lundi 30 août 2021

Le Sljemet (1030m), la montagne aux portes de Zagreb, dans le parc de la Medvenica...

 On la voit depuis assez loin en venant par l’autoroute de Slovénie. La montagne très boisée domine la ville de Zagreb, capitale croate, qui lui est adossée au sud par ses faubourgs coquets. C'est un cas assez rare pour une grande ville européenne. Le massif, qui culmine au Sljemet à 1030m, classé en parc national, le parc de la Medvenica, du nom du massif montagneux, est ainsi le poumon vert de la ville et nombreux sont ses habitants qui viennent s’y promener et en faire l’ascension. Celle-ci reste assez longue et on évitera de prendre le téléphérique qui monte directement au sommet et à la station de ski alpin (et nordique) certes modeste (un télésiège et deux téléskis pour un dénivelé total équivalent à 300 mètres environ), mais qui a accueilli des épreuves de la coupe du monde de ski. La couverture neigeuse dure une centaine de jours et avec l'installation de canon à neige, celle-ci a été prolongée. Heureusement qu’il y a ces quelques trouées d’ailleurs sinon ce serait difficile d’observer le magnifique panorama sur le versant nord. Le parc est composé à 64% de forêts avec hêtres, châtaigniers, chênes et sapins. Medvenica pourrait être traduite par montagne de l'ours (medvjed en croate standard veut dire ours).

Photo 1 : Tout proche du sommet, sur le domaine de ski nordique, "Piétons, ne marchez pas sur les pistes de ski..."

 Le versant sud domine directement la ville donc mais c’est compliqué de voir grand chose. De nombreux itinéraires jalonnent le massif et je dois bien avouer être venu en parfait touriste avec très peu d’information en tête. Aussi arrivé en fin d'après-midi à la station inférieure du téléphérique à Gračani, dans la périphérie de la ville, j’ai simplement demandé à un homme en tenue de randonneur de m’indiquer une voie d’ascension. J’ai suivi ces conseils. Après m'être rendu sur le premier parking (environ 320 mètres d'altitude) de la route Bliznec, je suis donc monté par le sentier numéro 18 jusqu'à un abri (à 600 m d'altitude) où j'ai alors emprunté le 19 jusqu’à un bar-restaurant, le Puntijarti (à 950m), au bord de la route. De là, il fallait simplement prendre le chemin/piste de l’autre côté de la route qui par les pistes de ski nordique vous mèneront d’abord à un hôtel puis à une petite chapelle avant de déboucher sur une vaste clairière qui n’est autre que l’une des pistes de ski alpin, au pied de l’immense tour de télécommunication (hauteur de 189 m avec son antenne...), voir photo ci-dessous. Les pistes, toutes engazonnées, s’intègrent finalement assez bien dans le paysage sans être des balafres comme on peut le voir dans d’autres stations. 

Photo 2 : La tour de télécommunication du sommet domine la piste de ski (ici sur le versant sud).

Photo 3 : Le versant nord, vue depuis le sommet. Juste derrière le photographe, se trouve une caféteria avec une terrasse panoramique. La piste de ski ci-devant est désaffectée et le domaine skiable est à droite (à l'est)...

Photo 4 : Photo d'une carte des itinéraires pédestres du massif. Mais je ne me rappelle plus où je l'ai prise...

En redescendant, j’ai été très surpris par le nombre de personnes qui montaient là-haut, si tard... allait-elle juste prendre un verre et redescendre de nuit quasiment ou alors avec le bus... Pour tout cela, depuis longtemps, j'avais envie de venir visiter cet endroit. En ce 18 août, je n'ai pas été déçu.

Photo 5 : Le domaine skiable de la station de Zagreb... On voit à droite la piste désaffectée d'une photo ci-dessus.


Photo 6 : On ne sera tellement pas déçu, qu'on pourra aller exprimer sa joie dans un chouette bar de la Radićeva Ul. qui passait du rap US...


Sommaire du blog





Le Grand Pinier (3110 m), dans les Hautes-Alpes, au bout de la vallée de Freissinières.


 En remontant la vallée de la Durance pour se rendre à Briançon dans les Hautes Alpes, cette vallée de Fressinières qui débouche sur la rive droite juste en amont de Mont Dauphin pourrait presque passer inaperçue. Alors la première fois que l'on m'y amena pour visiter le magnifique lac de Faravel par une fin de journée d'été, j'ai ressenti comme un véritable coup de foudre...  Sur une longue partie de la remontée de la vallée en voiture pour se rendre au parking terminal (1432m) sous le village de Dormillouse (à 1730m), le sommet du Grand Pinier, à 3117 mètres d'altitude, est constamment visible et domine la vallée complètement boisée de ces formes peu agressives qui m'ont fait parfois penser à l'Aragon. En cette fin de journée, le contraste entre le sommet et le versant supérieur bien illuminés et le fond de la vallée plus sombre et frais était assez saisissant. 

Photo 1 : Vue sur le lac Palluel sur l'itinéraire de la montée au Grand Pinier. Ainsi le lac Palluel (2472m) est un lac de surcreusement glaciaire, barré par un verrou rocheux. (Le creusement érosif dû à la glace laisse une cavité plus profonde (on parle de surcreusement) que s'il avait été causé par de l'eau liquide. Lorsqu'un verrou, constitué par des roches plus dures, plus résistantes à l'abrasion, tend à bloquer l'écoulement d'un glacier, la glace qui continue à s'accumuler en amont, creuse, affouille, érode dans les roches les plus tendres.

Photo 2: Départ matinal donc...

Photo 3: L'itinéraire pour le Grand Pinier passe sur la crête au dessus des vestiges de glaciers depuis disparus...

J'avais choisi pour la fois suivante, ce 17 août, d'aller dormir au lac Palluel à 2468 mètres d'altitude, directement sous le sommet du Grand Pinier dont l'ascension a été entreprise à une heure très matinale le lendemain pour être de retour à la tente avant 9 heures, heure fatidique de fin d'autorisation de bivouac par le parc. Nous sommes dans le périmètre du parc national des Écrins. Mais c'est ainsi parfait car la tente pourra un peu sécher en attendant, et si elle ne l'est pas totalement on pourra envisager de faire un plouf dans le lac. On aura de toute façon pas oublié la veille en montant d'être allé rendre visite en fin d'après midi à nouveau au lac Palluel un peu plus bas et distant d'une trentaine de minutes. Entre les deux vous trouverez un étonnant champ de cairns. Mais il faudra tout d'abord se sortir du parking très fréquenté et commencer la montée dans la forêt de mélèzes avant d'en sortir vers 2000 mètres d'altitude. Jusqu'aux lacs c'est balisé. La fréquentation peut être importante dans la journée mais une grande partie des visiteurs se contente d'aller visiter le village de Dormillouse (300 mètres au dessus du parking). Alors ce soir là, il n'y avait qu'une autre tente au bord du lac. On retrouvera les deux campeurs au sommet le lendemain matin. Il n'y avait d'ailleurs que nous. L'itinéraire d'ascension depuis le fond du lac est balisé de cairns et ne présente aucune difficulté technique (ça n'engage que moi). Le panorama était à proprement grandiose, notamment vers le sud, jusqu'aux massifs du Luberon, Ventoux, la Haute Provence, le Mont Viso, les montagnes du Queyras et Rochebrune en face. Vers le nord, le massif des Écrins, avec notamment le Pelvoux, imposant, cachait la suite. Et bien sûr, directement au pied l'écrin du lac Palluel. Enfin, le départ matinal aura permis de croiser la route d'un beau chamois qui est resté quelques minutes à une cinquantaine de moi tranquillement, et d'en apercevoir deux  au dessus qui regardaient le versant depuis le haut de la crête qui domine par le sud le lac de Palluel.

Photo 4: Le lac de Palluel au retour de l'ascension, avec au premier plan les champs de linaigrettes de Scheuchzen (eriphorum schenchzen). Il y en avait autant au lac de Farafel.

Photo 5 : Le lac de Farafel, vu depuis le sentier montant au lac de Palluel

On redescendra tranquillement sans manquer d'aller visiter le village de chalets de Dormillouse en arrivant aux Romans puis en descendant aux Escleyers en passant devant le temple (car ce sont des communautés vaudoises installées là depuis probablement le 13ème siècle) datant du milieu du 18ème siècle. On se sera même arrêté au gîte L'écrin de Violette, à l'accueil bien amical, pour prendre une bière locale (après avoir montré patte blanche bien sûr, ou plutôt le pass sanitaire...) et même s'il n'est que 11 heures du matin! De là, la vue plein sud, sur la vallée du torrent de Ruffy, les crêtes des Uvernaus, ou tout simplement la forêt en face sous la tête de Gramusat est admirable. On pensera plus tard en regardant les photos de l'exposition dans le temple que la forêt a bien repris de la vigueur (c'est un doux euphémisme...). Au 19ème siècle, la ressource en bois de ces communautés était devenue tellement rare (en gros il n'y avait plus de forêt), que les habitants du village faisaient cuire au four le pain une fois par an seulement. On peut voir la photo des étagères sur lesquelles étaient rangés les fameux pains. On aura bien compris simplement que ces communautés étaient devenues trop nombreuses pour vivre par rapport aux ressources possibles du secteur. C'est une problématique générale à tous les massifs montagneux européens quasiment. Parfois, les neiges précoces de septembre endommageaient ou anéantissaient les plans de seigle pas encore à maturité pour la récolte. Au maximum démographique, la population était de quasiment 300 habitants, avec son école bien sûr. Finalement à la fin de ce siècle seront organisées des migrations communautaires vers l'Algérie coloniale pour proposer une vie meilleure à tout le monde et à décharger ceux qui restent. Mais cela ne suffira pas à ces communautés, dont le village n'est pas joignable par route encore aujourd'hui. C'est le seul lieu habité du parc d'ailleurs. Il restera une trentaine d'habitants après la Seconde Guerre mondiale. Alors la visite de ce village fait partie intégrante de la ballade. On pourra même pour éviter la fréquentation indéniable de ce secteur descendre par le chemin d'hiver. Chemin qui sert bien sûr pour les randonneurs à raquettes ou ski qui viennent dormir aux gîtes l'hiver. J'avoue que je reviendrais bien avec la neige. 

Photo 6 : Devant le gîte de L'écrin des violettes...

On pourra lire pour aller plus loin de Philippe Massé, Dans les pas d'Émile Niel, La leçon de Dormillouse, aux éditions du Queyras. C'est le récit de l'expérience de cet instituteur qui resta de nombreuses années dans ce lieu.



Photo 7 : La photo de la carte de l'itinéraire à l'entrée du sentier sur le parking...

Photo 8 : Au sommet avec une vue vers le nord. Le Pelvoux est à droite...

lundi 9 août 2021

Le Mont Chaberton (3131m) et son fort dans les nuages (Hautes-Alpes)

 En arrivant à Briançon, dans les Hautes-Alpes, le Mont Chaberton est bien visible, avec son sommet particulier, au dessus de la station de ski du Montgenèvre, à deux pas de la frontière italienne. Sur la page de l'article wikipedia du Briançonnais, l'image du sommet dominant en arrière plan, la ville de Briançon est révélatrice. Cette position stratégique a bien été comprise par les autorités militaires italiennes (le sommet n'est français que depuis 1947) qui à la fin du 19ème siècle (de 1898 à 1910) ont entrepris de construire un fort au sommet avec huit tourelles de tir qui visaient les positions françaises, alors l'ennemi potentiel. La bataille qui eu lieu le 21 juin 1940, reste une des seules victoires françaises dans la débacle générale de la campagne de France avec un duel d'artillerie depuis les sommets dans le brouillard. L'ensemble encore impressionnant (il a fallu araser le sommet de 6 mètres) et un panorama exceptionnel feront de cette ascension une ballade incontournable (ça n'engage que moi...) dans le secteur malgré la fréquentation (franco-italienne) estivale. 

Photo1: Sous le sommet, les restes des installations italiennes (bâtiment d'intendance) fortement dégradées...

Photo 2 : Au sommet, les fameuses tourelles de tir... Ces ruines se visitent mais elles ne sont pas sécurisées, et surtout assez dégradées. Ce fort, du fait de sa hauteur, était surnommé le cuirassé des nuages...

Photo 3 : Le plateau sommital... Au fond c'est le nord... On peut même apercevoir le Mont Blanc qui dépasse (mais pas en ce jour, du 5 août. Ça m'aurait étonné...!)

La piste, plutôt agréable, qui amorce l'itinéraire, part du col de Montgenèvre, à gauche juste avant le poste frontière, jusqu'au pied du télésiège Rocher Rouge, en remontant la vallée du rio secco (qui semble bien porter son nom) puis on monte au col de Chaberton (2670m) dans un environnement minéral, avant de poursuivre par le large versant vers le sommet et ses chemins très larges. L'ascension se fait sans aucune difficulté technique et le sommet est annoncé à 3h55 depuis le parking du départ... On évitera de partir sans eau car la particularité géo-morphologique du massif (des calcaires et mica-shistes) fait qu'il y a peu de sources, ou eaux courantes. Pour ceux qui aiment, c'est aussi un endroit agréable à courir...

Photo 4 : Vue sur le versant italien avec en fond de décor la vallée de Sestrière. Sur la gauche, mais hors cadre, la plaine piémontaise était visible (mais pas Turin).

Photo 5: Vue sur le versant briançonnais, avec le village et le col de Montgenèvre au centre de la photo (à peu près). Au fond, la plaine de Briançon... Par temps clair, la vue sur les montagnes du massif des Écrins est évidente. Au du, on verra les premiers hauts sommets qui annoncent le Queyras (Rochebrune, Grand Glaiza...) et le Mont Viso, qui dépassera à peine du Grand Glaiza.

Photo 6:  Un peu en dessous du col de Chaberton. L'itinéraire de la montée... parfois vous vous aiderez des mains. Mais tout l'itinéraire est hyperbalisé...

Et pour ceux qui veulent aller plus loin vous pouvez lire le livre de Max Schiavon Une victoire dans la défaite.

Photo 7: La partie finale de l'ascension après le col de Chaberton. Quand je vous dis, même si cela n'engage que moi, qu'il n'y a pas de difficultés techniques. Vous trouverez dans cette dernière partie, des vestiges comme des barbelés, des petits blockhaus (enfin quelque chose qui y ressemble...)

Sommaire du blog



vendredi 6 août 2021

Le Grand Glaiza (3293m) au bout de la vallée pastorale de Cervières (Hautes-Alpes)

 Dans les Hautes-Alpes, par le versant briançonnais, au nord, depuis le hameau de Les Fonts à 2040m d’altitude, l’accès au sommet du Grand Glaiza, sur la frontière franco-italienne, est facile et ne comporte aucune difficulté technique. Il faudra remonter la vallée du torrent de la pierre rouge jusqu’au col du Malrif à 2860 m et de poursuivre ensuite la crête aux Faux Pendantes en direction du nord vers le sommet. Cette crête est facile même si elle se relève sous le sommet et que certains s'aideront des mains sous ce dernier.


Photo 1 : Les grands versants pastoraux de la vallée de la Cerveyrette, en fond une montagne accueillante

L’autre plaisir de cette balade est de remonter cette large vallée pastorale aux versants remplies de fleurs. L’ensemble pour un pyrénéen peut sembler assez dépaysant car les dimensions ne sont pas les mêmes. Et en même temps, on ne se sent pas écrasé... De l’autre côté, au loin dans le massif des Écrins, le contraste sera plus saisissant avec la puissance que dégage le relief et ses glaciers.


Photo 2 : Le Grand Glaiza au fond. Il faut donc remonter cette vallée pour aboutir sur la crête de droite, et le col de Malrif, qu'on l'on poursuivra jusqu'au sommet.

 Sa relative facilité (3h pour arriver au sommet avec un bon rythme) ne doit pas rabaisser l’intérêt de cette ascension car le panorama est exceptionnel, des montagnes du Queyras, le majestueux mont Viso aux massif des Écrins (dans les nuages ce 2 août ), et les montagnes italiennes.

Photo 3 : Depuis le col de Malrif (2860m), vue sur le versant du Queyras et le lac du Grand Laus.

 
Photo 4 : Depuis le sommet, vue sur le sommet de Rochebrune (3320m), à droite dans les nuages le massif des Ecrins.
 

 On pourra également être sensible aux vestiges pastoraux de cette vallée qui fut au 19ème siècle la deuxième vallée pastorale des Hautes-Alpes, après celle de Névache, avec 104 chalets d'altitude pour une population de la vallée d'environ 800 habitants. Les chalets des Fonts où on laissera le véhicule étaient juste un habitat d'été, avec des chalets qui datent de la fin du 18ème siècle. Aujourd'hui, c'est devenu un hameau touristique, avec un refuge sur le l'itinéraire du sentier de grande randonnée GR58 qui fait le tour du Queyras. Mais plus en aval dans la vallée de la Cerveyrette, il semble que l'habitat était permanent (hameau du Bourget principalement) et on y cultivait le seigle sur les adrets. Un dicton local attribué aux anciens n'affirmait-il pas "Ici, huit mois d'hiver, trois mois de mauvais temps...". On pourra consulter l'album de photographies de Fred Lafont-Feraud Chalets d'alpage. On pourra lire un récit de la vie d'exploitants encore en activité aux chalets des Fonts sur ce lien.