mercredi 11 novembre 2020

Promenade en balcon dans le Val d'Inclès, en Andorre

 Les montagnes andorranes ont tellement à offrir qu'elles vous feront probablement changer l'image que vous avez de ce petit pays qu'on relègue à ses supermarchés. Le Vall d'Inclès, et ses vallées qui y débouchent, classé en réserve naturelle est parsemé de nombreux lacs : du plus grand du pays, celui de Juclar à des plus petits comme celui des salamandres. C'est le versant de ces derniers que nous sommes allés visiter. 

Photo 1 : Les lacs de la Salamandre. Au fond, la station de ski de Soldeu. Le 25/10/2020...

Photo 2 : Vue sur le vall d'Incles, en redescendant... Au fond à gauche, le pic d'Ascobes (2779m) et à droite les crêtes du pic de la Cabaneta (2818m).


Ainsi la vallée d'Inclés est protégée. Elle offre un profil en U caractéristique des vallées glaciaires. La montée du versant de sa rive droite boisée de pins débouche sur l'étage subalpin pastoral, vers 2200m d'altitude, parsemé de petits lacs que les nombreux itinéraires balisés permettent de visiter. Il y avait du monde en ce dimanche car il est facile d'y accéder depuis la vallée urbanisée. Et pour les habitants de ce petit pays, il est facile de les concevoir comme des parcs... C'est un luxe. 

Depuis le parking terminal à 1810m, il sera donc facile dans un premier temps de monter d'abord vers le port de Fontargente  (d'Incles pour les andorrans) qui marque la frontière avec la France à 2260 mètres pour admirer en contrebas, côté français, les grands étangs du même nom. En rebroussant chemin, on récupèrera la passerelle qui permet de traverser le ruisseau et d'aller vers l'étang de la cabane Sorda (2290m) et de sa cabane bien nommée. Vous n'y serez pas seuls... Mais vous comprendrez aisément qu'on ait envie de venir admirer cet étang encaissé dans ses hautes murailles qui tombent presque directement dans ses eaux. Pour d'autres ce sera aussi l'occasion de faire tamponner sa carte des refuges d'Andorre (un peu à l'image des étapes du chemin de Saint Jacques) avec les tampons à l'intérieur des refuges. En faisant une pause repas, vous observerez alors les versants alentours et ...

- Ohhh une marmotte!!!

-Où ça???

- Ah non c'est un oiseau...

Vous prendrez alors le chemin du retour par une boucle qui vous portera aux si jolis petits étangs des Salamandres (2350m) puis celui de Quérol (2300m) juste en dessous, avant de regagner par le HRP le fond de la vallée et ses champs de fauche... Tout au long de la dernière partie, la vue sera imprenable sur les massifs d'Ascobes et Siscaro, ainsi que la station de ski de Soldeu...

Vous vous direz alors à juste titre que l'Andorre n'est pas qu'une réserve de tabac et d'alcool... Vous serez peut-être tenté alors de descendre à la capitale Andorre la Vielha pour aller dans le vieux centre ville acheter un bouquin à la librairie La Puça... Vous y trouverez forcément quelque chose d'intéressant...


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jeudi 29 octobre 2020

Le Puig Sec (2665m) et sa vue imprenable sur le Canigo

 Le Puig Sec (2665m) dans le massif du Canigo offre une vue imprenable sur la face sud du Canigo, dont il est tout proche, mais également sur toute la côte languedocienne, les montagnes du sud du massif et celles de la Cerdagne au loin. En cette dernière journée d'avant le reconfinement, c'était aussi la dernière occasion d'aller récupérer un réchaud que j'avais malencontreusement oublié début juillet dans un éboulis au dessus du refuge Arago (et qui m'attendait là gentiment posé sur un rocher ...) et de prendre une dernière dose d'oxygène.

Photo 1: Le refuge Arago est au premier plan et le Puig Sec en arrière plan...


L'ambiance automnale a fait exploser les couleurs des feuillus mais aussi des pelouses bien jaunies. Depuis le sommet, vers le sud, on a aussi une vue sur l'ensemble des gourgs de cady qui sont de véritables petits lacs au pied du Puig del Roc Negre. L'ensemble était clairement harmonieux et on en demandait pas tant. 

Depuis le col de Jou à 1125m où on laisse la voiture, la montée est donc longue, passant par les refuges de Mariailles, à 1718m, et son magnifique point de vue sur la vallée que l'on a du remonter pour accéder au Puig Sec, et au refuge Arago, à 2123m, dans les derniers bosquets de pins. Au premier refuge, la vallée est resserrée dans une sorte de défilé et les arbres, des pins principalement, qui partent à l'assaut des versants, donneraient presque des touches d'Asie orientale. Juste plus haut, la vallée en auge, héritière des dernières glaciations apparait assez vite.


Photo 2 : Vue panoramique depuis le sommet du Puig Sec. De gauche à droite, on trouvera les sommets du sud du massif (Puig del Roc Negre, Puig Roja...) puis la vallée (vers l'ouest) qui aboutit au refuge de Mariailles et enfin la face sud du Canigo avec la crête du Barbet (2733m) à droite.


Photo 3 : D'un petit peu plus près, ça donne ça...
Photo 4: En redescendant, juste en dessous du col de Jou, vue sur l'itinéraire de la descente (dernière partie).




mardi 27 octobre 2020

La Tose du Pédourrés (2468m) au dessus de l'Hospitalet...

 En ce beau samedi 24 octobre, et dernier jour de chasse, nous n'étions pas les seuls à vouloir arpenter la montagne. L'objectif initial était le pic de Nérassol depuis l'Hospitalet près l'Andorre (09) mais comme le massif de ce dernier était parcouru par des isards que l'on pouvait voir à la jumelle depuis le la Cabane-de-la-Jasse-de-Brougnic, eux-mêmes potentiellement poursuivis par quelques coureurs de crête (enfin on ne les a juste qu'entendus...), nous avons finalement préféré aller vers la Tose du Pédourrés au-dessus du lac du même nom. Je ne suis d'ailleurs pas sûr que nous ayons perdu au change d'un point de vue du panorama qui reste très ouvert. De toute façon, la montagne appartient à tout le monde et on peut s'adapter pour cohabiter ensemble. La chasse n'est autorisée que 9 jours par an (en fait trois fins de semaine me semble-t-il...), étroitement encadrée, et courir après un membre d'une espèce animale, en aucun danger d'extinction, qu'il faut aller souvent chercher sur les crêtes ou sur des versants escarpés, sachant qu'on va le tuer pour le manger, ne me parait pas plus illégitime. La côtelette d'isard c'est bon...

Photo 1: En redescendant de la Tose du Pédourrés vers l'étang du même nom. Au fond, la Porteille du Sisca vers laquelle nous nous sommes dirigés...

Alors après une pause bien agréable au refuge de Brougnic (2080m), au dessus du barrage du Baldarquès (1980m) occupée par les bergers l'été, nous avons pris la direction de la porteille de Coume Vieille (2329m) au nord-est que nous avons laissé au dernier moment pour remonter sur le pic sur la gauche en montant par un couloir herbeux sans danger. Effectivement le panorama est vaste vers le nord puisqu'on peut voir de la plaine toulousaine à la plaine audoise avec la Montagne noire en arrière plan (et plus loin encore probablement sans les nuages...) mais aussi bien sûr une bonne partie des massifs de la haute vallée de l'Ariège. 

Photo 2 : Dans la vallée du Sisca, en redescendant et en se retournant lorsqu'on a passé le pla de la cabane de la Vésine. Au fond, on peut apercevoir de forme vaguement triangulaire le pic d'Ascobes (2779m) et à gauche le massif du pic de la Cabanette (2847m). Les deux sommets marquent la frontière avec l'Andorre. 


L'ambiance était encore pastorale puisque nous avons croisé le berger faisant une dernière tournée d'inspection même si les vaches étaient descendus déjà. Mais l'itinéraire que nous avons emprunté par la suite redescendant sur l'étang de Pédourrés (2165m) puis remontant par la porteille du Sisca (2440m) vers la vallée du dit Sisca pour revenir en boucle sur le village nous permettait de visiter les estives dont l'utilisation évolue au grès de la saison, passant de l'une à l'autre en fonction de la qualité de l'herbe... La Tose du Pédourrés offre un versant peu pentu qu'on ne serait pas étonné de voir parcouru par des skieurs une fois la neige venue...

L'ensemble se parcourra en environ 6 heures bien que ce que je raconte n'engage que moi...


Photo 3 : Depuis la porteille du Sisca, vue sur l'étang et la Tose du Pédourrés.



samedi 19 septembre 2020

le Mont Valier (2828m) en technicolor...

On a beau être déjà venu visiter cette montagne ariégeoise, le plaisir de la découverte reste intact... Le panorama exceptionnel sur la chaîne, la vue vertigineuse sur le glacier le plus à l'est des Pyrénées, la vue enchantée depuis les Estagnous (petits étangs à côté du refuge du même nom, celui-ci à 2240 m), les étangs rond et long et le Pic des 3 Comtes derrière, et la Maladetta encore derrière, le début de l'ascension dans la forêt le long de la rivière rafraichissante sauront réveiller les plus blasés. 

Photo 1 : Depuis les Estagnous, vue sur le pic des 3 Comtes (2689m) droit au fond..., à l'aller... avec les tentes louées par le refuge

Photo 2 : Au retour...

Photo 3 : Le fameux petit mais coriace glacier du mont Valier, vu depuis le sommet. Dans le livre de Pierre René "Glaciers des Pyrénées", vous apprendrez que le géologue germano-suisse Jean de Charpentier y fait déjà allusion en 1823. Son originalité réside dans le fait qu'il est le seul à être dans un massif qui n'atteint pas les 3000 mètres d'altitude, qu'il est le plus isolé de ses congénères pyrénéens et que son itinéraire d'accès est le plus long (sauf peut-être si vous sautez directement depuis le sommet...) et que du fait de sa position en zone d'accumulation sous le versant nord du sommet, il ne fond que lentement.


Photo 4 : En redescendant, enfin un peu de fraîcheur... Les lutins sont passés par là, en basket, sarouel et poncho... Les trous souffleurs ne sont pas loin...

De toute manière, mieux vaut ne pas l'être pour monter là-haut car le sommet se mérite. Du haut de ses 2838 mètres, s'il n'a pas le prestige d'un 3000 mètres, il en vaut bien quelques uns de par la longueur de son ascension qui débute sous les 1000 mètres d'altitude (940 mètres pour être précis). Et le Mont Valier reste bien même s'il n'est pas le plus haut, le seigneur du Couserans. Vous ne serez pas les seuls sur le chemin si vous entreprenez l'ascension mais comme tout le monde va au refuge pour dormir, vous trouverez peut-être la cabane des Caussis (à 1840 m) libre comme l'air et pourrez peut-être y passer la nuit seul... N'oubliez pas non plus un peu de liquide pour pouvoir déguster le coca dont vous aviez rêvé tout le long de la descente depuis le sommet...

Photo 5 : La cabane de Caussis et au fond à droite la crête de Paloumère

dimanche 6 septembre 2020

Le Puigmal d'Err (2910m) et la station de ski fantôme...

 L'ascension de ce débonnaire mais élégant sommet (le deuxième de Cerdagne et et du département des Pyrénées-orientales par son altitude) est assez facile et rapide depuis le parking supérieur de l'ancienne station de ski de Puigmal-Err à environ 1900 mètres d'altitude. Aussi les journées ensoleillées de fin de semaine ne vous attendez pas à vous trouver seul là-haut... Mais le panorama reste magnifique sur toute la Cerdagne et la Catalogne jusqu'à Montserrat et les environs de Barcelone, avec cette multitude de crêtes qui se succèdent. 

On pourra entreprendre une boucle en redescendant par les pistes de la dite station avec environ 1000 mètres de dénivellation. Puig dans le contexte catalan signifie sommet arrondi et mal est encore usité dans les Pyrénées pour signifier mauvais, mal. Le Puigmal est en fait une ligne de crête assez désertique sur laquelle malgré sa relative facilité il faut faire attention aux orages l'été...

Photo 1: Vue sur le sommet de Puigmal depuis la Tossa del Pas dels Lladres qui marquait à 2662 mètres le point culminant de l'ancienne station (et à l'époque plus haute station des Pyrénées françaises...). L'itinéraire à l'aller remonte vers le petit col à gauche du poteau de gauche... Puis il suit la ligne de crête...

Photo 2 : Au centre le Puigmal vue depuis la piste de ski de la station. L'itinéraire remonte sur le vallon de gauche pour atteindre la crête que l'on suivra jusqu'au sommet. On pourra alors suivre l'itinéraire de crête...


Alors vous croiserez de nombreux randonneurs ( mais aussi des isards...) :

Au premier, vous lui direz :        - Bonjour!        Et il vous répondra ...   - Hola! 

Alors au second, vous direz...     - Hola!             Celui-ci vous répondra.    - Bon dia!

Bon alors...                                  - Bon dia!        - Bonyour 

Ok...                                             - Bonjour...


Ce sommet est l'aboutissement depuis l'est de la grande ligne de crête catalane dans laquelle de nombreux sommets dépassent les 2800 mètres... et en fait un beau et long itinéraire.  D'ailleurs il est écrit sur une plaque au sommet "de puig en puig pell coll de finestrelles s'enfilen del Puigmal a l'alta cima : tota la terra que el meu cor estima des d'aci es veu en serres onejar (Canigo Cant IV)" ce qui veut dire hein ce qui veut dire...  "De puig en puig par le col de Finestrelle, elles s'élèvent du Puigmal à son plus haut sommet: d'ici l'on voit onduler les massifs, c'est toute la terre que mon coeur aime... " (merci Magali pour la traduction)

Photo 3: Et bien moi j'aime bien ces vestiges de stations de ski fantômes... 


Il n'y a plus qu'à lire Canigo de Jacint Verdaguer... ou l'article Crête catalano-catalane de Daniel Rees dans la revue Pyrénées n°283, de juillet-septembre 2020

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lundi 24 août 2020

Puig Pédros (2905m) ou Campcardos, déclinaison catalane...

 On trouvera deux noms, deux altitudes différentes pour ce sommet d'aspect presque débonnaire qui domine pourtant la Cerdagne et la vallée du Carol, dans les Pyrénées orientales, en remontant vers le col du Puymorens à plus de 2900 mètres d'altitude (2905 m d'après l'IGN et 2915 m d'après l'Institut Cartografic i Geologic de Catalunya) et offre un panorama magnifique à l'image de sa cousine la Tossa Plana de Lles. Puig signifie sommet arrondi dans les deux versions. Pedros signifiant pierreux, donc sommet pierreux. L'autre nom est puig de Campcardos. Cardos tire son origine du latin qui signifie chardon et renvoie à la zone légèrement plus au nord où on trouve de nombreux chardons probablement en rapport avec l'élevage important qui se trouve dans cette zone étonnement peu tourmentée... Les animaux viennent à l'évidence jusqu'au sommet... et camp signifie champ.

Photo 1 : La rue du Campcardos part du centre du village et mène à la route nationale 20 que vous traverserez devant l'Auberge du Campcardos passant sous la voie de chemin de fer. Vous emprunterez alors le chemin du Campcardos jusqu'au bout (le parking...)...

Le sommet se situe sur la frontière franco-espagnole et j'ai choisi d'en faire l'ascension et la visite par le versant nord français, depuis le petit village de Porta. Cet itinéraire est simplement plus raide dans sa partie intermédiaire dans l'ascension finale de la porteille de Meranges  (2633m). Il faudra d'abord sortir du village par une toponymie adaptée et réaliste et du coup belle et arpenter le large sentier de la vallée qui mène à la porteille Blanche, par où sont passés de nombreux réfugiés qui ont fuit le régime de Vichy et ses nombreuses mesures plus que discriminatoires. Peu de temps après avoir dépassé l'estany Gros (qui ressemble plutôt à une vaste mare presque asséchée à cette période de l'année) et au moment où le chemin va repasser en rive gauche, il faudra prendre à gauche par une sente bien balisée de cairns jusqu'à la fameuse porteille. Le reste jusqu'au sommet est une quasi-formalité.


Photo 2 : Depuis le sommet, vue sur la plaine cerdane, et au fond le sommet du Puigmal.

Photo 3 : La dernière partie de l'ascension depuis la porteille de Meranges.

L'empreinte des glaciers quaternaires est ainsi assez symbolique avec un versant nord (notre itinéraire) où ont été façonnés des cirques en fauteuil, dont les planchers sont toujours encombrés d'une quantité parfois considérable de blocs parfois imposants. Le versant sud (on peut faire l'ascension par le village de Meranges) est beaucoup plus doux, avec un modelé pré-glaciaire caractérisé par des surfaces planes, d'inclinaison plus ou moins importante. La prochaine fois, je reviendrai dans la zone par ce versant sud.

Je reviens sur le panorama qui m'a paru fantastique car le Cerdagne est dégagée et offre un contraste avec les montagnes plus à l'ouest. Mais le Canigo, le Puigmal, la Sierra del Cadi, le Carlit, la Haute Ariège, les montagnes andorranes jusqu'au Montcalm et plus loin encore étaient visibles

Photo 4 : Vue sur le pic Negre d'Envalira à droite et et la porteille blanche à gauche. Idéal pour le ski de randonnée alpin.

samedi 15 août 2020

Le tour de l'Andorre à pied, seul, par les grands sommets (et quelques fonds de vallées...)

Caminando solo para hacer la vuelta de Andorra por los altos cumbres 

On aura tôt fait d'oublier les files de voitures qui remontent la route nationale pour aller chercher au Pas de la Casa les cigarettes et l'alcool bon marché et filer par les crêtes afin de visiter à pied ce petit pays pyrénéen (465km2) et ses magnifiques montagnes, parsemées de lacs et de sommets. Chacun pourra y construire un itinéraire à sa mesure en se basant sur le GRP (ou autres itinéraires de grande randonnée) ou le formidable réseau de petites cabanes servant de refuge financé par le gouvernement (il y en 4 qui sont en plus gardés mais je les évite comme la peste...). On adaptera la durée là aussi à chacun. Mais ce qui est sûr c'est qu'on ne sera pas déçu.

Photo 1 : Au bord de l'étang de Montmalus, un des plus grand d'Andorre avec 11,2 hectares, lors de la dernière nuit. L'étang,du nom du hameau éponyme plus bas dans la vallée à 2470m d'altitude, se situe sur le versant du Sègre et de la Cerdagne. La frontière espagnole court tout proche de la berge sud.
Photo 1 : Au bord de l'étang de Montmalus, un des plus grand d'Andorre avec 11,2 hectares (et 21 mètres de profondeur d'après https://www.lacsdespyrenees.com/vallee-Andorra.html), lors de la dernière nuit. L'étang,du nom du hameau éponyme plus bas dans la vallée à 2470m d'altitude, se situe sur le versant du Sègre et de la Cerdagne. La frontière espagnole court tout proche de la berge sud.

En ce qui me concerne, j'ai choisi de faire le tour de l'Andorre en gravissant les principaux sommets du pays. 7 sommets dépassent les 2900 m d'altitude. J'avais aussi envie de visiter quelques églises romanes du sud du pays et certaines autres vallées et lacs. Et voilà comment on peut bâtir un itinéraire. Je voulais aussi me dépenser physiquement donc certaines étapes seront plutôt longues et finalement, avec l'ascension notamment de ces 7 sommets cités ci-dessus, et d'autres, j'aurais visité le pays en 7 étapes (mais peut-être que 10, ça aurait été bien) dont voici la liste ci-dessous. Je tenais absolument à partir de L'Hospitalet près l'Andorre, en Haute-Ariège, qui n'a jamais aussi bien porté son nom, la frontière se situant à à peine 3 kilomètres et ce qui permet de ne pas oublier la fameuse soulane d'Andorre.

- étape 1 : L'Hospitalet près l'Andorre - Pic de la Cabaneta (2818m) - Incles -  Pic de la Coume de Varilhes (2759m) - Refuge de Coms de Jan.

- étape 2 : Refugi de Coms de Jan - Pic de la Serrera (2913m) - Pic de l'Estanyo (2915m) -  Refuge de Sorteny - Refuge de Rialp.

- étape 3 : Refuge de Rialp - Pic de Font blanca (2903m) - Estany Elbalcat - Station de ski d'Arcalis -        Brèche d'Arcalis - Estany de Mes amunt - Collada de Montmantell - Refuge del Pla de l'Estany.                

- étape 4 : Refuge du Pla de l'Estany - Estanyo Forcats - Pic de Medacorba (2915m)- Estanyo Forcats -  Roca Entravessada (2925m) - Pic de Coma Pedrosa (2942m) - Portella de Sanfonts - Col de la Botella - Collada de Montaner - Os de Civis (Espagne)

- étape 5 : Os de Civis - Collada de Montaner - Pic d'Enclar (2388m) - Bony de la Pica (2402m) - Aixas - La Margineda - Sant Julia de Loria - Certes - Collada de la Calilla - Refuge de Prat Primer.

- étape 6 : Refuge de Prat Primer - Refuge de Claror - Estany de la Nou - Collada de la Maiana - Refugi de Riu dels Orris - Port de Setut - Pic de Setut (2868m) - Tossa Plana de Lles (2906m) - Tossets de Vallcivera (2848m) - Pla de Vallcivera - Estanyo de Montmalus.

- étape 7 : Estanyo de Montmalus - Collada de Montmalus - Pic de Montmalus (2781m) - Pic dels  Colells (2744m) - Pic de la Portella de Joan Antoni (2776m) - Pic d'Engaït (2776m) - Pic d'Envalira  (2825m) - Pas de la Casa - L'Hospitalet près l'Andorre.

Photo 2 : Mon itinéraire...

Les principaux sommets, ceux qui dépassent 2900 mètres d'altitude, sont d'une manière générale plutôt faciles d'accès même si parfois l'ascension se fait dans un terrain d'éboulis un peu croulant qu'il faut passer en sortant des sentiers de grande randonnée ou sur des passages où l'on posera un peu les mains. La Roca Entravessada fait exception car l'ascension depuis l'estanyo Forcats emprunte un itinéraire qui si elle suit la crête dans un premier temps facile, doit passer un ressaut rocheux que je n'ai pas trouvé simple et sur quelques pas un peu engagée. Ensuite, il faut redescendre dans un terrain à isard directement sous le sommet parfois raide et un peu instable. Six de ces 7 sommets se situent dans la partie nord de l'itinéraire.

Photo 3 : L'estany Esbalcet (environ 2300m d'altitude) sur le versant de la soulane, un peu en aval de la station de ski d'Arcalis. Au fond, le versant sud-ouest du pic de Font Blanca (2903m), adossé à la frontière française, permet une ascension facile et vous donne un magnifique panorama.

Photo 4 : Le versant sud du pic de l'Estanyo (2915m) à droite qui accueille l'estany gran de la Vall del Riu (celui du fond). Notre itinéraire arrive de la droite et monte au sommet en suivant.

Photo 5 : Au fond le pic de Medecorba (en version andorrane) et ses 2914m dominent l'Estanyo Forcats. Ce pic possède la particularité d'être un tripoint c'est à dire un noeud orographique entre trois frontières de pays (France, Espagne, Andorre).

Photo 6 : La Roca Entrevessada (2925m) depuis le collado del Forat deth Malhiverna sous la Coma Pedrossa. Il faut suivre la crête qui vient de la droite jusqu'au sommet et puis redescendre tout droit dans les éboulis...

Photo 7 : La Coma Pedrossa (2943m) est à droite. Vue depuis la crête du pic del Port Vell au dessus de la station de ski d'Arinsal.

Photo 8 : Le pic de la Serrera (2913m), avec un des plus beaux panoramas de cet itinéraire car il permet à la fois d'embrasser le versant nord français jusqu'à la Montagne noire et l'ensemble de la principauté d'Andorre. Il suffit d'y monter depuis le col dels meners à plus de 2700 m (sur le GRP) et de suivre la crête. 

Photo 9 : La Tossa Plana de Lles (2908m) ou pic de la Portelleta (version andorrane) reste le seul des grands sommets placé dans la partie sud.  Le versant andorran (à gauche) est beaucoup plus accusé avec des formes glaciaires que le versant cerdan beaucoup plus doux d'où le nom du sommet. Une tossa  désigne un sommet arrondi. Lles est une commune de Cerdagne (Espagne). Sur notre itinéraire, on y accède par le col puis le pic de Setut (2858m) d'où est prise la photo, et un terrain rempli de gispet, pas toujours agréable dans un premier temps.

Ce tour de l'Andorre permet aussi d'admirer un patrimoine intéressant tant dans la moyenne montagne que plus bas dans les vallées. En reprenant ce qui est écrit dans le Guide des Pyrénées romanes de J.Vivier et S. Laplique, on peut dire, comme il est souvent dit que "l'art roman est l'art national andorran. Et, de fait, la principauté compte une cinquantaine d'églises romanes, exceptionnellement bien conservées, qui forment un ensemble unique...". "Le patrimoine andorran est particulièrement homogène : des constructions de petites dimensions et une certaine sobriété dans l'ornementation...". Ainsi la partie sud de cet itinéraire permettra de venir admirer les petites églises d'Aixas (qui n'est pas décrite dans le guide...), et de Sant Marti (adossée au rocher) et Sant Cerni au dessus de Sant Julia de Loria. Elles ont chacune leur caractère mais j'avoue avoir eu un petit faible pour celle d'Aixas perchée au-dessus de la vallée.

Photo 10 : La chapelle d'Aixas dédiée à Sain Jean l'évangéliste. Le chemin qui descend jusqu'ici depuis le Bony de la Pica (2402m) comporte des passages équipés et reste peu fréquenté en parcourant la forêt de pins noirs. Un lieu d'hébergement ici m'aurait probablement convaincu d'y passer le reste de la journée pour y faire étape.

Ma petite escapade en Espagne à Os de Civis (à 1490m) propose aussi un intérêt patrimonial intéressant avec un village qui possède des édifices médiévaux avec son église dont la première mention date de 1312. Ce qui m'intriguait c'était que ce village est périclavé c'est à dire que la partie amont de la vallée appartient à l'Andorre tout comme la partie aval. Donc on est obligé de passer par l'Andorre pour y accéder avec la route et on vous y vendra probablement des timbres andorrans... L'intérêt était aussi de dormir à l'hôtel, de manger au restaurant (de digérer ensuite par une marche nocturne dans les ruelles du village ce qu'on avait mangé, puis ensuite une bonne partie de la nuit...), de laver l'unique paire de chaussettes qui me restait (j'avais oublié l'autre à sécher au matin de la troisième étape...). La vie quoi... Parce que bon, les bouquetins, les isards, les innombrables marmottes, les renards (à queue blanche...), les espaces pour les coqs de bruyère, ça va un moment... hahaha...

Photo 11 : Au coeur du village d'Os de Civis. L'origine du nom est discutée. La terminaison en -is fréquemment retrouvée dans les toponymes pré-romans bascoïdes andorrans comme Arcalis par exemple peut faire douter d'une origine latine du nom. Pour Os, il en est de même car le linguiste catalan Joan Coromines a quant à lui évoqué une origine pré-romane bascoïde sur oe/obe (cabane de berger). Cela est à mettre en relation avec le village de Civis dans le haut Urgell (dans une vallée voisine) dont la zone d'Os de Civis était utilisée comme zone de pâture par ses habitants. Mais sa partie supérieure disputée par les habitants du village andorran de Pal a été perdue au détriment de ces derniers. D'ailleurs d'une manière générale, le tracé de la frontière andorrane découle de l'usage ancestral des pâturages de montagne et des problèmes d'attribution aux bergers des environs.

Enfin, on trouvera en altitude une multitude de vestiges pastoraux comme ceux bien conservés et mis en valeur à la station de ski d'Arcalis où ceci-dit on pourra manger une txancat excellente, mais assez longue à digérer... Préférez alors en suivant une discussion allongée dans la pelouse plutôt qu'une double ascension... Dans la vallée du Madriu, classée au patrimoine mondial de l'humanité, celle qui permet l'accès au pic de la Portelleta, ceux-ci seront mis en valeur par des panneaux informatifs qui montrent la structure globale de ces aménagements que l'on peut retrouver partout, et d'une manière générale dans les Pyrénées. Mais cela rappelle que la montagne est exploitée et humanisée depuis la nuit des temps.

Photo 12 : À la station d'Arcalis, les aménagements pastoraux mis en valeur à deux pas des installations de ski.
Enfin on pourra rappeler le nombre importants d'étendues lacustres d'origine glaciaires rencontrées sur l'itinéraire comme si cela était nécessaire... Mais il est vrai que l'eau est d'une manière générale si claire que c'est un lieu de promenade pour de nombreux visiteurs. Vous en trouverez aussi des beaucoup moins fréquentés. Ce qui aura été un plaisir tout au long de ce petit périple reste le fait qu'à chaque sommet ou incursion vers les hauteurs, on peut avoir une vue globale sur ce qu'on vient de parcourir, et sur ce qu'il nous reste à faire. Et que cette vision évolue au fur et à mesure du cheminement, comme une introspection, donnant un aspect différent à chaque lieu. Lorsqu'on traverse une île, on est toujours tenté le long du chemin, de regarder vers l'extérieur et le littoral, ici c'est donc vers l'intérieur (sans exclure de regarder au-delà des montagnes...), au contraire.

Photo 13 : L'estany de la Nou, peut être mon préféré... dans la vallée de Perafita, dans la partie sud, qu'une longue pause matinale permettra peut-être d'apprécier davantage...

Photo 14 : Sur les crêtes de la Soulane d'Andorre, vue sur le Pas de la Casa au fond et le pic Negre d'Envalira qui le domine et par lequel on passera pour la dernière étape... Cette première partie de l'Andorre est sur le versant atlantique, là aussi une vielle histoire de pâturage. Au Pas de la Casa, on pourra aller manger, sous les arcades à La Braza une pizza et regarder les photos anciennes du lieu...


Photo 15: Les étangs de Siscaro en redescendant de la crête de la Soulane d'Andorre, non loin d'Incles.


Photo 16 : Sur le chemin, en arrivant, tardivement, au refuge de Prat Primer, au dessus d'Andorre la Vielhe, après une belle montée sur les pâtures de la Soulane au dessus de Sant Julia de Loria. Il fallait bien se ravitailler au fond de la vallée (descente à 930 m d'altitude) où à l'entrée nord de la ville on trouve une station Total Bonjour, où il y a tout (les pâtes lyophilisées Galina blanca...). Même, juste avant, un magasin d'équipement de sport au cas où... et même un pont roman (qui ressemble un peu aux génois de Corse). Mais tout ce bruit dans cette vallée encaissée ça va 5 minutes...


Photo 17 : C'est difficile de se perdre honnêtement. Ici les balises du GRP en descendant vers Aixas. Si en plus vous possédiez la carte Alpina Andorra au 1/40000°. Les chemins qui y sont mentionnés en pointillés rouges sont souvent balisés d'une manière ou d'une autre...

















jeudi 23 juillet 2020

Quelques jours à pied, dans les Hautes-Alpes, entre le Queyras et le Briançonnais...

           Le col de l'Isoard (2362m) et le sommet de Rochebrune (3321m) séparent le Queyras et le Briançonnais par une longue ligne de crête assez élevée, d'aspect plutôt austère mais que de nombreux cols permettent de franchir et jalonnée de plusieurs lacs. De nombreux itinéraires sont possibles. Les panoramas sont ouverts et à ce moment-là de l'année, les champs de fleurs restent innombrables et véritablement merveilleusement beaux.

Photo 1: Le lac de l'Étoile au-dessus du lac des Cordes...

Photo 2: Au bord du lac des Cordes...
              Ce qui n'a cessé de m'étonner c'est justement ces champs de pelouses vertes et fleuries alors que l'aspect global reste plutôt minéral et aride, même si la forêt de conifères est bien présente à l'étage inférieur. Nous sommes dans une montagne méditerranéenne. Ceci-dit la haute vallée de Cervières qui sera notre point de départ offre de vastes versants pastoraux plutôt débonnaires et apaisants autour du pic de Rochebrune (point culminant du Briançonnais mais pas du Queyras!) énorme bastion de calcaire dolomitique, d'où le nombre relativement faible de lacs.
Nous avons donc choisi de partir du parking de Le Bourgea après le hameau d'altitude des Chalps dans la vallée de Cervières et de revenir à Briançon par le col des Ayes au dessus de Brunissard en trois jours et demi de marche. L'ensemble est hyper bien balisé sans que cela soit ostentatoire car la plupart de l'itinéraire repose sur les GR58 (Tour du Queyras) et GR5 (Traversée des Alpes) au coeur du Parc Naturel Régional du Queyras.


Photo 3 : Vue sur le pic du Béal Traversier au loin à droite depuis la proximité des lacs de Cogour...
Photo 4: En montant au col de Péas..
              En voici les étapes qui n'excédèrent jamais 6 heures de marche :
   - Le Bourgea (1965m) - lac des Cordes (2448m)
   - Lac des Cordes - Col de Péas (2629m) - Hameau de Souliers (1820m) - lac de Souliers (2492m)
   - Lac de Souliers - Brunissard (1840m)- Col du Lauzon (2576m) - lacs du Cogour (2476m)
   - Lacs du Cogour - Chalets de Clapeyto (2221m) - Col des Ayes (2477m) - Chalets des Ayes (1740m) -Briançon (1240m)

              Les merveilleux petits lacs, même s'ils m'ont paru moins nombreux que dans les Pyrénées, constituent un des attraits essentiels de cet itinéraire. Le lac de Souliers mais surtout les nombreux petits lacs autour du col de Néal le troisième jour, même si certains sont en voie de comblement avancée, sont un véritable enchantement. Ils le sont d'autant plus que le passage du col de Lauzon marque un contraste assez fort entre une montée dans un cadre assez minéral (d'autant plus dans la dernière partie) avec un lac de Lauzon dont l'étiage en aout doit le faire ressembler davantage à une mare, et un autre versant, pastoral et franchement verdoyant. La vue depuis ces lacs vers la face nord-ouest érodée du pic du Béal Traversier plus au sud est spectaculaire. L'ensemble s'inscrit dans un remarquable complexe de zones humides, avec de nombreuses tourbières en formation, qui donne son originalité et sa beauté au secteur. On pourra également grimper sur la très facile crête de Terre Blanche (2587m) pour bénéficier d'un panorama grandiose sur le pic sus-mentionné, une partie du massif des Écrins, le pic de Rochebrune et tout ce lacis de petits lacs... Le lac des Cordes (et son petit frère le lac de l'étoile plus haut à 2535m), perchés sur leur vallon suspendu au dessus de la vallée de Cervières, permettront aussi une vue intéressante sur le versant nord est de Rochebrune et sa petite soeur du charmant nom L'Escalinade (3086m).

Photo 5 : Lac de Souliers au matin après une soirée orageuse et la neige sur le pic de Rochebrune à l'arrière plan...
Photo 6: Lac de Néal             
                   Les chalets de Clapeyto et d'une manière générale les hameaux d'altitude ou villages d'estive constituent un deuxième attrait. Certains, au delà de leur architecture typique, comme celui de Clapeyto racontent une histoire originale puisqu'après la Révolution française et le retour de la liberté de culte, une répartition des habitants selon leurs croyances s’est opérée dans la vallée. Les Arvidans, les habitants du bourg d’Arvieux, majoritairement catholiques et dont les alpages se situaient sur le secteur de Furfande, se distinguaient de ceux de Brunissard, que l’on nommait familièrement les Barots, protestants depuis le milieu du XVIe siècle. La fête traditionnelle des chalets de Clapeyto, qui se déroule chaque année dès les premiers jours de juillet, respecte encore ce clivage. On retiendra aussi le gîte d'étape Le Grand Rochebrune à Souliers et l'arrêt obligatoire qui permet de déguster les plats traditionnels faits à partir de produits locaux, car il fait également auberge, et agrémentés de fleurs sauvages comestibles... Après c'est sûr que c'est un peu plus compliqué de faire l'ascension jusqu'au lac de Souliers (700m de dénivellation sans trop de répit)... On trouvera une ambiance chaleureuse également à la buvette aux chalets des Ayes avant d'aller faire peut-être une prière à la chapelle Sainte Elisabeth...

Photo 7 : Depuis la crête de Terre Blanche, au fond le pic de Rochebrune.
Photo 8 : Depuis la crête de Terre Blanche, le col de l'isoard est à droite dans l'ombre... Ce panorama est le prolongement vers le nord de la photo précédente...
          Étonnement, nous n'avons croisé que très peu de troupeaux d'animaux sur les prairies d'altitude, car à l'exception de la redescente sur les Chalets d'Ayes, nous n'avons rien vu... Seules les très nombreuses marmottes peu farouches... On nous aura tout expliqué en discutant avec les locaux dans le bar chez Marius à Brunissard. Même qu'au moins une fois par an, on peut manger une marmotte, après l'avoir bien dégraissé et fait mariner dans le vin pour lui enlever le goût de la terre...
           Les forêts de pins à crochet et de mélèze apportent de la variété dans le contexte paysager et une matière première pour les constructions traditionnelles. Les sous bois souvent constitués de pelouses grasses n'ont cessé de m'étonner et lorsqu'on arrive au lac de Souliers après une longue montée, on reste séduit par les imposantes falaises calcaires dolomitiques et les vastes zones d'éboulis (les fameuses casses comme la Casse déserte sur le versant sud du col de l'Isoard) sous les pics de Côte Belle, qui donnent un aspect minéral sur le paysage verdoyant et gracieux du lac. Lorsque vous vous réveillez de bon matin, après avoir essuyé de belles averses orageuses tout au long de la soirée précédente dans une tente (qui prend un peu l'eau... hum hum), et que vous constatez qu'il a neigé sur le sommet de Rochebrune tout près, alors le paysage prend une toute autre ampleur. Il n'y a plus qu'à se jeter à l'eau pour se revigorer un peu... ce n'était pas si froid d'ailleurs...
            Enfin une belle surprise, presque à l'arrivée, au dessus de Briançon, vient ponctuer le parcours avec la visite de l'harmonieux domaine du Lauzin et de sa petite chapelle au coeur d'une forêt de Méleze avant de plonger dans la vallée urbanisée. Ce domaine a été construit visiblement pendant la période de la révolution française et le début du 19ème siècle pour développer l'élevage suite au blocus continental anglais.


Photo 9 : L'itinéraire sur fond de carte IGN Top 100

samedi 4 juillet 2020

Le pic du Canigo ou Canigou (2784m), incontestable...

On comprendra vite pourquoi ce sommet, dans une ambiance méditerranéenne, est si fréquenté. Le panorama comme le montre la table d'orientation du sommet, est proprement fantastique, des confins de la haute Ariège au littoral méditerranéen du Languedoc qu'il domine directement ou de Catalogne. Son orthographe a quelque peu été maltraitée par les campagnes de francisation successives des noms, et il semblerait bien que son vrai nom soit le Canigo, donc celui que je garderai. Le chemin vers son sommet permet de visiter des vallées glaciaires que l'on remontera depuis les lieux où l'on aura passé la nuit. Nous avions choisi de monter par le sud au départ du col de Jou (1125m), passant par Mariailles (1700m) et dormant au charmant petit refuge Arago à 2120 mètres d'altitude, point de départ idéal pour aller au sommet. De là, 2h30 sont, d'après les pancartes, nécessaires pour terminer l'ascension par un chemin bien marqué sans difficulté jusqu'au couloir final où quelques petits pas d'escalade seront peut être nécessaires.

Photo 1: Même Marseille serait visible depuis le sommet... Je le crois bien volontiers... Barcelone de l'autre côté...
L'arrivée au sommet, au débouché du couloir, permet de prendre conscience de l'ampleur du versant nord et surtout de son accessibilité. On peut donc relativiser l'importance des premières ascensions officielles avec Vincent de Chausenque ou Henri Russel au 19ème siècle, ou même la première relatée par le moine italien Fra Salimbene au 13ème siècle, celle du comte Pierre III d'Aragon vers 1280, sachant que celui-ci s'est probablement arrêté au clot dels estanyols, proche de l'actuel refuge des Cortalets. Le récit mentionne en effet pour le sommet un dragon sortant des eaux d'un lac. Mais on peut imaginer que depuis des temps immémoriaux les chasseurs d'isards et autres bergers avaient parcouru ces endroits. L'ensemble n'en est pas moins beau et propre.

Photo 2: Avec la fameuse croix du sommet, vue en direction du sud... La vue vers l'ouest en ce jour était bouchée par une mer de nuage... À gauche de la croix, le puig dels tres vents (2737m) et directement derrière la croix le Puig Roja (2724m).
Photo 3: Le fameux couloir du versant sud, plus impressionnant vu d'en dessous que lorsqu'on y est ... Ça n'engage que moi...
Alors j'ai beaucoup apprécié de dormir à cette cabane. Ce n'est pas uniquement parce que j'y étais seul et que comme elle a été réhabilitée, elle est propre et confortable. C'est aussi l'idée que je me fais de l'aménagement de la montagne qui devrait selon moi rester humble et discret, loin des aménagements lourds qui ressemblent à de l'hôtellerie comme sur le versant nord... J'ai d'ailleurs renoncé à ma carte du Club Alpin Français pour éviter de contribuer au financement de ce type de structure. Ce refuge Arago, à la sortie de la forêt et à l'entrée de la zone des prairies d'altitude, possède des banquettes en bois sans matelas (ça évitera les puces de lits) et sa situation en bord de sentier ainsi que la proximité idéale d'un petit ruisseau ont conforté le choix. La biche qui est venue grignoter en bordure à la tombée de la nuit a dû trouver l'ambiance apaisée...

Photo 4: Le fameux petit refuge Arago. Le chemin pour monter au sommet passe juste devant... Le financement de sa réhabilitation a été assuré par la DREAL et le département des Pyrénées Orientales. Bien à eux...

Photo 5: Au centre la face sud du Canigo et à sa droite la crête du Barbet (2733m).

Photo 6 : Depuis le refuge de Mariailles (1710m), vue sur la vallée qui remonte vers la face sud du Canigo et le refuge Arago... D'ici aussi c'est beau. La montée se fait essentiellement dans la forêt (principalement des résineux sauf en bas) jusqu'à la cabane, en suivant souvent des rigoles qui viennent capter l'eau des montagnes pour l'emmener plus bas dans les vallées irriguées. Peut-être aurez-vous l'occasion d'y croiser un isard.... Cette majestueuse forêt a été classée grande site national en 2012 est composée essentiellement de résineux, et notamment le sapin pectiné (35%), le pin à crochets (17%) ou sylvestre (13%) et de hêtres à 20%.
Pour être honnête, j'ai adoré monter là-haut...
Spéciale dédicace à Sylvain...