samedi 2 septembre 2023

Les Pyrénées au musée des Augustins à Toulouse, le tableau La chasse à l'ours vers la cascade du lac d'Oô de L.F.Lejeune

         On pourra admirer le tableau de Louis François Lejeune La Chasse à l'ours vers la cascade du Lac d'Oô, près de Bagnères-de-Luchon au musée des Augustins qui malgré les travaux reste ouvert de manière exceptionnelle jusqu'au 16 octobre dans une configuration différente mais non dénuée d'intérêt (le musée ré-ouvrira ensuite qu'en 2025). Cette fois-ci on entrera par la rue Mercier et les tableaux sont exposés dans l'église avec un accrochage renouvelé dans lequel on sera content de retrouver le tableau sus-mentionné.


Photo 1: Une agréable surprise que l'ouverture estivale du musée...

        Il est écrit sur la note de présentation près du tableau, huile sur toile datant de 1834, la chose suivante :"Formé auprès de Pierre-Henri de Valenciennes, reçu à l'Académie royale de peinture en 1789, Lejeune s'engage dans l'armée révolutionnaire en 1792, participe aux campagnes de Napoléon avant d'être fait baron d'Empire en 1810. Il quitte l'armée en 1813 et s'installe à Toulouse, où il devient tour à tour directeur de l'école des Beaux-arts, du musée des Augustins, puis maire de la ville en 1841. Il livre ici deux tableaux inspirés des paysages des Pyrénées; parcourue de petits personnages pittoresques, la nature prend des allures grandioses, dans une veine typiquement romantique".

        Dans la revue du souvenir napoléonien sur le site d'Histoire de la Fondation Napoléon, on trouvera, dans un article tiré du numéro 302,  tout un rappel des péripéties de l'auteur à travers les campagnes militaires de l'empereur mais aussi l'évocation des tableaux de batailles qui furent à l'origine de sa renommée comme probablement la plus accomplie La bataille de la Moskova. On pourra lire tirés de ses textes également son approche quant à la représentation de ces scènes tragiques mais aussi spectaculaires:

        "Si, lorsque des scènes aussi tragiques surprennent nos regards, on pouvait, en admirant, repousser de son coeur le besoin de compatir aux malheurs que causent les flammes, aucun spectacle ne présenterait un intérêt plus vif et plus saisissant. Devant ces affreuses catastrophes j'étais sans doute honteux d'éprouver encore autre chose que des émotions déchirantes et d'y voir aussi de brillants tableaux; mais je me rassurais en songeant que si la guerre, pour donner l'essor aux grands coeurs, les ferme si souvent à la pitié, elle doit leur conserver le pouvoir d'admirer tout ce qui est grandiose, magnanime ou magnifique pour qu'ils puissent le reproduire quand l'occasion leur en est offerte. Alors à mes yeux, avides, saisissaient les contours de ces belles horreurs, j'ambitionnais, je portais envie au talent du célèbre Joseph Vernet qui, en peignant les incendies et les éruptions du Vésuve, avait animé ses toiles jusqu'à les faire croire brûlantes. Ainsi, entraîné par mon admiration devant ces effets extraordinaires que l'on ne saurait inventer, je les crayonnai promptement sur mon "agenda" pour en conserver le souvenir."

    À y regarder de plus près, on trouvera sans doute effectivement les montagnes grandioses mais on peut penser qu'elles écrasent complètement la scène au premier plan et donne un ton au tableau qui, personnellement, ne m'apparait pas spécialement en adéquation avec ce qui est dit en guise de conclusion dans ce même article de la même revue : " Mais nul ne contestera que sa "chasse" et sa "pêche" (l'autre tableau exposé aux Augustins) empreints de romantisme souriant, ne soient des tableaux à la fois charmants et charmeurs, bien éloignés du fracas des batailles, et qui portent l'empreinte d'un artiste qui, jusque dans sa vieillesse, sut demeurer épris de beauté jeune de coeur et d'imagination."

Photo 2 : Plan rapproché sur la scène au premier plan.

    Peut-être que la lecture de cette scène est faite avec des éléments d'aujourd'hui et apparaîtra anachronique. Il m'apparaît néanmoins que cet ensemble d'hommes participant à cette chasse à l'ours semble avoir quelque chose de militaire. Les animaux apparaissent tous victimes d'eux, de leurs violences, avec le cadavre d'un ours porté par une sorte de procession, trois autres ours qui sont attachés et semblent destinés à être montrés lors de foires futures. Il en est de même d'un énorme rapace, qui ne semble pas être un vautour, enchaîné et qui s'agite sous la direction de son maître. Que font les deux petits isards au premier plan, dont un avec un collier, qui semblent également apeurés? Ainsi la nature y semble bien domestiquée au contraire de l'arrière plan et de la montagne sauvage et de toute la violence dont elle peut être capable. Tout cela ne semble évoquer donc que de la violence et non des sourires et semble finalement pas si éloigné de ses grands tableaux de champs de batailles pour lesquels "l'exactitude se retrouve dans le détail des scènes représentées, qui sont autant d'instantanés dont la seule distorsion résulte parfois d'une compression de leur juxtaposition dans le temps et l'espace. Les personnages sont de dimensions réduites par rapport à la surface du tableau, mais chacun est un portrait. Le naturel plutôt que le théâtral est recherché dans leurs attitudes. Mais ce souci de vérité poussé dans les moindres détails d'expression, d'habillement, de flore ou de faune, n'empêche pas l'artiste de donner à l'ensemble de son oeuvre une harmonie et un équilibre de volumes et de couleurs qui font du tableau une oeuvre d'art. Et pour y parvenir, il s'accorde une certaine licence dans le traitement du paysage, accusant les reliefs, agrandissant les arbres, jouant des lumières du ciel et des teintes plus sombres des fumées du champ de bataille ou du  crépuscule" (ou ici le contraste entre le ciel clair et la pénombre du fond de vallée sous les grands arbres) de Lejeune, Témoin et peintre de l'épopée : l'artiste par  Dutemple de Rougement dans la revue du souvenir Napoléonien (302). 

Il reste néanmoins effectivement la beauté grandiose des montagnes représentées qui pour tout connaisseur de la vallée, rappellera ce lieu de manière assez concrète. Et effectivement, l'artiste semble en être puisqu'en 1805, il écrit alors "Nous étions au 4 novembre 1805; il faisait froid, la terre et les arbres de la forêt d'Amstetten étaient couverts de masse considérable de neige produisant un effet très remarquable sur nous autres... de volumineux bourrelets de neige arrondissaient leur cime, en faisaient de belles grottes, comme celles de nos Pyrénées si riches en brillantes stalactites et en élégantes colonettes. Je faisais remarquer ces beautés au maréchal Murat..."

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