À y regarder de plus près, on ne sait plus vraiment si la Rudoka est réellement le point culminant du Kosovo car sur certaines cartes la partie ultime de la crête qui mène au sommet apparait du côté macédonien, comme une antécime plus haute. Tout le reste de l’ascension se fait en territoire kosovar depuis le parking de la station de ski de Brod au dessus de la petite ville de Dragash, à 17 km de Prizren. L’ensemble est entièrement balisé et par temps clair et stable, l'itinéraire ne comporte aucune difficulté technique.
Photo 2: La signalétique financée par l'Union européenne. Celle-ci se trouve sous le télésiège lorsqu'on récupère le sentier venu d'en aval du départ de la station. |
Photo 3 : L'itinéraire est bien balisé. Au fond, le lac de Brezne, presque asséché en ce 23 août, doit être bien plus beau à la fin du printemps. |
Photo 4 : Le sommet de Rudoka, en territoire du Kosovo? Les montagnes en arrière plan et la plaine à droite sont en Macédoine du nord. |
Photo 5 : Le chemin est donc bien balisé jusqu'au sommet. Avant de rejoindre la crête, l'itinéraire vient de la gauche et ne passe pas par le lac ci-dessus. |
L’ambiance est pastorale sur toute la longueur avec ses prairies d’altitude, ses troupeaux de brebis (principalement) et de vaches, ses bergers qui ne manqueront de vous saluer, les gros (vraiment gros) et beaux chiens de protection des troupeaux (chien de berger yougoslave de Charplanina) qui vont avec, des cueilleurs de myrtilles. D'ailleurs après que l'énorme premier chien de protection m'ait traversé le sentier placidement, j'ai tout de même pris mes distances... Et si les randonneurs-touristes n’étaient pas légion en ce jour (j'ai eu l'impression d'être seul), vous ne serez donc pas les seuls là-haut. D’ailleurs, sur les plateaux d’altitude qui ouvrent le paysage, après avoir remonté la vallée, étroite, vous trouverez des pistes dans l’herbe, par où montent des véhicules tout-terrain depuis la vallée voisine, et bien sûr comme corollaire quelques déchets. C’est bien dommage. D'autres itinéraires dans le Monts Sar sont balisés et peuvent former un parcours itinérant.
En fait l’ensemble de ce massif des monts Sar est plutôt doux, même si la la partie sud semble plus abrupte. En cela, ce n'est plus à proprement parler les Alpes dinariques. Après avoir passé le premier lac, de Brezne, bien asséché, le sentier monte sur une sorte de petit plateau qui est occupé par des zones humides qui marquent les vestiges d’un lac comblé. L’ensemble bien vert, en contraste avec le reste de la végétation qui a quand même bien jauni, comme une vallée suspendue entre deux sommets qui referment la vallée au niveau du déversoir et dont l'écoulement se fait vers la Macédoine du Nord, était assez spectaculaire, beau et presque mystérieux. À partir de là, on peut suivre les traces d'une piste dans l'herbe qui vous fera remonter vers la ligne de crête, en avançant un peu en travers, de manière douce en passant au dessus du petit lac (voir photo 1) dont je ne connais pas le nom mais qui vous servira de repère pour la descente. Mais l'ensemble reste balisé. Le départ se fait donc de la station de ski. Le départ officiel se faisant juste en aval et les pancartes sont bien visibles. Mais l'itinéraire est rattrapable en passant sous le télésiège qui monte des touristes à la station supérieure.
Cette région des Sar Planina est peuplée d'une majorité d'albanais, mais les Gorans (de Gora montagne en slave, donc en gros les montagnards...), minorité slave du sud, musulmane depuis les Ottomans, constituent une minorité importante, antécédente, qui donne son identité à cette région du sud du Kosovo qui s'immisce entre la Macédoine du Nord et l'Albanie toutes proches, au dessus de la plaine de Plizren. Ils sont néanmoins en voie d'assimilation par utilisation de l'albanais au détriment du nasinski (langue à priori entre le bulgare et le serbe). C'est une région qui m'intriguait depuis quelques temps et que sa visite m'a rendu agréable. J'ai trouvé les gens serviables et gentils. Et j'espère que la confiture de myrtille, certes à priori industrielle, mais en imaginant que les fruits ont été ramassés forcément de manière artisanale, fera des petits cadeaux agréables... Je logeais à l'hôtel Meka à Dragash. Impeccable... Je reviendrai au Kosovo.
Pour aller plus loin, vous pouvez lire le très intéressant Voyage au pays des Gorani, de J-A. Dérens et L.Deslin, chez Cartouche (Paris, 2010). Mais à l'heure de quitter cette petite région, on reprendra, en guise de conclusion, ce qui est écrit à la dernière page dans le livre sus-mentionné : "Il est difficile de quitter la Gora réelle, justement, sans avoir un peu le coeur serré, sans craindre qu'un jour trop proche, les troupeaux aient disparu de la montagne, que les villages délaissés ne cessent de résonner au moins l'été, du son des zurle et des tupani des mariages."
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