mardi 11 mars 2014

El Torreon (1654m), Sierra de Grazalema (Andalousie), tryptique andalou III.

"Sentier à l'accès restreint, pour lequel vous devrez demander une autorisation... à l'officine du Parc naturel située à El Bosque. " C'est ce qu'il y a d'écrit sur le premier panneau au départ du sentier (que vous ne pourrez pas louper sur la route A372 entre Grazalema et Benamahoma) et que vous lisez forcément. Pourtant vous étiez prêt en petite tenue, bâtons de marche à la main, crème solaire sur le visage, presque transpirant, prêt à en découdre, parce qu'en ce 6 mars il fait super beau et presque chaud, que la veille le temps était déjà bien et que l'avant veille, surtout, depuis El Torrecilla, toute cette partie était prise dans les nuages.
- Pfff, j'y vais sans l'autorisation ou pas...
Alors je suis remonté dans la voiture pour aller chercher cette fameuse autorisation au village  d'El Bosque. Tout est bien indiqué et rapide. Mais il faut aller à El Bosque.

Photo 1 : Le village de Grazalema, en fin de journée au retour.
Le parc de la sierra de Grazalema est le plus ancien parc naturel d'Andalousie et depuis 1977 classé réserve de la biosphère par l'UNESCO. On peut imaginer l'intérêt d'aller s'y promener : la zone est une des plus arrosées d'Espagne (2000mm/an), l'activité pastorale présente, la faune protégée, le village blanc de Grazalema, les chemins balisés nombreux...  Et puis se dire qu'El Torreon, avec ses 1654 mètres, est le point culminant de la province de Cadiz (mais très proche de Ronda) peut apparaître secondaire. Enfin, une fois en haut, le panorama est exceptionnel, du même niveau que celui d'El Torrecilla. Sauf que ce jour-là, il faisait beau...
Photo 2 : Depuis le sommet, on pouvait apercevoir, à gauche, au fond, les deux pointes de Gibraltar, avec en arrière plan, les montagnes du Rif marocain et, un peu à droite, le Djebel Moussa. Je passe le panorama au nord et à l'ouest. Dans cette dernière direction cependant, la Sierra Nevada était bien visible.



Photo 3 : Plein ouest, le Cerro de San Cristobal (1556m) qui domine sur l'autre versant le village de Grazalema (voir photo 1). Un sentier parcourt cette ligne de crête. A gauche, sur le versant nord, les forêts de Abies pinsapos, derniers vestiges des périodes glaciaires (là aussi les sentiers sont balisés mais à l'accès restreint). Au fond, El Torrecilla.
 Le dénivelé total est de presque 800 mètres (départ à 850m) et la pente reste soutenue jusqu'en haut. Il n'y a qu'un sentier à ce niveau donc il est à priori assez difficile de se perdre. Alors comme il est prévu (d'après le livre Los techos de España) un horaire de 3 heures, autant y aller tranquillement. Après lorsque les fourmis... Le chemin est fermé du 1er juin au 30 septembre à cause des risques d'incendie. Alors, on est sur le versant sud, et à cette saison je ne suis pas sûr que de bouillir soit une motivation essentielle.
Photo 4 : Là, je triche un peu : ça n'était pas vraiment sur l'itinéraire mais au bord de la route entre le village de Grazalema et le puerto del Boyard (1120m).

Photo 5 : Histoire de voir à quoi ressemble cette montée. Montagne calcaire et broussailles de types méditerranéenne, après avoir laissé les chênes. Ce n'était pas le plus excitant du parcours.

El Torrecilla (1919m), Sierra de las Nieves (Andalousie), tryptique andalou II.


El Torrecilla est le point culminant de l'Andalousie occidentale avec ses 1919 mètres dans la Sierra de las nieves (le nom vient de l'époque arabo-musulmane où l'on ramassait la neige au sommet pour rafraîchir les boissons et conserver les aliments), dans le parc naturel du même nom, dans la province de Malaga. Cela peut constituer en soi une motivation pour son ascension. Mais l'intérêt principal, me semble t-il, est la vue fantastique qui par beau temps permet d'embrasser un panorama exceptionnel de la Sierra nevada aux montagnes du Rif marocain en passant par les montagnes environnantes et le détroit de Gibraltar (les deux côtés, de Gibraltar au Djebel Moussa, la montagne qu'on voit en face quand on prend le bateau d'Algéciras au Maroc ), entourant la mer Méditerranée. Le massif présente un versant assez imposant, du côté méditerranéen, avec un fort dénivelé qui fait de lui un très bon belvédère. Et puis on ajoutera la végétation et la fraîcheur (assez frais en effet, en ce 4 mars avec le vent), et un joli sommet à la forme élancée.

Photo 1 : Au fond, El Torrecilla, depuis la crête principale, aux alentours du Peñon de los Enamorados
Personnellement, au delà du panorama, ce qui m'a le plus touché, c'est peut-être l'ensemble des chênes dont l'évapotranspiration est encore gelée. Et puis on peut revenir ici aussi, parce qu'un jour, il y a longtemps, en ballade, un renard s'est approché de vous, et est venu prendre dans votre main, la seule chose que vous pouviez lui donner alors, une demie orange. Et que vous aimez vous en rappeler.

Photo 2 : Assez tard pourtant dans la matinée, près du Peñon de los Enamorados.
 Il y a plusieurs moyens d'accéder à el Torrecilla. Celui que nous avons emprunté débutait au mirador de Luis Ceballos o Caucon, à 1150 mètres d'altitude, sur le versant nord est, au bout de la piste (de bonne qualité) qui part du rond-point à la sortie du village de Yunquera en direction d'El Burgo.
Photo 3: -Bon, tu m'as fait monter là haut, uniquement pour voir des nuages? - Mais non, regardes, au centre, au milieu des nuages, on voit les principaux (enfin deux) sommets de la Sierra nevada.
Photo 4 : Et oui, on s'est un peu caillé, en plein vent...
Les itinéraires des sentiers sont très bien indiqués, balisés. Mais même en connaissant les lieux vous pourrez peut-être oublier les deux cairns qui indiquent la bifurcation à prendre vers la droite, au bout de quelques centaines de mètres, au niveau du cañada de la Juanisco Huelva. Le sentier, toujours de bonne qualité s'élève alors dans le versant peuplé de pinsapos, pour rejoindre un petit col et le sentier principal qui vous mènera à destination. Le reste est vraiment hyper balisé. On empruntera le sentier de crête puis on bifurquera vers l'est pour aller à la Torrecilla, passant par une fontaine aménagée pour l'activité pastorale. A chaque croisement, il y aura des panneaux indicateurs. Tout paraît simple. Mais attention, tout de même, par temps de brouillard, il doit être assez facile de se laisser avoir et de s'égarer. L'ensemble de la ballade devrait demander environ 6 heures de marche (un peu plus si vous oubliez les fameux cairns!).
Photo 5 : En ce jour, les nuages arrivaient de l'ouest et empêcher de voir les montagnes de Grazalema (mais vous les verrez dans le triptyque andalou III) à l'ouest de la ville de Ronda. Au fond, à gauche, donc au sud, pour les plus observateurs, on devinera le Djebel Moussa (une des 2 colonnes d'Hercule, au détroit de Gibraltar). Au premier plan, encastré dans le cairn sommital, un petit livret sur lequel vous pourrez signer...
Photo 6 : Non loin du sommet. Tout n'avait pas dégelé en ce début d'après-midi. Les balises jaunes et blanches sont celles du chemin principal de crête et s'ajoute le vert à l'embranchement pour la Torrecilla. Pour tout dire, on s'est un peu gelés...






Photo 7 : Mon itinéraire

dimanche 9 mars 2014

El Torcal, Antequera (Andalousie), tryptique andalou I.

- Tu vas en Andalousie? A Malaga?
-...
- Alors il faut que tu ailles à El Torcal. Tu vas voir, c'est un lieu vraiment particulier.

En écoutant les conseils anciens d'un ami et après s'être changés à la pension à Antequera, d'un coup de voiture, on fait la douzaine de kilomètres qui par une jolie route de montagne vous mène facilement (tout est indiqué depuis le centre ville, en partant des arènes) au parking final dans la réserve naturelle à 1200 mètres d'altitude.

Photo 1 : Rapidement dans le chaos.
 Vous laissez la voiture en vous dirigeant vers le centre d'information qui ferme à 17 heures et vous êtes interceptés à l'accueil. Bien sûr vous n'êtes pas venus là pour regarder un film au centre des visiteurs. Vous vous dirigerez alors, en faisant semblant de ne pas avoir entendu les bruits venants du centre d'accueil, sur le premier sentier paraissant arriver du chaos, que vous voyez (en fait l'arrivée). Le temps avait été pluvieux ces derniers jours. Les chemins sont un peu boueux mais l'herbe est verte. Le contraste avec le blanc des formations calcaires (karstiques) rend le lieu à mon goût plus intéressant. Donc à moins de chercher la fraîcheur en période estivale, il me semble que c'est un lieu à visiter plutôt en hiver ou au printemps, en fin de journée comme toujours. Sauf que...
- Ehh... ce n'est pas le bon chemin...
- Ah bon?
- C'est l'arrivée. Venez d'abord visiter le centre d'information. Il y a une boutique, un espace d'information. Et puis la projection d'un film d'ici peu.
Pris en faute, nous rentrons. J'achète un petit guide de la réserve et puis après toutes les informations données en espagnol ou anglais (je ne sais plus) par un gentil employé... néerlandais probablement.
- Et puis, on attend juste ce couple de retraités pour projeter le film.
- Ok. On va vite voir l'exposition.
Une minute après, je tente de suivre  N. dehors en ayant presque perdu le souffle, nous dirigeant rapidement vers le chemin qui mène au Mirador de las Ventanills, en toute discrétion.
- Tu as dis qu'on ferait vite...
On se retourne en entendant le dernier message... déjà loin.
- Ehhh... le départ du chemin est à l'entrée du parking, sur la droite en entrant....
Photo 2 : Un peu plus loin.
Voilà, on pourrait faire bref: d'abord aller en guise de mise en bouche au fameux mirador. De là, une vue magnifique s'étend clairement sur tout le versant sud et la côte malaguena, et parfois, par temps clair, paraît-il, peut-on apercevoir la côte marocaine.
Ensuite, en se rappelant les indications du cheminement, aller directement sur le parking pour commencer la ballade. En effet, il ne s'agit réellement que d'une ballade. Le terrain est chaotique (c'est un peu normal dans le karst). S'il a plu, il est même glissant et nécessite un peu d'attention. Mais la boucle empruntée est censée ne durer que deux heures. Il y a un deuxième itinéraire, plus court, d'une heure environ, qui coupe et raccourcit la première boucle. Tout est balisé et vraiment il faut éviter de sortir des chemins balisés car cela pourrait s'avérer très problématique en temps de brouillard. On peut facilement se perdre. L'altitude est plus ou moins constante, autour de 1200 mètres d'altitude. Il n'y a donc quasiment aucun dénivelé même si le sentier monte et descend régulièrement, passe par des endroits étroits...
Photo 3 : On n'en sort pas.
Le tout est réellement spectaculaire et offre une magnifique entrée pour qui veut ensuite poursuivre ailleurs en Andalousie. Surtout s'il n'y a pas grand monde comme ce 3 mars. Vous rencontrerez par contre probablement des bouquetins d'Espagne peu farouches.
Photo 4 : Les fameuses Capra pyrenaica hispanica.