mardi 15 octobre 2024

Au 35ème festival international de Géographie à Saint-Dié-des-Vosges...

 Les 4, 5 et 6 octobre dernier se tenait à Saint-Dié-des-Vosges la trente cinquième édition du Festival International de Géographie dont le thème principal était "Terres" et où le territoire invité était les Alpes. On allait forcément parler de montagne. Le programme de conférences et de rencontres est dense pendant ces journées et il faut bien sûr choisir celles qui nous intéressent, situées dans quelques lieux de la ville, de la salle de réception de l'hôtel de ville au Café Thiers en passant par la Boussole (salle de la médiathèque) ou même la cathédrale. Cela permet de visiter la ville située dans la vallée de la Meurthe dans les premiers contreforts des Vosges. La ville est connue notamment parce qu'en 1507, c'est ici que le premier planisphère qui mentionnait l'Amérique (nommée America sur le document) fut publié sous la direction du cartographe Waldseemuller. Dès lors que l'on regardait au delà de la ville, la tête un peu en l'air on voyait les sapinières qui enveloppaient les petites montagnes environnantes et qui encadraient la ville, et puis, depuis la tour de la liberté, jusqu'aux crêtes du Gazon du Faing. 



    L'enthousiasme m'habitait donc peut-être autant que Xavier Bernier qui animait à 9h15, le samedi matin au café Thiers, dans la rue du même nom, la conférence, ou rencontre plutôt, intitulée Où commencent et où finissent les Alpes? Intéressante par l'approche dans l'échange avec des entrées par des verbes et une sortie pour répondre aux questions posées, mais on s'en doutait, disant que l'on ne pouvait pas donner de réponse. L'auteur, co-auteur de L'Atlas des montagnes chez Autrement mais aussi du récent numéro de la Documentation photographique sur les montagnes (n°8156) nous emmène avec lui, notamment lorsqu'il énonce le boire et manger et évoque le cas de l'eau minérale d'Evian dont la publicité est placardée sur les murs du métro parisien vantant les qualités naturelles et l'alpinité de son produit. L'eau est tirée de la source Gaveau à 800 mètres au dessus du lac Léman, tandis que sur la bouteille en plastique, l'Aiguille du Chardonnay (dans le massif du Mont Blanc) est sculptée afin de même faire l'expérience du relief. Le secteur d'activité reste un des plus gros consommateurs de plastique. Il en serait presque de même avec la fondue qui n'est pas alpine, mais qui permettrait d'affirmer son alpinité.

    La veille, Salomé Dehaut, Fahrid Benhamou, tous deux géographes et Daniel Thonon s'interrogeaient Les Alpes, terre sauvage? La première citée aborde le fait que pour elle, il reste des dynamiques sauvages, ce qui déborde, des franges mais ne parle pas de nature tandis que F.Benhamou, bien connu dans le débat pyrénéen sur la réintroduction ou le retour des grands prédateurs avec sa contribution  pour le notamment très intéressant et efficace L'ours des Pyrénées: les 4 vérités, va dans son sens et évoque en guise de réponse un gradient de naturalité. Ils rappellent tous le travail de film-documentaire de J.M. Bertrand sur le retour du loup. La peur du sauvage de D.Thonon est évoqué. Cette question du loup reste un cheval de Troie dans une logique de contestation des zones de protection, en sachant de toute façon que celui-ci ne peut pas proliférer. Une meute a besoin d'un espace vital et ne tolère aucun nouveau membre sur son territoire. Lorsqu'on parle de dynamique sauvage, il ne faut pas oublier, à force de ne parler que des grands prédateurs, des dynamiques sauvages de la flore, et du verdissement par exemple des hautes altitudes signe du changement climatique.

    En suivant, nous avions pu écouter dans un autre café de la ville, La parenthose, Alexis Metzger nous parler Sur les plans de stations de ski, illusions de neige et marketing blanc, c'était le titre. Là aussi, le personnage semblait passionné par ce qu'il nous racontait et il est bien vrai que cette illusion de la neige éternelle et abondante, des stations de ski pyrénéennes ou argentines et alpines possède un côté artistique qui me touche même si cela reste du marketing. Une très grande majorité de ces plans est signée par Pierre Novat et nous montre aussi finalement une pratique cartographique originale.

    En fin d'après-midi du deuxième jour, à l'agréable Cour des Arts, galerie d'art, le géographe et aquarelliste Simon Estrangin (Peindre, un terrain d'expérimentation pour la géographie?, La Géographie n°1572, pp.10/13) vint nous parler de ses oeuvres inspirées d'une vallée de l'Oisans mais qu'il se refuse à nommer sur ses peintures et qu'il "dégéographise" finalement, en ne leur donnant pas de titre. Ses aquarelles d'excellente facture montrent sa capacité à capter l'instant. Mais, finalement avec une certaine contradiction me semble t-il, ce qu'il apprécie, nous a-t-il confié c'est lorsque quelqu'un qui regarde le résultat de son travail reconnait le lieu qu'il est en train de peindre. J'ai réellement apprécié sur certaines de ses aquarelles, celles qui semblaient capter les fins de journée et leur lumière particulière qui finalement auraient pu être tirées d'autres montagnes. À ce titre, il a bien insisté sur une de ses principales sources d'inspiration, pyrénéenne, en l'occurrence Franz Schrader, géographe, qui a peint de manière si distinguée le cirque de Gavarnie. 

    Ce festival passionnant, et je ne développe pas les autres rencontres, en revoyant Raphaël Confiant, l'écrivain martiniquais, nous parler de la Montagne Pelée et de Saint-Pierre, s'est conclu au musée Pierre Noël par la visite de l'exposition temporaire La neige rend aveugle 7, derniers flocons. Antonio Guzman qui a signé le texte de présentation nous interroge sur le sens du sous-titre de cet épisode dont "l'énoncé semble pourtant ouvert et polyvalent, les derniers flocons d'une saison? Les derniers pour toujours du fait de l'écroulement climatique?" Dans cette logique toute blanche, qui nous brouillé la vue il est vrai, le cliché en couleur (et en argentique) du versant sud du pic du Midi d'Ossau, de T.Camus Herbuvaux, montraient les pâturages, qui semblaient usés en fin de saison... mais j'avoue de ne pas en avoir trouvé tout à fait la logique.

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