jeudi 30 septembre 2010

Pic de Nérassol 2633m (Ariège)

Alors, nous y voici. Pour cette sortie, où j'emmène Guillaume, fraîchement débarqué de la capitale, il ne s'agit pas de se tromper! La météo sera encore le principal paramètre pour le choix final. A l'origine, on visait un 3000m (ça devient maladif) mais la seule fenêtre ensoleillée, nous a finalement porté vers la Haute-Ariège et les montagnes de mon enfance que j'étais bien content de lui faire découvrir et parcourir pour la troisième fois cette année.
L'itinéraire est donc un classique, même pour les randonneurs du coin, qui se fait tranquillement à la journée en moins de six heures de marche et un peu plus si on veut grimpouiller sur quelques petits pics qui nous observent.
Départ du village de l'Hospitalet près l'Andorre la plus haute commune de l'Ariège, à 1440 mètres d'altitude, dernière commune avant le supermarché, avec un ciel totalement bleu alors que le reste de la chaine est bouché (encore merci Météo-France). Le début de l'itinéraire jusqu'au pont des Pouzouilles (1740m) est sérieux et nous oblige à "ajuster" notre souffle au milieu des noisetiers, puis des vaches qui paissent là et semblent être quelque peu descendues suite aux dernières chutes de neige. Il en reste sur les versants nord à l'abri du soleil. L'ambiance sera clairement pastorale aujourd'hui, jusqu'au contenu du repas... Nous nous engageons dans la vallée du Sisca, laissant à droite le chemin qui arrive du Pédourrés, et qui sera pour le retour. Vous l'aurez compris, nous ferons une boucle. C'est d'ailleurs le circuit de la course en montagne (sans les sommets), organisée chaque année, fin Août, depuis vingt trois ans, dans un esprit très amical!

Photo 1: Pause désaltération et gastronomique (oui, l'eau a bon goût) sur le chemin du retour après le Pédourrés.



Nos pas et notre bavardage (peut-être moins intense avec l'altitude) nous portent au barrage du Sisca (2040m) où l'horizon commence à se dégager car jusque là, la vallée reste étroite. Les pâturages, jaunis en cette saison, rendent le paysage nettement moins austère et confirment la richesse de ces versants pour nos amis les ruminants. Le fond de la vallée est moins accidenté et on débouche sur un pla où le ruisseau s'étale en petits méandres. La cabane (ou refuge, choisissez) de la Vésine est posée à deux pas, accueillante, entourée de pelouse.

Photo : Le pla de la Vésine, avec la cabane, à gauche des deux rochers. Au fond, sur la première ligne de crête, on peut apercevoir un sentier, qui partant légèrement en travers du barrage du Sisca (mais celui-ci est invisible), porte habituellement (et depuis longtemps) les pas des animaux qui vont pâturer en début de saison sur le versant sud (et andorran) de cette crête, ou qui reviennent. Il est amusant d'étudier les circuits et l'utilisation ancienne de ces montagnes. Pour ceux qui sont intéressés (et patient, car le livre est "gros" et qu'il est difficile à trouver), "La vie humaine dans les Pyrénées ariégeoises" de M.Chevalier (en fait sa thèse de Géographie, 1956) est un régal.



On pourrait presque s'arrêter là et faire la sieste. L'endroit est paisible et me fait toujours le même effet, rassurant. L'impression que rien ne bougera.
On poursuit néanmoins pour arriver vers le fond de la vallée qui se présente sous la forme d'un cirque avec des sommets dépassants les 2700 mètres. Mais il n'a rien d'agressif (sauf en pleine nuit en cas d'orage...), même si l'ambiance reste sauvage. Par ici, les touristes se font un peu moins nombreux. Aujourd'hui, on ne croisera qu'un couple, presque à l'arrivée. Honnêtement, c'est aussi cela que je cherchais cette fois. La zone est occupée par l'étendue lacustre de l'étang du Sisca (2187m), matérialisée par son demi-barrage inachevé, sur lequel trône un abri (utilisable mais sans banquettes). Les parois du cirque se sont rapprochées et après environ deux heures de marche, nous allons virer à droite pour monter vers la porteille du Sisca à 2440 mètres d'altitude. La distance peut inquiéter mais en fait on arrive vite à destination, d'autant plus que les petits lacs d'origine glacière qui parsèment le paysage, se découvrent progressivement. On n'est pas stressé. Guillaume a l'air content d'être là.

Driinngg, téléphone, celui-la, je l'avais oublié.
-Oui, bonjour, c'est Brigitte Dupont de la banque, à Bordeaux.
-Ah, oui, bonjour,
-je vous appelle car je viens de recevoir un courrier que vous m'avez adressé l'autre jour. Je ne comprends pas pourquoi....
-blabla...(l'échange dure quelques minutes, au dessus des étangs)
J'explique, elle comprend pas tout, moi non plus, je m'énerve imperceptiblement (comme toujours...).
Finalement:
-Excusez- moi, en fait, je suis en montagne...
-Ah, vous êtes en montagne. Il fait beau? Car ici, on est sous les nuages. Ne vous inquiétez pas, je m'occupe de tout et j'envoie le courrier à la bonne personne. Bonne journée et profitez bien.

Photo : Allô, allôô... Au premier plan, à 2246m, un petit étang, en voie de comblement, dont je ne connais pas le nom (ni l'I.G.N. d'ailleurs), à quinze minutes à pied, de l'étang du Sisca, tout en longueur, au pied du pic de la Cabanette (2818m) enneigé. Derrière la ligne de crête, c'est l'Andorre.



Il fait bon, les nuages commencent à arriver. La porteille est atteinte et évidemment je branche Guillaume pour aller grimper sur le pic de Régalecio (2569m) qui est juste au-dessus et qui demande une certaine attention car les derniers mètres sont des blocs de granit qu'il faut escalader. On n'ira donc pas avec n'importe qui. Mais le panorama d'en haut, nous laisse admirer la face nord, un petit peu enneigée, du pic de Nérassol (2633m), face à nous et qui est l'objectif de la journée (Photo ci-dessous). Nous restons peu longtemps au sommet pour attaquer le vrai objectif.


En plus, j'ai faim depuis un petit moment, alors il me tarde d'y arriver. La dernière partie de la montée est sans difficulté et le sommet ressemble presque à un plateau. Le panorama est large vers le col du Puymorens, que l'on domine, et les montagnes de la haute vallée de l'Ariège et des Pyrénées-orientales. On peut prendre le temps (et on le prend) au soleil pour engouffrer les 300 grammes de fromage Bamalou (fromage de vache du Couserans). On est bien.

Evidemment, après avoir présenté ma conception de la randonnée dans ces montagnes à Guillaume (il est patient) tout le long de la montée:
-Bon (en grand connaisseur), tu vois Guillaume quand je viens ici, je prends jamais d'eau, jamais de gourdes. Il y a des ruisseaux partout alors j'y bois et je n'ai aucun problème. L'eau est bonne.
-...
Pause repas donc, après le bamalou:
-Dis donc Guillaume. Tu ne pourrais pas me passer un peu d'eau de ta bouteille?

La descente peut se faire sans soucis, en revenant sur la porteille puis en poursuivant vers l'étang du Pédourrés (2165 m) qui nous tend les bras.

Photo : Depuis le pic de Régalecio, vue sur l'étang du Pédourrés et la Tose du Pédourrés (2468m) au dessus.



Arrêt (multiples) pour boire l'eau des ruisseaux (comme un gosse, mais ça me va). On passe devant le barrage du Baldarquès (1970 m) et on plonge dans la vallée pour rejoindre l'Hospitalet. Voilà une belle course qui nous laisse un peu entamés mais contents. On a quand même marché un peu plus de six heures.



jeudi 23 septembre 2010

Pic du Midi de Bigorre 2872m (Hautes-Pyrénées)

En cette journée de manifestation nationale contre le projet de réforme des retraites, l'appel du grand air dans les montagnes, avec l'objectif préalable de grimper à 3000 mètres, a été le plus fort. Mais la plus forte est quand même restée la météo qui s'est présentée comme indiquée sur le site de météo France (qui se trompe rarement!). J'ai voulu quand même essayer... Du coup, je me suis rabattu sur le Pic du Midi de Bigorre (2872m) et bien m'en a pris car, même si la ligne de crête sur la frontière était bouchée (aucun regrets alors) et la plaine également, le panorama est probablement un des plus remarquables sur une grande partie de la chaine des Pyrénées.
La montée depuis le premier lacet du col de Tourmalet (1944m), proche de la cabane de Toué, jusqu'au lac d'Oncet (2254m), puis le sommet, a été une véritable promenade de santé.

Photo 1: Depuis le sommet, le lac d'Oncet et au fond, à gauche, le massif du Néouvielle (3091m), sur lequel il reste que quelques névés.



Le chemin est bien marqué et rejoint au lac, la piste venant du col de Tourmalet, qui aboutit quasiment au sommet. En deux petites heures (il faut probablement un peu plus), j'étais là-haut et je dois bien avouer avoir ressenti une joie certaine à l'arrivée alors que ce sommet nous surveille continuellement de presque partout où on se trouve du côté nord des Pyrénées. Il en devenait presque banal. Apparences bien trompeuses!

Photo 2: Le lac d'Oncet et le pic du Midi de Bigorre, et ...le chemin qu'il reste à parcourir.



J'ai donc fait un petit tour de ce qui est ouvert au sommet pour le randonneur avec les diverses plates formes panoramiques. On peut également monter par le téléphérique si on veut bien se trouver suspendu par 350 mètres au dessus des pâtures (et payer les 30 euros). Personnellement je préfère la marche à pied (hum).
On pourrait conseiller vivement à tout le monde cette ballade car quelque soit le niveau, on arrivera au sommet, en prenant son temps. Il n'y a absolument aucune difficulté technique et même une "aventure" seule me paraît sans risques.
Sur une grande partie de la descente, le massif du Néouvielle, au sud, attire le regard, ainsi que son ancien glacier sur le versant nord-est (il n'existe plus et en dix ans, même les névés éternels ont disparu).
En ce qui concerne l'observatoire au sommet, je ferai comme le Comte Henri Russel (Souvenirs d'un montagnard), à la fin du 19ème siècle, je n'en dirai rien, ou pas grand chose, vous renvoyant au site internet. Egalement, voici le lien pour un panorama plus complet, par un beau temps printanier. Ceci dit, ceux qui sont près à payer environ 150 euros la nuit pourront, en réservant quelques mois à l'avance, y dormir confortablement au chaud. Mais attention, en cas de forts courants d'air, il parait que la structure métallique du bâtiment bouge un peu, et que les lits, dixit un des techniciens de T.D.F. qui était là, fort agréablement bavard, ressemble davantage à un lit pour des marins en pleine tempête (bon, là c'est moi qui traduit). Peut-être pas à l'hôtel!
-Vous êtes montés travailler pour combien de jours?
-Là, je reste jusqu'à lundi. Je travaille ici depuis 1984.
-Dites-moi, on ne doit plus pouvoir s'en passer du Pic du Midi. Cela doit être comme une passion à force.
-Euh, non.
-Ah bon.
Les autres pourront, sans problèmes, bivouaquer un peu plus bas, vers l'ancienne hôtellerie aujourd'hui abandonnée, ou, éventuellement, sur une des terrasses et voir le lever et coucher de soleil.
La température, bien douce, m'a permis de prendre le temps de redescendre. On peut ainsi observer le bleu de seize mètres de profondeur du lac, créer une panique générale chez les marmottes (et certaines sont apparemment prêtes à passer l'hiver mais pas à courir un cent mètres!) et observer de près les vestiges et bâtiments pastoraux de cette vallée. Pour une descente hivernale, voir http...

Photo 3: Cabane de Toué. On est presque arrivé!



Les pelouses avaient un peu jauni mais l'ambiance pastorale, dans la station de ski, est bien présente.