mercredi 26 octobre 2011

Le Mont Saint Hilaire (413 m) au Québec.

A voir l'altitude annoncée dans le titre, il en est à se demander si selon nos critères traditionnels, il s'agit bien là d'une montagne : forme de relief caractérisée par son altitude relativement élevée et, généralement, par la forte dénivellation, entre sommets et fonds de vallées. Mais avouez que même par chez nous, la toponymie est toujours relative (voir la montagne de Reims ou le Mont Royal ici...). Ici donc, on est dans le domaine des collines montérégiennes, mais certaines ont plus de cinq cent mètres d'altitude, alors... Alors la photographie 1, vue sur un des sommets du massifs mais pas le point culminant, depuis la route principale qui traverse la commune, ci-dessous vous convaincra-t-elle peut être,Et si ce n'était pas suffisant, sachez que pour les québécois, cela ne fait aucun doute et c'est bien là l'essentiel. On va bien à la montagne. (Photographie 2). Et puis on peut imaginer que les pentes recouvertes de neige hivernale sauront peut-être convaincre les derniers perplexes...


Bon, on y est. Pour les français, il s'agit là d'une conception de la pratique des espaces naturels protégés qui est quelque peu différente. Vous êtes ici dans la première réserve de la biosphère au Canada, titre accordé par l'UNESCO en 1978 grâce à sa nombreuse diversité de minéraux (Plus de 300 types de minéraux, la plus grande diversité du monde), de plantes (plus de 600 espèces) et 200 espèces d'oiseaux. Tout d'abord, vous devrez vous acquitter d'un droit d'entrée de 4 (ou 5?) $ qui vous permettra d'entrer et de parcourir le site. Ensuite cet espace récréativo-touristique est règlementé par des horaires. Il faut en partir une heure avant le coucher de soleil : ça c'est vraiment dommage (pour ne pas dire insupportable)... Photographie 3 à l'entrée des sentiers.

Maintenant, vous êtes prêts à aller vous dégourdir les mollets et monter directement, depuis l'accueil à 140 mètres d'altitude au point culminant du massif, le Pain de sucre, à 413 mètres. Le cheminement se fait entièrement sous le couvert forestier (dans les bas étages, les arbres ont gardé encore leur belle parure d'automne et mais l'ont perdu progressivement avec l'altitude), à l'exception des derniers mètres qui vous obligent à poser les mains, sur deux pas, sans engagement. Et là, il faut bien avouer que le panorama est remarquable : au dessus de la commune de Mont Saint Hilaire jusqu'au quartier des affaires de Montréal que l'on peut voir au loin, même si aujourd'hui ce n'était pas totalement clair. Le tout avec l'accent charmant des québécois(es) excursionnistes présents ici.
Photographie 4 : Depuis le sommet, vue sur la rivière Richelieu et au fond normalement le C.B.D. de Montréal. On le voyait mais vous vous contenterez de l'imaginer.

L'accueil vous vend une carte des itinéraires (en consigne 25 cents) et il est donc facile d'essayer les variantes car tout est hyper-balisé. La moitié de la réserve est classée en zone de protection totale et vous ne pourrez donc pas y accéder. Néanmoins, passant par le Pain de sucre, en combinant les sentiers (de couleurs différentes sur la carte comme un plan de station de ski), vous pouvez faire une boucle intéressante qui revient à l'accueil (unique point d'entrée du site) en passant par un lac de retenue, fréquenté par des oies (?) et des canards, le tout en deux-trois heures de marche.
Photographie 5 : Pour commencer ou clore la ballade en passant par le lac dont les berges, fragiles, sont protégées et en théorie interdites d'accès.


Il y avait un peu de fréquentation en ce jour de semaine du mois d'octobre. Pour le touriste que je suis, c'était bien. On peut imaginer qu'avec la proximité de Montréal les fins de semaine sont plus chargées et ceci explique aussi peut-être le haut degré d'encadrement de cette réserve. Mais il semblerait que cela soit tout de même une pratique de la protection de l'environnement généralisée à l'espace nord-américain. Bien sûr, si on veut de la pleine nature qu'il n'y a qu'à s'enfoncer dans la forêt le long des rivières comme le faisait les coureurs de bois à la grande époque de la traite des fourrures avec les amérindiens. Le Québec est grand et beau et il y a de quoi faire.
En cette époque, il n'y avait pas de neige (j'imagine que c'est normal à cette saison???) et donc de nombreux sommets ou itinéraires sont accessibles.
Photographie 6 : Pancarte à l'entrée de la réserve.

Comme partout, la montagne ça se gagne et d'autant plus ici, si vous n'avez pas de véhicule personnel pour vous y rendre. Prenez donc le train de banlieue en gare centrale de Montréal (le premier est à 12h30, le retour, le dernier à 18h40) à destination de Mont Saint Hilaire. Cela ne vous laisse pas beaucoup de temps (en bus c'est pas mieux) alors dès la sortie de la gare, il faut traverser les voies et emprunter la piste cyclable qui aboutit dans une zone résidentielle, style Desperate Housewives. Là vous tournez à gauche pour arriver au bout de quelques centaines de mètres à une station service sur la grande route départementale qui traverse la commune. Dirigez vous alors vers le centre et là débrouillez vous pour prendre un taxi (environ 15$) qui vous amènera à destination si vous voulez en profiter sans rater le train du retour car finalement vous n'avez que l'après-midi. J'imagine que vous pouvez demander au chauffeur de venir vous rechercher. Par contre je suis revenu à pied, le long de la route, très agréable au début, au pied du massif, le long des exploitations agricoles qui donnent sur la plaine et qui cultivent les pommes. Il y a tout le long des ventes de produits dérivés, ou pas d'ailleurs, comme du beurre de pomme et surtout du cidre qui est super bon : rosé (plus fruité), perlé (désaltérant, on dirait du jus mais il fait quand même 5°) ou traditionnel (attention il frappe, 11°, mais c'est un délice...)...
On n'a pas l'habitude peut-être de voir trop de piétons par ici, alors
- tu marches vit...!!!
- ... (oui, il faut pas rater le train pour rentrer)

jeudi 13 octobre 2011

Grand Quayrat 3060m (Haute-Garonne)

On le voit de loin en remontant la vallée pour rejoindre Bagnères de Luchon, même du piémont, avec sa forme caractéristique, d'où son nom (en occitan cairat, signifiant carré, vient de la forme caractéristique de son sommet, formant approximativement, vu du nord, un angle droit), à deux pas du Lézat. Et puis au fur et à mesure que le chemin nous en approche, après les lac d'Ôo puis d'Espingo, depuis les granges d'Astaut, et pour peu que l'on se sente en forme, on se dit vraiment que ça ne va être qu'une formalité.
Photo 1 : Vue depuis le col de Quayrat (2749 m) sur les lacs de Saussat, Espingo et Ôo. L'Arbizon est en arrière plan.


Petite pause et discussion avec des montagnards et le classique:
- Alors vous allez où? (quand on nous voit monter...)
- Et bien, on va au Grand Quayrat!
- Ah, moi, j'y suis allé deux fois. J'ai jamais pu gravir le dernier bloc au sommet. Il fait quand même trois ou quatre mètres. Il n'y a pas trop de prises. Chaque fois, j'en ai fait le tour et vraiment je ne vois pas par où on peut monter. Parce que vraiment je l'ai bien regardé. D'autant plus que c'est un peu le vide autour...
- Et bien, on verra.
- En plus, quand on arrive au sommet, on croit être arrivé! Et bien, non...! Il est encore derrière. Et même, il faut redescendre encore un peu pour remonter...

Après le lac d'Espingo, le sentier file à gauche sur le versant occidental du Cap des Hounts Secs pour aller dépasser la première série de muraille, sans difficulté. Le balisage est efficace jusqu'au sommet avec ses cairns. On avance, on avance pour aboutir au pied de la seconde "muraille", facile à passer. Le sentier bifurque alors nettement à gauche pour éviter la troisième muraille, nettement plus "dissuasive", mais on peut se faufiler à travers une petite cheminée qui évite l'obstacle. Le passage n'est pas engagé, ni difficile (du I ?) (Photo 2 ci-dessous) et permet de s'arriver sur l'étage supérieur sous le col où l'on parvient en faisant bien attention avec les chutes de pierre.


La suite sur la crête est plutôt facile car le rocher est bon, même s'il faut, cette fois-ci quand même être prudent avec les petites plaques de neige restantes (de la chute de neige du week-end) qui pourraient nous rendre la descente encore plus facile et rapide que prévue... Le premier sommet (en fait l'antécime à 3046 m) est atteint.
Photo 3 : Vue sur l'antécime, en se retournant, sur le chemin du "vrai" sommet.

Mais je le savais que ce n'était que l'antécime car j'avais lu le guide avant de venir...
Alors effectivement, on redescend pour avancer sur un balcon un peu engagé sous le versant est avant de remonter la partie finale. Et oui, il est là le bloc et vue de loin, on se dit qu'on y montera. En s'approchant, on se le dit plus fort car on observe sur son côté nord un rocher collé à lui dont on imagine qu'il pourra nous servir de point d'appui pour asseoir son corps là-haut...(je me contenterai d'une main..) Euuuhhhh, je pousse, euuuuhhh, je grimpe un peu, ma main est à un mètre mais... euuuhhhh, il n'y a rien à faire... Je redescends puis je remonte...pour réessayer. Et puis, bon ...non. Alors on fait la pause goûter. Je râle, un peu (...), tout seul, car Claire et Samy avec qui j'étais, restent sages. Le temps file, on regarde le panorama que du coup je trouve moins beau que depuis le Perdiguère....
Photo 4 : Bon, la vue sur le face nord du double pic des Crabioules, et à gauche le Maupas, n'est pas mal quand même! Et le reste aussi d'ailleurs.


On sent le soleil décliner en se disant qu'il va falloir se dépêcher pour descendre... et puis...
INTERVENTION DIVINE ... une cordée de deux gendarmes du PGHM qui arrive à toute crête des Crabioules, et hop...un des deux monte le bloc en un clin d'oeil. Et hop... Je suis admiratif et je le lui dit :
-Vous voulez monter?
- Oh Oui!
- Venez je vais vous aider.
- Mettez le pied sur ce petit appui à droite. Vous ne risquerez rien...

Et voilà, en effet, avec sa poussée sur mes fesses que je n'ai même pas senti, me voilà au sommet... L'exercice n'était en rien académique mais l'essentiel, être sur le bloc du sommet, a été atteint...

Pour tout dire même si le guide des 3000 le côte facile plus, et que réellement pour quelqu'un qui pratique la haute montagne, c'est sans difficulté, je trouve que c'est un sommet qui se mérite. A ne pas mettre entre n'importe quels pas. On aura mis plus de huit heures A/R mais aujourd'hui nous n'étions pas en forme. En tout cas, ce sera le dernier haut sommet de la saison...La vallée d'Ôo était magnifique en cette saison, et moins fréquentée, alors il fallait en profiter.
Photo 5 : Tout n'est pas encore grillé en cette saison.

jeudi 6 octobre 2011

Pic de Perdiguère 3222m (Haute-Garonne)

Photo 1 : Départ matinal depuis la chapelle près des Granges d'Astau où sont bénis les troupeaux avant de monter aux estives.
"...Si vous croyez en dieu, faites une prière
Sinon respectez ce lieu.
Si vous êtes un âne écrivez votre nom, les passants sauront que vous êtes venu ici." (Sur la chapelle)

Le pic de Perdiguère à 3222 m est le point culminant du massif du Luchonais et à ce titre aussi, on peut avoir envie d'en faire l'ascension. Ce d'autant plus, que dimanche, depuis le pic Lézat, avec le beau temps, il paraissait particulièrement accessible. La vraie difficulté réside dans la longueur de son ascension, donnée à plus de 6h30 depuis les granges d'Astau.
Photo 2 : On laissera le GR 10 au lac d'Espingo.

Peu importe la durée, je ne décrirais pas l'itinéraire jusqu'au lac du Portillon, ponctué par un brame de cerf sur la rive opposée au moment du passage au lac d'Ôo et d'un écureuil qui est venu, élancé, me coupant la route, se planter sur un tronc tel un couteau qu'on aurait lancé avec force, oscillant encore quelques secondes après l'impact.
Depuis le lac du Portillon, passant devant le refuge fermé, il faut suivre le chemin partant vers le col inférieur de Litérole, puis prendre à droite, à travers le versant abrupt qui tombe directement dans le lac pour rejoindre le bas du vallon de Litérole. L'itinéraire devient un peu plus pénible pour rejoindre le col supérieur de Litérole (3049 m). Les névés ou restes de glaciers (???) ont bien diminués laissant apparaître les débris morainiques qui ne facilitent en rien le cheminement.
Photo 3 : En remontant le vallon de Litérole, vue sur le pic du Portillon d'Ôo (3050m) au centre, puis sur la crête à droite le pic de Seil de la Baque et la crête à plus de 3000m et le pic des Gourgs Blancs complètement à droite. Au milieu, derrière le portillon d'Ôo, le massif des Posets.

La vue sur le versant espagnol se dégage alors et on peut bénéficier du magnifique bleu laiteux des petits lacs au dessus du grand lac de Litérole.
Photo 4: Vue depuis le sommet de Perdiguère, vue sur le pic de Maupas et les lacs au-dessus de Litérole, sur le versant espagnol.

Le reste de l'ascension n'est pas difficile mais nécessite pour un court passage de poser les mains, ce qui avec de la neige et du gel peut être compliqué et même dangereux quand le manteau est très peu épais (fin ou début de saison estivale avec couche récente de neige).

Photo 5 : Crête finale vers le sommet de Perdiguère. On est déjà à 3100 m d'altitude.

Mais le sommet est rapidement là comme un immense amas de roches (l'usure des pas sur les roches blanchies sert aussi de repère) et le panorama très large. J'arrive seul (normal, j'étais seul...) et je peux m'approprier le sommet pour un petit moment admirant les massifs de l'Aneto et du Posets, et une grande partie des Pyrénées, et repensant à mon parcours estival. Le soleil est présent et une petite sieste me facilitera le retour. Youhouhou... C'est le pied total.
Néanmoins comme l'avait annoncé Météo-France, les nuages commencent à arriver et ont déjà recouvert l'ensemble du piémont français. Je laisse les deux espagnols catalans qui enchaînent sur la crête vers le Seil de la Baque non sans avoir encore vérifié combien ils étaient chaleureux.
Dans la descente, je ferais une longue pause au refuge d'Espingo pour aller saluer le gardien qui est une connaissance d'un collègue proche. La discussion s'engage, autour d'un coca, dans le cadre automnal agréable surplombant le lac et les chevaux qui paissent encore là. Il me montre un jeune aigle de deux ans qui a élu domicile près du refuge et me raconte un peu la vie de ces montagnes. Dans ces cas-là, on se contente de poser les questions et d'écouter les réponses : la saison est longue puisque le refuge ferme le week-end du 15 et qu'il était là depuis le 30 avril, mais il doit aimer cette montagne et cette vie (pas besoin de lui poser la question!), les espagnols ont une vraie culture de la montagne, ils sont respectueux et débarrassent même les tables...les accidents en montagne arrivent principalement dans cette période de fin de saison, souvent quand il y a eu la première fine couche de neige ou de verglas et que l'on croit pouvoir passer, il y a environ 430 isards dans la vallée (ou réserve, je ne sais plus) donc les chasseurs pourront en tirer 30 mais ils ont toujours du mal à viser les plus jeunes donc pour l'instant apparemment il y en a encore à poursuivre... Voilà, rien que pour ce moment-là, la journée a été magnifique alors je me suis permis de raconter tout ça. Peut-être que pour conclure la saison, une nuit au refuge aurait été merveilleuse.
Photo 6 : En redescendant, au dessus sur le lac d'Ôo.

Je repasse devant le lac d'Ôo où le cerf me salut à nouveau du même "cris" et depuis le même endroit. Un peu de pluie tombe mais peu importe...

dimanche 2 octobre 2011

Pic Lézat 3107m (Haute-Garonne)

Il en fallait peu pour se décider à aller "courir" dans les pâturages d'altitude des Pyrénées luchonnaises en ce beau dimanche ensoleillé : le soleil de bon matin (départ de la marche à midi), la tranquillité des endroits peu accessibles (le parking était plein). Simplement, je n'étais évidemment pas le seul à avoir cette idée et la stabilité du temps en cette saison m'a permis d'envisager une marche assez longue pour gravir un sommet important, le beau pic Lézat, au dessus du lac du Portillon, dans la vallée d'Ôo. Pour être honnête aussi, je suis un peu nostalgique de la lumière du soir et de l'atmosphère paisible qu'elle dégage. Alors, n'ayant que la journée, je me décide à la conclure tardivement.
Photo 1 : En montant au pic de Perdiguère par le vallon de Literole, quelques jours plus tard, vue sur la face sud du pic Lézat et le Grand Quayrat derrière.




La montée (déjà décrite antérieurement) est hyper-balisée jusqu'au lac du Portillon, à 2571 m d'altitude, et il est assez difficile de se perdre. La suite entre dans un milieu de haute montagne et même si le Guide des 3000 de Luis Alejos classe la sortie du jour en facile, il convient d'être prudent sur la fin. Le refuge du lac du Portillon est annoncé à 4h15 du départ et à ce moment là, il reste 1h45. On traverse le barrage, puis on suit le sentier cairné du col du Portillon avant de bifurquer sur la gauche par la ligne de cairns qui nous envoie dans sur le versant sud du pic. On passe une première petite "cheminée" qui débouche sur le premier étage dans la pente. A ce moment là, on vise à droite la partie de la muraille qui semble recouverte d'un peu de végétation (un peu d'herbe quoi...). La suite grimpe, vers la gauche à nouveau, à travers des couloirs qui sans jamais être exposés nécessitent tout de même de l'attention (il faut parfois chercher les cairns) et l'utilisation, certes rare, de nos quatre membres (deux obligatoires forcément), notamment lorsqu'on débouche sur la crête. Mais l'ensemble est amusant et quelque peu sportif. La crête s'élargit alors et le sommet est atteint. On a profité de la montée pour remettre quelques cairns en état.

L'arrivée en fin d'après-midi par un soleil non agressif tamise les rayons et clarifie les lignes de crêtes. La vue sur le sommet voisin du pic Quayrat est impeccable. Les autres, tout le cirque, sont un peu plus éloignés. Mais la topographie pyrénéenne du Couserans au Vignemale, en passant par l'Aneto et le Posets ou le piémont nord est parfaitement identifiable. La vue sur la face nord des Crabioules et du Pic Maupas est intéressante également. Pour conclure, je pense bien que je reviendrai bivouaquer par ici.

Retour à la voiture vers 19h30 avec au passage une agréable pause sur le barrage du Portillon. Le fond de la vallée est déjà en grande partie dans l'ombre mais l'arrivée sur le lac d'Ôo où le bleu nuit de l'eau à l'heure tardive se mêle aux couleurs jaunes orangers automnales des bouleaux, donne à cette balade sportive des accents bucoliques. Je recroise André, rencontré plus haut et plus tôt dans la journée revenant du Perdiguère, qui engage la discussion. Je ralentis naturellement et on finit ensemble tranquillement. L'humeur est détendue. Je peux donc ensuite rapidement et stratégiquement réfléchir au retour : je n'ai rien dans le frigo. Le repas se fera là au gîte des Granges d'Astau avec en dessert une tarte aux myrtilles et une vache qui a bien faillit me la piquer. Que la montagne est belle.

jeudi 29 septembre 2011

Turon de Néouvielle 3025m (Hautes-Pyrénées)

En somme une belle et plutôt facile ballade d'automne avec ce soleil qui perdure tard dans la saison. Voilà comment résumer cette sortie au Turon de Néouvielle avec un sommet facile d'accès même s'il nécessite environ quatre heures de montée, pauses comprises, depuis le camp Rollot près des cabanes de Camou vers 1560 m d'altitude, au dessus de la station de Barèges dans les Hautes Pyrénees. Avec Guillaume, nous avons dormis là, sous les étoiles, au milieu des vaches, ce qui ne l'a pas empêché de dormir d'un sommeil de bienheureux... Le cheminement se prolonge sur la piste qui monte au refuge gardée de la Glère (2140m), d'où la longueur.
Photo 1 : En redescendant, une lacquette, à deux pas du lac Det Mail.


A partir de là, nous entrons dans un site lacustre magnifique, probablement un des plus beaux de la partie française des Pyrénées, qui n'est pas sans rappeler les Encantats dans les Pyrénées espagnoles catalanes. Du lac de la Glère, directement sous le refuge, à 2103 m, c'est une succession d'étangs, qui, indépendamment du choix de l'itinéraire, devrait ravir les plus exigeants.
Photo 2 : En redescendant, vue sur le refuge et le lac de la Glère.


Nous décidons de monter par la vallée qui aboutit au glacier de Maniportet (enfin ce qu'il en reste), successivement le long des lacs de Mounicot, de la Mourèle, puis des lacs verts au dessus d'un cirque qui nécessite un peu plus d'attention dans son franchissement. Nous avons débouché alors à l'étage supérieur, celui des lacs de Maniportet, et de son lac bleu qui porte bien son nom. Mais j'ai l'impression qu'ils pourraient tous s'appeler lac bleu ou lac vert, ou turquoise...Bref... Nous sommes déjà à plus de 2600 mètres et il reste moins d'une heure pour remonter la moraine latérale du glacier, dans son substrat fait de rochers et de graviers, qui de loin semble peu stable et qui finalement l'est...
Photo 3 : Ambiance de haute montagne. Vue sur le glacier de Maniportet. A gauche, le pic de Néouvielle (3091m) et dans le col, à l'arrière plan, la pointe du pic de Ramougn (3011m). On évitera donc de venir dans ces parages en tongs et par temps incertain.


Ce n'est pas la première fois que je viens par ici, mais sur les conseils de mon ami Maurice, chaque fois, je suis passé par cet itinéraire à la montée pour bénéficier de l'ombre le matin sous le pic de Néouvielle et des crêtes d'Espade, des névés dès le lac bleu, à 2651 m (Photo 4 ci-dessous, depuis la moraine latérale) en début de saison.


Et puis, simplement, en montant, nous avons en permanence les grands sommets de ce massif face à nous. L'ensemble est un brin sauvage car le sentier est simplement cairné et le fait d'être à l'ombre un peu plus longtemps offre un souffle supplémentaire de fraîcheur. Quelle aventure...
Depuis la moraine, le glacier se laisse davantage dévisagé, sous le pic des trois conseillers (3039m) et la rimaye révèle une épaisseur un peu plus importante que soupçonnée d'en bas. Mais le glacier est bien en sursis, suspendu sans réel écoulement. Cela ferait un peu mal au coeur. Venir en fin de saison permet cette mise au point. Un dernier petit effort et nous sommes sur le socle sommital, à deux pas du double cairn marquant le large sommet. Nous ne nous sommes guère employés mais ce n'est pas grave, il y aura quand même une récompense avec le panorama très large et la première loge pour la face nord du pic Long, surplombant sauvagement le lac Tourrat, cachant à peine les glaciers de la face nord du mont Perdu et tout le massif de Gavarnie. Les principaux sommets des Posets au Vignemale, et le pic du midi de Bigorre au nord, sont au rendez-vous.
Photo 5 : Un bout de panorama depuis le sommet. Séquence émotion, c'était notre premier 7000 tibétain.

Longue pause, petite sieste au sommet et nous repartons tranquillement en direction du nord-est pour rejoindre le col de Coume Estrète, à 2757 mètres, au dessus de la coume du même nom, que nous aurions aimé voir recouverte de neige, et moins de rochers, car ce fut un peu pénible, dans le sens désagréable... Enfin, il faut bien qu'il y est quelques moments de ce genre car de suite après nous rejoignons la zone lacustre et notamment le lac Det Mail que j'ai trouvé personnellement charmant. La zone de son déversoir se caractérise par un petit chapelet d'îlots, formant des petits canaux, au milieu d'une eau presque turquoise en cette saison. Ces bouts de terre sont couverts de végétation et entre les roches polies blanches, les pelouses jaunies et les feuilles rougissantes de myrtilliers (je vous rassure ce n'est pas à cause de notre passage), l'ensemble est réellement harmonieux et paisible. Il ne manquerait plus que de s'assoir sur une petite butte dominant l'ensemble pour s'en imprégner mais la place est prise par un couple d'âge mûr, les bienheureux. Alors nous laisseons l'endroit sans regrets.
Nous nous consolerons sur la terrasse du refuge avec un cola savoyard (avec du génépi) et un morceau de fromage des Pyrénées délicieusement agrémenté, par la gardienne, d'un peu d'aneth et d'un cerneau de noix. Le refuge ferme ses portes ce dimanche (ouvert néanmoins les fins de semaine d'octobre), il fallait se dépêcher. Nous, nous rentrerons tranquillement à la voiture à travers quelques bouleaux déjà jaunis. Que ce fut bien aujourd'hui.
Photo 6 : Sur les sentiers qui permettent de couper les lacets de la piste.

jeudi 22 septembre 2011

Grand Tapou 3150m (Hautes-Pyrénées)

- Bon, tu vois le pic tout rond là au-dessus des pâturages et du sentier qui file à droite?
- oui, oui.
- Eh bien, c'est le pic Rond.
-Ah bon.
-Et celui-là super pointu en suivant?
-...
-C'est le pic Pointu.
-...
-Ensuite on monte dans les éboulis à travers le versant pour atteindre sur la crête ce pic central.
- C'est le pic Central!
- Et bien voilà!!! On filera juste un peu à droite sur la crête et on sera au sommet du jour le Grand Tapou. Tout ça normalement, sans poser les mains!

Le dialogue ne s'est pas tout à fait passé ainsi, bien sûr car je ne voudrais pas toujours me donner le beau rôle... Par contre l'itinéraire dans ses grands traits oui! On monte à plus de 3000 mètres mais l'épreuve du jour n'était pas très compliquée (là aussi ça n'engage que moi!)

Départ à l'aube. Mais en cette fin septembre, c'est à peine après 7 heures alors pour ceux qui vont au boulot c'est pareil. On a simplement bivouaqué, avec Guillaume, sous un noisetier un peu plus bas sur la piste par une douce nuit pour être d'attaque au barrage d'Ossoue (30 minutes de piste depuis Gavarnie) à 1834 mètres, point de départ.

Photo 1 : Peu après le départ, vue sur le massif du Vignemale, dont on voit une petite partie du glacier d'Ossoue.


Le balisage nous porte rapidement en direction de la cabane de Lourdes (1947 mètres) au milieu des beaux pâturages. Lorsque celle-ci est visible, on peut prendre la première sente pour aller en direction du fameux Pic Rond (2345 m). Là on peut avoir le choix. L'itinéraire cairné (et c'est cairné jusqu'en haut) nous ferait passer à droite (donc au nord) du pic mais rien ne vous interdit de passer par le sud pour simplement voir le fond de la vallée du Pla d'Aube et et récupérer le sentier plus loin. C'est ce qu'on fera. La montée se poursuit, contournant le Pic Pointu (2535 m) pour atteindre la zone lacustre des lacs de Montferrat (Photo 2, ci-dessous).


Peu après la zone de pâturage laissera sa place à la haute montagne sur le versant d'en face. L'ambiance devient plus minérale même s'il n'y aura pas tant d'éboulis que cela. Peu être qu'ici tout de même une certaine habitude de la montagne est nécessaire. Le chemin est toujours aussi bien cairné et ça change un peu des balisages colorés qui nous prennent parfois pour des... je ne sais pas. Peu importe le niveau de difficulté, c'est appréciable que la montagne ne soit pas toujours un parc d'attraction.

Photo 3 : Dans le premier vallon au-dessus des lacs. Le sommet est caché à droite. A gauche, c'est le Petit Pic de Tapou (2923m). Un montagnard en tenue de névé.


Un premier vallon est gravi puis on bifurque à droite vers un second qui mène au col entre les deux pics convoités. Comme souvent, je viens de m'enflammer et le col est atteint en quelques secondes (...). De là, à gauche, le Pic Central (3130 m mais est-ce vraiment un sommet?) et à droite, on atteint le Grand Tapou (3150m).
La très belle récompense au sommet est le panorama original sur le massif du Vignemale où nous sommes: on ne voit que très peu du glacier d'Ossoue mais la vue qui englobe une grande partie des sommets de ce massif est précise, notamment sur les dalles blanches du versant sud. C'est du calcaire finement cristallisé en dalle donc et qui daterait de l'époque où sont apparus les premiers ligneux. J'étais pas né à l'époque (ère primaire, 407 millions d'années.). Il y a des gens au sommet de la Pique Longue du Vignemale. Vue surplombante également sur les restes du glacier du Montferrat.
Photo 4 : Vue depuis le sommet du Pic central sur ceux du massif de Vignemale. Derrière, les dalles blanches, dépassent la Pique Longue (3298m) et le Pic du Clot de la Hount (3289m). Tous les autres dépassent les 3200m, dont le Montferrat à droite. Le Grand Tapou que l'on ne voit pas, est encore un peu à droite.


Du pic d'Annie aux Posets, en passant par des vues imprenables sur les Pics d'Enfer, Marboré/Mont Perdu, vallée d'Ossoue, toutes ces sierras espagnoles et les sommets bigourdans au nord, le panorama est vaste et magnifique. Peu original comme commentaire mais on fait ce qu'on peut!!! Là on est tranquille.

Photo 5 : En redescendant. Vue sur le massif de Gavarnie/Mont Perdu au fond : de droite à gauche, les grands sommets des Gabietous, Taillon,... Au second plan, le premier lac du Montferrat, sous le fameux pic Pointu (il fait moins le malin depuis ici!!!)



La descente peut se faire très rapidement en moins de deux heures (peut être quatre minimum pour la montée) et on comprend bien pourquoi c'est un itinéraire de ski de randonnée. On s'y voit presque.
Cerise sur le gâteau, les éleveurs en bas de vallée descendent leurs 150 brebis vers le camion rouge où elles embarquent (celles-ci) vers Saint-Etienne de Baïgorry au pays basque. De les voir grimper sur la plate forme équipée de mini-ascenseurs nous ébahit. On évitera juste de descendre pieds nus de la voiture pour aller observer le spectacle de plus près.

jeudi 8 septembre 2011

Pic de l'Etang Fourcat (2859m), Port de Rat (Ariège)

Départ tardif vers les onze heures des Orris du Carla (au bout de l'étang de Soulcem, dans le Vicdessos, en Haute Ariège) à 1650 mètres, en se disant que le retour serait lui aussi tardif et donc avec un peu plus de chance qu'il soit solitaire pour bénéficier des lumières du soir aussi. Car c'était un peu le but et naïvement un peu aussi la raison du choix de l'itinéraire. Naïvement en cette très belle journée de septembre, car il y a foule sur le parking et comme l'itinéraire par les crêtes est encore plus accessible par le côté andorran (la station de ski d'Arcalis) on peut y trouver du monde. Finalement, on fera une boucle avec une partie des crêtes qui nécessite un peu d'expérience.

Mais la haute vallée de Soulcem offre de multiplies possibilités d'itinéraires et celui qui était le mien au préalable, un tour aux étangs de Caraussans, débute par un fond de vallée assez raide même si l'on trouve le balisage, au niveau des orris du Labinas, le long de la piste interdite à la circulation qui monte en direction du port de Rat. Bien sûr, je ne l'ai pas trouvé (en fait au retour) car comme les brebis au moment de la transhumance, j'étais tellement pressé de monter que la patience m'a abandonné pour un beau versant empli de gispet piquant et une belle cheminée qui débouche sur les orris de Carausans, vers 2250 mètres et rejoint le sentier balisé en jaune. Peu importe, car un isard m'observe et on m'a tellement recommandé les étangs que l'on ne pense plus qu'à eux!

Photo 1: Au fond le pic de Medecourbe sur la frontière andorrane. Au premier plan, parmi les étangs des Clots.

Peu après les orris, le sentier tourne à gauche et passe devant la cabane pastorale, au milieu de la vallée, occupée à juste titre par les bergers du versant, et donc logiquement inutilisable l'été. Ils s'occupent aussi du versant du port de Rat et de celui du Malcaras (voir la cabane sur la sortie de Mai 2011) et alternent les jours de veille. A partir des orris, on pénètre dans la région des étangs de Clots: il s'agit d'une succession de petits étangs, entre 2400 et 2600 mètres, peu profonds, agréablement disséminés sous le versant sud du pic de l'Etang Fourcat, qui lui même semble être à une portée de pas (une grosse demi-heure depuis le dernier lac). L'ensemble est réellement harmonieux même si ce détour me dévit de l'objectif initial, le lac de Caraussans, que l'on verra plus tard.

Photo 2: Depuis le port de Caraussans, vue sur le pic de l'Etang Fourcat au fond, et l'étang de Caraussans. Derrière le photographe, on trouve à quelques dizaines de mètres, l'arrivée d'un télésiège de la station.


Longue pause au sommet du dit pic, à 2859 mètres, d'où la vue sur le massif du Montcalm, au dessus de l'étang de Soulcem, (Photo 3 ci-dessous) est parfaite, avec les glaciers de la Maladetta qui scintillent juste derrière à gauche. Le panorama est large car il se prolonge à l'est vers le Pic Carlit et au sud la Coma Pedrosa en Andorre. Enfin, on domine l'étang Fourcat, (vous l'aurez peut être deviné!!! Effectivement il a bien la forme d'une fourche) et les étangs de Tristaina en Andorre, et bien sûr l'itinéraire de la montée qui permet d'embrasser tous les lacs.


A partir de là, le cheminement par des sentes plus ou moins vagues (mais plutôt plus que moins), plus ou moins balisées, suit de très près la crête (parfois on y est), vers le sud, par le versant ouest principalement.

Photo 4: Pour célébrer le passage d'un personnage célèbre (pas pour les français...) au port de Caraussans.


On passe successivement par la pointe de Peyreguils (2701m), le port (2615m) et le pic de Caraussans (2709m) d'où la vue sur le lac du même nom est nette, et enfin le pic de Cabayrou (ou Cabagnau), à 2733 mètres. L'approche de ce dernier peut paraître un peu plus compliquée mais le terrain n'est jamais vraiment engagée sauf s'il est humide. A ce moment là, c'est un peu à vous de chercher l'itinéraire car il a tendance à s'effacer mais c'est pas plus mal! On n'a pas toujours besoin d'avoir du balisage tous les cinquante centimètres. La suite après le dernier pic est sur un versant à gispet, entrecoupé parfois de déchirure dans le sol. On contourne le cap de la Coste Grande et à flanc, on arrive tranquillement au port de Rat à 2549 mètres, pour attaquer désormais la descente, bien armé, couvert de la quinzième couche de crème solaire, qui ne pénètre désormais plus et qui est donc de la croûte solaire. Peut-être a-t-il fallut deux heures pour venir du pic de l'Etang Fourcat?

Pour descendre,vers l'ouest, on emprunte le GR qui passe non loin du refuge pastoral, près d'un petit lac, à l'eau transparente, coté 2313 mètres, sous le col. Pour le rejoindre, il faut quitter le GR, là où une marque en forme de croix "ferme" le passage du sentier naissant. La cabane est vide et je n'aurai donc pas l'hospitalité qui m'avait été offerte la dernière fois par une soirée grise et bien humide.

La descente se poursuit donc en coupant les lacets de la piste, admirant les jeux d'ombre car la raideur et la hauteur du versant d'en face ne permettent pas au soleil de faire à sa guise. Les chevaux paissent tranquillement dans le fond de la vallée, à travers les pelouses qui s'enroulent autour des méandres du ruisseau de Soulcem. Cette zone assez plane est parsemée de multiples orris de tailles variables et bien conservés.

Photo 5: Pour les incultes comme moi.


On est seul mais pas seul..., profitant de l'accueil des pelouses grasses pour une dernière pause, avant que l'humidité ne tombe, terminant cette belle boucle de six-sept heures de marche. L'idéal aurait été de dormir là.

Photo 6: Là! Vous voyez?

On en resterait là...

jeudi 25 août 2011

Pic de la Forqueta 3007m (Aragon)

Bien que ce ne soit pas une ascension difficile, cela reste reste un itinéraire qui se mérite pour une simple et bonne raison: c'est un peu loin et pas très simple d'accès depuis Toulouse. Si on veut y aller pour la journée et par exemple dormir sur place la veille (ce que je vous conseille car il y a un chouette camping pas cher et un refuge gardé), il vaut mieux partir tôt pour éviter de rester coincés comme des "novices" (...) à l'entrée du tunnel de Bielsa, devant le panneau indiquant les horaires de fermetures (22 heures à 8 heures, du lundi au jeudi) pour cause de travaux, à attendre que ça ouvre et devoir ainsi passer la nuit là!!! Hum...Car ensuite, il faut passer Bielsa, tourner à gauche à Salinas de Sin et s'engager dans la vallée de Chistau où après le village de San Juan de Plan, on emprunte une piste de 11 kilomètres, pas toujours des plus confortables, pour atteindre le départ, les granges de Viados, à environ 1750 mètres d'altitude. Dès que l'on pénètre dans cette vallée, on a l'impression d'être loin de tout.

Photo 1: En redescendant, vue depuis les granges de Viados. Au fond (plutôt au milieu sur la ligne de crête!), le Pic de Posets.

La mise en bouche peut apparaître un peu longue et salée mais on est mis de suite dans l'ambiance pastorale du site qui m'est (mais ce n'est que mon avis) apparu grandiose car les près de fauche, encore en fleurs, et les vieilles bordes en bon état qui se trouvent harmonieusement là, sont dominés par le massif du Pic de Posets et ses 3375 mètres. Pour être honnête, (mais vous n'en doutez pas une seconde), c'est l'endroit que j'ai voulu revoir en premier après mes longues journées de l'été dont j'essaierai de parler plus tard (...).

Le massif est composé de nombreux sommets élevés dont le niveau technique nécessaire à leur ascension n'est pas insurmontable. Nous avons avec Claire donc choisi le 3000 le plus accessible du massif à savoir le Pico (ou Tuca selon les sources) de la Forqueta. Le cheminement se fait presque entièrement sur chemin balisé du GR11.2 (variante sur le GR11) jusqu'au Collado de Grist ou La Forqueta à 2860 mètres. Ensuite, il s'agit de suivre les cairns qui jalonnent la ligne de crête jusqu'au sommet principal (car il y a un sommet secondaire très facile d'accès que vous verrez une fois là-haut). On pose parfois les mains sur cette dernière portion mais c'est un plaisir.

Photo 2: Vue sur le Pic de la Forqueta, depuis le pic de la Forqueta Sud-est. Ce dernier est légèrement plus bas, 3004 contre 3007 mètres.

En cette journée la montagne s'est couverte de trainées blanches qui étaient les restes de l'orage de grêle de la nuit. Un de nous deux pensait que c'était de la neige mais l'autre non. Alors j'ai voulu parier mais faire un pari tout seul, c'est plus difficile.

Photo 3: Bon alors, c'est de la grêle ou de la neige? Et ça, c'est du lard ou du cochon?



Ainsi, même si les prés étaient encore en fleurs, une impression automnale se dégageait de l'ensemble car la montagne s'était parée de teintes marrons, le vert des pâturages d'altitude tirait un peu vers le jaune et le soleil en fin de matinée n'était pas aussi agressif. Le sentier est bien balisé tout du long. On quitte rapidement la zone de prés sur le versant au soleil, adossé au Pic Schrader, pour entrer dans une zone mixte de forêt de pins et de pâturages qui nous mènent ensuite vers la forêt en montant le Val de la Ribareta. Celui-ci se termine avec une falaise taillé au hachoir dans le versant (vers Las Tuertas). Puis le sentier gagne la zone des pâturages d'altitude, où un cadavre de brebis (enfin ce qu'il en restait) gisait au milieu du sentier :
-Non, non. Elle ne s'est pas coupée la jambe à la scie avant de mourir.
En fait, on se demandait pourquoi, il y avait un tibia qui trainait plus haut.

Photo 4: Sur la zone de pâturage. A droite, les pics Eriste. A gauche, coincé entre les deux versants serrés, le Pic de la Forqueta. Le sentier passe par là.

Vers 2300 mètres, on laisse à droite le sentier qui file vers l'Ibon (lac) d'els Millars (30 minutes) et se prolonge vers celui de Leners (une heure), par un raidillon dans les pelouses qui aboutit à une zone suspendu et plus plate mais aussi plus minérale avec une vue plus claire sur l'objectif. Il peut-être possible de faire une boucle vers le premier lac et de récupérer le sentier du GR plus haut. Sur certaines cartes/guides, en tout cas, c'est indiqué.
-Voilà. On arrive au col, puis on se fait la crête, puis le camembert.
On peut d'ailleurs apercevoir des gens sur celle-ci. Au sommet, ce sera un couple avec ses deux filles de 10-12 ans. C'est accessible!

Le panorama du sommet est idéal pour voir le versant sud des Posets.

Photo 5 : Depuis le sommet de la Forqueta, vue sur le sommet du Pic de Posets, encapuchonné de grêle et à droite, au pied, l'Ibon de Llardaneta.



On est à hauteur également des pics Eriste au sud-ouest qui paraissent finalement un petit peu plus loin que prévu (ce sera pour une autre fois). (Photo 6 ci-dessous, avec l'Ibon alto de Bagüena)


La crête du massif de la Maladetta avec l'Aneto qui trône au milieu est parfaitement visible. Ce n'est pas le cas du Mont Perdu qui est dans les nuages. Par contre, on voit bien le massif du Néouvielle et celui du Perdiguère. La description ne serait pas complète sans les lacs qui parsèment les cirques d'origine glaciaire tout autour: l'Ibon de Llardaneta par où passe le GR11 qui va au refuge d'Angel Orus et l'Ibon alto de Bagüena au pied des pics Eriste. Le temps s'est un peu couvert alors je laisserai la description du piémont car on n'y voit pas...

Retour impeccable en coupant par un petite cheminée où s'engouffre un semblant de sente qui aboutit plus bas sur le GR. Entre six et sept heures de marche car finalement la montée est longue. Petite pause au café du camping plus bas histoire de profiter une dernière fois et d'acheter une spatule en bois faite par le patron des lieux.

jeudi 19 mai 2011

Pic de Malcaras 2865m (Ariège)

Un printemps sec et précoce donne envie d'aller tutoyer des sommets plus élevés. La neige est toutefois encore présente en altitude alors nous avons choisi une montagne des Pyrénées ariégeoises qui offrait un versant sud accessible, d'une altitude non négligeable (histoire de voir où nous en sommes!), assez proche de la ligne de crête frontalière. C'est aussi l'occasion de tâter le manteau neigeux par nous-même pour aller encore plus haut ultérieurement (je n'aime pas particulièrement les montagnes trop enneigées...).
Photo : Et pourtant, un peu de neige ne fait pas de mal! Au fond, le sommet du Pic de Malcaras.

Le Pic de Malcaras (2865 mètres) dans la vallée de Vicdessos est choisi, un peu comme on prend un ticket de loto (avec internet il y a de plus en plus de tickets gagnants), mais en restant optimiste, comme toujours. Ceci dit, c'est avant tout une partie de la vallée que je ne connaissais pas! Le départ est matinal car la pluie est annoncée pour l'après-midi et effectivement elle sera là sous forme d'orage dès le pied posé au retour à la voiture, à 13h30.
Photo : On remonte sur quelques dizaines de mètres la piste puis on file à gauche visant la petite falaise grise et un peu noire, plus au moins au centre de la photo.

Nous partons vers 7h30 du parking des Orris du Carla à 1650 mètres d'altitude au bout de l'impressionnant étang de Soulcem. La vallée n'est pas si large que cela. On laisse la voiture là et nous n'irons pas plus loin tenter de prendre une amende de cent cinquante euros en poursuivant la piste.
- Tu vois la vallée avec la piste qui monte en serpentant?
- heu, oui.
- Puis les sommets enneigés au loin?
- Oui, oui.
- C'est beau hein?
- Ah oui...
- Et bien, c'est pas là!
Cela tombe bien car en fait notre itinéraire pique droit vers l'est sur le versant (de Pause Plane) un peu raide au dessus des prairies. Le départ n'est pas forcément facile à trouver alors prenez comme bon vous semble (le terrain est facile) en visant une sorte de petite falaise noirâtre (à environ 1800 mètres d'altitude) juste au dessus puis filez vers la gauche. Le sentier (qui vient en fait du Carla d'en Haut) vous mènera rapidement, vers 2020 mètres, à une cabane pastorale au milieu d'une jasse (Du N. C. fém. provençal jasso francisé : bergerie (élevage ovin). En fait l'endroit où les bêtes passent la nuit autour de la cabane "protectrice".) (voir photo ci-dessous), non ouverte pour le randonneur de passage. Autour il y a quelques orris en très bon état pour s'abriter en cas de force majeure. Ceci dit mieux vaut ne pas trop s'y allonger.

A partir de là, le versant devient plus raide, le sentier, bien qu'en partie cairné n'est plus aussi aisé à suivre. On se dirigera sur le vallon de gauche en regardant vers le haut, puis ayant passé le premier resserrement, on restera bien sur le vallon à droite de la crête rocheuse (qui mène au sommet). Vers 2650 mètres, la pente s'adoucit et on arrive à un lac qui n'est pas mentionné sur la carte, à 2690 mètres (vérification faite sur la dernière carte Top 25 de Vicdessos que je me suis procurée, il était mentionné). Le sommet est à gauche et nous tend les bras. Un dernier petit effort dans la neige qui était continue depuis peu.
Le panorama est large et intéressant depuis le sommet car les montagnes de la région ont une altitude assez homogène. Ainsi, la ligne de crête sur laquelle se trouve le sommet, est à une altitude comparable de ses voisines. On a l'impression de pouvoir toucher les autres sommets. Bon, on attendra un peu car le massif du Montcalm juste en face est dans les nuages. La haute vallée d'Arties, autour de l'étang du Fourcat, et les faces nord des sommets du haut Vicdessos sont encore bien enneigés. Par contre le manteau blanc semble avoir quasiment disparu des montagnes andorranes et espagnoles.
La descente se fera en quatrième vitesse pour éviter la pluie que l'on pressent...
Photo : Descente en ski (sans les skis!).

Pas de soucis, on aura le temps de visiter les orris de Le Carla d'en Haut.
Photo : C'est qu'il ne s'agit pas de se laisser aller. Petite pause à Auzat. Claire et Ian n'ont pas du trop forcer...

jeudi 28 avril 2011

Maroma 2068m, Velez-Malaga (Andalousie).

La Maroma, dans la Sierra Tejeda, est la cime la plus élevée de la province de Malaga, à l'est d'Antequera. Son aspect est massif car à son altitude élevée pour la région, elle conjugue un fort dénivelé, la mer étant toute proche et les montagnes autour plus petites. On dirait une table blanche posée sur la campagne verdoyante et vallonnée.
Photo 1: Vue sur le sommet peu après le Collado de la Gitana (1416m). C'est encore loin...


Le départ se fait du village blanc de Canillas de Aceituno, dans la région de l'Axarquia, à moins de 700 mètres d'altitude sur le versant sud (à une quinzaine de kilomètres de Velez-Malaga). Vous en déduirez donc que l'ascension sera longue (plus de trois bonnes heures pour les non-habitués, j'ai lu sur des panneaux quatre heures) et "chaleureuse" (...) pour ne pas dire plus. A éviter donc à partir du mois de juin.
L'itinéraire débute près de la mairie (Ayuntamiento) par une large pancarte qui vous indiquera la direction à prendre.
Photo 2 : Le seul moyen de se perdre est de s'installer à la terrasse du café, au dos du photographe. Mais pour cela on pourra attendre le soir!


Le chemin est balisé jusqu'en haut, alors vous pourrez oublier à la pension la carte topographique que vous aviez certainement acheté spécialement dans une librairie de Malaga (au bout de la Calle Alamos au croisement avec Puerta Buenaventura, mitoyenne d'une boutique d'équipement de sport de montagne, dans le vieux centre à deux pas de la place de la Merced où il y a la maison natale de Picasso) !
L'ascension est rude mais les premiers lacets à la sortie du village sont quelque peu protégés par des bosquets de pins. Après la fontaine (eau potable) de la Rabita, à 1050 mètres n'y comptait plus trop car le débit des suivantes dépend de la quantité d'eau tombée dans l'année. Le chemin est large et bien entretenu, encore du pavage du siècle dernier. L'usage est ancien car les habitants allaient chercher la glace et la neige l'hiver dans les hauteurs avant l'invention du frigo (forcément) et l'y entreposait (Casa de la nieve). Et si j'ai bien compris les pancartes, l'endroit accueillait des ermites musulmans (là il faudrait vérifier...). On y allait également chercher la matière première pour enduire les façades de chaux.
Le parcours serpente pour éviter les vallées très encaissées, le paysage devient assez majestueux et même si on se sent en forme, et que l'allure est joyeuse, il peut arriver parfois que l'on se demande ce qu'on fait là!!! Le sommet est encore assez loin, même depuis la Proa del Barco à 1690 mètres, et le terrain minéral.
Heureusement dame nature, dans sa grande générosité, vient se faire pardonner car apparaissent devant moi, à vingt mètres, deux têtes de caprins sauvages, en fait ce sont des bouquetins d'Espagne. Non, je ne rêve pas. Il ne s'agit pas d'une enseigne pour une marque de matériel de ski. Mais comme ils ne bougent pas, je doute.
- Pss, psss...Allez...Ohohoh. (Photo 3 ci-dessous)


En plus, mon côté égocentrique ressort et je me dis qu'il faut être le seul à voir ce beau spectacle. Ils finissent par partir et j'accélère le pas...
Et puis, il y en a d'autres sur les crêtes, sous le vol de quelques grands rapaces (aigles?). Le sommet est là, large. Un avion aurait peut être la place de s'y poser. Le guide et la carte précisaient que le point culminant était en fait un deuxième talus, plus loin de cinq minutes, paraissant plus petit, mais en fait plus haut d'un mètre.
Alors j'y vais, revenant aussitôt manger mes deux pommes sous le monument du sommet (l'officiel). Le panorama est large même si là aussi l'heure tardive n'aide pas à la clarté. Tant pis, pour la Sierra Nevada qui est encore dans les nuages. Les nombreux abris contre le vent prouvent que l'endroit est fréquenté et que venir passer la nuit ici doit être magnifique. Les côtes du Maroc ne sont pas loin et au petit matin ou le soir au couchant... Les bouquetins reviennent, c'est une véritable invasion et je ne m'attendais pas du tout à cela.

Photo 4: J'aurais bien mis un petit film: ça va venir...

La descente sera longue mais l'arrivée au village et la pause à la terrasse d'un café, à l'ombre des orangers en réconfortera plus d'un. Le coca bien frais donnera les forces pour une dernière petite virée à travers les ruelles, dont le maillage est hérité de la période musulmane, discrètement, sans trop déranger les papis assis sur les bancs, à discuter, eux aussi, à l'ombre sous les orangers. L'idéal aurait été d'y passer la soirée.
Photo 5: Vue générale sur le village depuis les rues du haut. L'église est sur l'emplacement de l'ancienne mosquée. Il reste des vestiges encore dans la région, à faire tranquillement ensuite en voiture.


P.S.: Les jours qui ont suivis ont été abondamment arrosés. Les suggestions s'arrêtent là, même si je conseille la Torrecilla, dans la Sierra de las Nieves, près de Ronda... Une autre fois.

Photo 6: Mon itinéraire...