samedi 20 novembre 2021

Dans les Pyrénées-Atlantiques, le pic d'Orhy (2017m), premier grand sommet en venant de l'ouest.

 On pourra toujours ironiser sur la modeste altitude du pic d'Orhy avec ses 2017 mètres, il reste que c'est pour plusieurs raisons le premier grand sommet pyrénéen en venant de l'ouest, et pas seulement parce que c'est le premier à dépasser les 2000 mètres. Le panorama est très ouvert car il domine largement toutes les autres montagnes autour qui lui rendent facilement 400 mètres surtout à l'ouest. Cela en fait un sommet élancé qui domine son environnement et que je trouve pour ma part majestueux. Il en découle donc ce vaste panorama évoqué sur toutes les Pyrénées atlantiques, la Navarre, la côte du golfe de Gascogne (pas en ce jour du 18 novembre car la mer de nuage occupait le piémont) et même sur la sierra de Moncayo au loin... Les montagnes qui dominent la vallée d'Aspe à l'est, le très beau pic d'Anie, les aiguilles d'Ansabère, le pic des 3 rois s'alignent sur l'horizon, encadrés par les premiers 3000 de la chaîne...

Photo 1 : Vue sur le pic d'Orhy de bon matin, depuis la crête et la cabane de Millagaté...

Photo 2 : En regardant à droite par rapport à la photo 1 (donc là la photo est en descendant donc au retour et donc le gel avait un peu fondu...) le pic de Bizkarzé

Le nom de ce massif calcaire proviendrait du basque orre qui veut dire genévrier, mais cela reste encore obscur car peut-être peut-on y voir orri pour feuille (voir nom des montagnes basques). Le paysage constitué essentiellement de pâturages au milieu desquels on trouve disséminés des cayolars et palombières (en plus ou moins grande forme) souvent reliés entre eux par des pistes laisse peu de place à la forêt même si la fameuse forêt d'Iraty est juste là, à côté, à cheval sur la frontière avec ses 17300 hectares. Certains vous diront d'ailleurs que c'est la plus vaste hêtraie d'Europe.

On aura choisi d'en faire l'ascension par la voie qui vient des chalets d'Iraty, c'est à dire du nord ouest, en laissant la voiture à peine un peu plus haut au col Mehatzé à 1383 mètres d'altitude. À partir de là, il suffit de suivre l'itinéraire de la Haute Route Pyrénéenne qui rejoint les crêtes de Millagaté, puis de Zazpigagn (nom composé de zazpi "sept" et de gain "hauteur", soit les sept sommets) et plus en hauteur d'Alupigna. La seule difficulté sur la partie finale de la crête de Zazpigagn (interdite par grand vent ou terrain gelé) sera facilement contournée en descendant par un sentier clair sur le versant français... En ce jour, il aura fallut mettre les crampons dès le début de la crête de Zazpigagn vers 1500 mètres pour un itinéraire d'environ 16 kilomètres.

Nous étions seuls en ce jour à l'exception d'un isard isolé qui sous le sommet dans le beau versant ouest nous a longuement précédé sur l'itinéraire d'ascension. 

Photo 3 : Photo un peu ratée mais au moins je ne dis pas que des bêtises... 

C'est qu'après toutes ces émotions, il s'en est fallut de peu que l'on tombe dans un deuxième guet-apens lors du premier arrêt à Lecumberry juste après Mendive en descendant (Mendibe, en basque en bas de la montagne...). D'abord en ouvrant la porte de l'épicerie, c'est une véritable caverne d'Ali Baba qui s'offre à vous, de la ventrêche, la piperade à l'axoa, toute la gastronomie basque est représentée. On peut alors passer dans la salle du bar. Les jambons et les piments y séchaient au plafond tandis qu'un verre de Patxaran, comme celui, qui brillait entre les mains du client basque qui nous l'a offert (car il parlait basque... enfin pas tout le temps) a failli m'emporter. Et le deuxième fut tentant...

Photo 4 : Dans les nuages, derrière l'Orhy Chipia (1883m), le port de Larrau (1573m) et à droite la route qui y monte...

Photo 5 : La route du port de Larrau dans son versant espagnol et navarrais. Toujours depuis le sommet...

Photo 6: Sur le chemin à l'aller en se retournant..., au dessus du cayolar de la Soule.

Photo 7 : À l'aller, avant les crêtes de Millagaté...En se retournant, c'était pas gagné pour le beau temps...

Pour aller plus loin dans la toponymie des montagnes basques, on peut s'amuser à consulter 

Michel Morvan, Les noms de montagnes du Pays Basque, Lapurdum (En ligne), 4, 1999, (167-190) mis en ligne le 01 Avril 2010, URL ; http://journals.openedition.org/lapurdum/1551

Merci X...

Photo 8 : En redescendant, jambon, fromage, piments et patxaran...


dimanche 14 novembre 2021

Ballade automnale entre amis au Plomb du Cantal (1855m), et aux vacheries de Grandval.

 Le beau temps n'était pas à priori, hier, au rendez-vous et puis finalement le vent, la pluie (froide), le brouillard (et la charcuterie de Mur de Barrez) ont rendu cette journée spéciale sur les crêtes du Plomb du Cantal (1855m) et dans les vallées glaciaires qui en descendent... On peut monter en cette saison assez loin en véhicule, tout près de la chapelle du Cantal, un peu en dessous Puy Gros (1594m). Il ne reste que des ruines du soubassement et du dallage de cette chapelle fondée en 1687 et qui servait à l'office des bergers pendant la saison estivale jusqu'à la Révolution française. Aujourd'hui encore, elle est desservie par le curé de Vic sur Cère qui y célèbre une messe début juillet. Il suffit ensuite de suivre la crête par le GR400, de passer les quelques névés précoces de ce début de saison pour aller voir les tables d'orientation du sommet mais de ne rien toucher, en ce jour, du vaste panorama... ce n'est pas si grave. On est dans une des régions les plus arrosées de France...

Photo 1 : Les vacheries de Grandval (photo de G.) au pied du puy de Grandval (1648m) dans les nuages. Derrière ce versant à gauche, au delà du col de la Tombe du Père (1586m), se trouve la station de ski de Prat de Bouc

Car on se décidera alors, en partie pour être à l'abri du vent, à descendre à la boussole vers les vacheries de Grandval dans la vallée du ruisseau de Livemade pour ensuite rejoindre le point de départ par le col de la chèvre (1618m) en passant à flanc à la lisière de la forêt vers 1350 mètres, en fait le bois de Grandval et en contournant le puy de la Cède qu'on devine au dessus... Il faudra enjamber quelques clôtures, saluer encore quelques vaches présentes. On repassera finalement sur la ligne de crête, pour se faire rincer une ultime fois, passant au dessus des sources du Siniq... On pensera alors que la vie humaine de ces montagnes est ancienne mais que la vie est belle...

Photo 2 : Toujours...

Photo 3 : Encore...

Photo 4 : Finalement... (Photo de G.)

Photo 5 : Plus près... (Photo de G.)

Merci les gars! (et H.)

Et puis si on n'en a pas marre on ira voir à Malbo, à peine un peu plus bas dans la vallée, si la femme du barbu veut bien nous servir quelque chose de bon et de chaud... On verra bien alors qu'il se passe des choses aussi dans les endroits dits "reculés"...

Enfin pour avoir une version ensoleillée de cet itinéraire de crête jusqu'au sommet, vous pouvez toujours aussi lire la bande dessinée d'Etienne Davodeau Le droit du sol, journal d'un vertige. Ou alors le formidable livre-album du fin connaisseur de ces contrées Pierre Soissons (et de ses collaborateurs) Burons, Cantal, Cézallier et Aubrac aux éditions Quelque part sur terre.

Sommaire du blog

mardi 2 novembre 2021

Le pic de Bagnels (2638m) et sa vue imprenable sur les étangs Blaou et de Soulanet.

 Le pic de Bagnels (ou pic del port de Siguer) avec ses 2636 mètres n'est pas le plus prestigieux des sommets sur la frontière entre l'Ariège et l'Andorre mais son intérêt est réel car depuis son sommet la vue est vraiment imprenable et concomitante sur les magnifiques étangs Blaou (de 16,5 hectares à 2345m) à l'ouest et de Soulanet (de 6 hectares à 2345m aussi) à l'est. Son ascension par le sud est relativement aisée en remontant la vallée du Rialb andorran car le parking est situé à 1800 mètres d'altitude. Celui-ci marque aussi le départ vers le parc national du Vall de Sorteny Cela évitera la longue et peut-être fastidieuse remontée de la vallée de Peyregrand depuis le village ariégeois de Siguer (parking à 900 mètres d'altitude), même si cet itinéraire pourra ravir tout son monde avec la visite en chemin de l'étang de Peyregrand à 1898 mètres d'altitude. Enfin, cette fois-ci, je voulais dominer l'étang Blaou pour avoir une vue plus générale, ce qui nous est offert dès l'arrivée au port de Siguer (2393m). Il suffit de descendre ensuite pendant un petit quart d'heure pour arriver sur ses rives. Depuis le parking de Rialb, au dessus du petit village andorran d'El Serrat, l'étang est annoncé à 2h15... À voir sa position, coincé sous le pic de Thoumasset et les autres crêtes, on comprend les raisons de son dégel tardif. Le port de Siguer constitue une voie de passage ancienne empruntée par les contrebandiers ou les réfugiés pendant la Seconde Guerre mondiale.

Photo 1: Depuis peu après le port de Siguer, vue sur l'étang blaou...

Photo 2 : En redescendant tranquillement du sommet du pic de Bagnels, vue sur l'étang de Soulanet.

Une fois au col, il suffira de suivre le sentier cairné qui suit la crête vers l'est passant sous le pic avant de remonter par le doux versant oriental herbeux. Pour le retour, on choisira de poursuivre l'itinéraire sur la crête et de redescendre par le port de Bagnels (ou Soulanet) et de basculer à nouveau dans la vallée de Rialb repassant devant le refuge de Rialb à 1990 mètres. L'arrivée n'est plus alors très loin. Ce que j'ai trouvé de magnifique, au delà du cadre des principaux sommets du nord de l'Andorre, et de la Haute Ariège, c'est sur la dernière partie de la crête depuis le pic, la vue permanente sur l'étang de Soulanet qui se trouve dans la partie supérieure d'une vallée (celle du Quioulès) qui s'ouvre tellement que l'on ne peut parler de cirque glaciaire mais une impression de grands espaces fait place... D'autant plus que dans cette direction (vers l'est, on voit assez loin vers la plaine de l'Aude, et même au nord vers Toulouse...). La seule difficulté en ce jour, a été de faire attention à ne pas glisser sur le sol gelé et le gispet glissant... Il avait bien gelé cette nuit... Sur le versant sud andorran, on surplombe le petit étang bleu, lui posé vers 2375m.

Photo 3 : Depuis le sommet, vue sur les deux étangs... Au centre le pic de Thoumasset (2741m), à gauche, le pic du Port (2903m). Tout au fond, à gauche, les plus sommets de l'Andorre (Coma Pedrosa...)

Après le refuge de Rialb, alors qu'on amorce sur la droite la montée vers le port de Siguer, se trouve une jolie cabane de berger qui semble avoir été réhabilitée depuis peu. Avec un peu de chance, on croisera également deux isards tout autant surpris que vous et qui détaleront dans deux directions opposées sans que vous ayez eu le temps de dégainer.

Photo 4 : Le refuge de Rialb comme c'est indiqué... Il fait partie d'un réseau très développé de cabanes ouvertes aux visiteurs qui permet de visiter toute l'Andorre. En arrière-plan, le port (vieux) de Siguer et le notre est sur la droite, caché.

Sommaire du blog

lundi 1 novembre 2021

Les pics de Font Nègre (2877m) par la haute vallée de l'Ariège.

 Les pics de Font Nègre (2877m) dominent depuis le sud-est  le bourg andorran du Pas de la Casa mais restent entièrement dans le département des Pyrénées-Orientales. En amont du village de L'Hospitalet près l'Andorre, juste après la bouche d'entrée du tunnel du Puymorens, ce n'est plus l'Ariège, même si l'Ariège, la rivière, prend sa source juste au-dessus du Pas de La Casa.

Photo 1 : Depuis le pic de les Valletes (2814m), vue sur la crête qui mènent aux pics de Font Nègre (le plus haut à 2877 mètres). Les clôtures sont sur la ligne de crête et marquent jusqu'au premier de ces pics la limite entre les communes de Porta (à gauche) et Porté-Puymorens (à droite). 

Photo 2 : Le fameux étang de l'Orri de la Vinyola. L'orri est sur la gauche en contrebas. Le ruisseau se perd dans les éboulis avant de ressurgir en aval .. Au fond à droite, le pic de Font Freda (2738m)

On accède assez facilement finalement (j'ai mis moins de 5 heures A/R) à ces sommets en partant du col du Puymorens (1915m) et en remontant les pistes de ski de la station de Porté-Puymorens, jusqu'au télésiège de la mine, dont on traversera le fil entre les pylones 8 et 9 à la recherche d'un sentier cairné. Celui-ci nous mènera directement, le long de la moraine latérale des anciens glaciers, en remontant la vallée parsemée d'éboulis, au si joli et paisible petit étang de l'orry de Vinyola, directement sous le pic de la Mine du Puymorens (2683m). Pour être honnête, c'est d'abord cet étang que je voulais aller visiter pour avoir surplombé ses eaux claires depuis ce fameux pic. De là, il suffit de poursuivre la remontée de la vallée pour dépasser le seul acte de bravoure de la journée, la remontée un peu raide du cirque glaciaire, pour déboucher sur la ligne de crête vers 2720 mètres d'altitude. Cette ligne de crête ressemblerait presque à un parcours de santé tant les dénivelés sont faibles, la visibilité maximale, les sentiers bien tracés. En filant à gauche (vers l'est), on ira d'abord gravir le pic de les Valletes (2814m) et on reviendra au petit col pour parcourir la crête dans l'autre direction vers le plus haut des pics de Font Nègre, bien dégagé des autres, avec en ce jour, une petite pellicule de neige persistante, héritage des jours précédents. Pour le chemin du retour, juste avant de revenir sur le col qui permet de redescendre, on choisira peut-être de rester sur la ligne de crête et on bifurquera en direction du pic de la Mine, depuis le dernier petit sommet. Le sentier est alors cairné et nous permettra d'arriver directement au-dessus de l'étang rencontré à l'aller. Soit vous décidez de poursuivre vers le pic de la Mine du Puymorens, soit de descendre sur l'étang par un versant pas trop raide et empli de gispet (festuca eskia). J'ai pris cette dernière option pour profiter une dernière fois des rives apaisantes de l'étang, avant de revenir par le même chemin.

Photo 3 : Depuis le plus haut des pics de Font Negra, vue sur le Pas de la Casa, 800 mètres en dessous. L'étang de Font Negra transfrontalier (depuis peu) à gauche marque les sources de l'Ariège. Au dessus de l'urbanisation du Pas de la Casa, les lacets qui montent à l'assaut du Port d'Envalira (plus haute route des Pyrénées à 2407m)

Il s'agit là d'un itinéraire assez peu fréquenté me semble-t-il, même si l'on sera surpris de rencontrer sur la ligne de crête une clôture pour le bétail, qui suit les limites communales entre les communes de Porta (au sud) et celle de Porté-Puymorens. Donnant plein sud, le versant semble un pâturage assez fréquenté vue la quantité de déjections séchées rencontrées, et la présence d'une cabane récente, que j'ignorais, et qui se trouve en contrebas vers 2450 mètres d'altitude. Cette ligne de crête, qui oscille entre 2750 et 2877 mètres d'altitude, tout en balcon, donne à voir un vaste panorama qui court du Canigou, bien visible à l'est, toutes les montagnes cerdanes avec le puig Pédros juste en face, et même au-delà en direction de Barcelone, une grande partie de l'Andorre et plus loin même vers probablement la Maladeta, et les Encantats, sans oublier une bonne partie de la Haute-Ariège et une vue plongeante sur le Pas de la Casa, assez étonnante. Enfin, et j'étais venu aussi pour cela, une vue sur les petites étangs (pas très nombreux) qui parsèment les planchers des cirques glaciaires du versant haute Ariège, au milieu des éboulis parfois. Enfin, et c'est là la récompense souvent d'un peu d'audace, j'ai pu longuement observer à partir de l'étang de l'orry de Vinyola une harde d'une vingtaine d'isards qui faisait le tour, au dessus de moi, du cirque glaciaire que j'étais en train de remonter, en ayant même un individu isolé qui s'est laissé observer longuement à moins d'une centaine de mètres de moi, avec son beau pelage d'hiver, marron sombre.

Photo 4: Bon, on a vu mieux comme prise de vue mais on fait avec ce qu'on a... Mais vous n'avez qu'à y aller... En tout cas, ils étaient là, tout proche...

Les couleurs de l'automne étaient bien présente en ce dimanche avec des tons jaunes, marrons, et une lumière rase typique de cette période de l'année. C'était chaleureux en attendant les prochaines baisses de température et la neige annoncée pour la fin de la semaine. Ça sentait l'hiver et c'était bien heureux de profiter encore de la montagne...

Photo 5 : En redescendant par les pistes de la station de ski et à l'approche du col du Puymorens, vue sur une partie de la Soulane d'Andorre...

Voilà, on pourrait se dire pourquoi raconter tout cela dans un blog et ne pas laisser au contraire l'endroit tranquille... On n'est pas à une contradiction près... En plus, mes photos n'auront pas été d'une qualité extraordinaire...

 Sommaire du blog