samedi 27 septembre 2014

Grand Eriste 3053m et Eriste sud 3045m (Aragon)

Ils sont les sommets de plus de 3000 mètres (vive la Révolution française) les plus méridionaux du massif des Posets dans les Pyrénées aragonaises. Et vu la longueur de leurs accès par le sud, en venant du puerto de Saunc, à 1999 mètres d'altitude (au bout d'une très longue piste depuis le village de Plan, mais elle est bétonnée depuis le village de Chia, versant Benasque) puis bien plus haut, sous les sommets, une mer d'éboulis (mais le paysage rencontré était bien indiqué dans le Guide des 3000 de L.Alejo), on se dit que le chemin sera fastidieux et qu'il n'y aura pas grand monde. A la limite, si ces sommets ne dépassaient pas la limite fatidique, irait-on se perdre par là?

Photo 1: Le versant est du puerto de Saunc ou Sahun (celui-ci est au bout de la piste, au fond à droite), avec ses pâturages encore bien exploités, et le pico de Chia (2517 m) au fond. la montagne ce jour là était encore parcourue par des troupeaux de vaches et de nombreuses brebis.
En fait, on a là un cheminement qui offre une grande variété de situations et de très beaux paysages. Une course qui nécessite un temps stable et une habitude de la pratique de la haute montagne pyrénéenne, même si pour le pic d'Eriste sud, il n'y a pas de réelles difficultés techniques. On peut envisager de gravir les deux sommets car vraiment le pic d'Eriste sud est très proche du chemin pour aller au pic central. Mais on peut se contenter d'une partie de l'itinéraire pour quand même voir de belles choses, voir même de simplement passer la fin de la journée au départ, au puerto de Saunc pour profiter des variations dans les tons d'une montagne pastorale décidément très belle et vivante. Ce fut une très belle surprise que les endroits visités. Alors le récit pour cette fois ressemblera davantage à un diaporama.
Photo 2 : Le fond de l'ibon de Barbarisa (vers 2310 m) et les ibonets de Barbarisa.
Photo 3 : Depuis le collado de Pardines (2538 m, 30 minutes au dessus de l'ibon de Barbarisa), plein est, vue sur le si joli ibon de la Ribareta (sur une autre carte, il est nommé ibon del paso de las bacas, ambiance pastorale garantie). Franchement, on aurait eu envie de poursuivre dans cette vallée. Le contre-jour de la photo ne permet pas de se rendre compte du bleu tropical de l'eau du lac. Le massif de l'Aneto est au fond.
Photo 4 : En ayant laissé le sentier qui descendait vers l'ibon de la Ribareta, on file vers le nord, à flanc, suivant les cairns et des sentiers de chèvres, on passe à proximité de deux premiers laquets vers 2586 m. Toujours avec le pic d'Aneto en fond d'écran.
Photo 5 : Le pic d'Eriste central est là couronnant le champ d'éboulis. Pour parvenir au sommet, il faudra rejoindre la porteille de droite, dans un terrain un peu instable. Le chemin passera ensuite derrière pour remonter un couloir qui donne sur le versant ouest, nettement plus raide... Les cairns ne sont pas toujours bien visibles sur la portion dans les éboulis.
Photo 6 : Avant d'attaquer l'ultime couloir qui mène au sommet de l'Eriste central, vue sur l'ibon Chelau (2805m) et la pica Sierra (2884m).
Photo 7 : Depuis le pic d'Eriste sud, 3045m, vers l'est (plus ou moins...), la mer d'éboulis et l'ibon de Bagueña (vers 2470 m). Le pic d'Aneto est au fond, à gauche.
Photo 8 : Sur la piste, qui rentre au puerto de Saunc depuis la cabane de Barbarisa. Le camion semblait amener des brebis et non pas les rechercher : ça m'a laissé perplexe, si tard dans la saison.
Je conclurai en disant que l'on peut venir pour visiter des sommets de plus de 3000 mètres mais qu'on y reviendra probablement pour visiter les nombreux lacs, la vie pastorale et les sommets moins hauts de la région. Ou simplement depuis le puerto de Saunc, regarder le paysage pastoral en fin de journée. On pourra poursuivre chez soi avec la lecture de la publication de la thèse de 3ème cycle du géographe Max Daumas La vie rurale dans le haut Aragon oriental (un peu ancienne, 1976, un peu longue plus de 700 pages mais on n'est pas obligé de tout lire...), Un géographe dans les Pyrénées aragonaises (Avec B.Bennassar) ou les ouvrages de Severino Pallaruelo (même si c'est pas tout à fait que cette même région), notamment le Pastores del Pirineo ou Tristes montagnes (mais c'est vraiment triste...).

lundi 15 septembre 2014

Balaïtous 3144m (Hautes-Pyrénées)


Photo 1 : Le départ, au bout de la route de la vallée du gave d'Arrens, vers 1450m d'altitude. Cela paraît difficile de se perdre!
On peut prendre des chemins balisés pour gravir un sommet important des Pyrénées, dont l'histoire de son ascension est bien sinueuse,  le Balaïtous, en passant la nuit d'abord dans un refuge gardé, le refuge de Larribet avec un accueil des plus chaleureux et agréable, se lever au petit matin (en cette saison un peu plus tard) après un petit déjeuner dans la salle où la veille on a pu lire des revues sur les Pyrénées et la montagne. Tiens, le voyage d'un peintre chinois, He Yifu, dans les Alpes, lors d'une exposition au musée de l'Ancien évêché de Grenoble. Et puis, en écoutant les conseils de la gardienne, qui vous aura montré tout cela sur une photo peut-être, après les lacs de Micoulaou (vers 2350m), éviter de filer directement vers le col noir, sur la frontière pour prendre celui un peu plus à droite, qui vous fera éviter des névés récalcitrants ou/et un terrain peu stable. Se rappeler pour le chemin du retour de l'itinéraire pour ne pas se tromper. De l'autre côté, sur le versant espagnol, on remontera ensuite, sur la gauche, vers l'abri Michaud (2700m) qui marque le point de départ de l'ascension de la dernière partie, en s'engouffrant dans une cheminée puis peu après le sommet de celle-ci, ne pas rater la fameuse grande diagonale, à nouveau sur le versant français. Le risque est de rester sur le versant aisé qui vous fera passer en traversée, au dessus d'elle, (car il y a quelques cairns) en pestant sur les auteurs du guide, en se disant qu'ils ont tout de même un peu sous-estimé la difficulté. Et puis non, c'est juste toi qui t'es trompé... Le Balaïtous, même s'il est côté F+ dans le Guide des 3000, m'a paru vraiment sérieux dans cette partie finale et peut impressionner les novices et le port du casque ne m'a pas paru un luxe sur la dernière partie. Bon, ...

Photo 2 : Une partie de la Grande Diagonale, vue prise à la descente.
Ensuite on débouche au sommet, et on découvre un panorama vaste vers le pays basque, le pic du Midi d'Ossau (pas sous son plus beau profil). Est-ce qu'on peut voir l'océan par temps clair? Et vers l'Aneto, au loin à l'est.
Photo 3 : Les pics d'Enfer (3076, 3083 et 3073m) à gauche au dessus du glacier,  puis le Garmo Negro (3051m), l'Argualas (3046m) et l'Algas (3036m). Au premier plan, le début de la crête des Frondella.

Photo 4 : les 3 Frondella : Nord-est (3071m), puis à droite la centrale (3055m) et la sud-ouest (3001m)
 On redescendra alors satisfait d'avoir gravi un beau sommet, remontant une vallée ponctuée par le bassin lacustre des lacs Batcrabère, par une belle journée de septembre sans avoir trop éprouvé de difficultés (on peut vite oublier) et puis se rappelant des éleveurs qui aussi avaient passé la nuit au refuge et qu'on entendait le matin sur le versant opposé, rameutant les dernières brebis (234) pour la descente finale. On aurait eu aussi envie d'aller avec eux. Voilà c'est vraiment la fin de l'été. Alors pour éviter d'être trop attristé, on pourra toujours s'arrêter acheter de la saucisse d'agneau au piment d'Espelette sur la place du Val d'Azun à Arrens Marsous, chez Serge Louey et repenser à la rencontre avec un montagnard qui redescendait quasiment en même temps que moi et me racontait les courses en montagne. Il avait participé aux premières courses du Vignemale, terminant 16ème à l'époque et me disait qu'avec le même temps aujourd'hui il serait 10ème. Les meilleurs voient bien sûr leur temps s'améliorer mais pour ceux qui suivent ce n'est pas forcément le cas. Peut-être parce que l'entraînement se fait en plaine sur plat et pas en montagne.

Pour poursuivre la ballade, on peut lire Flemattisime, Des Pyrénées aux Alpes de Robert Flematti, aux éditions Guérin. Il y raconte notamment son enfance dans la vallée d'Arrens et le lecteur/marcheur y trouvera forcément des lieux familiers, et un dénouement inattendu.

mercredi 10 septembre 2014

Yanick Lahens, littérature haïtienne, à Toulouse. (26 mars 2015)

Nouveau petit préambule  : Yanick Lahens devrait à nouveau être là le jeudi 26 mars à la médiathèque José Cabanis, à partir de 16h30, auréolée de son prix Fémina.

Pour les amateurs de littérature haïtienne, ou les amoureux d'Haïti, la librairie Ombres Blanches reçoit l'écrivaine haïtienne Yanick Lahens le jeudi 18 septembre 2014, à 18 heures, dans ses locaux pour la présentation de son dernier livre Bain de lune, aux éditions Sabine Wespieser. Les occasions de pouvoir rencontrer des écrivains de ce pays de la Caraïbe ne sont pas fréquentes alors qu'ici, il soit dans un premier temps, le moment d'apprécier la librairie Ombres Blanches, qui plus qu'une librairie, est un lieu culturel de premier ordre dans notre ville rose.

Yanick Lahens vit aujourd'hui en Haïti, après avoir fait des études de littérature à Paris. Lauréate du prix RFO 2009 pour La Couleur de l'aube, elle occupe aujourd'hui une place particulière dans la littérature en décrivant la réalité caribéenne.

Photo 1 : Couverture.
Quelques unes de ses publications :
- L'exil, Entre l'ancrage et la fuite, l'écrivain haïtien. (essais) 1990
- Tante Résia et les dieux. 1994
- La petite corruption. (nouvelles) 1999
- Dans la maison du père. (roman) 2004
- La couleur de l'aube. (roman) 2008
- Failles. (récit) 2010
- Guillaume et Nathalie. (roman) 2013
- Bain de lune. (roman) 2014

A titre personnel, c'est le recueil de nouvelles La Petite corruption  qui m'a le plus touché et qui m'a accompagné dans la découverte de ce pays. Un pays où la vie n'est pas facile bien sûr et où les petits arrangements avec le quotidien sont nombreux, mais que l'auteur décrit en toute pudeur. Ce livre avait été aussi l'occasion de vérifier l'intérêt des haïtiens pour la littérature et la culture en général, lors de sa venue à l'Alliance française de Jérémie, en Haïti, il y a quelques années de cela, à une époque où l'auteure n'avait pas la renommée actuelle. Un soir d'octobre 2000 donc, environ deux cents personnes, bien plus que ce qui avait été espéré, étaient venues la rencontrer et son ouvrage avait été en tête des ventes localement, à ce que m'avait raconté une amie libraire. Alors oui, une fois de plus, il est bon de rappeler qu'en Haïti, il n'y a pas que des catastrophes naturelles. Il y a aussi un vrai amour pour la littérature et des gens (souvent bien jeunes) qui se déplacent le soir, après le travail ou les études, pour écouter des gens de lettres.

 P.S.: J'aurais peut-être pu écrire ce billet un peu plus tôt, la date de la venue de Y.Lahens étant connue depuis quelques temps déjà!

P.S.2 (ajout): Ce soir après la rencontre, je peux dire que Y.Lahens a gardé le souffle de La petite Corruption en gagnant en épaisseur. Y.Lahens disait au cours de la rencontre que lorsqu'on parlait d'Haïti, c'était toujours pour annoncer de mauvaises nouvelles.
- Non, il n'y a pas que des mauvaises nouvelles en Haïti. Il y a aussi La petite corruption!

samedi 6 septembre 2014

Pic Belloc, 3008m, (Haute-Garonne) presque électrique.

Depuis la route qui monte aux granges d'Astau, en vallée d'Oô, avec le pic des Spigeoles (viendrait d'une francisation fautive de son nom gascon "eths picholes", les petites rigoles), c'est celui que l'on voit en premier. Deux possibilités s'offrent pour aller visiter le pic Belloc, du nom d'un pyrénéiste, depuis les granges, près de Bagnères de Luchon. Soit passer par le nord ouest, le cirque d'Espingo (sur la montagne des Spigeoles) et la brèche Belloc par un itinéraire non balisé. La deuxième possibilité vient du pic des Spigeoles, au sud est, que l'on gravira par la voie normale (F+, d'après le guide des 3000 m, de L.Alejos), puis en poursuivant par la crête (PD-). C'est ce que j'ai fait. D'autant plus qu'au cours d'une conversation avec le gardien du refuge d'Espingo, celui-ci m'avait conseillé, dans l'éventualité d'une ascension vers le Belloc, de poursuivre par la crête vers le pic des Spigeoles, plutôt que de revenir par le même chemin. Mais n'allez pas prendre ce récit pour un guide, c'est juste le récit de ma journée. Le récit sur le compte facebook du voyage sur les 212, avec la publication de quelques photos ont fini de me convaincre de la faisabilité de cette voie.


Photo 1: Au centre le pic des Spigeoles (3065m) et à gauche, les 3 Belloc (de droite à gauche Belloc sud 3007m, Belloc central 3006m et le pic Belloc 3008m), et à droite, le pic Gourdon (3034m). La photo a été prise un matin d'Août 2013 depuis le pic Camboué, me semble t-il! (cliquez sur l'image pour voir de plus près).
Photo 2 : En montant vers le pic des Spigeoles, au fond à gauche, le plus haut, c'est le pic de Perdiguère (3222m), puis de gauche à droite, le pic du Portillon d'Oô (3050m), le pic du Seil dera Baquo (3110m) puis au dessus du glacier le Cap dera Baquo (3103m). Cette année, l'enneigement est resté plus tardivement.

Photo 3 : A gauche, le pic des Spigeoles et, à droite, le Belloc sud. J'imagine que j'ai pris la photo du Belloc central. Depuis les Spigeoles, il faut bien compter une heure aller retour. Il faut dire que devant l'ambiance quelque peu électrique, enfin sur les sommets espagnols, je n'ai pas traîné. Mais bien sûr, il faut une certaine pratique de la haute montagne pour s'engager par ici. Je rappelle que cette page n'est pas un guide.
Photo 4 : Les 3 Belloc. Il s'agissait vraiment d'être prudent. Si on se rate, on viendra vous ramasser bien plus bas.
Photo 5 : Une assiette montagnarde à l'Auberge d'Astau, en guise de réconfort.


- Alors, vous avez choisi?
- Bon, j'hésite avec les truites de la vallée d'Oô dont vous m'avez parlé pour la suggestion du jour. Vous en avez souvent?
- On en a presque tous les jours, cela dépend des arrivages. On pourrait presque les mettre sur la carte.
- En fait, je suis complètement cuit, et j'ai très faim. Je reviendrai pour les truites.
- Vous êtes allé où aujourd'hui?
- Au Belloc. Je suis parti tard, à midi moins le quart. J'ai réussi à éviter l'orage (pour ma défense, j'avais consulté la météo le matin avant de partir, et aucun orage était prévu), mais j'ai eu un peu peur pour tout dire.
- Ah, la montagne, il faut partir tôt.
- Oui, je sais et je n'ai pas été prudent! Mais si je veux manger chez vous le soir!?