vendredi 21 octobre 2016

La Munia, 3133 m, et le cirque de Troumouse (65/Aragon)

Le pic de la Munia (Almunia en espagnol) est le point culminant du majestueux cirque de Troumouse dans les Hautes Pyrénées. On peut décider d'aller visiter les crêtes en passant par le versant aragonais. En remontant la vallée pastorale de Chisagues par une belle piste qui part de Parzan jusqu'à environ 1900 mètres d'altitude, ce versant (après avoir passé un petit col Las Pueras des Ibons à 2533m)  est en effet parsemé des très beaux lacs de la Munia, juste avant le col du même nom à 2853m, sur le crête du cirque. Je n'ai pas trouvé de signification satisfaisante pour le nom du sommet : Era Munia serait la « moniale », d'origine espagnole. Sinon, son origine peut être latine, moenia voulant dire « murailles », ce qui correspond bien à son relief. Ou alors Almunia en arabe mais je ne sais pas ce que cela veut dire.

Photo 1 : de bon matin, au bord du lac de la Munia. Au fond, le Cylindre du Marboré et à droite le Marboré.
Jusque là (donc le col) aucune difficulté... Puis ça se complique et jusque bout. Le seul inconvénient de cet itinéraire est de ne pas faire la boucle de tout le cirque et, une fois arrivé au pic Heid (3022m), il faut faire demi-tour. Mais j'avoue que franchement le fait de passer deux fois au pic de Serre Mourène (3090m), et son versant est, fut un grand plaisir et j'ai préféré qu'il en soit ainsi: d'abord à la descente où je n'étais pas très fringant et à la remontée au retour, dépassant certains, emmené par Alain (il fait bien sûr en fonction des capacités de chacun, car du début à la fin il est concentré et attentif à vous) et là c'était franchement grisant. Sur une grande partie il faut donc être encordé. Alors une fois de plus j'ai fait appel, comme vous l'avez compris, à Alain, guide professionnel, et aussi de très agréable compagnie (finalement c'est presque aussi important) parce que je trouve qu'il en rajoute jamais. C'est vrai que cela change le rapport à la montagne. On en oublierai presque les difficultés insurmontables seul, un fois celles-ci passées et que la grosse concentration lors de la descente un peu sur les fesses (oui je suis un peu tendu dans ce genre de situation) suspendu à la corde que tient fermement Alain,
- Allez lâche le rocher... lâche, tu peux y aller.. Je te tiens.
a fait place à une grosse fatigue (fatigante... oui ça peut se dire aussi...):
- Pff, même pas besoin de guide...
Mais il nous permet indéniablement de progresser. On peut lire d'ailleurs un article intéressant dans Pyrénées-Magazine, N°22, Août 1992, La longue marche d'un guide (Jean Louis Lechêne) où sont abordés notamment les rapports entre guide et clients.
Photo 2 : La face est sur la crête conduisant au pic de Serre Mourène. Dans mon pyrénéisme personnel, peut-être un des endroits les plus emblématiques.


Photo 3 : Depuis le pic Heid (3022m), en ce 24 septembre, de gauche à droite, le pic de Troumouse, le pic de Serre Mourène et la Munia. Le cirque de Troumouse est donc à droite, avec le petit glacier de la Munia.
L'autre difficulté réside dans le fameux pas du chat, entre le col de la Munia et le pic de la Munia, côté II+, où la corde m'a paru nécessaire, même si le passage (5 mètres sur paroi lisse avec quelques fissures) est aménagé d'une corde (dans quel état? un peu usée). Ce n'est pas spécialement vertigineux mais bien lisse et il ne vaudrait mieux pas dégringoler les quelques mètres présents...
Dire que l'endroit m'a paru exceptionnel permet d'enfoncer quelques portes ouvertes tant les versants du cirque sont vertigineux, sa morphologie circulaire quasi parfaite et sa taille imposante (4 kilomètres de diamètre), que la vue sur le massif du Mont Perdu est parfaite et que les lacs de Barroude sont là en contre-bas, très beaux (photo ci-dessous). Et que c'était partagé.
Photo 4 : Les lacs de Barroude. Ne cherchez pas le refuge gardé, il n'existe plus...
Voilà  c'était vraiment une journée particulière.
Merci Alain.

dimanche 9 octobre 2016

Pic de l'Aiguillette, 2517m, la frontière sauvage (65).

On pourrait se laisser abuser par la photo ci-dessous ou les différents slogans publicitaires des différentes agences de tourisme et se dire que nous sommes là dans des contrées vraiment sauvages. Penser aux 6 isards que nous avions croisé, regarder les parois du cirque de Barroude et sa flopée de 3000.

Photo 1 : En redescendant, à l'approche du tunnel (bouche nord
 Et puis, finalement, se rendre compte que la bouche nord du tunnel de Bielsa est juste là en bas, que le port vieux de Bielsa, en témoigne la largeur du sentier, a vu passer depuis des siècles voyageurs,  commerçants, trafiquants en tout genre. Que le sommet, sus mentionné, et ses compères le long de la crête apparaissent bien accueillants, depuis des siècles aussi, pour la dent des ovins. Et que, ce port, lors de l'hiver dramatique de 1938, comme en témoigne la plaque installée 70 ans plus tard, a vu passer les soldats de la 43ème division de l'armée républicaine espagnole. "A cuantos cruzaron este puerto para romper el bloqueo de la "bolsa de Bielsa" por defender la libertad frente el fascismo. En honor a la poblacion civil del alto Aragon y a la 43 division republicana.  DIGNIDAD, MEMORIA Y PAZ."

Photo 2 : A l'approche du port Vieux, vue sur les murailles du cirque de Baroude et le pic Heid dans les nuages (3022m)


Alors bien sur, le poids de l'histoire, la beauté et la rudesse de la nature, mais surtout pas une frontière sauvage.

P.S.: Depuis l'entrée du tunnel donc, moins d'une heure et demi pour accéder au pic, en remontant la vallée de droite (quand on regarde l'entrée du tunnel). Et puis ça vaudrait peut-être le coup de redescendre jusqu'à Bielsa de l'autre côté et d'aller visiter le musée.