Au départ de l'Hospitalet près l'Andorre (09), et sa pratique gare SNCF et son accueillant gîte d'étape (où on ira au moins boire un verre au retour sur l'agréable terrasse), il est possible de marcher sur un long itinéraire, aérien au sens de "on est au dessus de beaucoup de choses", transfrontalier (à cheval entre la France et l'Andorre) et qui permet d'admirer de nombreux lacs plus ou moins grands et de terminer en beauté par la vallée du Sisca pour redescendre au village. L'itinéraire, bien que ne comportant pas de difficultés techniques, est assez long (dénivellation d'environ 1600m) et nécessitera au moins entre 6 et 7 heures de marche pour ceux qui ont un bon rythme. Mais la beauté du panorama sur les montagnes d'Andorre, de Cerdagne et de Haute Ariège (jusqu'au massif du Montcalm clairement distingué à l'ouest) bien visible tant qu'on est sur les hauteurs et les nombreux lacs en contrebas est le principal intérêt de cet itinéraire qui n'est balisé que sur une partie. J'avoue que cela aussi est un des atouts car sur la portion sur la crête et la descente sur l'étang du Sisca, à part par quelques marmottes et autres lagopèdes, vous ne serez pas dérangés par grand monde, même si la vue sur la haute vallée de l'Ariège nous offre l'ennuyeux spectacle de ceux qui bravent la circulation pour monter au Pas de la Case...
Photo 1: Impossible de se lasser de cette vue depuis la ligne de crête sur l'étang des Clots (2331m). Au fond, à droite, le Pas de la Case, au milieu le poste frontière et à gauche les mines du Puymorens dans le versant du pic éponyme. Je cite ci-dessous l'article du lexique du catalan Joan Bequat (et son formidable travail): "un clot est un trou ou un creux, que ce soit dans un chemin, dans un champ ou par métaphore, dans une montagne. Il s'agit alors de vallons ou d'ensellements (Clot del Bosc...), parfois de bassins de réception torrentiels. En haute montagne, où abondent ces lieux-dits, les clots sont alors des cirques glaciaires perchés, de petite dimension ou de taille moyenne, aux formes toujours vigoureuses, en demi-bol ou en entonnoir, ou bien de petites cuvettes de surcreusement dans un grand cirque ou dans une plateforme d'érosion glaciaire. Clota, clotada, clotàs désignent des petits clots." |
Photo 2: Le pic de la Cabanette, vue depuis le moment (pratiquement) où l'on bascule vers la vallée du Sisca à gauche en contre-bas. En fait j'aime bien ces montagnes d'influence méditerranéenne... |
L'itinéraire part donc du village et remonte la vallée du Sisca. Un peu avant le barrage du Sisca, il faut prendre un sentier balisé vers la gauche qui remonte le versant, bien visible sur la partie supérieure en travers, pour atteindre le col des Clots à 2142 m. À partir de là, il suffit de suivre la crête par une vague sente, ni balisée ni cairnée, jusqu'aux sommets de la crête (Roc Melé 2811m, Pic de la Cabanette 2843m, et notre Tose du Siscaro 2818m). Sur ce dernier sommet, on bifurque, toujours sur la crête, vers le nord, où lorsqu'on approche le premier petit pic rocheux, on pourra basculer simplement sur la droite (à l'ouest) dans le vaste cirque pastoral, par de vagues sentiers de brebis pour atteindre le bel étang du Sisca à travers des étendues pastorales... À partir de l'étang on regagne des contrées plus "civilisées" et balisées. Il suffit alors de descendre la vallée.
Je ne reviendrai pas sur l'histoire particulière de la Soulane d'Andorre car je l'ai déjà fait. L'intérêt de l'itinéraire du jour est depuis la Tose du Siscaro d'avoir une vue parfaite sur les étangs andorrans du même nom, que l'on ne peut avoir depuis le pic de la Cabanette. Ces derniers lacs présentent une particularité avec les tiges de l’espèce de soude aux fleurs rosées qui y pousse, la Salsola vermiculata, le “siscall” en catalan, qui donnent un ton différent au bleu de l’eau (ça ne sera pas si visible que cela sur la photo), et son nom au lac qu’on appelle donc communément Siscaró. Cela permet aussi de présenter l'étang du Sisca, côté français, sous un autre point de vue d'ailleurs, dont le nom également a peut-être la même origine. Le contraste est cependant assez intéressant entre le versant au soleil de la soulane et la vallée du Sisca plus verte en cette saison. La nature a fait preuve de résilience et les épisodes inquiétants de sècheresse et de chaleur qui ont marqué l'été, y sont moins visibles...
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