Pour une première post-confinement 2021, je n'ai pas été le seul à penser que les montagnes du Cantal seraient le théâtre de verdure adéquat. Tout le monde connaît le Puy Mary et sa silhouette élégante, classé au titre de Grand Site de France, d'autant plus que depuis le col du Pas de Peyrol (1588m), il est très facilement accessible. L'aménagement en escalier de béton du sentier, sur la crête, suite à son érosion par la sur-fréquentation ne doit pas dissuader le promeneur à venir ici et observer depuis sa table d'orientation le fantastique panorama, notamment vers le massif du Sancy au nord. En effet, le sommet, est le centre d'un ensemble de cinq longues vallées glaciaires qui partent en étoile. Le massif du Cantal est le vestige du plus grand stratovolcan d'Europe et le relief plutôt horizontal autour du massif permet un panorama dégagé et lointain. Il sera alors facile de venir par une vallée et de redescendre par une autre et de faire partie des 500000 touristes qui montent là-haut chaque année. Évidemment ce n'est pas pour rien.
Photo 1: Au fond, le Puy Mary. Vue depuis le bas de la vallée de l'Empradine (photo d'Hélène) |
Photo 2 : Il y avait du monde sur le chemin... - Houhou... Je suis làààà... |
Au départ du hameau de la Courbatière à 1080 mètres d'altitude au nord-est, on peut remonter la vallée glaciaire de la Saintoire vers le col de Cabre à 1528 mètres par où passaient les troupeaux transhumants venants du sud Cantal, puis faire l'ascension du Puy de Peyre-Arse à 1806 mètres. En suivant alors la crête vers l'est globalement, le sentier aboutit, suite à un mur de corniche que l'on nomme les fours de Peyre-Arse, au Puy Mary par la fameuse brèche de Roland locale en référence à la Pyrénéenne. Cette ligne de crête est magnifique, surplombant le cirque d'Eylac encore assez enneigé du haut de la vallée de l'Impradine, dont le versant est ciselé par les nombreux ruisseaux et le plancher du cirque glaciaire occupé par des zones humides, aux alentours desquelles on observera de nombreuses marmottes. On bascule alors depuis le Puy puis vers le col du Pas de Peyrol. On rejoindra par la route à nouveau le refuge du buron d'Eylac, au col du même nom pour entamer la descente de cette vallée de l'Empradine. Ce que j'ai trouvé de très étonnant (et de beau), c'est de voir encore toute cette neige sur la face nord du Puy Mary, avec des congères qui viennent lécher la route qui coupe en travers le versant et qui était fermée jusqu'à la semaine dernière, ouverture tardive comme chaque année. Il s'agit là du névé de Miarou ou de l'aigle que quelques passionés s'amuseront à descendre en cette saison. On peut rappeler ici que le massif est une des montagnes les plus humides de France, avec 2500 mn de précipitation annuels.
Photo 3 : Le cirque d'Eylac avec la Brèche de Rolland au milieu. Les skieurs étaient sur ce versant... |
Photo 4 : La partie supérieure de la vallée de l'Impradine. La Puy Mary est reconnaissable à droite. |
Photo 4 : La dernière grange en remontant la vallée de la Saintoire. Si l'on retrouve des gentianes sur le fond des vallées, des forêts, l'ensemble est assez dépaysant pour un pyrénéen, car l'ambiance est plus nordique. Tout d'abord, le village de départ offre une architecture rurale originale avec ses bâtiments de pierres noires et ses immenses et majestueuses granges qu'on retrouvera dans les romans de l'écrivaine Marie Hélène Lafon. Sur la montée, peut-être aura-t-on la chance d'apercevoir des chamois, ceux que le loup, de retour dans les parages (le dernier aurait été abattu en 1930 d'après un homme avec qui j'ai discuté sur le chemin du retour), n'aura pas fait partir. Le bas de la vallée, à l'approche de l'arrivée de la boucle près de La Courbatière, au dessus de la Gravière, on observera un vieil effondrement du versant datant de la dernière période glaciaire avant de passer devant la Maison Saury, classé aux monuments historiques avec sa façade d'inspiration bourgeoise du 18ème siècle, ornée de décors inspirés de l'art populaire. On rappellera aussi que les premiers projets de station de ski alpin dans le Cantal étaient destinés à cet vallée, fort heureusement épargnée. On peut alors regretter simplement les neiges d'antan et les courses de ski de fond qui avaient aussi lieux dans la vallée. |
Photo 5 : L'itinéraire sur une pancarte à La Gravière |
Pour aller plus loin, on peut toujours lire la surprenante bande dessinée d'Étienne Davodeau Le droit du sol dans lequel l'auteur et narrateur relie en marchant deux lieux des peintures rupestres de Pech Merle dans le Lot au site du projet d'enfouissement des déchets nucléaires à Bure dans la Meuse. En passant, vous reconnaitrez quelques éléments de la photo 3 notamment...
Voilà la montagne du Cantal est un vrai enchantement. Merci G. et H.
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