dimanche 11 mai 2014

Le Djebel Moussa (851m) au dessus du détroit de Gibraltar, Ceuta/Maroc.

Le Djebel Moussa, dans le massif du Rif marocain, est cette belle montagne que l'on ne peut pas rater en traversant le détroit de Gibraltar, depuis Algeciras en Andalousie, pour se rendre sur la rive africaine du dit-détroit, à Ceuta, encore en Andalousie, ou Tanger. Son nom proviendrait de Moussa Ibn Nosseyr, le général yéménite qui commanda l'armée arabe qui, en 711, envahit la péninsule ibérique. Musa (ou Moussa) en arabe signifie Moïse. On trouve d'ailleurs d'autres montagnes qui portent ailleurs ce nom. Avant qu'on ne lui donne ce nom, la montagne s'appelait Mont Abyle. J'ai pu trouver également l'appellation de Montaña de la mujer muerta (montagne de la femme morte, sans doute car on dirait une femme couchée, qui dort ou qui est morte) sur une photo encadrée à l'hôtel, à Ceuta. Son altitude, quelque peu modeste, 851 mètres, n'empêche pas une certaine majesté car bien sûr la montagne surplombe directement la mer et le relief autour est bien plus modeste. Cela donne une ascension depuis le village côtier de Belyounech, d'une dénivellation importante et deux petites heures pourraient tout de même être nécessaires (il faudra doubler pour revenir par l'itinéraire décrit ici). On imagine un panorama vraiment particulier et une fois là-haut, cela ne fera que se confirmer.

Photo 1: Depuis le ferry, donc. Je pense que vous l'aurez compris...




Pour se rendre au point de départ de la ballade, depuis Ceuta, en tant qu'européen, ce n'est pas très compliqué. Tout est relatif. Il faut tout d'abord se rendre à la frontière (en bus, en taxi ou à pied) et au premier rond point, cent mètres plus loin, demander un taxi. Bien sûr, si vous n'êtes pas très malin, ou simplement  impatient (bon...), vous vous ferez arnaquer sur le prix de la course qui vous mènera à une quinzaine de kilomètres, au fort agréable village de Belyounech.  Mais bon, l'essentiel sera d'y être et il fallait bien se faire baptiser... Alors la visite peut commencer.

Le chemin n'est pas balisé mais il est net car très utilisé. Vous ne tarderez pas à rencontrer les chèvres et les moutons surveillés par les bergers locaux sur le versant d'abord doux, verdoyant en cette saison. D'ailleurs si vous demandez votre chemin, on vous indiquera, en espagnol, de suivre les chemins de chèvres. Le sentier part du bout du village et va rejoindre un autre itinéraire qui part de l'intérieur du village même mais que je n'ai pas suivi car le taxi m'a porté directement là. La montagne est un massif de type calcaro-dolomitiques donc il faut prendre de l'eau (et de toute façon, je ne me serais pas amusé à boire celles des sources du coin, pfff quoi que...). Comme j'ai pu le constater le temps peut changer extrêmement vite, et le brouillard peut, dans cette région humide, vous envelopper en un clin d'oeil. Alors si vous discutez avec un des bergers que vous allez croiser, lorsque vous lui demanderez :
- Le temps va t-il changer ?
Il vous répondra paisiblement,
- D'ici une heure ou deux, le brouillard partira.

Photo 2 (08/05/2014) : En montant vers le col, à environ 400 mètres d'altitude, au dessus du village. La pression pastorale a réduit la végétation arbustive, sur ce versant, et les arbres y demeurent rares (probablement des cèdres).
 Et effectivement c'est ce qu'il s'est bien sûr passé. Le grand soleil est revenu lorsque, après quelques lacets, bien marqués, sur un sentier large, je suis arrivé au petit col, depuis lequel vous attaquerez la dernière étape de l'ascension. Là, l'itinéraire est clair bien que le sentier soit moins marqué voire disparaisse. Il faut alors aller tout droit rejoindre la crête sommitale, assez proche et sans aucune difficulté technique. Vous n'êtes pas seuls, une petite centaine (je me suis arrêté de compter après la soixantaine) de vautours tournera au dessus de vous.
Photo 3 : Les restes d'une mosquée sur le sommet, depuis l'endroit où vous arrivez sur la crête...
Photo 4 : Et donc depuis le sommet, vue sur la crête d'où vous êtes arrivés. Au fond, à droite, la côte andalouse vers Trafalgar.
Le panorama sur le détroit de Gibraltar par temps clair doit être fantastique, ce qui n'était pas tout à fait le cas cette fois-ci. Mais peu importe, car la vue fut cependant remarquable avec une partie de la côte andalouse, la côte marocaine et le port moderne de Tanger, les premiers massifs du Rif... Et puis, c'est une vraie sortie montagnarde, pleine de contraste puisque la mer et l'océan sont juste là en dessous. D'ailleurs, je n'étais pas le seul à voir l'intérêt d'un tel endroit car j'ai rattrapé un groupe de jeunes marocains, d'envie communicative,  qui faisaient aussi l'ascension. Le genre d'endroit où l'on pourrait passer des heures et quitte à revenir dans cet endroit vraiment particulier et beau (j'y ajoute aussi la suite de l'itinéraire), la fin de journée doit y être magnifique.

Photo 5 : La crête sommitale du Djebel Moussa au centre. L'itinéraire, venant de l'autre versant (la montée de l'aller) débouche sur le petit col à gauche.

Alors la suite de l'itinéraire, venons-y. Jusqu'au col, on redescend par le même itinéraire. Ensuite on a le choix à droite par le même sentier qu'à l'aller, ou à gauche (vers l'ouest), par un sentier très bien marqué qui va rejoindre un petit col, puis plus loin un autre que l'on voit très nettement. Là, on récupèrera un sentier côtier, assez large, très bien balisé en blanc et jaune, qui vous ramènera en une grosse heure, me semble t-il, au point de départ en faisant une boucle. On pourra même faire une petite descente sur la plage, en longeant un petit champ cultivé, non loin des anciens bâtiments d'une ancienne base espagnole de chasse à la baleine. On ne se lassera pas de regarder la petite île, Leila de son nom, toute proche du rivage et puis on constatera que c'est un endroit fréquenté, vivant, car aux éleveurs de toute à l'heure, viennent se mêler de nombreux pêcheurs accrochés au rivage.

Photo 6 : J'avais bien envie d'y faire trempette. Et puis finalement, j'ai trouvé le vent fort et les courants avaient l'air importants. Alors, j'ai juste regardé les vaches en semi liberté qui s'amusaient sur la plage, face à l'île Leila.

Photo 7: Depuis la fin de l'itinéraire, à l'entrée du village, après avoir passé les vestiges de la tour portugaise (un peu comme les tours génoises de Corse), vue générale sur le village. Au fond, derrière les collines, plein est, Ceuta est déjà là.
 Vous arriverez alors peut-être en fin de journée au village, à l'heure de sortie de l'école, et vous ne serez pas les seuls à parcourir les rues. Il faut bien revenir à l'entrée du village, pour reprendre un taxi collectif, et votre place vous y coûtera sept fois moins le prix de l'aller. Mais bon, on l'aura oublié finalement en fin de journée. On gardera l'image du collège et de l'école primaire tous neufs, les sourires et les courses des enfants dans les rues bordées de figuiers et les petites embarcations rouges et bleues des pêcheurs locaux rangées au loin sur la grève.

Pour conclure, et bien que le Djebel Moussa se trouve, clairement bien sûr, en territoire marocain, je garde les deux libellés (Andalousie et Maroc), car il est très facile au cours d'un voyage en Andalousie, si on y englobe Ceuta, de faire cette ballade, pour une journée, dans ce très bel endroit. Chacun y prendra les précautions qu'il jugera nécessaires, car ceci vous l'avez bien compris n'est pas un guide. Enfin, vous pourrez, si vous lisez l'espagnol, consulter le blog très intéressant Senderismo en el Rif, dont la carte ci-dessous est issue.






4 commentaires:

  1. Ce n est l île Leila, c est d'abord l'île Toura,i l ne faut pas falsifier les toponymes en essayant de les arabiser... Les habitants de Belyounch, les grands gens,l appellent encore Toura....

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    1. Bonjour, merci pour l'information. Sachez simplement que je n'ai pas voulu ni falsifier ni arabiser le nom de l'île. Toura est-ce en langue berbère peut-être?

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  2. Bonjour, y-a-t'il les balisages du parcours de cet randonnée?

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    1. Bonjour, pour être honnête il me semble que pour monter au sommet il n'y avait pas de balisage peint, peut être des cairns (tas de cailloux) jusqu'au col depuis le village. Le chemin était balisé depuis le cudia el fahies au retour jusqu'au village par contre. Mais ce ne sont que mes souvenirs qui datent de 2014.

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