dimanche 16 juin 2019

Le Kinder Scout (636m), dans les Pennines anglaises, près de Sheffield.

Le Kinder Scout, vaste plateau de forme trapézoïdale, à plus de 600 mètres d'altitude, au dessus du village d'Edale et non loin de celui de Castleton, domine nettement les vallées alentours et offrent des paysages verdoyants surprenants et spectaculaires que l'on peut parcourir à partir de longs itinéraires. Entre les villes de Manchester (que l'on aperçoit du sommet) et Sheffield, le massif des Pennines (la colonne vertébrale de l'Angleterre) qui débute ici pour se prolonger vers le nord de l'Angleterre, malgré des altitudes modestes, restent des vraies montagnes. Sa hauteur de culminance finalement est supérieure à 400 mètres.
En tout cas, cette zone est très facile d'accès car on peut rejoindre ces deux villages par la ligne de chemin de fer qui relie les deux grandes villes évoquées ci-dessus ou prendre le bus 272 depuis Sheffield pour Castleton. Scout semble signifier un genre de montagne qui présente de grandes parois horizontales sur son pourtour. Quant à Kinder, son origine pré-anglaise donne un sens incertain.


Photo 1: Les seuls animaux sauvages que vous risquez de rencontrer... Au fond, il s'agit du Lose Hill Peak, depuis Hollins Cross.
Edale est le point de départ au sud de l'itinéraire de grande randonnée (le Pennine Way) qui traverse le massif jusqu'à la frontière écossaise mais finalement j'aurais pris comme base et donc comme point de départ le magnifique village de pierre grise de Castleton (et son château médiéval qui le domine et date de l'époque normande) dans une vallée plus au sud. Il a juste fallu joindre ce dernier à pied depuis la gare d'Edale (1 heure de marche) à travers la ligne de crête le premier jour en fin d'après-midi (voir photo ci-dessus). Ainsi je reprends l'itinéraire des habitants d'Edale qui se rendaient à Castleton pour la messe jusqu'à ce qu'il y ait une église dans leur paroisse. Sur cet itinéraire, la confusion sur la définition montagnarde de cet espace peut-être entretenu par le Lose Hill Peak culminant à 476m (même si en face il y a la Win Hill...).

Alors j'ai pu finalement parcourir cet ensemble à partir d'un long itinéraire en boucle depuis la YHA Castleton Losehill Hostel où je logeais confortablement à l'entrée du village. Cette zone du Peak district est parcourue de nombreux chemins balisés. Bien que nous soyons dans des zones où l'espace est très majoritairement privé (avec des enclos et de nombreux troupeaux de bovins et ovins), les anglais (et au Pays de Galles aussi, mais d'une manière générale en Europe du nord) ont instauré un droit de passage public sur les terrains privés. Mais celui-ci n'existe que lorsqu'il est clairement désigné. Ainsi, les sentiers sont tracés, aménagés et indiqués et complétés par d'autres aménagements qui permettent de franchir les clôtures sans problèmes. C'est sur Kinder Scout que le 24 avril 1932, des promeneurs, soucieux d'établir un droit d'accès aux zones sauvages, organisèrent une grande marche. Cinq manifestants furent arrêtés mais leur marche en faveur du libre passage à travers des terres privées contribua finalement à la création des parcs nationaux. Dans l'Aubrac ou ailleurs, on pourrait s'en inspirer alors qu'on est cantonné souvent dans les itinéraires de grandes randonnées. Ainsi une multitude d'itinéraires est tracée que les anglais, chaleureux, parcourent en nombre. En 2005, le site est recensé parmi les merveilles naturelles des Midlands dans l'émission de la BBC 2 Seven Natural Wonders.


Photo 2: Normalement les chemins publics sont inscrits dans des cartes officielles dans les communes.
Photo 3: L'entrée de Winnats Head.

Photo 4: En plein effort dans la Winnats Pass, avec des rampes à 20%.
Mon itinéraire, essentiellement sur les crêtes, m'aura permis de faire donc un grand tour d'environ 6 heures de marche au départ de Castleton. Suivant d'abord un sentier longeant la route pour passer dans la spectaculaire Winnats Pass (encore plus belle au couchant depuis Castleton), on débouche à la Winnats Head Farm au sommet des collines/montagnes puis on se dirige vers le nord  pour gravir l'élégant Mal Tor (517m). Sur ce dernier était localisé un fort datant de l'âge du Bronze (en gros avant les romains). De là le panorama est vaste et charmant et permet d'embrasser tout l'itinéraire du jour ainsi que les deux villages de Castelton et Edale.

Photo 5: Depuis le sommet du Mal Tor.
L'itinéraire se poursuit sur les crêtes tout d'abord plein est sur le Ruhup Edge (545m). Tout est bien balisé et arrivé à un cairn (ils sont immenses), on prend le sentier constitué de magnifiques dalles à travers Brown Knoll (569m) qui rejoint l'itinéraire de grande randonnée au pied du Kinder Scout. Celui-ci est donc le point culminant du massif, mais aussi du Derbyshire, et de ses sommets (...), on peut donc apercevoir la ville de Manchester mais aussi par conditions idéales les sommets gallois du Snowdonia au loin (et en cette matinée du 9 juin, elles n'étaient pas loin d'être idéales).
Photo 6: Depuis la crête de Ruhup Edge, vue sur la vallée d'Edale.
Photo 7: Peu avant d'entamer la descente sur Edale, depuis le plateau sommital du Kinder Scout proprement dit.
Photo 8: Sur le plateau de Kinder Scout. Allez trouver le point culminant...
 Ce plateau est assez marécageux et tourbeux, et il sera difficile de s'en sortir, si l'on va jusqu'aux Kinder Falls (les plus grandes du Peak district) et que l'on revient sur l'itinéraire qui borde le plateau vers l'est, sans avoir les pieds quelque peu mouillés. En suivant les parois du versant nord-ouest, juste avant les chutes on percevra un petit lac à flanc Mermais's Pool qui selon la légende abriterait une sirène capable d'accorder l'immortalité à quiconque l'apercevrait la veille de Pâques. Ensuite, on longe cette bordure du plateau en direction du Grindslow Knoll (601m), qu'on laissera à sa droite (on peut quand même y faire un saut) et poursuivre sur le versant opposé du petit cirque, pour, à ce niveau-là, descendre sur Edale. La dernière partie du sentier avant l'arrivée au village est charmante, on dirait un jardin (bon on est en Angleterre ) car le chemin est aussi aménagé de dalles puis on passe devant la vieille église entourée des pierres tombales (qui paraissent toujours anciennes) plantées dans la pelouse sous les grands arbres. Ensuite, finalement, je suis remonté au Mal Tor car je trouvais l'endroit magnifique et apaisant (et j'y ai donc fait une sieste...), plutôt que de reprendre l'itinéraire de la veille, pour rejoindre ensuite Hollins Cross et redescendre sur Castleton.

Photo 9: Carte au 1/25000 dans le hall de l'hostel.
J'ai finalement adoré cet endroit que j'ai trouvé particulièrement beau et apaisant, avec des petits airs de Pays basque et des anglais agréables (d'ailleurs au fond le seul moment où je ne les aime pas trop, les anglais, c'est sur les terrains de rugby...). Évidemment je ne dois pas être le seul à apprécier le coin car des centaines de milliers d'anglais viennent dans cette région les fins de semaine d'été et de printemps, et on comprend bien pourquoi.

Photo 10: Pour terminer la soirée et le séjour au The Peak Inn, sur How Lane.
 Si à cela vous ajoutez les coquets pubs du village, vous obtenez un duo vraiment très séduisant. Sheffield n'est qu'à deux heures de train de Londres. Londres où vous trouverez aussi bien sûr toutes les cartes du Royaume-Uni au 1/25000 et 1/50000 (et même celles des Pyrénées...) à la librairie Stanfords (7 Mercer Walk, dans Covent Garden, à deux pas de la station de métro du même nom). Un petit paradis...

Photo 11: Vérifiez si elles y sont toutes. La notre "The Peak District OL1" y était. Sinon vous la trouverez à l'hostel de Castleton.






dimanche 2 juin 2019

Dans le Cantal, les panoramas exceptionnels depuis les Puy de Peyre-Arse (1806m) et Puy Griou (1690m) dans le massif du Cantal.

 Pour aller directement à l'essentiel, on pourra dire que les panoramas depuis les sommets du Cantal m'ont paru exceptionnels.


Photo 1: Depuis le sommet du Puy Griou : à gauche d'abord le Puy de Peyre-Arse puis le Puy Mary et complètement à droite le versant nord du Plomb du Cantal (1855m et point culminant du massif) sur lequel s'aventure le domaine skiable la  station de ski du Lioran...

Le Puy Griou (1690m) permet après une courte mais sérieuse ultime petite grimpette, d'avoir une vue panoramique sur l'ensemble du massif du Cantal, car il se trouve à peu près au centre, et même un peu au-delà.
Photo 2: La sur-fréquentation touristique et pastorale oblige à la restauration d'une partie du sentier de la voie normale...

Depuis le Puy de Peyre Arse (1806m), la vue est belle sur le versant nord de l'élégant Puy Mary (1785m) voisin, et sur l'ensemble du massif du Cantal, tout en étant un peu plus excentré. Mais ce qui m'a paru simplement exceptionnel c'est la vue qui s'étend vers les plateaux du Cézalier (que nous avions parcouru à ski nordique dans le brouillard pour l'essentiel cet hiver) et du massif du Sancy au nord. De plus, les massifs de la Margeride, de l'Aubrac et le plateau des Mille Vaches au nord ouest, sont également visibles. Alors pour décrire ce que l'on ressent à ce moment-là, peut-être pourrions nous reprendre les mots de Julien Gracq que Marie Hélène Lafon cite dans son joli livre Le pays d'en haut (Entretiens avec Fabrice Lardreau) de la chouette collection Versant intime « Imaginons, caracolons, échappons à la pesanteur des choses, du monde et des temps, cédons à ce que Julien Gracq appelle le vertige horizontal, celui que suscitent en lui, et selon lui, ces hauts plateaux déployés, Cézallier ou Aubrac. » Bien sûr que les repères pyrénéens sont chahutés... et heureusement...

Autrement dit, l'impression d'englober la totalité d'un massif montagneux verdoyant, élégant  mais modeste se mêle à une sensation très forte de grands espaces qui l'entoure. Je serai curieux de venir dormir au sommet d'un de ces puys.

Photo 3: Depuis le sommet du Puy de Peyre Arse, vue sur le Puy Mary. Le panorama vers le massif du Sancy et le Cézalier  ne rendait pas bien avec mes prises de vue photographiques... 

En partant plus tôt, on peut parcourir un long itinéraire qui fait le tour de la vallée de Mandailles, en poursuivant depuis le Puy de Peyre Arse vers le Puy Mary puis le Puy de Chavaroche, en ayant quelques éléments du paysage plus alpins. Le paysage est harmonieux avec la hêtraie qui monte jusqu'aux dernières moraines, où sont installés les burons et où paissent les troupeaux de vaches.

On ne viendra donc pas forcément dans le massif du Cantal pour la difficulté de ses itinéraires. On pourra même trouver qu'il y avait du monde en ce jour sur l'itinéraire venant du col du Pertus (1309m), au dessus de Saint-Jacques des Blats et qui en suivant une variante du GR400, nous mènera par le chemin des crêtes vers l'élégant Puy Griou et le plus imposant Puy de Peyre Arse. Mais les gens laissent la montagne propre et paraissent contents d'être là... Même si la végétation n'était pas complètement sortie sur l'étage alpin, le panel des verts de la végétation a laissé une impression de luminosité élégante et bienvenue. Oui, décidément, le massif du Cantal est une très belle montagne.