Effectivement pour atteindre le sommet du mont Perdu, le passage par le
refuge des Sarradets et la brèche de Roland peut apparaître comme n'étant pas des plus rapides. Et puis finalement, à bien y regarder si on y intègre le temps de parcours en voiture depuis Toulouse et la marche d'approche au refuge, on pourrait peut-être nuancer et se dire que la montée par la refuge de
Goriz, côté espagnol n'est pas la seule option envisageable. Surtout si le refuge est complet.
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Photo 1 : Au fond le Mont Perdu! (Photo de Guillaume) |
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Photo 2 : Sur le chemin allant au refuge des Sarradets, en fin de journée : tout au fond le massif du pic Long, à droite le Pimené, et à gauche le pic des tentes. Tout va bien! (Photo de Guillaume) |
Donc, nous voilà partis avec Guillaume depuis le col des tentes (2208m) pour une heure et demi d'ascension à un moment plus tardif que l'usage habituel pour aller au refuge des Sarradets (2587m). Cela nous permet d'aborder le massif avec un sentier très peu fréquenté, ce qui autorise les isards à ne pas s'affoler lorsqu'ils sont à une quinzaine de mètres parfois. La mer de nuage reste en dessous et les montagnes au couchant se laissent admirer.
Le refuge n'est pas complet et on ne va pas s'en plaindre. On peut donc s'étaler pour ripailler dans la salle à manger, boire une bouteille de bière car à cette altitude, Guillaume se méfie de l'eau... (je le chambre un peu car on est là pour fêter ses 30 ans), engager la conversation en occitan avec des catalans pas du tout sectaires (eux ils nous parlent en espagnol, français et catalan), se tromper de chambre à coucher et passer la nuit chacun de son côté (ça c'est moi!).
- Bon qu'est ce qu'il fait ? Il ne vient pas ?
Deux heures plus tard dans un demi-coma, entrecoupé de ronflements, le disque est à peine rayé
- Bon qu'est ce qu'il fait ? Il ne vient pas ?
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Photo 3 : Juste avant le col des isards, un passage délicat est aménagé. |
Le levé sera très matinal car le chemin est long et qu'on est pas très sûr du temps. La brèche de Roland (2807m) est là, à portée de piolet et crampons même si la neige n'est pas vraiment dure. Le pic est annoncé à environ 4h15 de marche, alors le départ à 5h50 n'est pas de trop. Une fois la brèche dépassée, il faut suivre un itinéraire cairné qui passe sous la muraille du Casque du Marboré, puis après le col des isards (2749m) monte sur un étage supérieur directement sous la tour. Le passage d'abord un peu étroit s'élargit nettement pour rejoindre l'
aven du Marboré. De là, il faut aller prendre le début de l'itinéraire de la montée pour le Marboré puis le laisser en direction du Cylindre du Marboré (3325m).
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Photo 4 : Nous étions pas les seuls à être un peu perdus. Donc attention, ce récit n'est pas un guide! Prenez plutôt le Guide des 3000 de Luis Alejos. |
Tout ça c'est bien beau, mais à ce moment là, on ne voit qu'à cent mètres à cause du brouillard. On a hésité à s'aventurer plus loin malgré les cairns. Et puis le brouillard s'est levé d'un coup, vers 9h30, ce qui nous a permis d'avancer et de monter sur le versant sud du Cylindre et par la large corniche à mi-versant, de contourner le sommet pour aboutir directement au lac glacé. Voyant (
photo 1 au début), le couloir enneigé qui débouche au sommet du Mont Perdu (3355m) et qui paraissait quelque peu en dévers, on s'est bien demandé comment on allait faire.
Et puis finalement, même si la pente est bien inclinée, la montée fut sans problème.
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Photo 5 : Depuis le couloir du mont Perdu, en se retournant, vue sur le Cylindre du Marboré et l'étang glacé. L'itinéraire vient du versant à gauche de l'étang. En zoomant, vous devriez voir le sentier. |
Panorama magnifique sur les canyons d'Ordesa et d'Anisclo au sud. Mais aujourd'hui le ciel n'est quand même pas tout à fait clair, partout.
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Photo 6 : Le Soum de Ramond (3254m) à gauche et au fond, le canyon d'Anisclo |
Le retour sera plus facile, et rapide bien sûr. Pause goûter au refuge, surtout pour prévenir les gardiens que nous sommes bien rentrés comme il est d'usage. L'affluence n'est plus la même, mais on est samedi. 9 heures de marche en tout pratiquement ce jour-là.