mercredi 13 novembre 2024

Retour au Hohneck (1363m) depuis le pont de Blanchemer par le Rainkopf (1305m) et le Kastelberg (1350m)

     Depuis le Hohneck, deuxième sommet des Vosges (1360m), la vue, en ce dimanche 10 novembre, nous offrait un grand quart nord-est de la France sous les nuages. Les Vosges apparaissaient alors comme un arche de Noé sur lequel venait lécher la mer de nuages remontant les vallées périphériques jusqu'à une altitude de 700-800 mètres. Au loin, à l’ouest, clairement, la ligne de crête de la Forêt noire et au sud, plus lointaine encore celle du Jura, sont nettement visibles. Dire que l'on devinait les Alpes au-delà, serait quelque peu présomptueux. Des nuages donc, aussi sur toute la Lorraine, et comme accrochés sur la haute crête des Vosges et les principaux sommets qui la jalonnent, des grappes de marcheurs et touristes à la recherche de soleil et d'air frais, et de l'immense et exceptionnel panorama. L'affluence était vraiment très forte au sommet du Hohneck, montant presque à la queuleuleu après avoir laissé l'immense double-file de voitures garées le long de la célèbre route des crêtes. Ainsi effectivement il est facile de s'hasarder vers les sommets tout proches. Et on comprend donc d'autant plus l'affluence. 

Photo 1: Le lac de Blanchemer en fin de journée.

    

Photo 2 : Le téléski du Kastelberg qui monte au sommet du ...Kastelberg (1350m d'altitude)

    Nous sommes donc partis de plus bas, du pont de Blanchemer (860m), au bord de la route, en fonde vallée, qui monte de La Bresse vers la station de ski. Le réseau de sentiers balisés dans les Vosges étant dense et riche, il est facile de remonter en 25 minutes au lac de Blanchemer (995m) puis de là, passer en une petite heure sur la crête qui permet de faire rapidement l'ascension du Rainkopf, premier belvédère de la journée à 1305 mètres. La suite se poursuit sur la crête, vers le nord, et on atteint le Hohneck en une heure de temps, passant sur le doucement arrondi sommet du Kastelberg, point d'arrivée du téléski marquant le sommet de la station, puis le haut pâquis des fées. Le pâquis est une zone de pâturage sur des terres non labourées. La descente, alors que nous étions presque déçus de ne pas avoir pu prendre un chocolat au café du sommet du Hohneck, fermé, s'est offerte à nous de manière presque paisible, car la cohue s'était éloignée presque d’un coup. Nous avons pu avoir un aperçu des belles lumières de la fin d'après-midi sur le lac de Blanchemer, après avoir suivi dans un premier temps la route sinueuse qui se faufile dans la station de ski et ses pistes qui passent dans la forêt de feuillus, traversant la Moselotte. Elle prend sa source juste au-dessus, à la fontaine de la duchesse. Le lac de Blanchemer, profond de 18 mètres, et grand de 9 hectares amène son élégance, bien lové dans son cirque glaciaire et la moraine qui le termine et ses versants forestiers, ses tourbières flottantes (composées de sphaigne, qui peut absorber 40 fois son poids en eau et de canneberge) s’avançant lentement sur l'eau. L’eau viendrait de la glace qui la recouvre à la surface l’hiver et qui donnerait l’impression d’une mer blanche. Le lac a cependant été endigué pour pouvoir produire de l’électricité. Cette fois-ci, il y avait peu ou pas de faune, l'avancement de la saison, peut-être mais la montagne, hormis les touristes, et parmi eux les plus bruyants, les motards, restait silencieuse. J’avoue que c’est aussi cela que j’aime dans les Vosges, des lacs coincés dans des cirques glaciaires que la forêt a reconquis, comme le lac des Corbeaux dans une vallée  plus en aval.

Photo 2: Depuis le sommet du Kastelberg, vue sur le Hohneck (à gauche surmonté de son bar-restaurant et le petit Hohneck à droite 1289m d'altitude)

Photo 4 : Depuis le haut pâquis des fées, vue sur la vallée de Metzeral et plus loin la plaine d'Alsace et au loin les montagnes de la Forêt Noire

    Nous rentrons à la voiture à la tombée de la nuit, comme d'habitude. Nous ne sommes pas au courant de la légende qui conseillait alors, dans les temps anciens, de ne point trop s'approcher des rives du lac à la tombée de la nuit pour ne pas surprendre et déranger la fée du lac, appelée la dame du lac de Blanchemer, qui pouvait laver son linge et se baigner nue dans les eaux fraîches du lac. Si elle était surprise, jalouse de son intimité, elle pouvait vous jeter un sort et par exemple vous mener à la ruine. Voilà racontée quelque peu, cette légende que vous pouvez retrouver dans le livre de B. Fischbach Contes, légendes et récits du massif vosgien, "Le lac de Blanchemer", p.59 à 62.

    Ne l'ayant pas croisé, nous pouvons alors descendre à la Bresse prendre ce chocolat et acheter au passage une bouteille de Foin(g) de montagne que je découvre à l'occasion, issue d'une vinification en blanc et de la fermentation d'une infusion de foin floral sauvage ramassé dans les prairies entre 700 et 900 mètres d'altitude. En bouche, c'est aussi une explosion de saveurs.


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