vendredi 21 octobre 2016

La Munia, 3133 m, et le cirque de Troumouse (65/Aragon)

Le pic de la Munia (Almunia en espagnol) est le point culminant du majestueux cirque de Troumouse dans les Hautes Pyrénées. On peut décider d'aller visiter les crêtes en passant par le versant aragonais. En remontant la vallée pastorale de Chisagues par une belle piste qui part de Parzan jusqu'à environ 1900 mètres d'altitude, ce versant (après avoir passé un petit col Las Pueras des Ibons à 2533m)  est en effet parsemé des très beaux lacs de la Munia, juste avant le col du même nom à 2853m, sur le crête du cirque. Je n'ai pas trouvé de signification satisfaisante pour le nom du sommet : Era Munia serait la « moniale », d'origine espagnole. Sinon, son origine peut être latine, moenia voulant dire « murailles », ce qui correspond bien à son relief. Ou alors Almunia en arabe mais je ne sais pas ce que cela veut dire.

Photo 1 : de bon matin, au bord du lac de la Munia. Au fond, le Cylindre du Marboré et à droite le Marboré.
Jusque là (donc le col) aucune difficulté... Puis ça se complique et jusque bout. Le seul inconvénient de cet itinéraire est de ne pas faire la boucle de tout le cirque et, une fois arrivé au pic Heid (3022m), il faut faire demi-tour. Mais j'avoue que franchement le fait de passer deux fois au pic de Serre Mourène (3090m), et son versant est, fut un grand plaisir et j'ai préféré qu'il en soit ainsi: d'abord à la descente où je n'étais pas très fringant et à la remontée au retour, dépassant certains, emmené par Alain (il fait bien sûr en fonction des capacités de chacun, car du début à la fin il est concentré et attentif à vous) et là c'était franchement grisant. Sur une grande partie il faut donc être encordé. Alors une fois de plus j'ai fait appel, comme vous l'avez compris, à Alain, guide professionnel, et aussi de très agréable compagnie (finalement c'est presque aussi important) parce que je trouve qu'il en rajoute jamais. C'est vrai que cela change le rapport à la montagne. On en oublierai presque les difficultés insurmontables seul, un fois celles-ci passées et que la grosse concentration lors de la descente un peu sur les fesses (oui je suis un peu tendu dans ce genre de situation) suspendu à la corde que tient fermement Alain,
- Allez lâche le rocher... lâche, tu peux y aller.. Je te tiens.
a fait place à une grosse fatigue (fatigante... oui ça peut se dire aussi...):
- Pff, même pas besoin de guide...
Mais il nous permet indéniablement de progresser. On peut lire d'ailleurs un article intéressant dans Pyrénées-Magazine, N°22, Août 1992, La longue marche d'un guide (Jean Louis Lechêne) où sont abordés notamment les rapports entre guide et clients.
Photo 2 : La face est sur la crête conduisant au pic de Serre Mourène. Dans mon pyrénéisme personnel, peut-être un des endroits les plus emblématiques.


Photo 3 : Depuis le pic Heid (3022m), en ce 24 septembre, de gauche à droite, le pic de Troumouse, le pic de Serre Mourène et la Munia. Le cirque de Troumouse est donc à droite, avec le petit glacier de la Munia.
L'autre difficulté réside dans le fameux pas du chat, entre le col de la Munia et le pic de la Munia, côté II+, où la corde m'a paru nécessaire, même si le passage (5 mètres sur paroi lisse avec quelques fissures) est aménagé d'une corde (dans quel état? un peu usée). Ce n'est pas spécialement vertigineux mais bien lisse et il ne vaudrait mieux pas dégringoler les quelques mètres présents...
Dire que l'endroit m'a paru exceptionnel permet d'enfoncer quelques portes ouvertes tant les versants du cirque sont vertigineux, sa morphologie circulaire quasi parfaite et sa taille imposante (4 kilomètres de diamètre), que la vue sur le massif du Mont Perdu est parfaite et que les lacs de Barroude sont là en contre-bas, très beaux (photo ci-dessous). Et que c'était partagé.
Photo 4 : Les lacs de Barroude. Ne cherchez pas le refuge gardé, il n'existe plus...
Voilà  c'était vraiment une journée particulière.
Merci Alain.

dimanche 9 octobre 2016

Pic de l'Aiguillette, 2517m, la frontière sauvage (65).

On pourrait se laisser abuser par la photo ci-dessous ou les différents slogans publicitaires des différentes agences de tourisme et se dire que nous sommes là dans des contrées vraiment sauvages. Penser aux 6 isards que nous avions croisé, regarder les parois du cirque de Barroude et sa flopée de 3000.

Photo 1 : En redescendant, à l'approche du tunnel (bouche nord
 Et puis, finalement, se rendre compte que la bouche nord du tunnel de Bielsa est juste là en bas, que le port vieux de Bielsa, en témoigne la largeur du sentier, a vu passer depuis des siècles voyageurs,  commerçants, trafiquants en tout genre. Que le sommet, sus mentionné, et ses compères le long de la crête apparaissent bien accueillants, depuis des siècles aussi, pour la dent des ovins. Et que, ce port, lors de l'hiver dramatique de 1938, comme en témoigne la plaque installée 70 ans plus tard, a vu passer les soldats de la 43ème division de l'armée républicaine espagnole. "A cuantos cruzaron este puerto para romper el bloqueo de la "bolsa de Bielsa" por defender la libertad frente el fascismo. En honor a la poblacion civil del alto Aragon y a la 43 division republicana.  DIGNIDAD, MEMORIA Y PAZ."

Photo 2 : A l'approche du port Vieux, vue sur les murailles du cirque de Baroude et le pic Heid dans les nuages (3022m)


Alors bien sur, le poids de l'histoire, la beauté et la rudesse de la nature, mais surtout pas une frontière sauvage.

P.S.: Depuis l'entrée du tunnel donc, moins d'une heure et demi pour accéder au pic, en remontant la vallée de droite (quand on regarde l'entrée du tunnel). Et puis ça vaudrait peut-être le coup de redescendre jusqu'à Bielsa de l'autre côté et d'aller visiter le musée.


vendredi 26 août 2016

Le Cylindre du Marboré 3328m (Aragon), quand tous les chemins ne mènent pas au Mont Perdu (mais celui-ci quand même...)

Non tous les chemins ne mènent pas au Mont Perdu, mais quand même...  Avant de songer à y dormir, au sommet, avec Manu, on pensait aller visiter le Cylindre et puis finalement on aura fait l'inverse. Après le pas de l'isard, en venant de la Brèche de Roland, du refuge des Sarradets, et du col des Tentes, il ne faut pas trop se tromper entre tous les itinéraires qui mènent vers l'est et notamment le refuge de Goriz. Il s'agit en effet de choisir le bon étage de gradins dans ce versant sud du massif calcaire, le plus haut d'Europe, qui ressemble à une succession d'amphithéâtres. Évidemment, mon choix ne fut pas le bon et nous sommes restés sur un gradin vers 2700/2800 mètres d'altitude, par un chemin cairné (au milieu des edelweiss), et obligés finalement de poursuivre, sous les falaises infranchissables, jusqu'à la voie normale du versant sud du Mont Perdu que nous avons prises jusqu'au lac Glacé du Mont Perdu (2980m). De là, on remonte le couloir, qui se relève fortement dans sa partie finale, et qui mène presque directement au sommet. Quelques personnes au lac pour passer la nuit et nous, et P. rencontré sur la partie finale pour bivouaquer au sommet (3 espagnols nous rejoindront).

Photo 1 : Depuis le sommet du Mont Perdu, en fin de journée, vue sur le Cylindre du Marboré, le lac Glacé du Mont Perdu, et la voie pour le sommet entre les deux. La hourquette à gauche.
 Le panorama est époustouflant, et je peux tranquillement l'étudier en prenant ma petite Pietra... Le sac était lourd (en plus des réserves d'eau car j'avais peur d'en manquer dans ce massif calcaire). On peut observer ainsi l'itinéraire du lendemain vers le Cylindre, voir les deux canyons (Anisclo et Ordesa), la vallée de Pineta au nord, le lac Glacé et le refuge de Tuquerouye, et puis tous ces sommets dans toutes les nuances de couleurs dans lesquelles vient se porter, une fois l'heure fatidique arrivée, l'ombre géante du Mont Perdu. La nuit fut belle et presque douce, sans pollution lumineuse, et la lune tellement lumineuse et éclairante, que, me réveillant en pleine nuit, j'ai cru dormir sous un lampadaire (mais avec la voie lactée derrière)...

Photo 2 : L'ombre du mont Perdu qui se projette au couchant vers l'est et la vallée de Pineta. A fond, à droite su sommet de l'ombre, le massif des Posets.

Alors bien sûr, même si, le chemin est long pour venir jusqu'ici (qu'on est vraiment pas les seuls...), et que la partie finale du couloir se relève un peu, que nous sommes dans un milieu de haute montagne, et que donc il faut se le gagner, relativisons un peu... Rondo et Laurens, les deux premiers vainqueurs officiels du sommet, le 6 août 1802, suivis le 10 du fameux Ramond de Carbonnières, furent menés là haut par les mêmes guides, bergers qui probablement connaissaient déjà l'itinéraire pour y être probablement montés auparavant, comme pour beaucoup d'autres sommets pyrénéens. Même si à l'époque, les glaciers, sur le versant sud, étaient beaucoup plus fringants qu'aujourd'hui.

Photo 3 : Le lac Glacé du Marboré au pied du refuge de Tuquerouye, dans sa brèche.
 Pour le chemin du retour, décidés, avec P. aussi qui fera un bout de chemin avec nous, nous redescendrons rapidement le couloir pour remonter en face quasiment le même au dessus du lac, celui qui monte à la hourquette supérieure (3184m). Car tout le reste du sommet du Cylindre est constitué de falaises infranchissables pour un homme normal!!! Là, se rencontre la première difficulté (et non des moindres) pour poursuivre jusqu'au sommet : on a le choix entre 2 couloirs qu'il faut franchir. Celui de droite est plus difficile (avec un point d'ancrage pour rappel) que celui de gauche (un cairn au pied), côté II. Nous emprunterons donc ce dernier sachant que la roche peut être lisse mais il est plus abordable. Alors je m'y engage, je monte 3 mètres, puis je redescends, pour voir si ... je peux redescendre. Et ainsi de suite, je reconduits l'opération jusqu'à passer les difficultés. Donc bien sûr, chacun prend ses responsabilités dans ce cas, car ceci n'est pas un guide. Et la corde pourra sembler bien utile. Une fois sur la crête, plutôt large, il reste une dernière difficulté, un petit escarpement, à franchir avant d'accéder au large plateau sommital. Elle ne sera pas à négliger car les prises n'y sont pas nombreuses, et j'ai trouvé qu'on y était assez engagé... J'y étais super concentré, ça va de soi. Mais la récompense est au bout.
Avant de rentrer enfin sur la brèche, on peut rendre visite au pic du Marboré (3248m) et aux pics de la Cascade (3161/3106/3095m) qui ne sont pas difficiles en soi. Mais il faudra être vigilant sur le choix de l'itinéraire avec les pics des Cascades en empruntant le bon gradin, en évitant celui qui reste directement sous l'Épaule, mais rejoint, un peu plus bas, la ligne de crête sur le cirque de Gavarnie.

Spéciale dédicace à Manu et Xipo, sans qui je ne serais peut-être pas monté au Cylindre ce jour-là.
(Autres photos plus tard)

mercredi 17 août 2016

Ballade romantique au Schneeberg (1051m) dans les Fichtelgebirge, Allemagne (nord-Bavière).

Photo 1 : A gauche, surmonté d'une tour de télécommunication géante (héritage de la Guerre froide car nous sommes à une quinzaine de kilomètres de la frontière de l'ex-Tchécoslovaquie et une  cinquantaine de l'ex-RDA), le point culminant des Fichtelgebirge le Schneeberg 1051m d'altitude. le deuxième sommet à droite est le Rudolfstein (866m).
Ici dans le nord de la Bavière le massif des Fichtelgebirge, modeste par les 1051m de son point culminant, avec ses formes arrondies, ses formations rocheuses particulières et ses grandes forêts d'épineux ou feuillus (Fichte en allemand signifiant épicéa) offre tous les ingrédients pour une ballade romantique. Alors en partant du petit village de Meierhof,  en pénétrant de suite dans la forêt (et ses nombreux myrtilliers du sous-bois), on commencera par le Rudolfstein (Stein c'est pierre) et ses formations granitiques si particulières, d'où on émergera au dessus de la canopée et à l'horizon plein est, dépasseront dans un premier temps les 3 formations rocheuses des 3 Bruder (3 frères) puis au fond le Schneeberg (schnee c'est la neige et berg la montagne) qui domine le tout. On pourra alors repenser au très beau tableau de Gaspar David Friedrich, Le voyageur au dessus de la mer de nuage et se prendre pour le héros solitaire (surtout lorsqu'on ne croise personne... comme en ce matin du 10 août et que la météo persévérera globalement dans la grisaille )

Photo 2 : Depuis le sommet du Rudolfstein où une passerelle et des escaliers permettent de monter

Photo 3 : Les formations rocheuses granitiques du sommet du Rudolfstein, issue de l'érosion naturelle du sol. Ces roches étaient donc dans le sol. Mais la structure géologique du massif reste complexe et peut être un paradis pour les géologues. Ce massif marque la limite de partage des eaux entre la mer du nord et la mer noire.
 Bien sûr on pourra toujours relativiser l'aspect naturel de la ballade car celle-ci s'inscrit dans un paysage assez humanisé (on y a cependant observé les traces d'un loup solitaire, et ce n'était pas moi!) dans le sens où la forêt ici présente est exploitée et gérée et qu'au pied de la montagne les villages s'égrènent dans un paysage agricole et champêtre, avec quelques charmants villages issus souvent de l'activité minière ancienne comme Weißenstadt qui aimerait bien se transformer en Bad -Weißenstadt (Bad c'est bain...) et les lacs autour. Et puis donc au sommet du Schneeberg, cette station d'écoute... Mais l'ensemble est intéressant et joli : ça m'a plu franchement (les fontaines en bois aussi). Et puis aller visiter des amis dans un pays étranger (ou simplement visiter ce pays) sans aller se dégourdir les jambes dans la montagne me parait peu concevable.
L'ensemble doit pouvoir se faire en une grosse demi-journée puisque le point de départ est assez haut en altitude, environ 650mètres.
Photo 4 : A vous de trouver la trace de l'itinéraire...

samedi 30 juillet 2016

Pic du Seil de la Baque, 3110m, Haute Garonne, au bout de la vallée d'Oô.

Alors voilà, que devant mon écran, en ce mois de juillet 2016 pas terrible, on peut voir une fenêtre et prendre la voiture pour venir dans le Luchonais avec l'idée de parcourir une bonne partie de la crête du Seil de la Baque pour aboutir au pic du même nom (3110m), en passant par le gracieux Cap du Seil de la Baque occidental (3097m), après avoir laissé le glacier au dessus du col du pluviomètre (2900m) au dessus du lac du Portillon et avoir passé la nuit au si agréable refuge d'Espingo, 1967m. Car il fut un temps où l'on passait peu de temps (voir pas du tout) devant son ordinateur pour savoir si la météo allait être correcte et qu'on pourrait aller ainsi gambader dans la montagne. On était probablement moins stressé et plus patient...
Photo 1 : La pointe du Cap du Seil de la Baque occidental (3097m), à droite, puis en allant vers la gauche le Cap du Seil de la Baque oriental (3103m) pour finir par le pic de Seil de la Baque (3110m), au centre, le plus haut. D'après P.René (Glaciers des Pyrénées, Editions Cairn), "Seil de la Baque signifie littéralement "glacier de la vache". Ce toponyme reste énigmatique car il est difficile d'imaginer des troupeaux de bovins à une telle altitude. Peut-être qu'à une époque, depuis un point de vue précis, l'aspect du glacier rappelait la silhouette d'une vache?". La surface et le volume du glacier ont bien diminué depuis le 19ème siècle. Photo prise en montant à la Tusse de Montarqué.
 Alors pendant que la météo me disait que ce n'était pas le moment d'aller se promener, j'y suis allé virtuellement, en consultant tous les sites qui raconteraient l'itinéraire envisagé, des plus sécuritaires aux plus légers. Finalement, j'ai fini par me dire que la meilleure solution était encore d'aller voir sur place et que si vraiment ça nous paraissait dangereux, on s'arrêterait et on rebrousserai chemin... Simplement. On a juste appelé le refuge et le gardien nous a conseillé (aussi pour réserver la nuit et le repas...).
Donc jusqu'au lac du Portillon, on est sur un circuit hyper balisé. Puis de là, l'itinéraire, bien cairné, file à l'aller sur la Tusse de Montarqué, 2889m, (au retour on passera à flanc en dessous), pour aboutir au col du pluviomètre. La Tusse est au milieu et constitue un beau belvédère. On suit la crête qui monte sur le glacier (ce qu'il en reste et pour s'en rendre bien compte on peut regarder les photos de couverture du livre de P.René, évoqué ci-dessus) et aboutit au pied de la dernière partie, pyramidale, constituée de blocs. Le sommet du Cap du Seil de la Baque est là. Ensuite, il faudra suivre la ligne de crête, assez aérienne souvent, jusqu'au sommet principal. Franchement, ce qui était écrit dans le Guide des 3000 de L.Alejos, m'a paru le plus pertinent. C'est ici que la sagesse de chacun vous dictera ce que vous avez à faire. Elle vous dira peut-être aussi de ne pas laisser votre appareil photo dans le sac que vous aviez laissé au cap. Mais bon, là aussi franchement, les photos ne rendent pas toujours dans ces endroits-là. Et puis si c'est juste pour les mettre sur un blog... Ah ah ah.
Alors voilà que plus je parcours cette vallée d'Oô et plus je l'aime. Je trouvais cette pyramide du Cap du Seil de la Baque, au dessus de son glacier, particulièrement gracieuse mais nous y retrouver avec Manu là-haut fut un moment particulier, notamment au retour après avoir visité la crête. Et puis, faire une pause à la descente au refuge d'Espingo, prendre une bière (avec un sirop), regarder le sommet du Cap ou nous étions (et les autres), regarder aussi les randonneurs qui viennent jusqu'ici et semblent contents, certains semblant repousser leurs limites, avoir signalé également notre retour aux gardiens du refuge... Tout ça quoi...

Photo 2 : De bon matin, près du lac Saussat, non loin d'Espingo, oh une salamandre. Signe de propreté des eaux.
 Et puis dans l'euphorie du reste de la descente (ou la bière alors), je me suis dit que monter simplement ici, pour venir manger, passer la nuit, regarder les montagnes et redescendre le lendemain, pouvait contribuer grandement au bonheur. Et puis plus bas, au lac d'Oô, en regardant la profondeur du bleu de l'eau et les versants qui plongent dedans avec cette cascade, je me suis dit presque pareil, monter ici manger et regarder les montagnes jusqu'à ce qu'il n'y ait que les étoiles... Du coup, on s'est mis à courir, sans s'arrêter, jusqu'en bas, jusqu'aux granges d'Astau, où là aussi c'est bien. Courir avec les les sacs chargés, et Manu avec ses crampons (dans le sac bien sûr...enfin sur le côté, pile sur ses côtes) tout neufs achetés la veille à Luchon, juste avant la fermeture et même pas utilisés... Aïe Aïe Aïe...

jeudi 28 juillet 2016

La Soulane d'Andorre (et le pic de la Cabaneta 2843m), suite et fin.

Passé l'impatience de début de saison, on peut revenir en cette première semaine de juillet et voir une soulane bien verte et colorée de mille fleurs. Alors cette fois-ci on prendra le chemin des crêtes, sans aucune difficulté technique. Mais depuis l'Hospitalet près l'Andorre, à 1440m d'altitude, via le barrage du Sisca et le col des clots (2169m), on grimpera à 2843 m au pic de la Cabaneta. Pour le chemin du retour, on prolongera sur la crête jusqu'à la porteille du Siscaro, d'où on descendra à droite dans la vallée du Sisca.
Photo 1 : Le 2ème lac des Clots à 2337 mètres d'altitude (3heures de marche depuis L'Hospitalet)
Photo 2 : Le même avec le Pas de la Casa en arrière plan. Et oui, on est bien en Andorre.
Photo 3 : Depuis le Cap de la Cometa del Forn, 2691 m, vue sur le Roc Mélé, 2811m. En poursuivant sur la crête, on parvient, peu de temps après, au pic de la Cabaneta.

Photo 4 : Depuis le Pic de la Cabaneta, vue sur l'étang du Sisca, dominé par le pic de l'Albe 2764m, et le pic de Nérassol, 2633m, à droite.
A partir de l'article de M.David dans le Bulletin de la Société Ariégeoise des Arts, Lettres et Sciences (1992, Tome 47, 22p.), un petit retour sur l'histoire de ce lieu particulier nous permettra de comprendre pourquoi ce petit territoire sur le versant atlantique est finalement aujourd'hui de souveraineté andorrane. Il convient d'abord de rappeler qu'au Moyen Âge, les vallées d'Andorre étaient sous co-suzeraineté de l'Evêque d'Urgell et du Comte de Foix. Ces derniers possédaient l'entière souveraineté sur leurs propres terres. Mais où passaient la frontière? Un procès verbal connu sous le nom de Rondaire, daté de 1272, permet de délimiter les frontières de manière précise. D'autres documents du début du 14è confirmeront que la Soulane, tout comme le bassin supérieur de l'Ariège, faisait partie du Comté de Foix.
Le Comte de Foix pourra alors en tout honnêteté donner toute ou partie de la Soulane aux Hospitaliers de Saint Jérusalem qui avaient fondé l'ospital de Saint Suzanne, à l'emplacement de l'actuel village de L'Hospitalet près l'Andorre, et qui étaient les seigneurs directs de la Soulane. Ils en affermèrent au moins en partie aux paroisses andorranes mais la date reste inconnue. Jusqu'en 1646, des documents montrent bien que les hospitaliers sont bien bailleurs et non pas locataires de la Soulane. Dans le même temps, il est fort probable que les habitants de Mérens aient continué à exploiter ces pâturages car ils en avaient le droit d'usage.
Mais au tournant du 18ème siècle, suite à la décadence du grand prieuré de Toulouse qui se désintéresse des possessions pyrénéennes et à l'assiduité des andorrans à mener leurs troupeaux sans payer de redevance, une nouvelle période va s'ouvrir et voir la Soulane changer de propriétaire. En 1603, l'arrentement de Mérens et L'Hospitalet est très clair, en 1705, on ne mentionne déjà que diverses rentes à Mérens ne sachant précisément en quoi elles consistent. C'est avec la grande peste de Marseille, qui se propagea dans tout le Midi en 1721 que se précipitèrent les évènements.
Pour limiter la circulation, les andorrans firent placer la garde civile espagnole à mi-pente de la Soulane et entraîna des conflits sanglants entre les 2 parties mais on reconnut que la montagne était bel et bien française. Suite à de nouvelles rixes, les méringeois soumirent l'affaire aux tribunaux, en dernier recours devant l'intendant du Roussillon. En attendant le verdict, on interdit aux méringeois d'envoyer des bestiaux sur la Soulane et le verdict fut rendu seulement 3 ans plus tard, en 1729, et fut défavorable aux ariégeois. L'affaire avait été réunie à 2 autres affaires qui n'avaient pas forcément de rapport avec (droits d'usage et de dépaissance au col du Puymorens entre ariégeois et cerdans, et litige sur perception des droits sur du minerai de fer extrait sur le versant ariégeois du Puymorens, en fait les mines du Puymorens). Les 3 affaires firent l'objet d'un seul jugement.
Le tribunal avait fondé son jugement sur la sentence arbitrale de 1304. Mais les 2 divergeaient sur un point : la sentence fixant la frontière au ruisseau de Palmerols (censé constituer une des sources de l'Ariège) et le jugement au ruisseau de Palomera (juste après l'actuel tunnel routier, voir carte IGN). La Soulane est ainsi devenue andorrane. La suite du 18ème siècle ne sera qu'une suite de contestations et autres requêtes des méringeois mais rien n'y fera. Ce n'était probablement pas la première des préoccupations de la royauté française. En 1785, un bail mettant un terme au conflit fut signé entre les 2 parties stipulant que les andorrans acceptaient de louer la Soulane aux ariégeois tout en renonçant eux-mêmes à y envoyer les leurs. Tout le 19ème siècle sera émaillé de très nombreux incidents (non paiement des loyers, non respect des zones de dépaissance...). La dernière requête semble avoir été faite en 1899.
Le moment où cette affaire de la Soulane a atteint son paroxysme correspond aux phases de croissance démographique importantes (18ème et surtout 19ème siècle), à un moment de l'histoire où était pratiquement atteint le maximum dans les déboisements et donc la mise en pâturage des montagnes. C'est là que les conflits furent les plus violents. L'équilibre entre population et possibilités en pâturages était atteint. La perte de l'usage d'une estive restaient le plus grand malheur qui puisse arriver à ces populations pastorales. Chacune des parties saisissaient la moindre occasion pour agrandir son territoire pastoral, soit en laissant divaguer par inadvertance les troupeaux sur les pâturages du voisin ou soit en profitant d'une grave crise, comme ce fut le cas en 1721 ou 1631-2 (peste aussi). On dit qu'il ne resta plus qu'une trentaine d'habitants à Mérens...


samedi 23 juillet 2016

Pics Occidentaux de la Maladeta (3254m-3220m-3185m) et pic Le Bondidier (3185m) dans le Haut Aragon.

Il s'agit là de venir visiter la partie occidentale du massif de la Maladeta, le plus haut des Pyrénées dans le Haut Aragon. En ce 19 juillet (et tout juillet et Août), on partira de bien bas, en l'occurrence le parking El Vado (vers 1700m, après Benasque), juste avant l'Hospital de Benasque (lire à propos de ce dernier, le numéro 163, Janv./Fév. 2016 de Pyrénées magazine). En juillet et août donc, un service de bus (dès 5 heures du mat.), vous transportera pour pas cher au terminus de la piste La Besurta, à 4km, d'où 45 minutes seront nécessaires pour arriver au refuge de la Rencluse. De là, on partira vers le collado de Alba (3080m) dont la partie finale est raide et instable. Au refuge, il faut traverser le torrent de la Maladeta et rester rive droite du torrent d'Albe, après avoir traversé un chaos rocheux. (y faire quand même attention car ce serait bête de s'y planter... surtout en descendant quand on est bien fatigué) : 2h45 d'ascension...

Photo 1: Le 1er pic Occidental est celui en forme plus ou moins de pyramide, qui dépasse derrière un autre, au centre, entre les deux glaciers (il est appelé également le pic Cordier 3254m). Puis vers la droite, le 2ème pic, le pic Sayo 3220m et enfin le 3ème, le pic Mir 3185m. Le plus à droite qui dépasse est la Diente d'Alba et l plus à gauche, le pic de la Maladeta 3308m. De bon matin, il va sans dire... Le chemin se poursuit vers le collado d'Albe entre le pic Mir et la Diente d'Alba.
 Pour au moins deux des sommets de la liste (les deux plus hauts), on ne verra pas de difficultés réelles. Peut-être serait-il mieux de venir par ici au mois de juin pour bénéficier d'un enneigement permettant de redescendre tranquillement. Pour les deux autres, notamment le pic Le Bondidier, côté PD, il s'agira d'être attentif. Mais il n'y a pas, dans ce dernier cas, de couloir impressionnant ou de difficultés de ce genre. Il faut néanmoins grimper, sur la partie finale, dans un environnement parfois un peu aérien, sur le versant occidental, à partir du collado (col) Cordier.

Photo 2 : La partie finale du pic Le Bondidier.
Photo 3 : Il me semble avoir pris la photo depuis le pic Cordier mais j'ai un doute... Vue sur l'immense lac de Cregueña (43,3 hec.) et le pic d'Aragüells, qui surplombe le fond du lac, à gauche. Finalement, même si ces sommets pâtissent un peu de leurs voisins prestigieux, et que la fin est un peu dans les éboulis, les panoramas, notamment,  justifient tout de même leur visite.
Pour le 3ème pic Occidental (3185m), le plus près du collado d'Alba, après avoir franchit ce dernier, il m'a semblé qu'il valait mieux l'aborder par le côté occidental en remontant les éboulis (un peu cairné) pour déboucher à gauche (quand on regarde donc en montant) du sommet par un semblant de couloir pas très difficile qui atteint la crête (PD-). Par l'autre côté, c'est à dire en gagnant la crête par la droite, avec pour objectif un col qui semble évident d'accès, on finira par buter sur une brèche, à mon avis, infranchissable sans corde, à moins de se prendre pour un écureuil volant. (voir photo ci-dessous).
Photo 4: Photo prise du vrai sommet du pic Mir.  Et pourtant, lorsqu'on arrive en premier par en face, on voudrait bien 
être sur le véritable sommet. Mais non, il semble bien qu'il y ait un bon mètre d'écart... grrrr. Et puis le guide des 3000 de L.Alejos le spécifie bien, mais semble oublier cette brèche.

Photo 5 : Depuis le pic Sayo, vue sur, en arrière plan de gauche à droite, le pic d'Aneto (qu'on ne présente plus), et le pic del medio (3346m), la pointe d'Astorg (3355m) avec le petit rocher qui dépasse (moins petit lorsqu'on est dessus) et le pic Maudit (3350m).

dimanche 17 juillet 2016

Pic du Portillon d'Oô 3050m, Haute Garonne.

Photo 1: Le pic du Portillon d'Oô, à droite du portillon d'Oô et le refuge du Portillon devant. On aura compris qu'on est au portillon ou pas loin... A gauche, qu'on ne voit pas, la crête se poursuit vers le pic de Perdiguère, d'où sur le chemin, la vue sur la partie finale du pic du Portillon est intéressante
Voilà un sommet de la Haute Garonne pas forcément facile. Le refuge du Portillon permettra de couper l'ascension. Mais après cette pause, il faudra composer avec un milieu de haute montagne et attendre peut-être, dans la saison, par ce versant que la neige ait suffisamment fondu pour éviter un premier passage très exposé au dessus, à gauche en montant, du lac du Portillon. Ensuite, on remonte la moraine, un peu croulante, que l'on peut voir sur la photo ci-dessus (à gauche) avant le petit glacier du Portillon (qui faisait partie avant du glacier du Seil de la Baque, aujourd'hui plus à l'ouest). Celui-ci semble encore étendu mais en fait il y a encore de la neige en cette saison qui semble agrandir sa surface. Alors on mettra les crampons pour le gravir (heu c'était un peu raide et encore dur en cette fin de matinée) pour arriver au col. A ce moment-là, surviendra la vraie difficulté du parcours, en l'occurrence un couloir (Difficulté de niveau II, voir photo ci-dessous) parfois décomposé, et qui pour être honnête m'a un peu impressionné au départ. Il y a un ancrage pour faire un rappel mais comme je n'avais pas de corde...

Photo 2 : Photo prise au sommet du couloir. En contre-bas, le col du Portillon d'Oô.
 A ce moment est arrivé un couple équipé pour faire une traversée par les crêtes qui s'est lancé dans un rappel qui m'a fait fortement douter.
- C'est comment là haut? Après? (en criant un peu fort parce qu'ils étaient un peu loin)
- ...
- Mais vous pensez que je peux monter sans corde?
- Ben ça dépend de vous. Je ne sais pas si vous êtes à l'aise ou pas...
- Mais vous pensez que c'est possible? 
Voilà, bien sûr le doute m'a fait oublier la courtoisie et commencer par un bonjour (au minimum) peut-être... Finalement j'aurais pu donner un titre différent Un blaireau au portillon d'Oô... Ça rime. Donc on ne s'engagera pas là sans une bonne expérience de la haute montagne. Donc là ce n'est pas un guide.
Le reste du cheminement se poursuit sur la crête parfois un peu aérienne jusqu'au sommet qui est constitué d'une sorte de petite plate-forme entourée de quelques blocs (un peu comme au Quayrat voisin) qui en font presque une forteresse. Il s'agira alors de grimper peut-être sur le plus grand...

Photo 3 : Sur le chemin au dessus du lac du Portillon, il vaut mieux être sûr de ses pas. Vue sur le pic du Seil de la Baque 3110m, à gauche et du Cap du Seil de la Baque 3103m, à droite. Complètement à droite dépassent les Pic des Gourgs Blancs et Jean Arlaud. Et en dessous, ce qu'il reste du glacier du Seil de la Baque qui était selon Pierre René dans Glacier des Pyrénées, le 2ème plus étendu de la chaîne (en 2012, 10 hectares) et qui a donné son nom aux sommets alentours et non l'inverse.
Pour le reste, le chemin jusqu'au refuge est particulièrement balisé et fréquenté. C'est vrai que la vallée d'Oô, depuis les Granges d'Astau, est un des endroits les plus fréquentés des Pyrénées et qu'on peut traverser tous les étages de la végétation pour finir par admirer les restes du glacier.

Photo 4 : Juste après le refuge d'Espingo (au retour). A l'aller je ne l'avais pas vu,  j'étais trop concentré...

dimanche 26 juin 2016

Le Vignemale 3298m (Hautes Pyrénées), au dessus des autres.

Photo1 : Depuis le refuge de Baysselance, de bon matin avant de partir vers la Pique longue du Vignemale (3298m), la plus à droite. Puis en allant vers la gauche, la Pointe Chausenque (3204m), le Petit Vignemale (3032m) et pour finir le Montferrat (3219m).
La Pique Longue du Vignemale (3298m) est le point culminant des Pyrénées françaises sur la ligne de partage des eaux. Mais elle n'en est pas pour autant la course la plus difficile si on l'aborde par le glacier d'Ossoue. Le Guide des 3000m de Luis Alejos la classe en F(facile)+. On ne s'y aventurera pas pourtant de manière légère car on évolue dans un milieu glaciaire donc de haute montagne. Ceci dit en cette fin de juin où la neige recouvre comme il faut le glacier, le cheminement semblait évident car la trace part directement jusqu'au pied de la paroi finale où on posera peut-être les mains quelquefois.

Photo 2 : En montant vers le refuge, par la vallée d'Ossoue depuis Gavarnie (la piste carrossable s'arrêtant au barrage d'Ossoue à 1834m), vue sur le bas du glacier d'Ossoue et le cheminement qui attendait pour le lendemain matin. Le Monferrat est à gauche.
 Ce n'était pas le seul objectif car je voulais en fait cheminer sur plus ou moins toute la crête qui permet de visiter tous les sommets de ce massif où on a l'impression d'être suspendu au-dessus du reste. En ce jour du 23, le soleil et la chaleur étaient au rendez-vous et le panorama vaste. La vue sur le massif de Gavarnie est impayable. Le circuit complet depuis la Pointe Chausenque (3204m), et même en fait de l'Epaule de Chausenque (pointe secondaire à 3154m), en passant par le Piton Carré (3197m), la Pique longue donc, le Clot de la Hount (3289m), le Cerbillona (3247m, au fond), le pic Central (3235m, en face de la Pique Longue) jusqu'au Monferrat (3219m) de l'autre côté du cirque n'offre pas de difficultés techniques insurmontables mais certains passages côtoient les grands versants abrupts de plus de mille mètres et l'ensemble reste parfois bien aérien. Depuis le refuge, moins de six heures ont été nécessaires. A part la Pique Longue tous sont côtés F (Facile) lorsqu'on les aborde de front. Ce sont juste mes impressions, alors comme je ne savais pas trop où j'allais mettre les pieds, tant pour le glacier (et ses éventuelles crevasses) que pour la crête, j'ai à nouveau fait appel à Alain. Et j'ai bien fait. Enfin, vous n'aurez pas beaucoup de photos (c'est un peu dommage...) car nos batteries se sont vidées avec l'altitude dès le sommet du Vignemale.
Photo 3: Photo du glacier d'Ossoue, prise en montant vers l'Epaule de Chausenque. De gauche à droite, le Pic Central (3235m), le Cerbillona (3247m), le Clot de la Hount (3289m) et le début de la Pique Longue, au bout de la trace. C'est du col au fond, que s'élance à ski Marilyne (Hélène Filières), dans l'épilogue du film des frères Larrieu, "Un homme un vrai". Au pied de la paroi directement à droite, sont creusées 3 des quatre grottes du comte Henri Russel (on peut ire alors ses "Souvenirs d'un montagnard").
 Si je n'ai pas éprouvé de particulières difficultés physiques, rarement un sommet m'a fait cette impression dans les Pyrénées : celle d'être sur la lune. Et pas vraiment envie de redescendre. On comprend alors le Comte Henri Russel qui s'était fait creuser ses fameuses grottes sous le Clot de la Hount. J'ai eu une affection particulière pour le Piton Carré, un peu coincé entre ses deux voisins, élégant, au débouché des couloirs de la face nord, verticale, au dessus des Oulettes. Même si on aime la montagne à vache, ce milieu de haute montagne était particulièrement grisant.

Photo 4 : En arrivant au refuge de Baysselance où l'accueil fut agréable : l'ivresse des sommets, les deux verres de vin chaud (réhydratants...), les innombrables marmottes qui ne veulent pas vous céder le passage (allez on se pousse!!!) ou cette vue en arrivant... Bon, les raisons furent nombreuses. A gauche, le plus grand c'est le Petit Vignemale,  et à droite, le plus petit (de loin) le grand...
Il y avait aussi au refuge un groupe de collégiens (filles et garçons) du Cantal qui faisait l'ascension pour conclure l'année scolaire. Tous n'ont pas pu monter au sommet mais les gardiens du refuge se sont occupés de celui resté et du coup, il a pu passer la journée comme un vrai gardien de refuge.  Il y reviendra un jour. Alors je trouvais que c'était joli comme ça.

Pour prolonger le plaisir ou préparer sa visite, on peut lire le très bon livre de Didier Lacaze, L'aventure du Vignemale (Rando Editions, 1993), qui raconte, à travers des témoignages, l'histoire de ses ascensions, les prudentes, les imaginaires, les engagées... Et puis franchement, l'auteur écrit bien. Ou alors regarder le film des frères Larrieu Un homme, un vrai, dont la dernière scène se passe sur le glacier et certains reconnaîtront peut-être le Piton Carré... Même si aujourd'hui le glacier a dramatiquement fondu...

dimanche 5 juin 2016

Haïti au Marathon des mots 2016

Le dernier week end de juin (du 23 au 26) à Toulouse a lieu le Marathon des mots : évènement qui permet aux lecteurs de rencontrer les auteurs selon des thèmes annuels. Cette année Africa nova, et la condition noire.
Alors dans ce cadre là, une place pour Haïti apparait évidente.

Voici donc une petite programmation sélective et subjective :
- le jeudi 23, 20 h à la librairie Ombres blanches (entrée libre) rencontre entre D.Laferrière (qu'on ne présente plus et qui vient nous faire à Toulouse sa visite quasi-annuelle désormais), L.Leroy (directrice des éditions Zulma) et l'écrivain Makenzy Orcel sur le thème Haïti en toutes lettres.

-le vendredi 24 dès 14h30 rencontre (entrée libre) avec D.Laferrière à la librairie Privat sur le thème Mythologies américaines. Le soir, au cloître des Jacobins (entrée payante et réservation nécessaire), à partir 20h30, il nous fera une lecture de son livre L'odeur du café. En même temps, et c'est bien dommage, rencontre (entrée libre) entre la journaliste Valérie Marin La Meslée, auteure du si beau et si nécessaire (c'est mon avis) Chérir Port au Prince et Makenzy Orcel sur le thème Vue sur Port au prince, à la librairie La Renaissance (1 allée Marc Saint Saëns, métro Basso Cambo).


Photo 1: A lire bien sûr, avant de faire le voyage à Port au Prince.

Photo 2: Port au Prince : en montant vers Pétion-Ville  par la route de Canapé vert, vue sur le quartier de Jalousie.
- Enfin le samedi 25, à nouveau au cloître des Jacobins (entrée payante et réservation), à 11h, rencontre sur le thème L'un et l'autre entre D.Laferrière et l'écrivain congolais A.Mabanckou. Et le soir à la fameuse Cave poésie (entrée libre), rue du Taur, sur le thème Poésie noire, lecture notamment de "Les immortelles" de Makenzy Orcel.

Après les rencontres, je reste sur les premières impressions de lecture, et continue de penser que Chérir Port au Prince est le plus beau livre écrit sur Haïti ces dernières années. Valérie Marin La Meslée, lorsqu'on peut avoir la chance de discuter avec elle, n'a pas besoin de s'excuser de n'être aller en Haïti que lors de voyages de courte ou moyenne durée. Elle a vraiment bien saisi et ressenti la ville et elle connaît son sujet. On n'a pas forcément besoin de vivre le lieu pour bien le sentir. Et ce d'autant plus que dans certaines ONG ou organisations internationales les expatriés sont astreints à des couvre feux et qu'ils sont cantonnés (ou qu'ils se cantonnent tout seul) entre eux...

dimanche 22 mai 2016

La soulane d'Andorre de L'Hospitalet près l'Andorre.

La soulane d'Andorre est ce grand versant qui est souvent déneigé bien avant les autres secteurs de la haute vallée de l'Ariège. Son ampleur et la précocité donc de son déneigement en ont toujours fait un terrain propice au pacage des bêtes en estive pour les éleveurs ariégeois mais aussi andorrans et cerdans. D'ailleurs paradoxalement, elle se trouve en territoire andorran alors que nous sommes sur le versant atlantique des Pyrénées et que les limites de la commune de L'Hospitalet près l'Andorre s'arrêtent à la ligne de crête (avec la vallée du Sisca) et au premier ruisseau en aval celui de Palomera.
Alors pour s'y rendre, au départ de L'Hospitalet, vous remonterez le sentier qui part vers le lac du Sisca et peu avant le barrage du Sisca, vous prendrez à gauche. Le sentier qui vous portera sur la ligne de crête au col des Clots, est indiqué par une pancarte et balisé. Pour le retour, soit on prend le même itinéraire, soit on descend dans la vallée de l'Ariège pour rejoindre la nationale (mais à partir de là, on marche au bord de la route sur un kilomètre pas forcément très agréable). Avant la construction du tunnel, qui occupe de manière peu écologique tout le lit de la rivière, il y avait une petite piste qui longeait la nationale, avec une ancienne cabane et plein de framboisiers.
Photo 1 : Depuis le petit étang sans nom à 2407 m sous le Cap de la Cometa del Forn (2691m). On peut apercevoir au fond, au bout de la route nationale, l'horrible urbanisation du Pas de la Casa. La ligne de crête du fond culmine à plus de 2800 mètres d'altitude. Grâce à son exposition, la Soulane est accessible 15 jours avant les montagnes environnantes, les herbages en sont d'autres part excellents : "Il n'existe pas de meilleure, ni de plus salutaire dépaissance, écrit en 1811, un inspecteur des forêts. Les bestiaux de toute espèce, en quelque mauvais état qu'on les y envoie, sont parfaitement rétablis dans une quinzaine." La Soulane faisait partie de tout un circuit qu'empruntaient les troupeaux pendant la saison d'estive, car il fallait gérer les ressources en herbes.
Ceux qui montent par la nationale au Pas de Casa chercher leur pastis ne pourront pas rater la vue sur la totalité de ce versant. Les 4 petits étangs qui s'y nichent ne sont pas très visibles. Mais une petite montée par la vallée du Sisca  et le col des clots permet ensuite de suivre un chemin balisé (rouge/blanc) qui serpente à mi-versant jusqu'e... Je ne sais pas où il s'arrête, probablement au col Dret dans la direction de Soldeu. L'histoire pastorale mouvementée ne transparait pas forcement dans l'aspect plutôt débonnaire qui le caractérise, du bas de la vallée jusqu'aux sommets du pic de la Cabaneta, à plus de 2800 mètres d'altitude. Pour visiter les petits étangs, il faudra laisser le sentier balisé et remonter la pente. Voilà, si n'était le bruit de la nationale en contre-bas, vous ne rencontreriez pas grand monde dans les parages. En ce jour du 15 mai, je ne suis pas allé voir le 4ème lac, le plus haut, car seul le premier était déneigé. La végétation n'est pas encore sortie à ces altitude alors il faudrait revenir début juin.
Photo 2:  Le lac à 2407m d'altitude.
Photo 3 : En redescendant, le long de l'Ariège.



Un jardin sur l'avenue de Muret (mais non j'déconne).

C'est vrai qu'on aurait bien aimé un jardin (partagé ou pas...)
Photo 1 : Sur l'avenue de Muret, entre la rue Gaston Phoebus et l'impasse Barthère, en face du restaurant La Trompette rouge  (où on mange vraiment bien et où l'accueil est chaleureux) juste à l'arrêt du tram Avenue de Muret.
Mais à la place on aura ça (voir le panneau sur la photo ci-dessous) car à Toulouse on n'aime pas construire trop de jardins...

Photo 2: Les arbres sur le panneau existent déjà. Ils ne sont pas visibles sur la photo car ils sont à droite, sur les trottoirs, c'est tout.
Bon, soyons honnêtes, le résultat n'est pas si mauvais car le jardin devant l'immeuble permet de ne pas avoir une barre de béton directement sur l'avenue. Mais on aimerait que ce principe soit davantage appliqué...

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jeudi 28 avril 2016

Jérémie à l'heure...

Nous avons finalement quitté Jérémie et Juliette vers, enfin non à 5 heures pile ce matin, comme il était indiqué sur le billet de bus de la compagnie Grand'Anse Tour ( vraiment ils sont sérieux ). Un peu moins d'une semaine dans la Grand´Ànse, c'est un peu court tant il y a de choses à faire. Mais surtout l'Auberge'Inn de Juliette est un lieu particulier qui peut servir de base de départ et qui finalement aussi était le but du voyage. On y mange vraiment bien, en fait on y fait un séjour gastronomique!!! L'accueil y est chaleureux, Juliette est à l'écoute, le sourire dans les yeux, la décoration est soignée.
On peut alors s'installer sous la galerie dans la dodine blanche et lire tranquillement le rapport de Patricia Balandier et Christophe Charlery sur le patrimoine architectural de la ville qui n'aura alors plus de secret pour vous. Il a été édité en seulement 60 exemplaires, c'est une chance de pouvoir le feuilleter. Il mériterait de l'être davantage et à défaut, il ne reste qu'à descendre en ville voir in situ.
On pourra également aller à la messe du dimanche matin à la nouvelle cathédrale (pas encore terminée et probablement pas de sitôt car apparemment ce n'est pas dans les projets du nouvel évêque) et écouter la grâce et la motivation de la chorale du Lycée de jeunes filles de la ville (avec un rang de garçons au fond qui fait écho) pour le concours des chorales de la ville. Un moment assez déroutant probablement pour ceux qui ne croient pas en dieu et qui auraient de surcroît tendance à être anti-clérical. Tout est possible. Mais cette jeunesse-là est bien une richesse.

Photo 1: Sur la route de Mafranc (photo de Vincent).
Ce qui est possible aussi c'est de prendre une moto-taxi et de se faire porter à Mafranc en remontant la verte vallée de la rivière Gran'Anse pour aller voir les passerelles lancées (par la coopération britannique...) de part et d'autre de la rivière, ou les restes du fort de Mafranc.
Voilà ça m'a parut bien court tout ça et en même temps être en Haïti, et en particulier à Jérémie , tellement ... précieux.
Photo 2 : C'est ouvert...
 Ainsi, on peut repenser au petit garçon dans le bus qui a demandé à Vincent, alors qu'il remontait s'assoir, après la pause, pendant laquelle il a visité le marché attenant plein de mangues :
- Vous êtes Jésus Christ?
- Heu non...

Photo 3 : Une des passerelles après Mafranc (photo de Vincent).
Enfin pour conclure, en Haïti, on mange bien. Et puis l'envie aussi d'y revenir... On pourra alors répondre au policier des frontières de l'aéroport de New York, quand il regarde la liste des pays que vous avez visité avant d'entrer sur leur sol, lorsqu'il vous demande sur un ton mi-moqueur mi-incrédule :
- Et vous passez vos vacances en Haïti?
- (Avec un grand sourire) Oui!!!

Photo 4 : Depuis l'ancien fort de Mafranc.


mercredi 27 avril 2016

Un lundi aux Abricots

Depuis Jérémie, il faut deux heures de taxi moto (1500 gourdes A/R) pour se rendre aux Abricots, petite localité à l'ouest, par une piste qui s'est quelque peu détériorée ces derniers temps. On s'y rend en général pour des raisons précises, soit pour rendre visite à l'admirable Mica, soit pour profiter de la jolie plage qui vient baigner le village.

Photo 1 : Avant le lundi, il y a le dimanche soir.
"La petite plaine des Abricots commence au rivage, et va en s'élargissant jusqu'au point où la rivière de son nom, que l'on passe à l'entrée occidentale de cette plaine, reçoit au dessus du chemin la rivière des Balisiers (...). L'anse des Abricots est l'embarcadère du canton, sur son côté Est est un petit bourg où l'on compte 17 maisons. Des canons le protègent.
Feu M.de Spechbach fit commencer en 1774, à cet embarcadère une jettée à trois rangs de pilotis, chargée de traverses et de madriers; ce travail a été achevé en 1775. La jettée a environ cent pieds de long, et porte une grue à son extrémité. Cette entreprise utile n'aura pas une longue durée, car les vers ont attaqué les pilotis."

Moreau de Saint Méry, Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l'isle de Saint-Domingue (Tome III), Publications de la Société française d'histoire d'outre-mer, Paris, 2004. (1ère édition 1796)
 On peut y loger ( un seul petit sorte de gîte à qui un peu de concurrence ne ferait pas de mal), y manger dans le très bon petit restaurant qui prend vraiment soin de ses clients ( repas de qualité, bon et copieux, service impeccable, réelle ponctualité, produits de la mer en fonction  des arrivées, prix tout à fait raisonnables...), aller y visiter le marché coloré du lundi matin. En se promenant dans les rues, en croisant la jeunesse locale, on ne manquera pas, comme souvent, de vous interpeller, toujours amicalement:
- Hey, américains?
- Non mon cher, français.
Et puis voilà, tous les produits proposés viennent bien de quelque part et effectivement le village des Abricots est au débouché de plusieurs vallées et on se dit qu'une visite à l'intérieur s'impose. Ayou qui habite non loin du gîte se proposera probablement et fera un bon guide. Il nous propose d'aller voir les sauts Balisiers. Moreau de Saint Mery, au 18ème siècle, en fait déjà mention. Deux heures de marche sont nécessaires pour s'y rendre à travers un paysage champêtre vraiment charmant, même si ici aussi le déboisement commence à être notable. Le long de la piste on rencontrera alors de nombreuses petites cases colorées, des stands pour recharge de téléphone portable (aujourd'hui le téléphone portable est une réalité même dans les coins reculés), les ruines d'une ancienne habitation coloniale, des cochons qu'on imaginera facilement en griot (bio)...
Photo 2 : "La plaine des Abricots peut avoir, dans sa plus grande longueur, Nord et Sud, une lieue d'enfoncement, et environ un quart de lieue dans sa plus grande largeur. On y trouve la sucrerie Spechbach, à la laquelle la rivière des Balisiers procure un moulin à eau. C'est sur cette habitation qu'on voit les plus beaux cacaoyers de la Colonie, qu passent aussi pour les premiers qu'on y ait replantés après la destruction de cet arbre en 1736. Ils ont jusqu'à 25 et 30 pieds de hauteur".

 Moreau de Saint Méry, Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l'isle de Saint-Domingue (Tome III), Publications de la Société française d'histoire d'outre-mer, Paris, 2004. 
Bien sûr, le sac de charbon de bois appuyé contre le tronc, à droite sur la photo, ne date pas de la période coloniale...

Vous pénétrez de plus en plus profond, la végétation se densifie sans avoir pour autant l'aspect de la forêt amazonienne... Vraiment c'est beau. On traversera la douce rivière plusieurs fois. Et puis après une dernière petite montée le fameux saut est atteint ( le guide vous demandera probablement une participation de 100/150 gourdes pour payer les propriétaires). L'endroit est rafraîchissant et l'impression d'être loin de tout assez forte.. Il est temps de rentrer et sur le chemin du retour, notre horaire correspondant au retour du marché et à la sortie des écoles, l'ambiance est joyeuse et colorée. Il apparaît évident que ces vallées mériteraient d'être davantage visitées.
Photo 3 : Une gagère non loin du but de la visite.

Photo 4 : Un affluent de la rivière des Balisiers (en allant vers la photo 5...)

Photo 5 : "La rivière des Balisiers prend sa source parmi les rochers, à environ une lieue au-dessus du point où elle se rend dans celle des Abricots, et qui est à environ trois petits quarts de lieue de la mer. Elle avance par cascades. La première est un saut de 15 pieds d'élévation, au-dessous duquel est un bassin, qui donne lieu lui-même à un autre saut ou cascade et à un autre bassin, ce qui a lieu successivement une quinzaine de fois avec plus ou moins de hauteur jusqu'à ce que la rivière coule avec une pente ordinaire." 
Moreau de Saint Méry, Description topographique, physique, civile, politique et historique de la partie française de l'isle de Saint-Domingue (Tome III), Publications de la Société française d'histoire d'outre-mer, Paris, 2004. 




Alors j'aurais pu me garder tout ça... Et puis finalement, que quelques touristes supplémentaires puissent venir par ici peut contribuer à améliorer la situation de certains. Le très joli cadre champêtre ne doit pas faire illusion. A la campagne les gens souffrent, et comme j'ai déjà pu le dire, ici ce n'est pas le paradis pour tous. Mica nous a rappelé que le secteur sortait de quatorze mois de sécheresse. On n'est pas dans l'abondance et la quantité de marchandise que propose les vendeuses du marché est là pour l'attester (malgré l'animation et les belles couleurs).
Mais que la région est belle. (photos au retour)