jeudi 20 août 2015

Moun Né 2724m (Hautes-Pyrénées), ambiance pastorale et grands sommets.

Photo 1 : Depuis Cauterets, dans les Hautes Pyrénées, le pic de Monné (ou Moun Né) est le sommet visible sur la gauche.
La montagne du pic de Monné (ou Moun Né) comme son étymologie ne l'indique pas forcément (du gascon Mont ner mont noir) est un immense pâturage qui court presque jusqu'au sommet, sur le versant qui domine Cauterets et dont on ne voit en fait, depuis la cité thermale que l'antécime. Pour atteindre le vrai sommet il faut poursuivre sur la crête, pendant une petite dizaine de minutes, où le schiste apparaît, d'où la signification peut-être. Cette dernière partie pourra peut-être en impressionner certains et probablement est-ce un endroit à éviter lors de neiges tardives ou précoces, lorsqu'on n'est pas habitué à ce milieu après cette longue ascension, facile mais longue (bien 4h30 depuis la ville).
Photo 2 : Le cheminement est bien signalé tout du long et passe à droite puis au dessus de la barre noire que l'on peut voir à gauche sous le sommet (en fait l'antécime).
Alors c'est vrai que l'ambiance pastorale est indéniable et apaisante après les impressions minérales des hauts sommets. On reste dans l'herbe presque tout le temps avec la faune adéquate, une cabane à fleur de versant qui semble surveiller l'ensemble. En fonction de l'heure à laquelle on passe, progressivement en montant ou en descendant, on trouvera tout d'abord (ce jour là) des brebis qui vous tourneront la tête de manière dédaigneuse en cherchant peut-être à se protéger de la chaleur. Même les béliers n'ont que faire de vous. Et puis, un peu plus haut, quelques chevaux et mulets remontent sur le sentier et n'ont pas l'intention de se laisser dérouter par deux touristes qui se baladent en tenue de cosmonautes (oui il fait déjà chaud). Ils montent tranquillement tandis que nous passons dans l'herbe. Les marmottes ne demandent pas leurs restes.
 Enfin, sous l'antécime, un troupeau de chèvres gravit lui aussi la crête sur un terrain nettement moins pastoral et plus schisteux... Elles sont encadrées par quatre mâles dont on voit clairement celui qui domine sous sa longue et blanche toison et repousse les velléités des autres. Le patriarche me parait impressionnant de puissance et celle-ci s'exprime suite aux assauts répétés des jeunes qui veulent leur part du harem. Alors qu'ils semblent s'enflammer à la poursuite des femelles, avec leur outil de la virilité bien visible, sans peur, à califourchon sur la ligne de crête, à essayer d'attraper (au premier sens du terme déjà) une femelle, le vieux mâle dominant veille et brusquement, d'un coup de corne bien dosé, retourne littéralement un des prétendants un peu trop entreprenant qui bascule alors en arrière, dans le vide. Ouaaahhhh.... énorme coup de stress, on arrivait sur l'antécime et, comme on regardait en même temps le spectacle, j'imagine alors devoir aller ramasser le corps de la pauvre bête bien plus bas... Je n'arrive même plus à avancer. Et puis finalement, après avoir rebondit sur un bout de crête, voilà que d'un coup de rein, il se remet dans le bon sens et s'accroche à la paroi, je ne sais comment. Pour repartir aussitôt à l'assaut, non du sommet, mais des femelles. Que ça peut paraître c... un mâle. Tout ce beau monde poursuit finalement son chemin qu'il est impossible de perdre à cause de l'odeur du troupeau et dépasse le sommet pour s'installer au soleil sur un terrain plus favorable. Nous y arrivons peu après. On peut ainsi admirer depuis ce magnifique belvédère les montagnes environnantes. Nous dominons tout, les montagnes environnantes (presque), la station de ski (et les vététistes qui descendent à fond la caisse, c'est l'été), la vallée, Cauterets, Pau et Tarbes au loin et le troupeau. J'ai soudain une énorme envie de pisser et je ne me gêne pas pour me libérer, discrètement, à 2720 m d'altitude, en regardant ces cons de mâles
- Ehhh connards, c'est qui le patron maintenant??? (Ahh, l'ivresse des sommets!!!)
Photo 3 : Depuis le sommet, vue sur la face nord du massif du Vignemale (3298m), qui domine le glacier des Oulettes qu'on devine, avec le Petit Vignemale en bout de crête à gauche.

Photo 4 : Depuis l'antécime, vue sur la ligne de crête qui conduit au sommet au fond. Fanfan s'est bien engagé. A gauche, le massif du Balaïtous (3144m) avec le glacier de Las Néous.

mercredi 19 août 2015

Pic Margalida 3241m (Aragon), sans tenue naturelle radioactive...

Le pic Margalida (3241m) dans le massif de la Maladeta est le troisième sommet accessible par la même voie d'accès avec le pic des Tempêtes et le pic Russel. Pour quelqu'un ayant une bonne condition physique, il me parait possible d'enchaîner les trois sans passer par les crêtes. Pour aller au pic de Margalida, depuis le refuge de Coronas, il faudra suivre le GR11 puis les cairns qui vous mèneront par les lacs de Llosas au pied des parois après une longue montée. Le pic de Margalide est celui situé au milieu. On visera le névé éternel au pied de la paroi, sur lequel il y a un cairn. On grimpera alors par une sorte de couloir pour rejoindre la crête quelque peu aérienne mais en rocher solide. En somme pour quelqu'un habitué à ce milieu bien minéral, on y trouvera pas trop de difficultés. Pour les autres, cela s'engagera qu'eux.
Photo 1 : Ambiance minérale dans la dernière partie de l'ascension du pic Margalida. L'itinéraire passe directement à droite du névé et remonte une sorte de couloir qui débouche sur la crête. On doit poursuivre cette dernière sur la gauche jusqu'au sommet. Il y avait un cairn au milieu du névé.
 Cette fois-ci, plutôt que d'aller faire le malin dans les tavernes de Vielha, je suis arrivé plus tôt au parking pour aller dormir au refuge (avec des boules quies...), en 1h40. Départ à la frontale le matin mais on est déjà avancé. Le Pyrénées Guide des 3000 indique 3h45 pour aller au sommet depuis le refuge. Ce dernier, de taille modeste, était plein : des espagnols et des polonais. La lumière a changé, on dirait l'automne en haute montagne mais la vue sur le pic de Vallibierne au couchant reste très belle.

Photo 2 : Depuis le sommet, vue sur le pic des tempêtes (3290m), très accessible et le pic d'Aneto (3404m, point culminant des Pyrénées)  derrière.
Photo 3 : Depuis le sommet du pic Margalida, vue sur le versant nord, plus alpin.
 Si j'ai remonté la piste une nouvelle fois en si peu de temps, c'est probablement qu'il y a des choses intéressantes à y voir. En tout cas, j'aime bien ça met en jambe. (voir photo ci-dessous).
Photo 4 : Peu avant le refuge, le long de la piste, on évitera de prendre le service de bus et on pourra admirer la belle vue sur le pic de Vallibierne, au fond.

Photo 5 : Le lac de Llosas (le supérieur et plus petit) à plus de 2500 m d'altitude. On arrive du fond et on tourne à gauche (donc à droite sur la photo) pour attaquer l'ascension du versant. L'ensemble est bien cairné.

mercredi 12 août 2015

Pic Russell 3207m (Aragon), en tenue naturelle radioactive

Le pic Russell est le sommet de plus de 3000 mètres le plus éloigné vers le sud-est sur la ligne de crête qui passe par le pic d'Aneto, point culminant des Pyrénées, dans le massif de la Maladeta. Sa forme n'est pas des plus spectaculaires mais son ascension n'en est pas moins intéressante avec depuis son sommet une belle vue sur le pic d'Aneto (où il y avait du monde bien sûr ce jour là, alors que j'étais seul et tranquille là où j'étais...) et le pic des tempêtes, et la visite sur les étangs de Llosars si on décide de monter par le refuge de Coronas.
Photo 1 : Depuis le sommet du pic Russell, vue vers le nord-ouest, d'abord le pic de Margalide (3241m), puis le pic des Tempêtes (3290m), l'Epaule d'Aneto (que l'on discerne à peine derrière, 3350m) et le pic d'Aneto (3404m).
Le chemin est bien indiqué jusqu'aux étangs et, pour la suite, il faudra suivre les cairns en remontant le large versant à gauche, orienté globalement au sud, visant la brèche de Russell. Sous celle-ci, pratiquement, commencera la seule petite difficulté du jour. Le sentier (à ce moment-là, on peut presque parler de sentier, après avoir traversé des éboulis) monte sur une sorte de corniche qui arrive, en diagonale, via un dernier couloir, assez raide et un peu aérien sur la fin sur la croupe du sommet. Le Pyrénées guide des 3000 de L.Alejo donne 2h15 pour le refuge puis 3h30 pour le sommet.
Photo 2 : A une heure matinale, droit devant sur la ligne de crête la brèche de Russel et à droite le pic du même nom. A gauche, qui dépasse à peine, le pic de Margalida (3241m) puis le Pic des Tempêtes (3290m).
Pour se faciliter l'ascension, on pourra passer la nuit au refuge de Coronas (agréable d'ailleurs) et éviter de se taper les 9 kilomètres de piste qui montent depuis le parc de campement au bout du barrage (embalse del paso nuevo), au dessus de Benasque. Car franchement au retour, ça m'a parut bien long. Cela vous laissera le temps de regarder sur le versant opposé la succession assez impressionnante de couloirs d'avalanches qui coupe la forêt. Mais on ne peut pas tout faire et comme la veille plutôt que de monter au refuge, j'ai préféré aller manger des pinxos et boire un verre à la Taverne des Gascons (Taverna Deth Gascon) que j'adore, à Vielha, je suis arrivé tard au parking. Il a fallut essayer de dormir, dans la fiat panda... et puis partir à la frontale à 4h45. A la descente une petite pause à l'étang de LLosars (le grand et profond), pour faire tremper pendant vingt cinq minutes les cuisses complètement cuites (au sens cramé) par une ballade en montagne en petit short de (branleur) sans crème la veille. J'aime bien ce lac car les parois de granit qui tombent dans l'eau directement m'impressionnent toujours (ça me rappelle parfois la Corse) et j'imagine la profondeur du bassin dans lequel je n'irai pas nager. J'imagine toujours aussi des glaçons en forme d'ailerons de requins qui pourraient circuler à la surface mais en ce jour mes cuisses radioactives auraient pu être trempées dans n'importe quel lac gelé (en fait pas trop car la glace... n'importe quoi...). Au niveau du déversoir, l'espace est plus paisible avec des pelouses et des fleurs et la vue qui ouvre sur la vallée en aval plus pastorale et forestière et le pics de Vallibierna en face. C'est une bonne transition avant ou après le caractère minéral de la partie supérieure de l'ascension. Ce matin-là, j'ai croisé une troupe d'isards... Et au bord du lac en descendant j'étais bien.

Photo 3 : Depuis le sommet, vue sur l'antécime du pic Russell (3205m), du nom du fameux pyrénéiste.
Photo 4 : La partie finale du couloir montant au sommet. En regardant bien, vous trouverez le cheminement sur la corniche. Pour le départ de cette dernière partie, il faut bien aller au pied de la brèche Russell. Sinon vous risquez d'arriver trop bas, au pied de la paroi en pensant pouvoir passer sur des petites cheminées qui ne sont pas bien sûr l'itinéraire.