genévriers thurifères partait à l'ascension elle-aussi de la montagne. Cela reste malgré tout un vestige des forêts d'antan et il faut malheureusement voir cela plutôt comme une relique dont il serait grand temps de prendre des mesures de protection. On pourra apprécier la vue, également, en fin de de journée, sur le village d'Armed dont l'urbanisation épouse ce qui paraît être une moraine, vestige de la période glaciaire, à quasi 2000 mètres d'altitude. D'ailleurs, dans le haut Atlas marocain (avec le Djebel Ayachi et le M'Goun), on retrouve les seules traces de la glaciation du quaternaire de tout le Maghreb. La persistance de nombreuses espèces vestiges de cette période raviront aussi les botanistes et les zoologistes. Les lignes de crête des montagnes environnantes dominent l'ensemble de manière assez impressionnante car celles-ci sont parfois aiguës et révèlent bien l'ambiance haute montagne de cette partie du massif de l'Atlas.

Photo 4 : La partie nord du village d'Armed, juste au dessus d'Imlil. Le cheminement pour aller au djebel Toubkal part sur la droite de la photo.


Photo 5 : En redescendant, après Sidi Chamarouch (reconnaissable à son gros rocher peint en blanc), vers 2200 mètres d'altitude.

 

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lundi 28 août 2017

Le Djebel Toubkal (4167m), au sommet du Maroc.

Le Djebel Toubkal est le point culminant du massif de l'Atlas au Maroc et du pays lui-même, à 80 km au sud de Marrakech (pendant longtemps on pensait que c'était le djebel Ayachi). Son ascension ne présente aucune difficulté technique (ça n'engage que moi). Mais son altitude élevée (4167m) en fait une longue randonnée qui nécessite une nuit au refuge du même nom à 3200m. L'ensemble paraît bien plus imposant que dans nos moyennes montagnes européennes. On peut toujours aussi se lancer le défi de le faire dans la journée, pour les sportifs, mais peut-être éviter de le faire au mois d'Août et les fortes chaleurs, en sachant qu'on part d'Imlil à environ 1700 m d'altitude où on peut laisser la voiture sans problème. Le chemin est bien tracé, balisé, parsemé de points de ravitaillement réguliers, à 2200m, 2600m et donc au refuge, où l'on peut se désaltérer dans des sortes de petites buvettes. Ainsi, tout est fait pour en faire un sentier fréquenté (pas mal de monde en septembre), tant par les marcheurs étrangers que marocains. On évitera simplement de se fumer un petit join avant de monter si on veut arriver au bout... Visiblement désormais depuis 2019, il faut prendre obligatoirement les services d'un guide...

Photo 1: Le refuge du Toubkal. Au fond, dans les nuages de l'orage qui se profile, c'est le sommet de l'Oukaïmeden (la station de ski). Le refuge, géré par le CAF de Casablanca, a été nettement agrandi depuis vingt ans. A cette époque, seuls les deux premières parties au premier plan constituaient le refuge, avec 30 couchages (contre aujourd'hui 100 à 130). Cela n'empêche toutefois pas le bon accueil et de manger un tajine au repas du soir.  Il y a même un deuxième refuge derrière. On est dans une vallée où les glaciers ont laissés les formes de relief caractéristiques.
Photo 2 : Le sommet de la montagne, caractéristique. Toubkal vient du berbère/amazigh Tugg Akal qui signifie "celle qui regarde en haut la terre".
Bien sûr il est fréquenté aussi parce que c'est simplement beau et que le panorama depuis le sommet est exceptionnel, sur le versant sud qui file vers le désert et le massif de Sirouah, et le versant nord où Marrakech doit être visible (pas en ce jour, un peu couvert).
Photo 3: Vue prise d'un peu avant le sommet et qui embrasse une bonne partie du cheminement de la montée finale. le refuge est au fond en bas, dans la partie ombragée.
Photo 4 : Extrait de la carte au 1/50000è, affichée au refuge. On peut se les procurer au service de cartographie à Rabat, même si on peut y être réticent à vous les vendre. Vers 2200 m, on retrouve au lieu de pèlerinage au sanctuaire de Sidi Chamharouch, le roi des djinns "le roi des diables" m'a t-on dit dans un café du lieu. Comme il est possible de louer des ânes pour vous monter là haut ou porter vos affaires, on croise parfois des cortèges un peu originaux pour celui qui s'imagine s'engager dans un simple chemin de grande randonnée. C'est un lieu mystique, vivant, un peu à l'écart du chemin symbolisé par un gros rocher blanc de chaux qui permet de le localiser. On vient y chercher notamment des guérisons miraculeuses..
Photo 5 : En zoomant depuis le sommet, vue vers le nord et le point de départ Imlil, petit Chamonix local où vous trouverez de tout. C'est vivant, et sous un orage, attablé à une terrasse de café, c'était charmant. Le premier village que l'on voit sur la photo est celui d'Around, où une piste arrive.
Photo 6 : Tout près du départ, Imlil est au confluent de la vallée qui remonte vers le Toubkal (dans le dos du photographe) et celle qui arrive du tizi (col) n'tamatert (au fond à droite). En tout cas, ici c'est l'étage inférieur de la montagne avec ses cultures en terrasse, ses vergers de noyers, pommiers ou poiriers, avec les systèmes d'irrigation en rigole. Il est clair que l'activité économique liée à la pratique de la montagne permet à de nombreuses personnes, et jeunes, d'y vivre. Plus haut, c'est vraiment pelé même si on ne voit pas tant que ça de troupeaux ovins ou caprins. L'ancienne casbah que l'on voit tout à gauche sera transformée en lamaserie pour les besoins du tournage du film "Dunkun" de M.Scorsese, inspiré de la vie du Dalaï Lama. De vieux berbères faisant office de figurants pour des tibétains.


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dimanche 11 mai 2014

Le Djebel Moussa (851m) au dessus du détroit de Gibraltar, Ceuta/Maroc.

Le Djebel Moussa, dans le massif du Rif marocain, est cette belle montagne que l'on ne peut pas rater en traversant le détroit de Gibraltar, depuis Algeciras en Andalousie, pour se rendre sur la rive africaine du dit-détroit, à Ceuta, encore en Andalousie, ou Tanger. Son nom proviendrait de Moussa Ibn Nosseyr, le général yéménite qui commanda l'armée arabe qui, en 711, envahit la péninsule ibérique. Musa (ou Moussa) en arabe signifie Moïse. On trouve d'ailleurs d'autres montagnes qui portent ailleurs ce nom. Avant qu'on ne lui donne ce nom, la montagne s'appelait Mont Abyle. J'ai pu trouver également l'appellation de Montaña de la mujer muerta (montagne de la femme morte, sans doute car on dirait une femme couchée, qui dort ou qui est morte) sur une photo encadrée à l'hôtel, à Ceuta. Son altitude, quelque peu modeste, 851 mètres, n'empêche pas une certaine majesté car bien sûr la montagne surplombe directement la mer et le relief autour est bien plus modeste. Cela donne une ascension depuis le village côtier de Belyounech, d'une dénivellation importante et deux petites heures pourraient tout de même être nécessaires (il faudra doubler pour revenir par l'itinéraire décrit ici). On imagine un panorama vraiment particulier et une fois là-haut, cela ne fera que se confirmer.

Photo 1: Depuis le ferry, donc. Je pense que vous l'aurez compris...




Pour se rendre au point de départ de la ballade, depuis Ceuta, en tant qu'européen, ce n'est pas très compliqué. Tout est relatif. Il faut tout d'abord se rendre à la frontière (en bus, en taxi ou à pied) et au premier rond point, cent mètres plus loin, demander un taxi. Bien sûr, si vous n'êtes pas très malin, ou simplement  impatient (bon...), vous vous ferez arnaquer sur le prix de la course qui vous mènera à une quinzaine de kilomètres, au fort agréable village de Belyounech.  Mais bon, l'essentiel sera d'y être et il fallait bien se faire baptiser... Alors la visite peut commencer.

Le chemin n'est pas balisé mais il est net car très utilisé. Vous ne tarderez pas à rencontrer les chèvres et les moutons surveillés par les bergers locaux sur le versant d'abord doux, verdoyant en cette saison. D'ailleurs si vous demandez votre chemin, on vous indiquera, en espagnol, de suivre les chemins de chèvres. Le sentier part du bout du village et va rejoindre un autre itinéraire qui part de l'intérieur du village même mais que je n'ai pas suivi car le taxi m'a porté directement là. La montagne est un massif de type calcaro-dolomitiques donc il faut prendre de l'eau (et de toute façon, je ne me serais pas amusé à boire celles des sources du coin, pfff quoi que...). Comme j'ai pu le constater le temps peut changer extrêmement vite, et le brouillard peut, dans cette région humide, vous envelopper en un clin d'oeil. Alors si vous discutez avec un des bergers que vous allez croiser, lorsque vous lui demanderez :
- Le temps va t-il changer ?
Il vous répondra paisiblement,
- D'ici une heure ou deux, le brouillard partira.

Photo 2 (08/05/2014) : En montant vers le col, à environ 400 mètres d'altitude, au dessus du village. La pression pastorale a réduit la végétation arbustive, sur ce versant, et les arbres y demeurent rares (probablement des cèdres).
 Et effectivement c'est ce qu'il s'est bien sûr passé. Le grand soleil est revenu lorsque, après quelques lacets, bien marqués, sur un sentier large, je suis arrivé au petit col, depuis lequel vous attaquerez la dernière étape de l'ascension. Là, l'itinéraire est clair bien que le sentier soit moins marqué voire disparaisse. Il faut alors aller tout droit rejoindre la crête sommitale, assez proche et sans aucune difficulté technique. Vous n'êtes pas seuls, une petite centaine (je me suis arrêté de compter après la soixantaine) de vautours tournera au dessus de vous.
Photo 3 : Les restes d'une mosquée sur le sommet, depuis l'endroit où vous arrivez sur la crête...
Photo 4 : Et donc depuis le sommet, vue sur la crête d'où vous êtes arrivés. Au fond, à droite, la côte andalouse vers Trafalgar.
Le panorama sur le détroit de Gibraltar par temps clair doit être fantastique, ce qui n'était pas tout à fait le cas cette fois-ci. Mais peu importe, car la vue fut cependant remarquable avec une partie de la côte andalouse, la côte marocaine et le port moderne de Tanger, les premiers massifs du Rif... Et puis, c'est une vraie sortie montagnarde, pleine de contraste puisque la mer et l'océan sont juste là en dessous. D'ailleurs, je n'étais pas le seul à voir l'intérêt d'un tel endroit car j'ai rattrapé un groupe de jeunes marocains, d'envie communicative,  qui faisaient aussi l'ascension. Le genre d'endroit où l'on pourrait passer des heures et quitte à revenir dans cet endroit vraiment particulier et beau (j'y ajoute aussi la suite de l'itinéraire), la fin de journée doit y être magnifique.

Photo 5 : La crête sommitale du Djebel Moussa au centre. L'itinéraire, venant de l'autre versant (la montée de l'aller) débouche sur le petit col à gauche.

Alors la suite de l'itinéraire, venons-y. Jusqu'au col, on redescend par le même itinéraire. Ensuite on a le choix à droite par le même sentier qu'à l'aller, ou à gauche (vers l'ouest), par un sentier très bien marqué qui va rejoindre un petit col, puis plus loin un autre que l'on voit très nettement. Là, on récupèrera un sentier côtier, assez large, très bien balisé en blanc et jaune, qui vous ramènera en une grosse heure, me semble t-il, au point de départ en faisant une boucle. On pourra même faire une petite descente sur la plage, en longeant un petit champ cultivé, non loin des anciens bâtiments d'une ancienne base espagnole de chasse à la baleine. On ne se lassera pas de regarder la petite île, Leila de son nom, toute proche du rivage et puis on constatera que c'est un endroit fréquenté, vivant, car aux éleveurs de toute à l'heure, viennent se mêler de nombreux pêcheurs accrochés au rivage.

Photo 6 : J'avais bien envie d'y faire trempette. Et puis finalement, j'ai trouvé le vent fort et les courants avaient l'air importants. Alors, j'ai juste regardé les vaches en semi liberté qui s'amusaient sur la plage, face à l'île Leila.

Photo 7: Depuis la fin de l'itinéraire, à l'entrée du village, après avoir passé les vestiges de la tour portugaise (un peu comme les tours génoises de Corse), vue générale sur le village. Au fond, derrière les collines, plein est, Ceuta est déjà là.
 Vous arriverez alors peut-être en fin de journée au village, à l'heure de sortie de l'école, et vous ne serez pas les seuls à parcourir les rues. Il faut bien revenir à l'entrée du village, pour reprendre un taxi collectif, et votre place vous y coûtera sept fois moins le prix de l'aller. Mais bon, on l'aura oublié finalement en fin de journée. On gardera l'image du collège et de l'école primaire tous neufs, les sourires et les courses des enfants dans les rues bordées de figuiers et les petites embarcations rouges et bleues des pêcheurs locaux rangées au loin sur la grève.

Pour conclure, et bien que le Djebel Moussa se trouve, clairement bien sûr, en territoire marocain, je garde les deux libellés (Andalousie et Maroc), car il est très facile au cours d'un voyage en Andalousie, si on y englobe Ceuta, de faire cette ballade, pour une journée, dans ce très bel endroit. Chacun y prendra les précautions qu'il jugera nécessaires, car ceci vous l'avez bien compris n'est pas un guide. Enfin, vous pourrez, si vous lisez l'espagnol, consulter le blog très intéressant Senderismo en el Rif, dont la carte ci-dessous est issue.