lundi 19 mai 2014

Même à Paris (mais quand même, là c'est normal).

Elle court sur la ligne de crête de la colline
Chaque fois, se trouvant en cette belle ville
Sans se sentir trop obligé de s'y tenir, ni docile
Depuis l'horizon dégagé du parc de Belleville




On regarde au loin, dans les nuages...
Au dessus du brouhaha, des embouteillages
Derrière, la grande dame, comme un adage
Mais non, décidément, ce n'est qu'un mirage.

La Estrella (1300m), Sierra Morena (Andalousie).

La Estrella est cette première montagne que l'on peut voir vers l'ouest (donc à droite en descendant par l'autoroute de Madrid) lorsqu'on rentre dans la communauté d'Andalousie, une fois le défilé de Despeñaperros passé et la Castille et ses beaux paysages laissés de côté pour le retour après un long roadmovie.
Photo 1 (06/05/2014): Effectivement, cette ligne de crête n'a rien de spectaculaire au premier abord.  Son intérêt n'est pas là. La Estrella, à 1300 mètres d'altitude est le sommet rond à gauche (ouest), tandis qu'à droite vous pouvez observer une petite pointe sur laquelle se trouve un mirador, à la limite du parc naturel de Despeñaperros et d'une réserve de chasse, côté castillan, versant nord. La photo est prise de la tour du musée de la bataille de Las Navas de Tolosa de 1212. Cette vue permet également d'observer les lieux où étaient positionnées les armées des belligérants de la fameuse bataille : sur la gauche, au deuxième plan, la colline zébrée par une piste accueillait les troupes de la coalition du roi de Castille avant la bataille, d'où le terme de Mesa del rey (table du roi). Il faut imaginer tout d'abord le passage des armées lourdement armées par les crêtes, à droite du mirador (on y trouve un col du roi), puis la descente vers la plaine, dans le creux derrière les arbres au premier plan, de la cavalerie chargeant les armées berbères almohades et leurs archers kurdes. La route que l'on observe partant de la droite mènera au charmant lieu de Miranda del rey.
 Le regard dans un premier temps cherche presque avidement les premières impressions andalouses avec ses champs d'oliviers à perte de vue, plus bas dans la pleine du Guadalquivir, ainsi que ses pâturages verdoyants du printemps dans lesquels les bovins (mâles et femelles) paissent, s'abritant parfois à l'abri de chênes disposés élégamment au milieu des enclos, côtoyant de petits affleurement cristallins. Passant devant l'échangeur de Santa Elena, le bâtiment, et ses enseignes, du musée de la bataille de Las Navas de Tolosa, vous détournera une seconde et puis vous poursuivrez vers le sud.

Ce serait alors dommage de ne pas faire une petite pause en cette période printanière. Une ballade en forêt d'environ quatre heures de marche environ, dans un milieu plus buissonnant en hauteur, apportera une impression verdoyante toujours quelque peu déconcertante en milieu méditerranéen. Peut-être aussi (on peut toujours rêver!), croisera t-on un des derniers lynx ibériques .

Photo 2  : Depuis le mirador, vue sur la Estrella. Le panorama est intéressant vers le sud où les sierras autour de Jaen étaient bien visibles, et la Sierra Nevada, plus devinée. Mais les photos à cette heure de la journée n'étaient pas claires.
Photo 3: Depuis le sommet de la Estrella, vue sur le mirador au fond à gauche, plein est.  Le col du roi est juste derrière.
 Voilà, vous laisserez la voiture à Miranda del rey (rien que ce détour en voiture est agréable...), où un panneau vous indiquera sur la piste le chemin à suivre car l'itinéraire est assez simple (sentier El Empedraillo). Il faut suivre la piste qui part à droite et suivre la branche principale qui est balisée plus haut après une barrière et qui fait une boucle (c'est bien pour le retour). Cette boucle ne monte pas sur la crête envisagée mais il est ensuite assez facile de s'y rendre. Lorsqu'on se retrouve sur la partie supérieure de la piste, juste avant de redescendre, il faut prendre sur la gauche un passage anti-feu, en gros une coupe dans la forêt qui monte directement sur la crête après un quelques petits soubresauts, prenant souvent des allures de piste. Une fois sur la ligne de crête, il vous suffira d'enjamber le haut grillage pour vous rendre sur le sommet, marqué d'une borne. Il y a de fortes chances que vous ne rencontriez pas grand monde. L'endroit est reculé et sauvage malgré tout.

Photo 4 : Montée dans la verdure, suberaie ou pins. Il y a encore de l'eau dans les ruisseaux.

Photo 5 : Sur le chemin du retour, la piste est bordée Cistus ladanifer (Jara Pringosa). C'était la saison de la pleine floraison.


Photo 6 : Les fleurs du Cistus ladanifer, juste pour le plaisir.
Photo 7 : Au départ de Miranda del rey. Mon itinéraire n'a pas été celui en vert de la carte dans sa totalité. Il a emprunté le départ à droite de l'itinéraire en vert jusqu'à la Suerte de la Mesa del Rey et pris à gauche la piste qui remonte et rejoint  plus haut à nouveau à droite la ligne verte. Ensuite, je l'ai suivi et elle est concrétisé sur place par une sorte de piste et ligne de feu jusqu'au col entre la Estrella et le mirador.

dimanche 11 mai 2014

Le Djebel Moussa (851m) au dessus du détroit de Gibraltar, Ceuta/Maroc.

Le Djebel Moussa, dans le massif du Rif marocain, est cette belle montagne que l'on ne peut pas rater en traversant le détroit de Gibraltar, depuis Algeciras en Andalousie, pour se rendre sur la rive africaine du dit-détroit, à Ceuta, encore en Andalousie, ou Tanger. Son nom proviendrait de Moussa Ibn Nosseyr, le général yéménite qui commanda l'armée arabe qui, en 711, envahit la péninsule ibérique. Musa (ou Moussa) en arabe signifie Moïse. On trouve d'ailleurs d'autres montagnes qui portent ailleurs ce nom. Avant qu'on ne lui donne ce nom, la montagne s'appelait Mont Abyle. J'ai pu trouver également l'appellation de Montaña de la mujer muerta (montagne de la femme morte, sans doute car on dirait une femme couchée, qui dort ou qui est morte) sur une photo encadrée à l'hôtel, à Ceuta. Son altitude, quelque peu modeste, 851 mètres, n'empêche pas une certaine majesté car bien sûr la montagne surplombe directement la mer et le relief autour est bien plus modeste. Cela donne une ascension depuis le village côtier de Belyounech, d'une dénivellation importante et deux petites heures pourraient tout de même être nécessaires (il faudra doubler pour revenir par l'itinéraire décrit ici). On imagine un panorama vraiment particulier et une fois là-haut, cela ne fera que se confirmer.

Photo 1: Depuis le ferry, donc. Je pense que vous l'aurez compris...




Pour se rendre au point de départ de la ballade, depuis Ceuta, en tant qu'européen, ce n'est pas très compliqué. Tout est relatif. Il faut tout d'abord se rendre à la frontière (en bus, en taxi ou à pied) et au premier rond point, cent mètres plus loin, demander un taxi. Bien sûr, si vous n'êtes pas très malin, ou simplement  impatient (bon...), vous vous ferez arnaquer sur le prix de la course qui vous mènera à une quinzaine de kilomètres, au fort agréable village de Belyounech.  Mais bon, l'essentiel sera d'y être et il fallait bien se faire baptiser... Alors la visite peut commencer.

Le chemin n'est pas balisé mais il est net car très utilisé. Vous ne tarderez pas à rencontrer les chèvres et les moutons surveillés par les bergers locaux sur le versant d'abord doux, verdoyant en cette saison. D'ailleurs si vous demandez votre chemin, on vous indiquera, en espagnol, de suivre les chemins de chèvres. Le sentier part du bout du village et va rejoindre un autre itinéraire qui part de l'intérieur du village même mais que je n'ai pas suivi car le taxi m'a porté directement là. La montagne est un massif de type calcaro-dolomitiques donc il faut prendre de l'eau (et de toute façon, je ne me serais pas amusé à boire celles des sources du coin, pfff quoi que...). Comme j'ai pu le constater le temps peut changer extrêmement vite, et le brouillard peut, dans cette région humide, vous envelopper en un clin d'oeil. Alors si vous discutez avec un des bergers que vous allez croiser, lorsque vous lui demanderez :
- Le temps va t-il changer ?
Il vous répondra paisiblement,
- D'ici une heure ou deux, le brouillard partira.

Photo 2 (08/05/2014) : En montant vers le col, à environ 400 mètres d'altitude, au dessus du village. La pression pastorale a réduit la végétation arbustive, sur ce versant, et les arbres y demeurent rares (probablement des cèdres).
 Et effectivement c'est ce qu'il s'est bien sûr passé. Le grand soleil est revenu lorsque, après quelques lacets, bien marqués, sur un sentier large, je suis arrivé au petit col, depuis lequel vous attaquerez la dernière étape de l'ascension. Là, l'itinéraire est clair bien que le sentier soit moins marqué voire disparaisse. Il faut alors aller tout droit rejoindre la crête sommitale, assez proche et sans aucune difficulté technique. Vous n'êtes pas seuls, une petite centaine (je me suis arrêté de compter après la soixantaine) de vautours tournera au dessus de vous.
Photo 3 : Les restes d'une mosquée sur le sommet, depuis l'endroit où vous arrivez sur la crête...
Photo 4 : Et donc depuis le sommet, vue sur la crête d'où vous êtes arrivés. Au fond, à droite, la côte andalouse vers Trafalgar.
Le panorama sur le détroit de Gibraltar par temps clair doit être fantastique, ce qui n'était pas tout à fait le cas cette fois-ci. Mais peu importe, car la vue fut cependant remarquable avec une partie de la côte andalouse, la côte marocaine et le port moderne de Tanger, les premiers massifs du Rif... Et puis, c'est une vraie sortie montagnarde, pleine de contraste puisque la mer et l'océan sont juste là en dessous. D'ailleurs, je n'étais pas le seul à voir l'intérêt d'un tel endroit car j'ai rattrapé un groupe de jeunes marocains, d'envie communicative,  qui faisaient aussi l'ascension. Le genre d'endroit où l'on pourrait passer des heures et quitte à revenir dans cet endroit vraiment particulier et beau (j'y ajoute aussi la suite de l'itinéraire), la fin de journée doit y être magnifique.

Photo 5 : La crête sommitale du Djebel Moussa au centre. L'itinéraire, venant de l'autre versant (la montée de l'aller) débouche sur le petit col à gauche.

Alors la suite de l'itinéraire, venons-y. Jusqu'au col, on redescend par le même itinéraire. Ensuite on a le choix à droite par le même sentier qu'à l'aller, ou à gauche (vers l'ouest), par un sentier très bien marqué qui va rejoindre un petit col, puis plus loin un autre que l'on voit très nettement. Là, on récupèrera un sentier côtier, assez large, très bien balisé en blanc et jaune, qui vous ramènera en une grosse heure, me semble t-il, au point de départ en faisant une boucle. On pourra même faire une petite descente sur la plage, en longeant un petit champ cultivé, non loin des anciens bâtiments d'une ancienne base espagnole de chasse à la baleine. On ne se lassera pas de regarder la petite île, Leila de son nom, toute proche du rivage et puis on constatera que c'est un endroit fréquenté, vivant, car aux éleveurs de toute à l'heure, viennent se mêler de nombreux pêcheurs accrochés au rivage.

Photo 6 : J'avais bien envie d'y faire trempette. Et puis finalement, j'ai trouvé le vent fort et les courants avaient l'air importants. Alors, j'ai juste regardé les vaches en semi liberté qui s'amusaient sur la plage, face à l'île Leila.

Photo 7: Depuis la fin de l'itinéraire, à l'entrée du village, après avoir passé les vestiges de la tour portugaise (un peu comme les tours génoises de Corse), vue générale sur le village. Au fond, derrière les collines, plein est, Ceuta est déjà là.
 Vous arriverez alors peut-être en fin de journée au village, à l'heure de sortie de l'école, et vous ne serez pas les seuls à parcourir les rues. Il faut bien revenir à l'entrée du village, pour reprendre un taxi collectif, et votre place vous y coûtera sept fois moins le prix de l'aller. Mais bon, on l'aura oublié finalement en fin de journée. On gardera l'image du collège et de l'école primaire tous neufs, les sourires et les courses des enfants dans les rues bordées de figuiers et les petites embarcations rouges et bleues des pêcheurs locaux rangées au loin sur la grève.

Pour conclure, et bien que le Djebel Moussa se trouve, clairement bien sûr, en territoire marocain, je garde les deux libellés (Andalousie et Maroc), car il est très facile au cours d'un voyage en Andalousie, si on y englobe Ceuta, de faire cette ballade, pour une journée, dans ce très bel endroit. Chacun y prendra les précautions qu'il jugera nécessaires, car ceci vous l'avez bien compris n'est pas un guide. Enfin, vous pourrez, si vous lisez l'espagnol, consulter le blog très intéressant Senderismo en el Rif, dont la carte ci-dessous est issue.