A force, je vais finir par me demander si je pars en montagne pour ensuite écrire une page de blog, ou si la motivation est inverse!
Puisque Guillaume a l'air motivé et du coup motivant, cette fois-ci, on s'est donné un objectif qu'on peut qualifier, sans force modestie, d'assez ambitieux pour probablement une des dernières belles fenêtres de la saison dont on pourra profiter. Direction le luchonnais, parce que c'est proche, mais surtout parce que la vallée d'Oô offre de multiples possibilités de monter à 3000 mètres d'altitude et qu'ainsi on peut parcourir les étages successifs de la montagne pyrénéenne.
Après avoir passé la nuit sous la tente, sur le dernier parking au bord de la route, avant le terminus des granges d'Astau (1130 mètres), bercés par le carillon des ruminants, juste de l'autre côté de la rivière, nous sommes prêts, de bon matin, pour l'objectif que nous nous sommes fixés : le pic de Perdiguère (sur la crête frontière) à 3222m d'altitude, soit plus de deux mille mètres de dénivelé positif.
Autant vous le dire de suite, pour abréger le suspens, nous n'atteindrons pas le sommet car après le dernier col, la poursuite de l'itinéraire, à plus de 3050m, par un versant ombragé, avec un passage nécessitant de poser les mains, sur une pente quelque peu exposée, parsemée de neige et parfois encore verglacée, nous a fait rebrousser chemin pour ne pas prendre de risques inutiles, au retour notamment, en l'absence du matériel adéquat.
-Guillaume, tu prends le crampon gauche? Je prendrai le droit! A cloche pied, ça devrait passer!
Plus tôt dans la saison, cela n'aurait posé vraiment aucun problème. Un moment de lucidité? sagesse? maturité? ou la trouille? Je vous laisse choisir mais j'ai mon idée. Nous étions tous les deux sur la même longueur d'onde, et nous avons finalement rebroussé chemin sans aucun regret. Voilà l'essentiel.
Photo 1: Vue sur le pic de Perdiguère (3222m) au second plan, depuis le pointe de Literole (3131m). Les jambes ne sont pas encore si lourdes que ça!!!
Le beau lot de consolation nous a porté vers les deux pics de la crête à l'est, le pic Royo (3121mètres) sans aucune difficulté, depuis le col supérieur de Literole (3049m), puis la pointe de Literole (3132m), un peu plus loin, pas trop difficile. Le panorama est, de tout côté, de toute beauté avec les principaux grands massifs pyrénéens, dégagés par le flux de sud, dans ce beau ciel bleu. Le pic Posets (3375m), notamment, qui se montre derrière le portillon d'Oô, la face sud des Crabioules, le grand nombre de lacs glaciaires... Là, les photos deviennent nécessaires même si le mieux est d'y monter, évidemment. On peut alors y repenser après et se dire qu'on a pas besoin de fumer un joint pour se sentir décoller.
Photo 2 : Depuis la punta de Lliterole, de gauche à droite, le pic des Crabioules oriental (3116m), puis le Maupas (3109m), au centre sous le nuage, le massif de l'Aneto (3404m) et complètement à droite, le pic de Perdiguère. (photo de Guillaume)
Photo 3 : Depuis la punta de Lliterole, à gauche, le pic de Perdiguère, puis le pic Posets (3375m), le pic Seil Dera Baquo (3110m) et son glacier, enfin de gauche à droite, le pic des Gourgs Blancs (3129m), pic Gourdon (3034m) et pic des Spigeoles (3065m). Le pic Lézat (3107m) est bien à droite. Les connaisseurs reconnaitront au fond d'autres massifs parmi les principaux. (Photo de Guillaume)
N'allez pas imaginer non plus, après la confrontation des chiffres (bon, on a quand même marché neuf heures en tout) que le cheminement n'a été que labeur.
Photo 4 : Chemin carrossable jusqu'au lac du Portillon...
On se trouve probablement dans une des plus belles vallées des Pyrénées et chacun, selon son niveau, peut venir profiter. Des granges d'Astau, le sentier (d'abord piste) avale le dénivelé par gradins successifs: au bout d'une heure, on est au lac d'Oô (1504m), profitant de l'étage montagnard, une heure de plus et c'est le lac et refuge d'Espingo (1950m) au milieu des pâtures de l'étage sub-alpin, enfin, et là, ça se complique un peu, deux heures de plus, on arrive au majestueux lac du Portillon (2570m) et son refuge. La vue sur le cirque, les glaciers et les principaux sommets est déjà magnifique et on pourrait s'arrêter là.
Photo 5 : Il faut imaginer qu'il y a un siècle les glaciers arrivaient sur les rives du lac du Portillon. Au fond, la ligne de crêtes du Seil dera Baquo, avec au centre le pic Seil Dera Baquo (3110m).
Aujourd'hui nous avions décidé d'en découdre : nous avons donc contourné laborieusement le lac, au-dessus des falaises, poursuivant une sente cairnée, qui virevolte dans les débris, contournant une paroie sur la droite, par une moraine couverte de gravier et de rocher pour s'engager dans le vallon supérieur de Literole jusqu'au col (peut être le passage le plus pénible). C'est dans l'étage alpin. La suite, vous la connaissez.
Il faut toutefois reconnaître que la descente a été...interminableeeeeuu. Les jambes se faisaient lourdes sur la fin et quand nous repensions à la montée du matin, il nous semblait que c'était la veille. Mais les belles couleurs d'automne et l'arrivée nous ont fait oublier la difficulté : une vraiment très belle journée (je vais finir par vous blaser). Pour continuer un petit peu ...
Photo 6 : La saison des myrtilles est terminée.
Merci encore de me le faire revivre. Ca manque de photos de la partie dure : peut-être avions nous la tête ailleurs ... Voici en tout cas en axe de progrès. Parce que ce n'est pas la dernière de la saison : jeudi sera une belle journée.
RépondreSupprimerfinalement vous n'étiez pas loin du sommet à 3222m !!
RépondreSupprimerà refaire pendant la saison chaude ;)