lundi 2 octobre 2023

Le pic Jean Arlaud (3065m) et le pic des Gourgs-blancs (3129m) depuis le refuge du Portillon (et avec un guide de haute montagne)

     Le pyrénéiste Jean Arlaud a perdu la vie sur les crêtes du Pic des Gourgs Blancs le 24 juillet 1938 et une plaque commémorative a été élevée au sommet en son honneur. Un sommet voisin, tout juste à l'est, le pic du port d'Oô sera d'ailleurs baptisé pic Jean Arlaud (3065m) en 1953 et le refuge du Portillon tout en haut de la vallée d'Oô porte aussi le double nom Jean Arlaud. Ainsi on trouvera ce lien pour cette double ascension qui m'a paru engagée et pour laquelle clairement j'avais besoin d'un guide pour me monter là-haut et me ramener vivant! Jusqu'au Port d'Oô à la base est du pic Jean Arlaud, depuis le refuge du Portillon, il n'y a pas vraiment de difficulté si ce n'est le cheminement dans les éboulis des moraines qui marquent le si net et terrible recul des glaciers pyrénéens. On devra parcourir d'abord les 4h30 annoncées pour atteindre le refuge depuis le parking des Granges d'Astau (1140m) la veille, afin de partir à l'aube (pas trop tôt en cette saison) de ce samedi 30 septembre pour cette course d'altitude. Du refuge, il faudra rejoindre le col du pluviomètre vers l'ouest, sous la tusse de Montarqué, en croisant en cette matinée, deux isards, par la Haute Route Pyrénéenne, en surplombant le lac Glacé puis donc aboutir au Port d'Oô à 2904 mètres d'altitude en environ deux heures de temps. Au passage, on prendra note de la quasi disparition de la partie ouest du glacier du Seil de la Baque dont il ne reste qu'une faible superficie accrochée sous le cap du même nom... 

Photo 1 : Depuis le col, vue sur le pic Jean Arlaud (3065m) puis juste derrière le pic des Gourgs-blancs (3129m). À gauche, le port d'Oô (2904m) et à droite celui des Gourgs-blancs (2877m) par où passe la HRP. Vue depuis juste après le col du pluviomètre en allant vers l'ouest.

    À partir de là débute la course de crête qui permettra d'enchaîner les deux sommets qui sont séparés par une brèche à 3027 mètres d'altitude. Il faut alors s'élancer encordés dans la face est en allant chercher par des petites vires vers la droite en montant une cheminée qui permettra de s'élever vers la partie supérieure de la face dont on escaladera le dernier tronçon par un itinéraire en écharpe beaucoup plus accessible et qui débouche sur la crête finale. Du sommet, on se rendra compte que la partie finale du sommet des Gourgs blancs, juste en face, a l'air facile mais avant cela il faut descendre en des-escaladant vers la fameuse brèche, peut-être en posant un rappel. Effectivement la remontée est simple, de la quasi randonnée. Mais une fois sur la crête, lorsqu'on poursuit vers l'ouest, après le cairn sommital, cela devient à nouveau engagé avec une longue succession de vires, cheminées et autres lieux assez vertigineux dans laquelle j'ai laissé beaucoup d'énergie, tout en me laissant complètement guider pour finalement rejoindre le col de Gias dans la direction du pic de Clarabide, point le plus occidental de l'itinéraire, duquel il va falloir désormais revenir. Pour cela on redescendra par l'itinéraire espagnol vers le beau lac de Gias (2636m) sans cependant complètement l'atteindre pour remonter à nouveau vers le port d'Oô et reprendre l'itinéraire de l'aller. Cette descente m'aura permis d'observer les autres itinéraires présentés dans les divers topo-guides utilisés pour préparer la sortie, notamment le fameux Pyrénées, Guide des 3000 mètres de Luis Alejos, qui rejoignent la brèche entre les deux sommets, tout deux sur la frontière franco-espagnole, et se dire que vraiment ce n'est pas simple ni à trouver, ni à parcourir... Ceci-dit il faut toujours se méfier de ce que l'on peut voir de loin sur un versant, et à cela il vaut mieux préférer ce qu'on constate concrètement sur place même si cela n'est pas toujours simple... Certains vous diront que finalement l'itinéraire que nous avons utilisé semble être le plus propre. Il l'est d'autant plus que l'ancienne voie normale du pic des Gourgs-blancs qui passait par le glacier du versant nord est aujourd'hui quasiment plus utilisée du fait de la disparition du glacier qui laisse une longue parois raide. En tout cas, comme je ne suis clairement pas un alpiniste, cette description de la journée et de son itinéraire n'est absolument pas à prendre en compte comme un topo-guide et chacun prend ses responsabilités de manière individuelle pour trouver son itinéraire. Étant donné la position centrale du massif au coeur des Pyrénées, le panorama sur les grands sommets mais aussi les plaines au nord, ainsi que certains petits massifs, au nord comme au sud, est assez vaste. 

Photo 2 : En montant vers le sommet du pic des Gourgs-blancs, en se retournant, vue sur le lac glacé avec en arrière plan sur le pic Quayrat et au devant la face est du pic Jean Arlaud en redescendant vers la fameuse brèche (3022m)


Photo 3 : Avec vue plongeante sur le chemin parcouru dans la face du pic Jean Arlaud puis en contre-bas, l'itinéraire de la marche d'approche qui passe par le contrefort de la moraine de l'ancien glacier du port d'Oô. Au fond le lac Glacé est dominé par la Tusse de Montarqué. On trouve le col du pluviomètre à droite. Ce pluviomètre se trouvant sur le petit sommet juste à droite de la tusse, d'où le nom qui a été donné au col.


Photo 4 : En s'approchant au plus près du lac de Gias. Au fond, à gauche, qui dépasse à peine, on trouvera le pic d'Aneto.

    En tout cas, cette ascension du Pic Jean Arlaud m'aura laissé un souvenir vif car lors de la marche d'approche, tout en me disant que N. mon guide de toute façon, allait m'aider à monter là-haut (et me redescendre), je me suis demandé tout de même longtemps par où il allait passer, tant ce sommet en forme de canine a une forme imposante. 

    Le fameux Jean Arlaud, savoyard d'origine, qui a découvert les Pyrénées lors de ses études de médecine à Toulouse, est enterré au cimetière de Gavarnie dans le carré des Pyrénéistes. Le nouveau baptême de ce sommet a pris du temps au cours du 20 ème siècle et il faut aussi avoir en tête que du côté espagnol celui-ci a gardé son appellation d'origine. Côté français, la double appellation sur le site officiel de l'IGN reste de mise même si l'appellation Jean Arlaud a été entérinée à la fin des années 50 mais pendant longtemps, au 19ème siècle, il y a eu confusion chez certains entre les sommets pour l'appellation du pic du port d'Oô que le pic des Gourgs-blancs possédait aussi. En ce qui concerne les Gourgs blancs, le premier terme signifie lac profond en patois local. Et blanc, car l'eau des lacs des Gourgs blancs offrait un aspect laiteux. Pour aller plus loin, on peut lire l'article de Francisco Termenon et Robert Aumard Histoire d'une montagne, les Gourgs-blancs dans la revue Pyrénées de janvier 2010 (n°241).

Photo 5 : Sur la crête sommitale du pic des Gourgs-blancs dont le sommet est au fond surmonté du fameux cairn. À l'horizon, juste à gauche du fameux cairn, le pic Schrader ou Bachimala, à droite, enneigé au loin, le massif du Vignemale. Au milieu de la double barre du pied de la croix, s'intercale le Pic Long puis à droite, les crêtes du Néouvielle.

Sommaire du blog

    En redescendant, on pourra tout de même admirer le lac d'Oô et comparer avec le tableau observé au musée des Augustins.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire